Trois de ces films ont été choisis sur un critère exogène: proximité de la salle et heure de la séance.

- Le complexe du castor : parfaitement dispensable, un navet, je crois. American Beauty sans la dimension Lolita (je ne suis pas en train de dire que c'est la dimension Lolita qui rendait American Beauty intéressant, mais que voir Le complexe du castor est inutile: on l'a déjà vu).
Un moment j'ai cru (presque espéré) que nous allions glisser vers du Foerster, mais même pas.
Seul plaisir: Kung Fu. Je pensais que Petit Scarabée était oublié aux Etats-Unis. (Jodie Foster a tourné dans l'un des épisodes quand elle avait cinq ou huit ans.)

- Minuit à Paris : encore un film sur un écrivain. Je vois ce film comme la suite ou le pendant de Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu. Woody Allen essaie de nous apprendre à vieillir — ou d'apprendre à vieillir.
Comment ne pas se perdre dans le passé, que ce soit le sien (tentation du vieil homme dans le film précédent) ou celui d'une génération (Minuit à Paris)? Le thème me touche peu, ayant plutôt tendance à ramener le passé au présent que faire basculer le présent dans le passé, mais tenter de mettre en scène cette difficulté à accepter le temps, à accepter de vivre dans le flux, est courageux et difficile. Pour quelque chose de si difficile, ce n'est pas si raté.
Bluffée par la beauté des acteurs, avec une mention toute particulière pour Hemingway et Zelda (Alison Pill).
Et sans connaissance technique particulière, j'ai été sensible à la pellicule utilisée, différente, comme fumée: une façon de faire du sépia en couleur.

- Mon père est femme de ménage : Une bonne surprise. Sans doute un mauvais film d'un point de vue du cinéma (je veux dire un film qui aurait pu être un téléfilm), mais un très bon témoignage sur la société: la France, une certaine France, de 2011, est représentée dans ce film. C'est peut-être La Boum d'aujourd'hui (pas de slow, rien pour rêver).
C'est un film sans méchant, c'est un film à base de scènes, comme autant de sketches, avec de bons dialogues. Il est construit autour d'une famille, et plus particulièrement d'un garçon, de son brevet des collèges à son bac. Cela ne se passe pas en Seine-Saint-Denis, mais dans le Val-de-Marne, les quatre amis sont blanc, juif, arabe, noir, et ce que montre bien le film, c'est la façon dont la violence, la bagarre, peut éclater à tout moment, sous n'importe quel prétexte, et qu'elle paraît absolument normale aux enfants: ce n'est pas une anomalie. Il me semble aussi que seul un réalisateur s'appelant Saphia Azzedine pouvait se permettre des blagues aussi racistes.
C'est sans doute un film sur les classes sociales: la barrière, c'est l'argent, ce n'est ni la couleur, ni la religion. (La jeune fille, avec ses tâches de rousseur, est très jolie.)
Le père croit encore que bien travailler en classe permet d'avoir un meilleur métier, une vie meilleure, il se bat pour ça, et cela m'a émue, de retrouver cette foi qui animait mes parents et qui me paraît avoir totalement disparue. (J'ai sans doute tort, si ce film dit vrai).
Mention spéciale pour la sœur, stupéfiante de bêtise, plus vraie que nature. Ça c'est une actrice!

- Je n'ai rien oublié. Je l'ai sans doute choisi pour Depardieu. J'ai beau lui en vouloir de devenir obèse sans retour, j'aime sa façon de jouer. Le film est bon, une bonne intrigue, de beaux décors, un peu violent, un peu mélancolique et un peu incohérent. Ce genre de film qui ne prétend pas démontrer quoi que ce soit sur l'art de faire des films me réconcilierait presque avec le cinéma français.