Sale gosse

Chaque fois que je siffle dans la rue les mains dans les poches, je pense à Patrick.
Nous avions vingt ans (enfin, lui plus que moi), il tâchait — très gentiment — de m'enseigner quelques bonnes manières: «Une fille ne siffle pas dans la rue». Alors bien sûr, je sifflais.
Nous passions nos soirées à discuter économie et littérature en mangeant une baguette et un camembert; vers minuit il me raccompagnait à la station du Luxembourg pour que je rentre à la cité U avant le dernier métro.
Un jour il m'a avoué que s'il me raccompagnait ainsi, c'était pour s'assurer que je n'allais pas me promener au hasard dans les rues. Cela m'avait fait rire (comme si je n'avais pas pu faire ce que je voulais dès qu'il aurait eu le dos tourné) et émue (pas grand monde prenait la peine/le risque de prendre soin de moi).

Il y a quelques jours je regardais un petit garçon de trois ans qui devait franchir le ruisseau débordant d'un caniveau pour traverser la rue. Il se concentrait, évaluait la distance. Puis il sauta avec décision — en plein milieu du ruisseau, éclaboussant sa nourrice. Je compris aussitôt à son sourire satisfait qu'il l'avait fait exprès, c'était exactement ce qu'il avait calculé avec tant de précision. La nourrice était furieuse, j'avais envie de rire.
Un jour, j'avais fait le même mauvais coup à Patrick, sur le boulevard Saint-Germain. Il était trempé, j'avais largement dépassé mon objectif. Aujourd'hui encore, j'ai un peu honte quand j'y pense.

Larchant

J'ai profité d'une transversale Pithiviers Bois-le-Roi pour m'arrêter à Larchant. J'avais gardé de l'église Saint Mathurin en ruines un souvenir émerveillé, quelque chose venu du fond des âges dont l'absence de restauration permettait soudain de prendre conscience de la restauration de toutes les autres églises et de tous les autre monuments. On se mettait au centre de la tour au clocher manquant, on regardait vers le haut, on calculait la probabilité de se prendre une pierre sur le nez.
Trois ans plus tard, j'ai été un peu déçue, les forces de l'ordre sont passées par là, ce sont désomais des ruines propres et blanches, bien sages dans leur robe de ruines.

Plus de calmes blocs chus, mais encore des pierres contre le ciel, heureusement.

(toujours des photos de téléphone).

Je conservais de l'intérieur le souvenir d'une nef humide, de la paille s'échappant par poignées du plafond, une impression d'écroulement imminent sous le poids des ans et par absence d'entretien.
Ai-je imaginé cela? Cela semble si loin. Le plafond est propre, la voûte du chœur formée de petites briques beiges ou ocres; des vitraux blancs éclairent le transept, des vitraux bleux la chapelle de la Vierge.
Ai-je rêvé?

détail d'un des vitraux blancs

Blues

Une semaine déjà, heureusement celle-ci a passé vite. Ce n'est pas que je m'ennuie, j'ai juste l'impression d'être en exil.
Je bénis ma mémoire enregistreuse par associations, un seul détail fait resurgir un monde. Il me semble pouvoir écrire à l'infini, chaque fil tirant un souvenir, et pouvoir faire gonfler les histoires de l'intérieur, ce qui est bien plus amusant que les allonger. Quand le temps est circonscrit, on ne peut faire qu'un soufflé.

J'ai reçu les photos commandées avant mon départ, elles sont en noir et blanc, dans le prolongement de la collection des années trente. Au dos une étiquette "Archives Pontigny-Cerisy, reproduction interdite". Le temps est immobile, machine de Morel, il ne me semble plus si cruel de revivre infiniment les mêmes gestes. Ce qui est cruel, c'est de ne pas les vivre. Que vaut une copie?

Et maintenant téléphoner à ma mère et repasser le temps d'un épisode de Six feet under. Lequel parmi les cinq saisons?

Modèle chinois / modèle occidental

En première page du Figaro de ce jour :

JO: les Chinois apprennent les bonnes manières

Le deuxième [guide de bonnes manières édité par les autorités chinoises à l'usage de leurs compatriotes], dédié aux compétitions olympiques, incite, par mille et un conseils, à se comporter de manière civilisée sur les stades.


Franchement, ces Chinois, quels barbares... Ce n'est pourtant pas difficile de bien se tenir, il suffit de prendre modèle sur les supporters européens.

Bons baisers de Bruges

Le titre exact serait Voir Bruges et mourir.

Quel film étrange. J'allais voir un film irlando-belge de baston, un croisé de C'est arrivé près de chez vous et de Petits meurtres entre amis, et je tombe sur une méditation sur la rédemption.

