Alice du fromage

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vendredi 29 février 2008

Semaine 9

dimanche 24 février
Matinée dans les casseroles en écoutant Edwards (je crois, à vérifier (quand trouver le temps de mettre de l'ordre dans mon iTunes?)) sur le Graal. Non, peut-être pas Edwards, car avant j'en ai écouté un autre dont l'intitulé du cours était "En écoutant la littérature": lequel des deux était Edwards? Intéressante remarque sur Racine monté à Chicago en prose voire en slang, dans un hôpital, avec Phèdre nue buvant du coca (je mélange un peu tout, mais c'est le principe, il n'y a qu'à aller chercher dans les podcasts): qu'est-ce qui résiste dans le texte à toute manipulation? Pourquoi cela suscite-t-il toujours autant d'enthousiasme, pourquoi Shakespeare plaît-il autant en Afrique, par exemple?

J'ai pensé à cette réflexion de Nabokov dans Feu pâle: «Je voudrais que vous vous émerveilliez non seulement de ce que vous lisez, mais du miracle que cela soit lisible». (commentaire du v.991).

Tout serait à commenter tandis que je repense à ces cours. Je m'aperçois que les podcasts n'ont plus l'air en ligne. Je ne peux tout de même pas les retranscrire…

Mes parents et mes nièces à déjeuner. Nous ne nous sommes pas disputés. Les Anouilh en pléiade pour mon anniversaire. Gallimard se met au marketing même pour sa collection la plus prestigieuse. (Je me souviens de Borges: «La Pléiade, c'est mieux que le prix Nobel, non?») J'ai lu tant d'Anouilh chez Pascale. Les deux tiers, apparemment. Je ne me souviens pas de grand chose. Le début autobiographique des Poissons rouges (les livres dans le sac à dos durant la débâcle (je crois. A vérifier, toujours. S'il ne fallait écrire que des choses avérées… Ces notes seront de vraies notes, c'est-à-dire non vérifiées.))

Encore un CV à présenter de deux façons différentes. Dieu que je n'ai pas envie de le faire. Demain, on verra demain. Je me remets à Proust.

mardi 26 février
Une vraie journée comme je les aime. Déjeuner avec T. Histoire de trésor. Raconter des histoires, les mecs ne sauront jamais tout ce qu'ils ont à gagner à raconter des histoires (enfin, T. semble le savoir!). Karen Blixen sur des coussins, en train de raconter à Redford dans Out of Africa: «dans une rue de Hong-Kong habitait une jeune fille…» Cette fatalité de toujours finir par parler de cul, parce que finalement, c'est la seule chose qui compte, le cœur du monde, la seule chose qu'on aimerait comprendre et dont on ne peut jamais vraiment parler à/avec un tiers, parce qu'on met toujours en cause plus que soi.
Après-midi Compagnon, 19h40 entretien d'embauche, c'est loin Boulogne, je n'irai pas à Boulogne, que c'est loin, la jeune fille est jolie, et jeune, et j'ai si peu de choses à dire, et toujours au bord de raconter des histoires, encore, parce que c'est la trame des vies.
Je déplace le rendez-vous avec R., Beaubourg plutôt que Convention, il est trop tard et c'est trop excentré, je n'arriverai jamais à avoir mon train ensuite. R. est très en retard, perdu, je lis Vile bodies pratiquement dans le noir, j'ai cassé mes lunettes, ou plutôt mes lunettes se sont cassées. Je mange un fromage blanc aux amandes. Il me reste 27 centimes.
R. arrive, que dit-on à quelqu'un qu'on n'a vu qu'un soir, le temps d'un rire et un peu plus, il y a plus de deux ans? Pas de nouvelles depuis, et puis un mail lundi soir: «Tiens, il n'est plus avec sa copine, il tente sa chance», ai-je pensé. Curieuse. Mais bon ça va, intéressant, gentil, belle voix, et pas à cran comme je le craignais. — J'ai pris vingt-cinq kilos. — Moi quatre. Rires. Coup d'œil. Ça ne se voit pas, tu as l'air en forme. Et toujours cette oscillation des hommes, qui aimeraient les femmes plus libres, sauf leur copine, ou leur femme… Que dire? Et une autre histoire de grand-père. «— Ça tu ne le racontes pas. — J'ai une autre contrainte, mon fils me lit.» Nous rions.
Gare de Lyon après le dernier train, l'arrêt de bus a changé de place, le temps que je le trouve, le bus de 1h00 est parti, il faut attendre celui de 1h30, heureusement il ne fait pas froid. J'ai sommeil, je rentre à 2h22.

