2008 : année mémorable.

Grande cuvée, la meilleure depuis 1995, meilleure encore.

Des rencontres, la perspective d'une porte sur le mur de la cage.

A l'année prochaine.

Belote et chocolats

Je passe mes journées à dormir, jouer aux cartes, manger du chocolat, lire, écrire.
Ayant trouvé à qui parler sur FB, l'intérêt du blog s'amenuise à disparaître.

L'une des dernières conversations en cours m'a rappelé cette vieille blague:
à vingt ans, l'amour, c'est MMS : matin, midi et soir;
à quarante, c'est MMS : mardi, mercredi, samedi;
à soixante-quinze, c'est MMS : mars, mai, septembre;
à quatre-vingt, c'est MMS : mes meilleurs souvenirs.

Une église en situation de monopole est une église vide.

Peter Berger, professeur de sociologie à Boston University, a longtemps cru que la sécularisation progressait avec le développement socio-économique. Depuis, il a changé d’avis et privilégie désormais une explication centrée sur l’offre. La demande de religion n’aurait pas grand-chose à voir avec le niveau de développement, mais beaucoup avec l’offre religieuse.
Si les Américains vont davantage à l’Eglise et sont plus pieux que les Européens, c’est parce que le marché religieux est beaucoup plus ouvert aux Etats-Unis : des douzaines d’églises s’y font une concurrence acharnée pour attirer des adeptes, en leur proposant chacune une voie de salut particulière, et en répondant au plus près aux besoins des paroissiens. «Dans un marché aussi libre, l’offre est très différenciée», explique Mr. Finke. L’offre s’y adapte instantanément à la demande. Tout se passe comme s’il existait «une demande potentielle de religion qui ne demande qu’à être activée», explique Rodney Stark, sociologue à Baylor University. «Plus les membres du clergé sont préoccupés de préserver ou d’agrandir la part de marché de leur congrégation, plus vous aurez de monde dans les églises».
Ce modèle explique aussi ce qui se passe en Europe. Les Européens ne seraient pas fondamentalement moins religieux que les Américains ; simplement, le marché religieux y serait beaucoup moins concurrentiel, les Eglises en place ayant historiquement réussi à imposer un quasi monopole. Or, nous dit Mr. Stark, «une église en position de monopole est une église vide».

trouvé ici

Nostalgie de Noël

Finalement, ce que je regrette le plus des Noëls de mon enfance, c'est la pénombre de l'église et les rues désertes et éteintes du village à la sortie de la messe.

Aujourd'hui il y a trop de bruit et trop de lumière. Tandis que j'aspire à un certain recueillement, on n'attend de nous toujours plus d'expansivité.
Cela ne me convient pas.

Contractions du temps

Mettons que tout soit urgent jusqu'à 18 heures, demain.
Tout ce qui n'aura pas été terminé à ce moment-là n'aura plus de raison d'être dès le surlendemain.
Nulle accumulation de tâches, évaporation.

Déjeuner dominical

Chuck Norris et Superman ont fait un bras de fer.

Celui qui perdait devait porter son slip par-dessus son pantalon.

Aucune idée de titre

- Mardi soir : explication de texte en groupe autour de L'Amour l'Automne. Ça commence à décoller, l'intérêt est que chacun a des centres d'intérêt différents (théâtre, musique, littérature, people) et que les discussions divergent avant de revenir au texte. Je crois que ce genre de livre est fait exactement pour ça: être lu à plusieurs voix, sucister autant de discussions qu'il contient de pistes (de la page 17 à 22 en une heure et demi: le livre fait plus de quatre cents pages). Il y a une tentative d'épuisement du monde, non par description exhaustive, mais par mots-clé permettant les associations.

- Mercredi : journée minutée quart d'heure par quart d'heure. J'ai quand même réussi à dormir entre neuf et onze heures du matin (bénédiction). Camomille, mais il n'y a plus de miel.
Le soir, écrit bien trop avant dans la nuit.

- Jeudi : soirée (et nuit) idem.
L'écriture saoûle, elle me laisse d'abord l' ubris, puis la gueule de bois, l'envie de ne jamais plus retourner sur les lieux du crime, une honte à me relire, un aquoibonisme généralisé.

- Vendredi : Je cherche La Légende du grand inquisiteur et trouve ce que je ne cherche pas.

Qu'a-t-on à bloguer quand on écrit? Ecrire qu'on écrit? Me voilà fraîche.

Affaire Madoff : les fondamentaux

Je me souviens, lors de ce colloque sur les finances publiques, du discours de Pierre Joxe. Il venait d'obtenir un poste ou une mission à l'ONU, nous avouant en riant que c'était le dernier examen (en date) qu'il avait eu à passer (un examen d'anglais, il me semble).