Une fois qu'on a compris cela, et si l'on n'est pas trop déçu, c'est bien fait, perfectible, mais déjà bien mené. On sent des tensions dans les dialogues, quelque chose qui irait dans le sens des dialogues fous des premiers Tarantino: dans les prochains films, peut-être...

Méditation sur le péché, la bonté, la mort, la rédemption, le sacrifice, la responsabilité de ses actes, à l'aide de deux tueurs à gage dont l'un ressemble à un enfant boudeur, l'autre à un père attentif, un skinhead, une jeune fille peu recommandable (à mon avis), un nain raciste américain («Je suis américain mais ne m'en voulez pas» est sa phrase de présentation), une visite de musée (et Le jugement dernier de Bosch), une visite de beffroi, une visite d'église (et le sang séché du Christ), un tournage de film, dans une atmosphère brumeuse de décembre au-dessus des canaux.

Etrange, étrange.


Ceci dans la catégorie "Je vais au Saint-Lazare-Pasquier à l'heure du déjeuner".

Eponyme

Monter dans un wagon, s'installer à babord pour éviter le soleil, s'appuyer contre la fenêtre, s'endormir comme on tombe dans un puits.
Rêvé de livres.

Samedi

Ange sur portail noir graffité à l'angle de la rue des Prés et de la rue du Moulinet.





Un magasin consacré au tennis de table 6 rue du Moulinet, quelque chose de l'antre de M. Ollivander. Dans une niche, deux ampoules rouges illuminent un bouddha. Epaisseur de plaques en dixièmes de millimètre, stockage d'énergie, «vous tapez un peu fort ou tout le temps fort?», j'écoute en me disant que celui qui ne sait pas décrire ce qu'il ressent et ce qu'il cherche ne peut pas jouer au ping-pong.

Un thé à la mosquée, je traîne H. jusque devant le château du jardin des Plantes pour qu'il voit carte géologique : «Oh, la carte BRGM! C'est la première que nous ayons faite sur Dry! Il faut vingt-sept vraies couleurs ''(NDB: au lieu de la quadichromie habituelle)'' pour l'imprimer et du papier très épais, ça coûte une fortune...» (etc).

Gare de Lyon, nous récupérons C., je les abandonne pour un Vélib et remonte jusqu'à Ménilmontant. Il fait très beau, je fais quelques détours pour privilégier les petites rues, la jeune fille à qui je demande où se trouve le parking de vélib le plus proche de Notre-Dame de la Croix me l'indique en me précisant que je ne dois pas prendre le chemin le plus court car la rue, piétonne et en travaux, est en sens interdit. Je ravale une réponse ironique et remercie.

Barbecue de blogueurs. Je n'en connais pas beaucoup. Enclave tranquille. Enfants. Soleil. Bouteilles. Discussions à bâtons rompus sur tout et n'importe quoi, surtout n'importe quoi.
(Note après réflexion à l'intention de Virginie (si elle parvient jusqu'ici) qui s'exclama rieuse en apprenant l'un de mes pseudos (alors que nous étions parvenues à la conclusion que mon blog "manqu[ait] de chair"): «mais tu es très sexe, alors!» (non-sic, mais à peu près): la chair est dans les commentaires, chez les autres: c'est plus caché, donc plus facile.)
J'ai perdu la notion du temps. Il fait de plus en plus froid.
Je comprends pourquoi en arrivant devant la gare de Lyon: il est 4h20. Je prends le dernier car avant la reprise du trafic du RER.

Je rentre de la gare à pied. Le soleil se lève, il fait tout à fait jour quand j'arrive chez moi. Il est six heures passées quand je me couche.

Folle semaine

Difficile réacclimatation. La foule de Saint-Lazare, les rues bouchées, l'atmosphère lourde. Les herbes folles du jardin, le courrier pas relevé depuis mercredi, la machine à linge à faire tourner.

Dormir. On a beaucoup ri, beaucoup bu, beaucoup fumé, un peu trop mangé, et c'était un soulagement, cette absence de pisse-froids venant vous faire la morale pour vos poumons/leurs kilos/la planète.

J'ai eu pour compagne de chambre Elisabeth Chamontin, joyeuse commère et extraordinaire réciteuse de vers, folle anagrammateuse (parmi ceux qu'elle a trouvés pour moi (j'ai oublié un deuxième que j'aimais bien), il y a "slave glaciaire": brrr...)).

Mercredi ou jeudi (je ne sais plus), concours improvisé un "p'tit coup d'Queneau"/"un p'tit coup de Vian" dans cette cave aménagée suite aux éclats de 1968 (afin de s'amuser sans déranger ceux qui veulent dormir). Elisabeth nous donne un truc pour apprendre les alexandrins : les chanter sur l'air de "La mère Michel qui a perdu son chat" (et enchaîne aussitôt sur Molière ou Corneille, je ne sais plus).
J'ai hâte d'essayer, moi qui suis incapable de citer trois mots sans me tromper.