mercredi 27 février
Je fais remplacer mes lunettes. Demain je dois revoir R. Acheté deux cadeaux sur trois pour le Noël (! je sais, je sais) des garçons S. Mal au pied. Je lis Asking for the Moon. La dame qui me fait le paquet cadeau aux Galeries Lafayettes, sous ses airs de dragon, est attentive et prévenante: «C'est pour un garçon ou une fille? — Un garçon. — C'est pour savoir si je mets beaucoup de ruban, les garçons font parfois une allergie au ruban.» Ah.

vendredi (ce soir)
Que faire de ce post (écrit au fur à mesure des dates)? Le redécouper, le redistribuer selon les jours? Finalement je n'aime pas beaucoup pour moi-même la forme de journal anté-chronologique. C'est sans doute pour cela que je ne peux/pourrais pas faire d'un blog un journal. Un journal, je l'écris de haut en bas, pas de bas en haut, il me faut de l'épaisseur. Je ne flotte pas sur le temps, je me laisse couler.
Revu R. hier soir. Longue errance derrière Montparnasse à la recherche de ruelles, il n'y en a plus beaucoup, Vaugirard, Cherche-Midi, Falguière, par hasard l'impasse où Brassens composa ses premières chansons, nous vivons un Paris imaginaire et égrainons les noms, San-Antonio, Maigret, Léo Malet, le travail de R. sur le Poulpe, l'extrême-gauche, l'extrême-droite, nous mélangeons les époques, que c'est facile de parler avec quelqu'un qu'on ne connaît pas si l'on dispose d'un socle suffisant de lectures communes, Reiser, comment faire de la caricature aujourd'hui, était-il plus facile de se moquer sous Pompidou qu'aujourd'hui sous Sarko, le SM, Marie L., nous dérivons, «Camus m'aura vraiment fait faire n'importe quoi…? T'es gonflé!», nous avons trop marché et R. fume trop, je suis impressionnée, il y avait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un fumer autant.
Je suis en vacances ce soir, tant mieux, je ne supporte plus de devoir m'habiller pour aller travailler, je ne supporte plus d'être en représentation permanente, je ne supporte plus le théâtre, j'ai envie de rire.
Je me souviens du 29 février précédent.

jeudi 28 février 2008

Mes lunettes

Mardi soir dans le métro, je tire mes lunettes de leur étui, j'ai dans la main une branche et un verre, elles se sont cassées au niveau du pont qui réunit les deux verres, la soudure a cédé.
La femme sombre et trop maquillée en face de moi ne peut retenir un sourire, je lui en veux, j'ai cassé mes lunettes.

Ma première paire datait de novembre 99, je m'en souviens très bien, ç'avait coïncidé avec les 35 heures: ayant étourdiment déclaré que lorsque je les mettais, je devenais si concentrée que je n'entendais plus rien (ce qui est toujours vrai, d'ailleurs, mais moins), Philippe avait ri et déclaré que c'était la solution des 35 heures: des lunettes pour la productivité.
Je les ai perdues lors d'une algarade dans le métro, en septembre 2006.

Lorsque je suis retournée chez l'ophtalmo, j'ai eu la fierté de constater que ma vue n'avait pas bougé (je surveille tous les signes du vieillissement, cheveux blancs, empâtement, raidissement, douleur, changement de la vue, avec curiosité et inquiétude: qu'est-ce que ça va donner? Toujours cette vie qu'on est obligé de vivre du premier coup, sans entraînement ni expérience). J'ai choisi des lunettes prune, en titane.

H. m'a dit le soir que s'il y avait tant d'objets en titane qui circulaient actuellement, c'est qu'on démantelait les sous-marins nucléaires russes. Un abîme s'est ouvert, le même que celui qui s'ouvre quand j'essaie d'imaginer un nombre décimal de plus entre deux nombre décimaux, ou les étoiles derrière les étoiles, est-ce que le métal de mes lunettes avait connu les profondeurs de la mer baltique, les grandes pressions, qu'avait-il vu que je ne saurai jamais?

