Zvezdo, Phersu, Matoo, avaient écrit sur ce film… Seul le billet de Matoo est encore accessible huit ans plus tard.

Je m'attendais donc à ce que ce soit bien, mais cela m'a plu au-delà de mes attentes, je suis vraiment contente d'avoir pu voir ce film en salle. Bien sûr qu'on peut l'accuser d'être idéaliste, mais c'est justement ce qui fait du bien. Ce film réussit le tour de force d'être triste (tout le monde a les yeux rouges en sortant de la salle) et de vous laisser réconfortés. C'est une rare performance.

Le reste du billet tient du spoiler.
(Visiblement la fonction qui permet de cacher la suite du billet en mettant un lien "Lire la suite..." a dû être désactivée la dernière fois que le code de ce blog a été bidouillé. Tant pis).

Mon moment préféré est sans doute le dialogue avec le petit garçon dans l'ascenseur:
— C'est vrai que tu es de la Stasi?
— Tu sais ce que c'est, la Stasi?
— C'est des méchants qui mettent les gens en prison.
— Je vois. Qui t'a dit ça?
— C'est mon papa.
— Ah. Et comment s'appelle... euh...
— Comment s'appelle qui?
— Ton ballon. Comment s'appelle ton ballon.
— T'es drôle, toi. Ça n'a pas de nom, un ballon.
Pour moi c'est le tournant du film, la fêlure. Et ce petit garçon joue très bien.

J'ai envié le décorateur qui a eu en charge le décor de la chambre d'Albert Jerska.

1984 fait bien sûr penser à 1984. J'ai été frappée que la structure du chantage exercé sur Christa-Maria Sieland soit exactement la même que celui exercé dans 1984: amener à trahir l'être aimé en mettant à jour la peur la plus profonde du sujet. Dans 1984, il s'agit de la peur des rats, dans La Vie des autres, il s'agit de la peur de ne pas remonter sur scène.

Note huit ans après: chez Phersu, de mémoire, quelqu'un avait fait remarquer dans les commentaires que si l'agent de la Stasi avait correctement fait son travail au lieu de chercher à protéger les déserteurs (le mot exact m'échappe), ceux-ci auraient su qu'ils étaient écoutés lorsqu'ils firent un test et rien ne serait arrivé (ou: l'enfer est pavé de bonnes intentions).

J'ai beaucoup aimé les fins successives qui s'emboîtent, donnant une couleur différente au film à chaque fois.
- Si le film s'était arrêté au moment de l'accident de l'actrice ou au moment où Grubitz promet à Wiesler qu'il ouvrira le courrier le reste de sa carrière, il se serait agi d'un film classique dénonçant un régime politique et plus généralement illustrant l'implacabilité du destin, le peu de poids d'un homme face à l'Histoire.
- S'il s'était arrêté sur le visage de Gorbatchev ou au moment où Wiesler apprend la chute du mur, il aurait illustré que «les méchants meurent aussi» et qu'«il y a tout de même une justice, il suffit d'attendre».
- Lorsque le film nous montre Dreyman lisant son dossier, il se fait documentaire, illustrant la façon dont l'Allemagne a choisi vivre avec passé. (Et j'ai pensé à ce vitrail de la cathédrale d'Ulm consacré aux Juifs, montrant tout en bas les déportés destinés à être assassinés).
- En se terminant comme il se termine, il donne une place prépondérante à l'art, mais aussi aussi à la gratitude et à la reconnaissance. C'est sans doute pour cela qu'on se sent aussi bien en sortant, un peu consolés, un peu rassurés.
La dernière réplique est excellente.

En faisant quelques recherches en écrivant ce billet, j'ai découvert le blog eurotopics.