Et maintenant que va-t-il se passer? Sans doute pas grand-chose: lire et encore lire, trouver des lectures de poésie sonore, se mettre en chasse pour trouver les livres épuisés et les revues introuvables.

Contre temps

En réalité, ce jour-là, il faisait gris. Il a fait gris presque tous les jours, avec des variations, de la pluie au ciel dégagé quelques minutes. Nous cherchions le soleil durant les intercours. Evidemment, cela a limité la pétanque. Nous nous sommes rabattus sur le ping-pong (et le calva).



Les tables laissent à penser que cette photo a été prise lundi dans la matinée (tentative de reconstitution minutieuse d'un temps totalement fondu dans la masse).

En contrebas de la façade sud se trouve un vieux chêne un peu déplumé, à la couronne mal équilibrée (le parc a souffert de la tempête de 1999 mais les arbres qui restent sont magnifiques). Edith Heurgon nous a raconté qu'il lui avait valu une abondante correspondance avec Michel Tournier, qui voulait qu'elle le fît abattre pour dégager la vue.

Hommage à Mireille

Devant (ou derrière) la fenêtre où je tape quelques mots (que finalement j'oublierai de mettre en ligne) :


PS: ma contrainte : toutes les photos de ce blog sont des photos de téléphone.

Hors contexte

Jan Baetens, avec un fin sourire :

— De toute façon, je dépasse.

Lénine, c'est plus ce que c'était

— Nous étions d'extrême-gauche, nous avions tous beaucoup bu, on a décidé de faire tourner les tables et d'interroger les mannes de Lénine, et pour faire suer un copain du PC (NB : donc de droite), on a décidé de poser la question suivante : «Le parti communiste est-il encore un parti révolutionnaire?»
— Non, a dit Lénine.
Alors le copain, vexé comme un pou, a déclaré : «Ça prouve juste que quand on est mort, on est coupé des masses».



Sinon, un professeur d'origine portugaise va nous ramener de l'absinthe du Portugal où il est en vente libre, promis juré.

Bien arrivée. Bise.

Jeudi. Salutations: «Reposez-vous bien». Je regarde mon interlocuteur comme s'il parlait chinois.

Vendredi. Le fait que je prenne cette semaine de "vacances" a posé quelques problèmes d'organisation (nous avons découvert, ma collègue et moi-même, que nous étions presque indispensables) et par bonté d'âme, parce que je sais que F. est une grande angoissée, je rédige et lui envoie trois documents censés la rassurer. Pendant ce temps je ne fais pas ma valise. J'ai cru que je n'arriverais jamais à faire cette valise. Trop fatiguée, trop stressée. Et que se passerait-il si je loupais mon train? Déception et soulagement.

14h57, gare Saint-Lazare, train pour Cherbourg. Ma voisine lit Conversions, d'Harry Matthew. J'ai rencontré ce titre il y a quelques jours, mais où?
Le wagon est silencieux, impressionnant de silence. Ma voisine interroge le contrôleur pour savoir si le train s'arrête bien à Carantilly. Non, il y a très peu d'arrêts à Carantilly, vous savez. J'attends qu'il s'éloigne un peu pour la rassurer.
A Lison descendent une quinzaine de personnes. Ça s'interpelle et ça se reconnaît, «je vous présente Tartempion, doctorante en...» Mon dieu, mais ils sont nombreux, de tous âges et de tous sexes, tous universitaires: qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire quand ils vont me demander ce que je fais? Qu'est-ce que je fiche là?

Nous semons la panique dans le "train intercités" entre Caen et Rennes, nous sommes une colonie de vacances heureuse et bruyante, les gens nous regardent, pas un ne se lèverait de son strapontin pour faire de la place ni ne se pousserait pour laisser passer une valise très lourde, j'écrase consciencieusement quelques orteils.
Comme prévu, le train s'arrête à Carantilly, arrêt spécial pour Cerisy, "non indiqué sur les horaires de la SNCF", était-il précisé sur le programme. Ce détail me ravit: le train s'arrête en catimini en rase campagne pour faire descendre au cœur du bocage normand quelques illuminés venus du monde entier.

J'ai une chambre dans les anciennes écuries. Les stalles ont été conservées. C'est très pittoresque et risque fort de déclencher une crise d'allergie (je supporte mal les odeurs de bois, d'humidité, de paille, l'odeur des vieilles fermes). Le bureau est minuscule, et surtout, nous serons probablement deux dans cette chambre. Ça ne fait pas mon affaire, je n'avais pas prévu de dormir beaucoup cette semaine, il faudra que j'aille travailler dans les pièces communes. Mais si je rentre tard ou pars tôt, comment ma cothurne supportera-t-elle mes allers-et-venues?
On verra.