Hier au petit déjeuner C. m'a dit que j'étais un monstre: j'avais grillé un ordinateur (par imposition des mains) et cassé des lunettes en titane.

mercredi 27 février 2008

Face à la Sorbonne, Montaigne

statue de Montaigne en face de la Sorbonne. Son pied a été si touché qu'il luit. Quelqu'un lui a mis un bouquet de tulipes dans les bras

mardi 26 février 2008

Brève

Patrick Besson (dont vous savez tous désormais que c'est mon favori) fait de la pub dans le dernier Point pour un nouveau magazine, Service littéraire.
Quitte à avoir de faux amis, mieux vaut se faire de vrais ennemis.
François Cérésa

lundi 25 février 2008

Désolation

Un blog me fait découvrir un dépotoir de livres.

Je songe à la fin de Bartleby:
Dead letters! does it not sound like dead men? Conceive a man by nature and misfortune prone to a pallid hopelessness, can any business seem more fitted to heighten it than that of continually handling these dead letters and assorting them for the flames? For by the cart-load they are annually burned. Sometimes from out the folded paper the pale clerk takes a ring: — the finger it was meant for, perhaps, moulders in the grave; a bank-note sent in swiftest charity: — he whom it would relieve, nor eats nor hungers any more; pardon for those who died despairing; hope for those who died unhoping; good tidings for those who died stifled by unrelieved calamities. On errands of life, these letters speed to death.

vendredi 22 février 2008

C'est logique, ça ?

La femme encombrée de paquets à qui je propose de porter sa valise en haut des quelques marches de la gare:

— Oh non, je vais la porter, elle est beaucoup trop lourde!

jeudi 21 février 2008

Phrase à clé

Tu l'as trop écrasé, César, ce Port-Salut.

dimanche 17 février 2008

Le nom sur le bout de la langue

La lecture de Notes achriennes me permet de retrouver un nom que je cherchais depuis longtemps et qui m'échappait: celui de Sophie Desmarets (p.171).

Sophie Desmarets a raconté un jour durant l'une des émissions des Grosses têtes auxquelles elle participait régulièrement que toute jeune actrice invitée dans une réception officielle (était-ce à l'Elysée? J'ai gardé ce nom en tête, peut-être à tort), elle avait eu comme voisin de table un malotrus qui s'était permis de douter de l'authenticité du roux de sa chevelure.
Sans beaucoup réfléchir, elle avait alors déposé comme preuve de sa bonne foi un poil intime sur la nappe blanche.

mercredi 13 février 2008

Le déclin culturel français

Lorsque le Time a titré «Le déclin de la culture française», tout le monde a pris un air outragé et personne n'a admis qu'effectivement, très peu d'artistes français sont connus hors de France, ce qui traduit, si ce n'est un déclin, tout au moins un manque évident d'aura.
Le Nouvel Economiste du 7 février 2008 fait sa Une sur le sujet et confronte les avis de Marc Fumaroli et de Philippe Dagen.
Je cite :

