Eve

Mercredi soir.
Retour au Parc de la Villette, pour la première soirée chaude de l'été. Je me suis tant dépêchée pour tâcher d'être à l'heure (mission accomplie) que je suis en nage. Je me déchausse, l'herbe est incroyablement douce, ils ont bien raison de recommander qu'on n'écrase pas ses mégots dedans. (Mais alors, où les écraser?)
Comme d'habitude j'ai mon kit de survie, chaussettes, écharpe, ponchon. La première fois, il y a bien longtemps, que je suis venue à La Villette, j'avais refusé présomptueusement la couverture proposée avec la chaise longue: il faisait beau, au diable la couverture! Trois heures plus tard, transie, je comprenais pourquoi on proposait une couverture avec la chaise longue (l'un de mes regrets est de ne pas être allée à La Villette l'été de la canicule, en 2003 : on devait être bien).

Le problème d'un film comme Ève, c'est que même sans l'avoir jamais vu, on en a tant entendu parler qu'on sait déjà certaines choses, et cela empêche de douter autant qu'on devrait douter: Ève est-elle vampirique, ou est-ce Margo qui est paranoïaque? Karen, la meilleure amie de Margo, semble bel et bien penser que celle-ci mérite une leçon, ce qui innocente Ève un moment aux yeux des spectateurs.

J'ai trouvé au visage d'Anne Baxter quelque chose du visage de Joan Fontaine dans Lettre d'une inconnue. J'ai été amusée de constater que Marylin Monroe jouait pratiquement son propre rôle, celui d'une starlette prête à tout pour réussir (ce qui est d'ailleurs la condition du succès, est-ce Margo ou DeWitt qui l'affirme dès le début du film? les acteurs sont des êtres anormaux car ils sont prêts à tout pour leur carrière, leur carrière est la seule chose qui compte réellement pour eux, et c'est cette phrase qui est illustrée tout au long du film.)

Est-ce une évolution courante ou cela m'est-il propre? Swann reconnaissait des personnages de tableaux dans les visages autour de lui; je reconnais mon entourage dans les personnages de romans ou les films: le héros d'Un jour sans fin c'est Frédéric, la photo de Grossman dans Carnets de guerre me rappelle Patrick, l'homme du souterrain, c'est X., Ève, c'est Anne, la collègue que je suis bien heureuse d'avoir quittée...

Le jardin des Finzi-Contini

Ce soir (hier soir) un coup de Vélib pour aller voir Le jardin des Finzi-Contini à Saint-Germain-des-Prés.

Evidemment, mon attente était particulière, j'allais à la rencontre d'une référence. Je n'ai pas été déçue, les images fournies par le film correspondaient au décor que j'avais mis en place.

La lumière de ce film est poudrée, elle auréole les choses et les visages. L'adaptation est très fidèle, on retrouve les moments importants, les détails, aussi (Yor, le nom des arbres, la fille de la fête foraine, le scandale dans la salle de cinéma...).
Le film est plus explicite que le roman sur bien des points, à la fois concernant la vie des héros et les événements historiques.

Des paysages, des rues, les arbres l'été et les arbres dans la neige, des visages, les chandails blancs qui ouvrent le film, Giorgio et Micol portant seuls des tenues assorties, blanc rehaussé de rouge, le regard de la petite fille dans les flash-back, les relations de chacun avec tous qui se distendent, le château qui s'éloigne dans le rétroviseur,...

Un film lent, sans impatience et sans concession. Je me demande ce qu'on en pense quand on ne connaît pas le livre.

Souvenir de pyjama

L'année suivant mon bac, j'avais un magnifique pyjama, pantalon rose et panthère rose sur haut blanc.
A l'internat, il m'arrivait de passer le dimanche en pyjama et d'enfiler vers quatre heures de l'après-midi un imperméable par dessus pour aller acheter un ou deux pains au chocolat, quand ma faim dépassait ma flemme.

En repassant le pyjama que H. m'a rapporté l'autre jour, je me dis que je vais pouvoir recommencer à aller chez le boulanger en pyjama. A condition que personne ne s'en aperçoive, déjà que j'horrifie la maisonnée à prendre la voiture en peignoir pour déposer quelqu'un à l'école ou à la gare.

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