Voilà. Je suis à Cerisy.

Kung Fu Panda

Dimanche, j'ai eu droit à Kill Bill II dans mon dos, mardi à La Guerre des étoiles 1 et 2 (ou 4 et 5). Finalement, c'était une bonne préparation à Kung Fu Panda.

C'est l'histoire du chanteur Carlos qui s'attaquerait à Bruce Lee. Et qui gagnerait. Grâce au secret de l'ingrédient secret de la soupe à l'ingrédient secret.

Voilà.
J'ai toujours la même profonde admiration pour les films américains dépourvus de prétention et attentifs au moindre détail. Les scènes d'entraînement et de combat sont parfaites et pleines d'invention, et les règles les plus classiques sont respectées : c'est en voulant prévenir ce que l'on redoute que l'on provoque ce que l'on redoute (si le canard n'était pas allé alerter le directeur de la prison, rien ne serait arrivé), les scènes clés sont présentées deux fois, à la Shakespeare (scène en miroir entre l'entraînement et le combat final).

Ce que j'admire le plus, c'est le sens du rythme dans la narration: aucun temps mort, tout s'enchaîne, et pourtant, il ne se passe rien ou pas grand-chose. On oscille entre les phrases-clichés à portée philosophique et les phrases très prosaïques, on frôle le ridicule, il en faudrait très peu pour y basculer, on l'évite toujours, grâce à une simplicité désarmante (sans doute ce qu'on appelle la fraîcheur). Tout l'imaginaire, tous les clichés véhiculés par les films de kung-fu sont présents (le vieux maître sage, le pêcher, la trahison, etc); d'une certaine façon on les attend, on s'y attend, mais ils interviennent toujours au bon moment, sans insister. Il n'y a jamais cette terrible impression du clin d'œil destiné à vous faire remarquer qu'on vient de vous faire un clin d'œil (ce qui fait la faiblesse du dernier Indiana Jones, par exemple). J'admire ce sens de la retenue.

Ce panda n'a vraiment aucune qualité autre que celle de savoir faire la soupe.

Mon préféré, c'est la tortue. Maître Shifu ressemble à un croisement entre Yoda et un ewok.
Pour le reste, l'histoire est gentille, les personnages sont gentils, le méchant est méchant, c'est bien moins caustique que Shreck, par exemple. C'est reposant.

Seul bémol, je regrette l'époque où les dessins animés avaient l'air dessinés. Aujourd'hui, les personnages sont de véritables marionnettes à l'écran: l'effet 3D est impressionnant, mais bon, je ne suis pas programmateur 3D, ça m'est un peu égal. Je suppose que lorsque la technique sera totalement maîtrisée, certains réalisateurs reviendront aux dessins, pour le plaisir. Pour le moment, on est dans l'innovation, tant pis.

Lire Gvgvsse (truc et astuce)

Même quand le lien principal semble en carafe, on peut accéder à sa page à partir des mois.

(D'autre part, je signale à lecteur deux billets sur le travail.)

Otages

L'une des grandes ruptures de mon enfance est notre retour en France, en juillet 1975 (dont je n'ai pris vraiment conscience qu'à la rentrée, en septembre). Nous avions loué une maison à La Chaussée-Saint-Victor, nous n'avions pas la télévision, je me souviens de la cuisine, des flancs gris d'aluminium du four encastrable posé sur une table d'écolier, la radio parlait de Tabarly, d'Alain Colas et de Madame Clausse, prisonnière du Polisario Claustre. Personne ne se souvient de Madame Claustre, mais je me souviens des semaines à se demander si cette femme et ses deux collègues français seraient libérés ou tués, cela se passait dans mélangeait dans mon esprit avec la guerre dans le désert marocain, je me sentais concernée, l'un des otages était l'ami d'amis de mes parents, ils le connaissaient (et quelques années plus tard nous avons pris le thé chez lui à Annemasse)[1].
Je me souviens des otages retenus dans l'ambassade américaine en Iran entre 1979 et 1981, cela n'en finissait pas et j'ai bien cru qu'ils seraient tous tués. Je me souviens de mes premiers drapeaux américains brûlés, de la découverte de la haine idéologique, impersonnelle, impossible à raisonner.
Je me souviens confusément d'enlèvements et de meurtres, je n'y comprenais pas grand chose et cela ne m'intéressait pas, la bande à Bader, Carlos, le baron Empain, un doigt coupé, Patricia Hearst, les Brigades rouges, tout cela créait une rumeur confuse de monde violent, dangereux et absurde. Des avions étaient détournés et assaillis, il y avait des morts, j'ai su très tôt ce qu'était le syndrome de Stockholm (chez ma grand-mère, à côté des Pif gadget prêtés par la voisine, il y avait Sélection du reader's digest et ses histoires haletantes).
Plus tard il y eut les journalistes enlevés au Liban, cela recoupait mes lectures de SAS, là encore cela dura des jours, le journal du soir commençait avec le visage des otages et l'énoncé du nombre de jours de captivité, il y avait les gens pour et les gens contre, c'était le début de l'"otage business" mais on ne le savait pas. Michel Seurat est mort, je pensais qu'aucun n'en reviendrait, je me souviens du livre de sa femme paru alors que je travaillais à la librairie Mollat, je ne peux pas entendre le nom de Jean-Paul Kaufmann sans tressaillir (je me souviens d'un jour pas si lointain où il est venu parler de cigares sur France Inter: j'en suis restée interloquée, comment pouvait-il être aussi futile après ce qu'il avait vécu, c'était le monde à l'envers, son histoire semblait m'avoir davantage marquée que lui).