«En survolant en hélicoptère une livraison de jeeps pour une mission de l'ONU en Afrique, nous nous sommes aperçus qu'au centre parfait de ce carré de centaines de voitures, extérieurement lisse et sans faille, il manquait des dizaines de véhicules. On ne pouvait s'en apercevoir à pied. Il faut revenir aux fondamentaux, à l'inventaire physique.»

Je me souviens d'une de mes profs de comptabilité, expert-comptable, au physique à la Simone Signoret de la fin, qui proclamait «Un comptable, c'est un con derrière une table», qui nous racontait les inventaires à quatre heures du matin dans les usines de BTP sur les quais de la Seine, déroulant les câbles pour les mesurer avant valorisation.
Je me souviens de la fraude de ce poissonnier d'Auchan qui, lors des inventaires de fin d'année, valorisait habilement la lotte au prix du merlan ou vice-versa, tandis que nous n'y voyions que du feu, incapables que nous étions de faire la différence d'un seul coup d'œil entre deux filets de poisson.

J'ai appris à H. quand il a commencé à tenir sa comptabilité de société ce principe simple: à une écriture doit correspondre un justificatif, au justificatif doit correspondre un mouvement dans la sphère "réelle", un achat ou une vente, d'un bien ou d'un service (même les provisions pour risque ou les dotations aux amortissements ont pour origine un événement ou un bien réel (vient ensuite le calcul des encours de production et le début des ennuis. Passons.)).

Mais qu'est-ce que la sphère réelle en finances? Où est l'argent? Existe-t-il? Ne s'agit-il que de manque à gagner, de gains potentiels qui ne seront pas réalisés? De quoi parle-t-on exactement?
Quelqu'un le sait-il?
Et au fur à mesure que se découvrent les crashs et les fraudes, j'ai l'impression que la réponse est non.

Burn after reading, des frères Coen

Attention, spoiler.

Les frères Coen traitent toujours l'un des deux sujets suivants: la bêtise ou le mal, les deux se rejoignant parfois. (On peut noter un cas où ils ont plutôt traité de l'intelligence: dans Intolérable Cruauté et peut-être dans Miller's Crossing (sans doute leur film le plus indécidable).)

Le dernier n'échappe pas à la règle: il s'agit d'une sorte de remake de Fargo plus absurde encore (car faisant bien plus de morts pour une raison bien plus futile (mais quelle raison? même cela est difficile à définir)).
C'est un film dont l'avancée totalement cahoteuse (difficile d'imaginer moins rigoureusement tragique) n'a pas grande importance. Tout est tellement sous-déterminé, déterminé à la seconde qui passe et non par un mécanisme implacable remonté dès le début du film, qu'on s'intéresse à peine à la trajectoire du film.
L'intérêt n'est pas là, il est dans ses dimensions horizontales. Chaque image ou presque renvoie vers des références. C'est un pastiche précis des films d'espionnage américains contemporains (The Good Sheperd: les chefs, les réunions d'anciens, le père, la voix du maître-chanteur au téléphone qui imite les films qu'il a vus (imitation de fictions dans la fiction, stéréotype reconnaissable en ce que nous, spectacteurs, partageons les mêmes références que le personnage), etc) tant et si bien que je doute qu'aucun réalisateur sérieux n'ose en tourner un dans la même veine désormais. C'est également le catalogue habituel des références aux propres films des frère Coen, les portes, les murs, les enfilades de couloirs, la vision à claire-voie dans le placard, les têtes en gros plan, les boucles d'oreille qu'on rajuste, les mêmes phrases, les mêmes gestes, les jeux de miroirs. Tout le monde ment.
C'est un film totalement immoral : les hommes, bons ou méchants, meurent, les femmes, menteuses ou avides, survivent, il n'y a aucune raison à cela.

J'aime beaucoup la fin, le fatalisme du ponte de la CIA, qui n'y est pour rien, qui n'a rien décidé, n'est pas intervenu, a juste demandé d'être tenu au courant "quand tout cela prendrait sens", qui constate les dégâts, les éponge, les oublie, et demande:
— Qu'avons-nous appris?
— Rien.

C'est si proche des conclusions tellement plus ampoulées de Bodie of lies ou The Good Sheperd.


edit

A la réflexion, cela me rappelle mon père quand j'avais huit ans:
Papa, pourquoi il y a des guerres?
Pourquoi te disputes-tu avec ta sœur?

Les frères Coen ont décidé d'illustrer la dispute avec la sœur plutôt que la guerre.


edit bis

Un blog (trouvant le film mauvais) à explorer.

