Gare de Lyon, sur le quai du métro de la ligne 14, je remarque une vieille dame, panama à large ruban noir et basketts grises à semelles épaisses. Elle est très élégante, grande, droite, elle porte un blazer bleu marine à boutons dorées, un chemisier italien à rayures grises et blanches, un pantacourt blanc. Son nez est pointu, sa peau très fine, ses cheveux blancs remontés en chignon. Quelle âge a-t-elle ? 80 ans ? Elle est américaine, elle me fait songer à Katharine Hepburn.

Lorsque la rame arrive je la suis, afin de pouvoir la contempler encore. Au moment où la sonnerie des portes retentit un homme encore jeune, rubicond, dont les muscles commencent à se transformer en graisse, se précipite derrière moi et me bouscule un peu ; bien entendu les portes se ferment, son sac est coincé, on dirait une sacoche de portable, j’espère que non pour la pauvre bécane, il tire pour la dégager.
Je me retourne, croise les yeux de la vieille dame, j’y lis la même pensée que la mienne et nous échangeons un large sourire: «Dieu que les hommes sont stupides à toujours jouer les fiers-à-bras».


(Je devrais peut-être éviter de regarder Sex and the city au petit déjeuner en recousant trois boutons à mon chemisier que finalement je ne mettrai pas après y avoir découvert deux minuscules taches dans le dos).