Ensuite j'ai dû faire moins attention ou la prise d'otage est passée de mode. Il reste malgré tout dans ma mémoire la prise d'otages dans l'école maternelle de Neuilly, l'angoisse pour les enfants et la fin pas très propre qui laisse un goût étrange (de l'art de faire un exemple pour dissuader d'éventuels imitateurs (et plus tard, la terrible fin de la prise en otage d'une école par des rebelles tchétchènes me rappellera Neuilly, ce qu'aurait pu être Neuilly, ce que n'était pas la France par rapport à la Russie)) et la délivrance spectaculaire d'un avion retenu à Alger. Depuis septembre 2001, personne n'a essayé de détourner un avion (si, une fois: les passagers ont maîtrisé le détourneur, la leçon a été bien retenue).

Il y a eu il y a trois ans (2005) l'enlèvement de Florence Aubenas. Curieusement je n'ai jamais réellement craint pour sa vie, avais-je vieilli et étais-je blasée, ou le traitement journalistique de l'affaire me faisait-il trop considérer tout cela comme du cirque, quelque chose de pas vraiment sérieux et destiné avant tout à faire de l'audience?
Il s'est produit un peu le même phénomène pour Ingrid Bettancourt. J'ai toujours pensé qu'elle s'en sortirait, qu'elle était une monnaie d'échange et qu'on ne tuait pas une monnaie d'échange. Je ne m'y intéressais pas et d'une certaine façon, je ne m'y suis jamais intéressée.
Cependant, en décembre ou janvier dernier, pour la première fois, j'ai eu peur et pitié pour elle: que se passait-il? Pourquoi cette photo d'Ingrid Bettancourt blême et défaite? Voulait-on nous préparer à l'annonce prochaine de sa mort? Pour la première fois, j'ai eu peur pour elle, j'ai pensé qu'elle allait mourir ou qu'elle était peut-être déjà morte, j'ai espéré que "tout irait bien" et qu'elle s'en sortirait — non parce que c'était elle, mais parce que c'est à peu près ce que je souhaite à chacun.

Et voilà. Elle est libre. Elle va bien. Je suis heureuse pour elle, mais plus que ça: lorsqu'on a comme moi une conception globale du bien-être et du mal-être de l'humanité, lorsqu'on se demande dans quelle mesure il est possible de faire reculer le mal (le mal et le bien sont-ils un jeu à somme nulle, ne peut-on faire croître l'un sans faire croître l'autre, ou est-il possible d'obtenir un total positif? (ou négatif...)), toute libération, tout acte positif, est un point gagné contre le malheur.

J'entends dans les conversations et je lis sur les blogs des inepties: ceux qui pensent qu'elle n'est pas assez maigre, ceux qui la trouvent bête, ceux qui la trouvent intelligente, ceux qui jugent ses enfants, ceux qui font des calculs compliqués pour savoir si elle a été libérée au bon moment par les bonnes personnes pour la bonne cause..., ceux qui finalement se demandent, à voix haute ou à voix basse, si elle en valait la peine, si elle valait la peine de tant de mobilisation et d'attention, et se faisant, exposent seulement leur unique préoccupation: faire les malins, se faire remarquer, ne pensant pas plus aujourd'hui ce qu'ils écrivent que ce qu'ils écrivaient hier...