Scandale Madoff : Audiard avait raison

Antoine de la Foy : — Vous avez l'air exceptionnellement détendu, Oncle Fernand, heureux de vivre !
Monsieur Fernand : — Ah oui, ça, vous pouvez le dire. Maintenant que ma mission de tuteur est terminée, et croyez moi ... Et puis quant aux diverses affaires constituant la dote de notre petite Patricia, votre cher papa a accepté de les prendre en charge. Elles sont sans doute un peu particulières mais enfin, avec un vice-président du fond monétaire à leurs têtes, ben moi je pense que tout ira bien !

dans les dernières répliques des Tontons flingueurs, avant le départ à la distillerie et à l'église.

Le devoir de math

— Et les courbes, tu les as tracées?
— Euh... oui...
— Et qu'est-ce que tu constates? Tu as regardé où elles se coupaient?
— C'est que... j'ai un problème, j'ai mal choisi l'échelle, le point d'intersection est hors de la feuille.
[??!!?]
— ?!! Et tu n'as pas recommencé ton dessin?
— Euh... non...

Quelques temps plus tard, l'ensemble du devoir (à rendre pour le lendemain) est terminé.
— Je peux aller sur l'ordinateur?
Nous avons été si échaudés de tant de façons que désormais l'ordinateur des enfants est coincé à portée de regard de nos deux bureaux: plus question de jouer à n'importe quoi jusqu'à n'importe quelle heure.
— Si tu as terminé, bien sûr.

Deux heures plus tard, pris d'un doute soudain (nous avons vraiment été échaudés), H. demande:
— Et ce devoir, je peux le voir?
— C'est que... j'ai pas terminé de le recopier.

Et c'est ainsi que jeudi soir, lorsque je rentrai à minuit et demie, il y avait de la lumière derrière les volets de C.: il recopiait son devoir qui aurait dû être fini deux heures plus tôt.

Quatre jours


- Samedi soir : concert du RSO (et du LGSO). J'aime ces gens que les contraintes d'une vie d'adulte n'ont pas fait abandonner leur passion. Comme d'habitude, des compositeurs totalement inconnus de moi au programme (Gustav Holst, Hamish MacCunn, Coates), c'est l'un des charmes de ces concerts (je lis très consciencieusement le programme). Ces musiques du tournant du siècle m'évoquent de la musique de films ou de dessins animés.

- Lundi soir : Mensonges d'Etat. Un beau film, pas manichéen, composé par fragments. Je me demande si les intégristes musulmans regardent cela (de même que je me demande ce que les soviétiques (avertis) pensaient de Docteur Folamour).
Le héros se fait mordre par des chiens enragés : série de piqûres antirabiques. C'était arrivé à mon père quand j'avais six ans: douze, vingt piqûres dans le ventre, réputées très douloureuses. Toutes mes poupées avaient le ventre percé de coups d'épingle.

-Mardi soir: soirée de dédicace à la librairie Art et littérature. On boit, on rit, on chante sur fond de piano et de violon, Marc Lapprand et Nicole Bertolt rédigent des dédicaces dans leur livre Boris Vian, le swing et le verbe tandis que François Roulmann, le troisième auteur, avec sa cravatte Harry Potter, chante «Si j'avais un franc cinquante», on se dispute pour des esperluettes [1]. Jacinto est passé, Camille aussi, Roland (venu de Troyes!), toujours les mêmes, ça fait plaisir.
Dans la librairie trône la porte du Tabou, le cabaret où jouait Boris Vian. François Roulmann l'a récupérée alors qu'elle partait pour la déchetterie. En temps normal, on peut la voir 10 rue de la grande Chaumière, adresse de sa librairie, spécialisée dans la musique du XXe siècle.
Je rachète La Conjuration des imbéciles dans une version de Folio à couverture rigide. J'aime bien les expériences de Folio, les couvertures en fourrure ou en papier bonbon.
A minuit et demie dans notre lointaine banlieue, C. et moi nous demandons si nous allons réussir à ouvrir les portières de la voiture enneigée et gelée.

- Mercredi soir: je dois corriger de toute urgence un document écrit sur une vieille version de Word sous Mac, annoté sous une version récente de Word sous PC, rouvert sous Openoffice sous Mac. Voilà trois fois que le logiciel plante. J'abandonne. Je déteste l'informatique.


Notes

[1] merci à Kozlika

Avant Noël

Après-midi dans les gradins d'un dojo, à regarder des enfants passer leurs grades de karaté. J'ai mon Mac, mes Doc Martens, je suis plongée dans la reconstitution compliquée de certaines journées estivales.

