Hommes en entreprise - deux scènes

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Si au début d'une réunion, alors que les participants (que vous ne connaissez pas) sont en train d'arriver et que chacun est encore debout se présentant un peu maladroitement, celui qui vient de vous serrer la main commence à discuter en descendant sa braguette, puis son pantalon, ne vous inquiétez pas: c'est tout simplement un motard.
(Ce pantalon était si peu visiblement "pantalon de motard", et lui entrait si bien dans la catégorie "cadre supérieur", que je me suis demandé un moment si j'étais bien réveillée.)
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Conférence au siège social d'un grand cabinet de consultants. Le jardin est magnifique (j'apprends en tendant l'oreille qu'il est classé), et tandis que je bois un café en le contemplant, un homme catégorie "vieux beau" s'approche:
— Quel jardin, n'est-ce pas!
J'acquiesce. Il enchaîne:
— Vous avez vu le bassin? Je vais protester auprès de la direction: quand je suis arrivé, il y avait trois canards mâles et une seule femelle, ils étaient tous après cette pauvre cane qui n'en pouvait plus, je vais protester pour qu'ils rééquilibrent les sexes…
Pantoise. Je réponds avec prudence:
— Vous savez, la Seine n'est pas loin, je pense qu'ils vont et viennent librement. Et puis ils ne peuvent pas nicher ici, c'est trop à découvert.
Plus tard, je l'entendrai raconter l'anecdote à un jeune homme. Ce n'était donc pas une méthode de drague.


Quand je quitte le bâtiment, il ne reste qu'un canard avec la cane.



Photo prise à 10h30 ce matin.

Le syndrôme de Saint Paul

Parmi les comportements qui m'agacent chez les hommes, celui qui consiste à s'approprier les causes qu'ils viennent d'adopter : vous vous battez sur un sujet, pour une cause, depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois; ils n'y ont jamais fait très attention. Puis soudain ils l'investissent, s'en emparent (et tant mieux, le but est d'être nombreux, l'important, c'est la cause), et viennent vous expliquez ce qu'il faut faire, comment il faut s'y prendre, alors qu'il y a bien longtemps que vous avez mis les stratégies en place — sans eux, avant eux,— comme s'il fallait absolument qu'ils soient à l'origine des méthodes ou des solutions, comme s'il fallait que ce soit vocalisé par eux pour que cela devienne valable… (Mais qu'ils aillent l'expliquer à d'autres, nom d'un petit bonhomme, je ne demande même pas qu'on reconnaisse mon antériorité, je demande juste qu'on m'épargne le discours: je suis convaincue, puisque c'est moi qui vient de les convertir… Ah zut, c'est vraiment agaçant. (Inutile de le leur dire, il seront peinés ou en colère, incapables de le comprendre (et donc j'écris ici, défouloir, prévention, avertissement à tous les autres: please, arrêtez!!)))


ajout le lendemain: En attendant un contre-exemple s'impose le paradigme: Saint Paul. Agacement devant Saint Paul, la notoriété de Saint Paul, le Romain cultivé venu tard, expliquant le Christ à ceux qui l'avaient connu… (Sacré Jésus: lui s'est entouré d'hommes simples, pas pénibles, et n'a converti un pontifiant qu'après sa mort: il n'a pas eu à le supporter (Saint Paul aurait-il expliqué au Christ sa mission? Je me demande… Je l'imagine très bien essayer.))

En attendant je me recule discrètement, je me désengage. Je déteste qu'on me serine les leçons que j'ai moi-même écrites…

Je finirai par ne plus défendre que ma propre cause.

Peut-être aurais-je dû commencer par cela.
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