Dimanche, je cherchais dans La Prédominance du crétin une référence aux «intellectuels pouf-pouf» (les marxistes fumeurs de pipe). Je suis tombée sur ce passage (il s'agit d'éditoriaux italiens écrits dans les années 70):

Une guerre de larmes, déchirante, serpente à travers les milieux les plus illuminés d'Europe.
«Pourquoi ne pleurez-vous pas sur le Cambodge?» «Personne ne peut nous accuser de ne pas avoir pleuré sur le Viêt-nam!» «Ceux qui n'ont pas pleuré sur Prague n'ont pas le droit de pleurer sur le Liban!» «Si vous avez pleuré pour les Biafrais, vous devez pleurer pour les Afghans!» «Faisons honnêtement notre autocritique: nos pleurs pour l'Iran sont moins copieux que nos pleurs pour le Chili.»
Fruttero & Lucentini, La prédominance du crétin, p.126

Il me fait penser a contrario au "cas" Bettancourt. Il est stupide de larmoyer sur commande pour exposer son bon cœur et ses convictions politiques.
Il est abject de regretter d'avoir pleuré pour jouer les esprits forts.


Notes

[1] Non, vérification faite, les noms ne correspondent pas: c'est cet ami qui avait été enlevé par le Polisario, peu après, presque au même moment. Cette prise d'otage-là a duré beaucoup moins longtemps que celle de Françoise Claustre. Mes souvenirs ont confondu les deux enlèvements.

Je somatise, mais à moitié

Vendredi soir (ou samedi très tôt), je rentre boitant bas, le genou droit en compote, pour une raison inconnue (pas de choc, pas de chute).
Samedi, la douleur persiste, une autre se développe dans l'articulation de l'épaule droite.
Aujourd'hui, le foie est touché à son tour.

Y a-t-il un acupuncteur dans la salle pour me dire si l'angoisse est liée au côté droit? Ou l'hémisphère gauche de mon cerveau serait-il en train de me lâcher?

Hier soir

A vingt heures, tandis que je traverse le parc du Luxembourg, l'orchestre des gardiens de la paix joue le final du thème d' Indiana Jones. Le soleil joue dans les feuilles, j'ai les larmes aux yeux. Du milieu de mes pensées sombres, je souris à ce clin d'œil.
Plus tard, un son de trompette dans la rue qui monte vers la chapelle du Val-de-Grâce illuminée par le soleil donne à Paris un air italien, la Strada en couleur.

Soirée parmi des executive women: carrières et voyages, thèmes des conversations. Je suis surprise d'être aussi loin de tout cela, j'aurais dû être comme elles, en bonne logique. Que s'est-il passé? Mais si le modèle est attirant de loin (avec des impressions d'avoir "raté ma vie", comme on dit), de près il me laisse froide, à me demander si ce n'est pas elles qui passent à côté de quelque chose.
Ces questions sont vaines, ou théoriques: je sais désormais que les deux (ou quatre) possibilités sont toutes aussi exactes (finalement la physique quantique est facile à se représenter).

Mon amie F. m'inquiète: à ce que j'ai compris, elle a mené l'année dernière trois emplois de front, un par obligation, un dans l'espoir d'échapper (dans le futur) au précédent, un dernier parce que les deux premiers ne rapportaient pas assez. Je comprends mieux que nous ne nous soyons pas vues pendant quinze mois et qu'il soit si difficile de trouver une date pour déjeuner ensemble.

Domenech sauvé par Ingrid

Caricature dans L'Equipe de ce jour :

La foule, de dos, se presse pour apercevoir quelqu'un ou quelque chose. Au premier plan, deux hommes s'en détachent et s'apprêtent à sortir du cadre. Celui qui parle a la main sur l'épaule de l'autre:
— Viens Raymond, on va s'éclipser discrètement pendant l'arrivée d'Ingrid et tu reviendras délicatement en septembre.


(citation de mémoire. Je n'ai pas réussi à déchiffer le nom du dessinateur sur la feuille tremblante tenue par mon voisin de métro.)

Trente-deux questions

Theobald me propose de répondre à un questionnaire terriblement long et qui recoupe celui-ci.
J'avais d'abord pensé ne pas répondre maintenant, parce qu'il faut réfléchir, mais en fait, c'est très facile, même si c'est long. J'ai juste l'impression de me répéter parfois (mais finalement, nous sommes sans doute condamnés à radoter).

1) Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?

D'une part, les genoux de mon père, d'autre part, la grande salle de la synagogue de l'école. (Ma salle de classe était en mezzanine au-dessus d'une très grande salle (à quatre ans elle me paraissait immense) dans laquelle je jetais des coups d'œil furtifs (je suppose que la balustrade devait être assez haute pour que je puisse à peine regarder par dessus). Nous n'avions pas le droit d'entrer dans cette salle quand les portes en étaient ouvertes à deux battants, elle m'intriguait, j'en rêvais la nuit. Des années plus tard, je me suis réveillée un matin en ayant enfin compris (une illumination): c'était une synagogue.

2) Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ?

Voir questionnaire indiqué ci-dessus (que Teobald peut compléter, d'ailleurs).

3) Aimez-vous la lecture à haute voix ? Comment ? Pourquoi ?