Lorsque l'édition européenne du "Time", du 3 décembre 2007, titre "Le déclin de la culture française", les réactions hexagonales, offusquées, scandalisées, sont unanimes. Et pourtant. Les chiffres prouvent que les arts modernes autant que contemporains - cinéma, livre, musique, peinture... - ne s'exportent plus, de la patrie qui les a tant vu prospérer, qu'en proportion infinitésimale.
[...]
Quelques personnalités de haute volée intellectuelle se sont insurgées dès les années 80 contre les choix politiques dans le domaine de la culture. Depuis le 3 de la rue de Valois, siège du prestigieux ministère inventé par André Malraux, une novlangue et une bureaucratie se mirent en place pour encadrer et subventionner les arts. A la fureur de Marc Fumaroli, académicien, professeur à l'université de Chicago, spécialiste mondialement reconnu du XVIIe siècle. Il dénonce, avec une colère non feinte, "le terrorisme de l'Etat culturel". Lorsque l'un des axes culturels, défini par l'exécutif, fut de "subventionner des espaces alternatifs et squats artistiques pour répondre au désir d'art des populations exclues de la culture", son sang ne fit qu'un quart de tour pour dénoncer "démagogie et démolition programmées des arts." Ce à quoi Philippe Dagen, critique d'art et voyageur sans bagage pour le compte du Monde, ajoute "l'Etat a mis en place une bureaucratie incompréhensible: elle a eu pour effet de créer la méfiance des marchands étrangers envers nos créateurs".
[...]
Flash-back. Depuis les années 80, la bataille pour l'exception culturelle a empoisonné les rapports de la France avec l'Europe et les Etats-Unis. La mise en cause du financement des arts hexagonaux par des nations adeptes de l'économie de marché a provoqué en notre beau pays un combat homérique. Combat remporté par Jacques Chirac qui fit voter par l'Unesco le statut "d'exception culturelle", texte ratifié par 148 pays. Ainsi, notre système d'aides (le cinéma bénéficie chaque année d'aides, directes ou indirectes, de plus de 500 millions d'euros, selon le Centre national de la cinématographie) fut mis hors de portée de toute attaque étrangère. Vingt ans après les premières escarmouches sur ce sujet, en est-on arrivé à l'effet contraire ? Philippe Dagen penche pour le oui. "Quand je rencontre des marchands d'art, que ce soit à Séoul ou à Hambourg, je constate leur méfiance envers le système français." Et de poursuivre, "ils ne comprennent pas cette omniprésence de l'Etat, signe que les arts n'ont aucune confiance dans leurs potentiels". Plus perfide, Fumaroli accuse "cet Etat culturel qui a adopté le nihilisme esthétique mondain comme un impératif démocratique, tout en se targuant d'une exception culturelle expurgée de son sens.''
[...]
Propos corroborés par Eli Broad, dans Le Monde 2, du 2 février. Le fondateur du Kaufman & Broad (immobilier) est l'un des plus grands collectionneurs d'art. Il confie sans ambages "nous voulons que nos investissements obtiennent des résultats tangibles". Et d'ajouter "dans l'éducation, nous voulons améliorer le niveau des études, dans les arts nous voulons former un public plus large". Tout est dit pour ce philanthrope américain, piqué de peinture, sculpture, architecture. Sans marché, point d'art vivant.
[...]

Benoît Delmas, in Le nouvel Economiste n°1418, le 7 février 2008

mardi 12 février 2008

La Convention municipale du Modem

Dimanche, j'ai assisté à la convention municipale du Modem à la maison de la Chimie. Je n'ai aucune expérience de ce genre de rassemblement et donc aucun élément de comparaison, mais j'ai été étonnée que l'ambiance soit aussi chaleureuse, idéaliste, parmi des gens heureux d'être là. Pas de mépris, de regard hautain, de la part de notabilités installées depuis longtemps, en train de discuter de budgets à obtenir auprès d'amis bien placés, mais des échanges d'expériences et d'idées : «Et vous, vous faites comment pour...?». Mon cynisme me fait me demander combien de temps cela va durer, mais comme cela semble être l'inquiétude d'un certain nombre de participants, on peut supposer que cela durera un peu plus longtemps qu'ailleurs.

Mes enfants sont unanimement d'accord pour trouver cet orange ridicule, mais c'est très gai, cet orange. Une écharpe en polaire orange à deux euros, cela ne se refuse pas.

Après avoir nommé toutes les têtes de liste présentes dans la salle, ce qui était un peu fastidieux mais joyeusement géographique, François Bayrou a appelé à la tribune une vingtaine de candidats. Il était à la fois émouvant et encourageant de constater souvent l'inexpérience et l'enthousiasme des nouveaux venus, "les adhérents de mai", comme les a appelés un intervenant. Je pensais aux origines de la République, je me disais que cela devait ressembler à cela, chaque fois que dans l'histoire des gens se sont réunis pour essayer de changer les choses, le cœur plein d'utopie, ne sachant pas trop par quoi commencer mais retroussant leurs manches pour se frotter au terrain et à la réalité.

Trois points à propos des interventions des candidats:

Une opposition impensable
Un nombre étonnant de candidats a raconté la même expérience. Se présentant dans des villes tenues par le même maire ou la même tendance politique depuis des dizaines d'années, ils rencontrent la même surprise et la même incompréhension de la part des équipes en place: «Comment osez-vous?» est la phrase qui revient. Ces maires ont l'habitude de ne pas être contestés et le prennent comme une attaque personnelle, et non comme le jeu naturel de la démocratie, qui prévoit la possibilité de donner le choix aux électeurs.
C'est une constatation vraiment étonnante: nombre de maires ne conçoivent pas qu'on puisse s'opposer à eux. Je vais donner quelques noms et citer quelques interventions illustrant cet état de faits, dans l'ordre de montée à la tribune:

