Quand K. m'a soumis un sujet dont la problématique revenait à peu près à: «Comment la directive Solvabilité 2, en voulant protéger les assurés d'une éventuelle faillite des sociétés d'assurance, précipite la faillite de celles-ci» (par les charges et contraintes qu'elle fait peser sur elles), je lui ai dit que c'était tout à fait passionnant mais tout de même dangereux.

Après réflexion, une fois que je lui ai eu démontré ce que signifiait ce qu'elle avait écrit (elle ne s'était pas rendu compte de la conclusion logique de son plan), elle a décidé de prendre quelque chose d'un peu plus conventionnel, du type "la régulation des sociétés d'assurance".

(«Avant 2000? Mais c'est beaucoup trop loin!» Je tape rapidement sur Google: «K, il va falloir t'y faire, les premières lois d'encadrement des sociétés d'assurance datent de 1938.») Je lui ai sorti l'un de ces livres que le groupe aime tant, avec des images en noir et blanc de l'après-guerre, les casiers en bois remplis de dossiers, la vie avant l'informatique. Cela l'étonne autant que si je lui montrais une plume et des parchemins. Je l'aime bien parce qu'elle m'écoute raconter ce qu'on m'a raconté (les feuilles de papier carbonne, les papiers pelure jaune et bleu, plus tard les fiches perforées, les pools de secrétaires qui codifiaient les perforations, le bruit infernal des machines à écrire dans les bureaux de vingt ou cinquante (et on se plaint des ''open space'')) sans marquer d'impatience, avec une pointe de scepticisme dans la surprise.