Je suis fan des cassettes et CD de livres lus. Ça me permet de gagner du temps et 1/d'oublier les tâches ménagères 2/ ne pas m'endormir en conduisant.
Je n'aime pas lire à haute voix parce que je ne comprends pas ce que je lis. Il ne reste que des sons.

4) Votre conte préféré ?

Christian Andersen, le compagnon de route.

5) La meilleure adaptation cinématographique d'un roman ou d'une pièce de théâtre ?

Max Ophüls, Lettre d'une inconnue (Stephan Zweig).

6) Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre ou passages de roman ?

Non. Incapable de me souvenir d'un vers sans le déformer (je dois connaître un quatrain de Laforgue).

7) Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ? Lesquels ?

Une collection de tous petits livres Source de... (de joie, d'optimisme, de sagesse grecque, hindoue, arabe, chinoise, etc): des citations ou des proverbes. Je ne les lis jamais. Il y a bien longtemps que je ne lis plus aux toilettes (j'ai sans doute perdu l'habitude en Cité U et en internat).

8) Avez-vous plusieurs lectures en chantier ? Combien ? Lesquelles ?

Tout est toujours en chantier... Les Vagues de Woolf et Le structuralisme de Piaget (en Que sais-je).

9) Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ?

Baudelaire, Cavafis, La chasse au Snark.

10) Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ?

(Il s'agit de temps subjectif, et non de durée réelle).
Le plus rapidement: N'importe quel San-Antonio.
Le plus lentement: La Roue rouge de Soljenitsyne, énorme comme un petit Larousse, que j'ai trimbalé avec moi pendant deux semaines dans le RER, au resto U, etc; Le Don de Humbolt de Saul Bellow (j'ai cru mourir d'ennui, mais je suppose aujourd'hui que je n'ai rien vu des allusions à la vie d'un intellectuel juif new yorkais); La Montagne magique de Thomas Mann.

11) Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ?

Tout traîne mais tout a vocation à être rangé.

12) Préférez-vous les éditions de poche aux éditions originales ? Pourquoi ?

Non. Les poches me fatiguent les yeux (mais sont plus légers).
J'aime les livres imprimés au plomb, les caractères sont plus nets.

13) Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ?

Assise à une table.

14) Vos lectures sont-elles commentées « crayon à la main » ?

Oui, mais pas forcément dans le livre. Il s'agit plutôt de relevé de citations fait dans les deux ou trois dernières pages du livre ou sur une feuille glissée en marque-page (ce genre de pratique évolue, je cherche ce qui m'est le plus pratique, ce qui me permet d'aller vite sans rien oublier).

15) Offrez-vous des livres ?

Je n'en offrais plus, mais depuis que je connais des blogueurs, je recommence un peu (ils ont nettement plus de chance d'être lus).

16) La plus belle dédicace ? (Qu'elle soit de l'auteur ou de celui/celle qui vous l'offrît)

La seule dédicace dont je me souvienne: un ami m'a offert pour mes vingt ans Portrait of the artist as a young man. J'ai eu la surprise de relire la dédicace il y a quelques mois: «En espérant que cela diminue ta peur des Jésuites».

17) Quel est votre rapport sensuel au livre ? (son odeur, sa texture, le son des pages tournées, …)

Extrême. Le texte change quand ce n'est pas la même édition, pas le même volume. Qu'un mot soit en bas de page, ou en haut, ou en fin de ligne, et le texte n'est pas le même.

18) Quel(s) est (sont) le(s) auteur(s) dont vous avez lu l'œuvre intégrale ?

San-Antonio (mais pas Frédéric Dard), Walter Farley, Georges Chaulet.

19) Un livre qui vous a particulièrement fait rire ?

Le Maître et Marguerite, La Conjuration des imbéciles.

20) Un livre qui vous a particulièrement ému ?

Lettres à sa fille de Calamity Jane.

21) Le livre qui vous a terrifié ?

Le Livre noir sur l'extermination des Juifs en URSS et en Pologne (1941-1945), de Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg.

22) Le livre qui vous a fait pleurer ?

Tous les livres d'animaux de Jack London ou James Oliver Curwood, tous les livres de Paul-Jacques Bonzon qui n'étaient pas de la série Les six compagnons.
Tout livre peut me faire pleurer. Il suffit qu'il soit nostalgique. Football ombre et lumière doit être le dernier en date.

23) L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ?

Celle de Nabokov à Lolita : les Américains ne peuvent supporter trois choses: un homme qui vive une vie heureuse et honnête sans être chrétien, un couple mixte blanc/noir, qu'on parle de sexualité à propos des enfants.

24) Le titre le plus marquant / original / décalé / astucieux ?

L'importance d'être constant, d'Oscar Wilde.