  • Michel Fanget, tête de liste à Clermont-Ferrand : il n'y a pas eu d'alternance dans cette ville depuis la dernière guerre.
  • Clotilde Ripoull à Perpignan : La même famille tient la ville depuis cinquante ans. La presse locale est manipulée/manipulatrice. Les sondages intervenus trop tôt ont été défavorables mais ce qui prouve que la liste MoDem inquiète, c'est que la gauche comme la droite lui ont fait des propositions de liste commune.
  • Mireille Alphonse à Montreuil : le même parti est au pouvoir depuis 1935 et le même maire depuis 1984. (Mireille Alphonse a fait rire toute la salle en ajoutant :«Et ce maire a intitulé sa liste: "Montreuil en plein élan".») Ce maire se targue d'avoir été élu avec 100% des voix en 2007 suite à un accord de désistement avec les socialistes: il n'y avait plus d'opposition. C'est un score de république bananière. (Avouons-le, j'ai adoré l'intervention de cette dame, son émotion, sa voix qui s'affermissait peu à peu, son humour, son punch, son idéal. J'aimerais beaucoup pouvoir revoir son intervention, qu'elle soit déposée sur Youtube ou Daylymotion).
  • Marie Darves-Bornoz à Bagneux : la ville est communiste depuis soixante-treize ans. Les élections se jouent traditionnellement entre gauche et droite extrêmes.
  • Christophe Ginisti à Issy-les-Moulineaux : le maire sortant, voulant faire de l'humour, lui a demandé: «Que venez-vous faire sur mes terres?» Le maire sortant se présente comme un centriste "historique" («préhistorique», a ajouté perfidement Ginisti), mais il n'est pas démocrate: il n'existe pas de salle municipale disponible pour tenir des réunions politiques. Deux salles sont disponibles à la maison des Associations pour cent associations répertoriées.
  • Caroline Ollivro à Rennes : le maire est le même depuis 31 ans. A Rennes les médias jouent le jeu, et les débats hebdomadaires dans la presse ou au niveau national ont lieu entre les trois familles politiques: gauche, droite, centre.

Un accueil chaleureux
Je ne sais plus lequel des intervenants a eu ces mots: «Nous vivons une campagne heureuse.» Tous les candidats ont raconté à peu près la même chose : la gentillesse de l'accueil sur le terrain (marchés, etc), l'intérêt de la population, son écoute. La liste MoDem est une liste qui "ouvre l'esprit", dans le sens où elle laisse entrevoir qu'il est possible de bousculer l'ordre établi et le fatalisme du «ça ne changera jamais». La population ne présente aucune agressivité à l'égard du MoDem mais une grande curiosité. Dans certaines villes où il n'y a pas eu d'alternance depuis longtemps, il devient un recours, l'instance qui permet de s'exprimer, de dire ce qu'on a sur le cœur.

Des convictions simples
Les listes MoDem ont en commun d'être variées, en âge, en origine politique, en origine géographique. C'est une sorte d'appel aux hommes de bonne volonté. (Ceci est purement subjectif: c'est ainsi que je le ressens. J'ajouterais bien, mon pessimisme reprenant le dessus: «Pouvou que ça doure». Mais il faut bien prendre le risque d'être optimiste de temps en temps.)
Le credo et leitmotiv de leur programmes est "rendre la vie (quotidienne) plus facile aux gens" (transport, crèches, logement, urbanisme), et c'est l'enracinement de cette conviction qui fait que les élections municipales dans l'esprit MoDem sont forcément un enjeu local.
Les listes présentent une forte croyance en la démocratie locale (elles proposent souvent le referendum d'initiative populaire).



J'ajoute en PS les intervenants que je n'ai pas cités:

  • Gilles Artigues à Saint-Etienne
  • Olivier Henno à Saint-André
  • Eric Chevee à Chartes
  • Jean Luc Forget à Toulouse
  • Jean-Marie Vanlerenberghe à Arras
  • Olivier Gacquerre à Béthune. (Le maire sortant, c'est Jacques Mellick.[1])
  • Grégory Suslamarre à Boulogne/Mer
  • Eric Lafond à Lyon
  • Benoît Blineau à Nantes
  • Chantal Cutajar à Strasbourg
  • Corinne Lepage dans le 12e arrondissement à Paris
  • Jean-Luc Benhamias à Marseille
  • Marielle de Sarnez à Paris
  • Jean-François Mortelette à Blois
  • Yanick Leflot-Savain à Amiens
  • François-Xavier de Peretti à Aix-en-Provence