Un petit garçon de sept ans environ se précipite hors d'haleine vers ses sœurs à côté de moi, adolescentes arabes au visage triste, patient, d'un ennui silencieux.
Le petit garçon suffoque, ravagé par l'information qu'il apporte:
— Y en a qui... y en a qui... y en a qui disent que le Père Noël n'existe pas!


Et je suis si triste de n'avoir rien à dire pour le consoler.


(Ce matin, O. m'a dit avec réalisme: «Il fallait lui dire qu'il passera quand même»).


Hier soir, Z. passant à côté d'un parc contenant des sapins à vendre, en face de Saint-Eustache :
— Ça sent le sapin !

Et je pense aux métaphores réanimées de RC (mais personne ne reconnaît jamais mes citations (d'autant plus que je ne me souviens plus de la citation)).

11/01/2009

Si voilà: «Je le remercie de "réinsuffler du sens dans les métaphores éculées"». Journal de Travers, p.634

Une pub de bonne foi

Le magazine Psychologies annonce fièrement en couverture :

Cadeaux écolos : offrez-vous une bonne conscience.

1/ Tiens, il dénonce le marketing écolo (green bashing), marrant.
2/ Non, le mauvais esprit n'est pas dans la ligne éditoriale de cette revue destinée à nous convaincre que nous sommes meilleurs que nous le pensons.
3/ Serait-ce à prendre au premier degré? (Mais alors, c'est pire! lol!)
4/ Est-ce qu'ils se rendent compte que leur formulation n'est pas du tout "psychologue"?
5/ Voilà qui est mettre la morale à bas prix.
6/ C'est du joli pour un magazine qui veut mettre à jour —pour nous aider— nos mécanismes intérieurs.
7/ Ne seraient-ce pas leurs mécanismes intérieurs qu'ils viennent d'étaler?

Se noyer dans un verre d'eau

Le webmestre et la documentation de my dear beloved compagny se font taper sur les doigts pour avoir mis en ligne sur l'intranet un document de la CNIL.
Apparemment, des DRH de différentes entités du groupe ont téléphoné au siège parce que le-dit document contredit une synthèse diffusée par la direction juridique.
L'auteur de la synthèse est en vacances (le plus probable est qu'il manque une ou deux phrases explicatives pour faire le lien entre le document brut et la synthèse adaptée à notre cas).
C'est le branle-bas de combat, c'est terrible, c'est épouvantable, il faut retirer ce document de l'intranet, qui a eu l'idée folle et dangereuse de proposer en accès direct un document de la CNIL destiné aux employeurs et aux salariés?
Ma collègue très émotive en est malade, c'est tout juste si elle ne vomit pas d'anxiété.

Toutes ces bêtises me fatiguent.
D'un autre côté, c'est curieux à observer.

Infime geekerie

Les deux trains qui me ramènent chez moi s'appellent Zyck ou Zuck.
Les Zyck viennent de la gare du Nord ou de plus loin, il sont déjà bondés quand ils arrivent gare de Lyon, c'est pourquoi je préfère prendre un Zuck. Les Zuck partent de la gare de Lyon. Ils sont mis à quai vides, dix minutes avant de partir, ce qui permet de monter, de s'asseoir, de choisir sa place — près d'une fenêtre, pour pouvoir dormir, sous un néon lumineux, pour pouvoir lire —, d'attendre au chaud, et non sur les quais.

Quand j'arrive sur le quai du Zuck, le train entre en gare, il vient vers moi à petite vitesse avant de s'arrêter, à quinze mètres environ. Je lève les yeux pour vérifier qu'il s'agit bien du Zuck attendu. Je lis en lettres lumineuses : Yoda.
Yoda.
Je baisse les yeux, je croise le regard du conducteur. Il m'a vue voir. Il a vu mon incrédulité et mon amusement. Nous échangeons un sourire complice, je dépasse la machine, je monte dans un wagon.

Discrimination

Je feuillette négligemment Le Figaro qui traîne sur la table. Des filles en robe de bal. J'adore. Je regarde les robes, les prénoms, je lis.

— Oh, la fille de Carrie Fisher au bal des débutantes !
Je relève la tête. Ma collègue me regarde, interrogative.
— Ah oui, tu ne sais pas qui c'est... La fille de la princesse Leia, mais si, dans le premier Star Wars!

Avec qui dansent-elles, ces jeunes filles? Où sont les hommes? Pourquoi n'avons-nous jamais quelques post-ados en smoking pour nous rincer l'œil?

Que fait la Halde?

Ce week-end, j'ai pris deux kilos.

Nous avons acheté une balance électronique.

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