25) Décrivez votre (vos) bibliothèque(s).

Heu... Meuble ou contenu? Dans le salon, une bibliothèque sur mesure par rapport à la pièce et aux livres, commandée à Rouge d'Orient, quai de la Mégisserie (je précise au cas où cela rendrait service à d'autres, car on a vraiment peiné à trouver ce qu'on voulait à un prix abordable: du bois brut, pas quelque chose de trop lêché, trop vernis, pas de mélaminé, de collé, d'aluminium, de moderne... Des planches, quoi), dans les toilettes et le couloir, des étagères de poches du sol au plafond (11x19 cm, afin d'en mettre un maximum sans qu'ils prennent la poussière), à côté de moi sept étagères blanches glissées en retour sous la mansarde, où sont rangés les Renaud Camus et les livres afférents (Claude Simon, Nabokov, Ricardou, Robbe-Grillet, J-M Levet, etc).
Je pense que d'ici trois ans il faudra qu'on "coffre" un mur de plus (je prépare psychologiquement le terrain).
(En fait ça ne fait pas beaucoup de livres, contrairement à ce qu'on pourrait croire: beaucoup de place occupée par des BD, des encyclopédies, des livres policiers, de la SF...)

26) Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé(s) ?

Tous ceux dont je savais que je ne les relirais pas et qu'ils ne contenaient aucun passage favori, aucune citation pertinente, souvent des France-Loisirs hérités de l'enfance ou des livres achetés à la va-vite ou des livres reçus (un peu à côté de la plaque), les livres de cours sur les ressources humaines ou le marketing (j'ai conservé quelques ouvrages de référence en comptabilité).
Je gère au plus près à cause de problèmes de place. Il n'y a plus grand chose à donner, même les livres qui ne sont pas "les miens" (les Tom Clancy, les Orson Scott Card, que je n'aurais pas achetés mais plutôt empruntés en bibliothèque) font désormais partie de mon univers, "mon papier peint" comme on dit à la maison.

27) L'endroit le plus insolite où vous lisez ?

?

28) Il ne vous reste que trois jours à vivre, que souhaitez-vous lire ou relire ?

Trois jours... Malade ou en bonne santé? En étant seule à mourir ou parce que c'est la fin du monde?
Je pense que je passerais plutôt mon temps à mettre de l'ordre dans mes papiers pour que les survivants ne soient pas trop ennuyés... (mon dieu, je crois que je les accablerais de recommandations en tout genre!) et peut-être à choisir à qui donner mes livres (une question qui me tracasse).
Bon: la thèse de Clémence Ramnoux sur Héraclite.

29) Votre livre d'art préféré ?

?

30) La bibliothèque idéale ?

La Mazarine, la bibliothèque historique de la ville de Paris.

31) L'incipit qui vous a le plus marqué

"J'avais une ferme en Afrique" (à cause de la voix de Meryll Streep dans Out of Africa).

32) La fin qui vous a le plus marqué

Hum. Celle du Maître et Marguerite ou la fin des Raisins de la colère, lorsqu'une femme nourrit au sein un homme affamé.


Je n'ose plus "tagguer" qui que ce soit, j'ai l'impression d'être environnée de silence. Ceux qui n'ont pas de blog (lecteur?) peuvent répondre en commentaire, pas forcément à toutes les questions s'ils trouvent ça trop long. Est-ce que cela intéresserait Chondre? Il parle d'opéra, de cuisine, de sport, de bricolage, de jardinage, que lit-il à part Femme actuelle?
(Au fait, Guillaume a répondu aussi.)

Une librairie ferme

Information pour les parisiens:

La librairie de la Madeleine, 20 rue d'Anjou, ferme définitivement le 31 juillet. C'est une librairie minuscule, en devanture des éditions Diane de Selliers (je ne connais pas les liens financiers entre les deux).
Elle ne brade pas les livres à un prix particulier, les livres non vendus étant neufs seront retournés aux éditeurs. Cependant, il vous intéressera peut-être d'y passer, car elle propose un choix de plaquettes de poésie, un bon nombre des volumes des éditions Sillages, Corti ou Fata Morgana, des livres d'art et de photographies.

Je vais faire des économies l'année prochaine, mais sans doute quelques dépenses avant le 31 juillet.

Les gadgets ne sont plus ce qu'ils étaient

Ne manquez pas la revue de presse de Chondre. (Et moi qui était prête à embrayer sur Rahan, et surtout sur capitaine Apache [1]! Y a plus de jeunesse!)


Notes

[1] J'ai eu du mal à retrouver la référence, aucun lecteur de Pif ne semblait s'en souvenir et tous insinuaient que j'avais rêvé (Je lisais Mickey pendant l'année, Pif pendant les vacances). Heureusement, Internet m'a sauver.

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