Intervention de François Bayrou

La matinée s'est terminé par un discours de François Bayrou.
Je n'ai pas l'impression que la télévision a repris les analyses et les phrases qui m'ont fait sourire. Grâce à la retranscription en ligne, je fais un copier/coller:

  • le choix entre les deux tours de l'élection (avec le beau refrain rhétorique «je n'aurais pas imaginé»):

J'ai vécu intensément, on va le dire comme cela, parfois douloureusement, la période qui nous a séparés de l'élection présidentielle et, si je puis vous en faire la confidence aujourd'hui, dans ma vie d'homme, personnel, dans ma vie politique, je n'ai jamais connu de moment plus difficile que l'entre-deux tour de l'élection présidentielle de 2007.
J'avais évidemment avec le programme de Ségolène Royal de graves et profondes contradictions, notamment en matière économique, en matière de rôle de l'État, sur le SMIC, sur les 35 heures. J'ai appris d'ailleurs par la suite que si j'étais en désaccord avec son programme, elle ne l'était pas moins ! Mais cette contradiction ajoutée à l'état du parti socialiste, à l'inspiration du parti socialiste rendait évidemment, pour moi, impossible tout rapprochement, même si j'ai accepté un débat avec elle et même si, sur certains sujets en matière d'institution, il y avait évidemment des points de rencontre.
D'autre part, il apparaissait aux yeux de tous y compris aux miens, depuis longtemps, que ce deuxième tour était joué à l'avance. Tous les sondages, toutes les enquêtes, et la seule observation du face à face entre les 2 candidats suffisait à donner cette certitude.
En désaccord avec le programme de la candidate socialiste, considérant la victoire assurée de Nicolas Sarkozy, voyant la plupart des élus présents dans nos rangs à l'époque se précipiter pour monter dans le train du vainqueur, tout le confort, la prudence, le zèle de mes amis, le mouvement naturel des choses politiques, tout me conduisait, sinon au soutien, du moins au silence, dont nul ne m'aurait fait grief et dont beaucoup se seraient féliciter.
Mais je savais, avec une certitude intérieure qui ne s'est jamais démentie, pour l'avoir beaucoup observé depuis des années, que, tant du point de vue des choix politiques que de sa conception du pouvoir et simplement de la vie, Nicolas Sarkozy bien loin de résoudre les problèmes qui se posaient au pays allait se trouver en contradiction avec les attentes de la France et les exigences de l'heure.
Je n'avais avec lui aucune incompatibilité d'humeur contrairement à ce que l'on a écrit, mais je voyais la France, ses attentes, ses besoins, ses espoirs, et je le voyais lui, ses soutiens, ses méthodes, ses fascinations et je me disais : cela ne pourra pas aller.
C'est au terme de ce débat de conscience que j'ai conclu que mon devoir était de dire à mon pays, d'une manière ou d'une autre, à mes compatriotes qui venaient de me manifester une aussi large confiance, le fond de ce que je pensais. J'ai ainsi prononcé la phrase que l'on m'a tellement et si souvent reprochée dans nos rangs, par tant d'experts et par tant de sages, j'ai dit : Je ne voterai pas Nicolas Sarkozy.
Pendant ce long débat de conscience, je n'ignorais rien de la tâche qui, dès lors, s'imposerait à nous et du chemin de solitude dans le monde parlementaire qu'il nous faudrait suivre un moment, mais je voulais que cela fut dit, à ce moment, en notre nom, au nom d'une partie du peuple français, une fois pour toutes même si je devais être seul à le dire. (Applaudissements...)
Il y avait une part des événements que nous avons vécus que j'imaginais très bien. Je savais parfaitement que les promesses faites étaient purement, simplement, strictement impossibles à honorer. Elles étaient, et ce n'est pas peu dire, plus impossibles encore à respecter que ne l'avait été aucun des trains de promesses fait par aucun des prédécesseurs de Nicolas Sarkozy à la présidence et, Dieu sait, pourtant, qu'il y en a eu pour n'être pas avare de promesses ! Mais celles-là étaient strictement impossibles à respecter étant donné leur accumulation, leur somme et l'état du pays.
Cela, c'était la partie attendue de l'évolution des choses sur laquelle aujourd'hui les yeux s'ouvrent sans qu'il puisse y avoir en rien la moindre hésitation d'interprétation de la part des citoyens.
J'étais pour le reste profondément inquiet, mais je dois dire que mon inquiétude n'allait pas jusqu'à imaginer que les choses iraient aussi vite. Je n'aurais pas imaginé la nuit du Fouget's. Je n'aurais pas imaginé l'utilisation perpétuelle de la vie privée, le goût affiché pour le showbiz, le luxe, le train de vie à grandes guides. Tout cela qui est, selon moi, en contradiction directe avec la France, en tout cas, avec ce que je crois être l'esprit, la tradition et l'âme de la France.
Je n'aurais pas imaginé tant d'incertitudes et de contradictions sur la politique suivie, les dépenses pour une clientèle électorale quand il aurait fallu économiser, l'intervention continue sur tous les faits divers et, chaque fois qu'il y a un fait divers, l'annonce d'une loi alors que la loi précédente n'est pas encore appliquée, les pas en avant et les pas en arrière, les commissions de toute nature, auxquelles on assure, à toutes sans exception, qu'on suivra à la lettre toutes leurs recommandations et qui sont toutes démenties, desquelles ont le dos tourné, les annonces retentissantes de plans multiples et variés, les Grenelles de toute nature, le brouillage de toutes les pistes sous les yeux effarés, je ne sais pas si vous les avez vus pendant le Plan banlieue, j'ai regardé Nicolas Sarkozy et ceux qui l'entouraient, les ministres à la tribune, les yeux effarés des membres de ce qu'il est encore convenu d'appeler le gouvernement en attente du seul événement qui compte, le remaniement annoncé qui aura lieu après les élections municipales.
Je n'aurais pas imaginé que l'on aurait en même temps la mise en cause des piliers de notre pays et de notre République, la liberté, l'indépendance de la presse, d'un côté, et la laïcité, de l'autre.
Je n'aurais pas imaginé la cour, dans l'acception la plus monarchique et ancien régime de ce terme, la cour avec ces pompes et ses ors, le perpétuel concours de servilité, l'exposition publique des conseillers qui s'expriment comme s'ils étaient membres du gouvernement, élus de la majorité et l'exposition publique des conseillers, les grâces et les disgrâces des favoris -il paraît qu'il y en a une qui est en cours- et, au bout du compte, la vanité, la vacuité de tout cela qui n'est pas autre chose que du sable qui file entre les doigts de sorte que la question qui se posera nécessairement quand on fera le bilan très vite est une question qui n'est ni de gauche ni de droite ni du centre ni une question de majorité ni une question d'opposition. Ce n'est même plus une question de projet de société, c'est une question nationale : qu'en est-il dans tout cela de l'image de la France et de la réalité de la société de notre pays ?

