Parce qu'un passage lu il y a un an m'obsède en ce moment, je commence Histoire d'une âme. J'y trouve dès les premières lignes le mystère incompréhensible de l'élection:

Ensuite, ouvrant le saint Evangile, mes yeux sont tombés sur ces mots: «Jésus, étant monté sur une montagne, appela à lui ceux qu'il lui plut[1].» Voilà bien le mystère de ma vocation, de ma vie tout entière et surtout le mystère des privilèges de Jésus sur mon âme. Il n'appelle pas ceux qui en sont dignes, mais ceux qu'il lui plaît. Comme le dit saint Paul: «Dieu a pitié de qui il veut, et il fait miséricorde à qui il veut faire miséricorde.[2]».

C'est le mystère d'Abel et Caïn, "le sacrifice d'Abel agréa à Dieu" (faux guillemets, il ne s'agit pas de citation, mais de souvenirs): pourquoi? ou celui du fils prodigue: "Pourquoi pas moi?" demande le fils obéissant.

Pourquoi lui et pas moi? (souvent le signe de la jalousie).
Pourquoi moi? (le signe du refus (Jonas) ou de l'émerveillement, de la reconnaissance et de l'humilité (Marie)).
Pas de réponse. Etre patient ou se montrer digne. C'est tout.

Notes

[1] Marc 3, 13.

[2] Exode, 33, 18-19.