Je n'arrive pas à retrouver la petite phrase assassine concernant les maires UMP qui tentent désespérément de se démarquer de Sarkozy. Tant pis, elle a sans doute été prononcée à un autre moment.

Bien entendu, ce que j'ai copié est anecdotique, dans le sens où cela ne fait que synthétiser une analyse que tout le monde peut faire aujourd'hui (ce qui est intéressant à la rigueur, c'est que l'analyse date de mai dernier).
Le plus important est sans doute cet appel à faire de la politique (des choix et de la gestion) ensemble. L'opposition doit être associée aux choix municipaux, c'est une idée qui est revenue dans le programme de plusieurs candidats. C'est à nouveau un appel aux hommes de bonne volonté (aux hommes "compétents", dit Bayrou, moins utopiste).
In petto, je me demande si cette idée est compatible avec une vraie démocratie: est-ce qu'elle ne consiste pas peu ou prou à annihiler toute opposition? Mais bast, nous sommes aujourd'hui si loin de ce gouvernement du bon sens et de la bonne volonté qu'il faut sans doute commencer par le mettre en place avant de prendre la mesure de ses défauts pour chercher à les corriger.

Il y a d'autre part l'idée qu'il faut changer les institutions, ce qui m'inquiète toujours beaucoup. D'un autre côté, le monde a beaucoup changé depuis 1958, les rapports à la hiérarchie et au pouvoir ne sont plus les mêmes, et internet (l'internet collaboratif) ne va qu'amplifier ce mouvement dans les générations futures: des institutions dessinées aussi clairement pour soutenir le pouvoir d'un seul homme sont sans doute à revoir, au moins pour permettre un meilleur choix de cet homme (car le moins que l'on puisse dire, c'est que de ce point de vue-là, cela fait des années que le système ne donne plus satisfaction).


Notes

[1] Je n'en finis pas de m'étonner qu'une ville ait pu élire un menteur officiel, un fraudeur. Vous apprécierez ici la phrase «Signe des temps, l'ancien ministre socialiste a délaissé son bolide d'antan pour une vieille Peugeot dans laquelle il arpente les quartiers populaires.»

vendredi 8 février 2008

jeudi 7

Arrivée en retard au cours d'histoire de l'art. Il n'y avait personne dans la salle habituelle, montée jusqu'aux salles des terminales. Magnifique coucher de soleil sur les toits gris et inégaux. Pas trouvé le cours, peut-être était-il supprimé suite à la visite de la Cité de l'architecture la semaine dernière ?
Pas cherché, à pied jusqu'à la bibliothèque Buffon, (pas de vélo), la plante des pieds brûlées par le nylon.

Le Journal de Gide dans la Pléiade de 1951 commence par ces mots : «Avec Pierre.»
Les notations de mai 1921 à propos de Proust ressemblent à celles de Proust à propos de la maladie de tante Léonie: malade véritable ou malade se mettant en scène ? Malade véritable, décide Gide. Je pense à cette phrase de Proust que j'aime tant à propos de sa tante: elle avait fini par mourir, donnant à la fois raison à ceux qui disaient que son régime finirait par la tuer et à ceux qui disaient qu'on avait tort de se moquer, qu'elle était réellement gravement malade. Et la notation de Gide: "je cite comme Proust, de mémoire" (que moi-même je cite comme Proust, de mémoire).

Feuilleté Against Dryness repris en français dans L'attention romanesque (ce mot d'"attention" semble venir de Simone Weill: l'attention lui paraissait plus importante que la volonté.) Un peu surprise, ne ressemble pas à ce que j'attendais après avoir écouté Compagnon. Plaidoyer pour des personnages crédibles. (C'est drôle, je retrouve ici la remarque de Walser). Intéressante différence entre les "images" et les personnages. Seul Shakespeare aurait réussi à créer les deux à un même niveau. Iris Murdoch résolument contre le classissisme (qu'étrangement elle appelle romantisme) : contre le concept, l'épure, la stylisation, pour le foisonnement.

Emprunté Charles Taylor (L'Identité de soi). C'est gros. Dans un siège devant les guichets d'emprunt dormait un homme très laid sentant le chochard. L'odeur de crasse chaude me fait éternuer. Pensée reconnaissante envers les bibliothécaires qui le laissent dormir au chaud, et interrogation: comment font-elles pour supporter l'odeur ?

Rentrée à pied gare de Lyon. Trop chargée pour pouvoir lire en marchant.

Le soir, feuilleté les deux Thibaudet que je possède à la recherche de l'éléphant. Pas trouvé.

mercredi 6 février 2008

Lors d'une présentation du "buzz marketing"

La ménagère de moins de 50 ans n'est plus l'étalon du consommateur.

(Personne n'a même souri.)

mardi 5 février 2008

Etourdi

Aujourd'hui j'ai eu droit à une variante de la dangereuse phrase : « Comme tu es jolie aujourd'hui ». Passée le premier moment d'incrédulité, c'était plutôt amusant.

dimanche 3 février 2008

Repas de famille

Ma grand-mère (à ma tante) : — J'ai comme tout mal au dos avec le matelas que tu m'as donné.
Ma tante :— Que tu as récupéré sur le trottoir, oui. Moi, j'étais en train de le jeter.
Ma grand-mère, se tournant vers nous pour nous expliquer :— Mais il était comme tout propre, c'était dommage de le jeter. Alors je l'ai pris et je l'ai ajouté sur mon lit.
H., incrédule, moralisant et cachant son envie de rire : — C'est important de bien dormir. A quatre-vingt-dix ans, vous avez peut-être gagné le droit à un matelas neuf !
Ma tante : — Mais elle en a un! Elle l'a mis ici (dit-elle en désignant un lit déguisé en canapé dans le salon).
Moi, ayant peur de comprendre : — Tu dors sur un matelas destiné à la poubelle et tu as mis le neuf dans le salon où personne ne dort ?

Etc.
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