Un peu de mal à absorber le choc, l'idée.

J'ai téléphoné à mon père ce matin. Daniel, le cousin de mon père amputé des jambes, a été retrouvé mort calciné dans sa grange début août.
Il n'y allait jamais. Ses béquilles étaient hors de la grange. L'autopsie n'a découvert aucun traumatisme. L'enquête suit son cours.

C'était la seule famille de mon père en dehors de son frère.

Je n'arrive pas à comprendre cette nouvelle. Mes yeux de huit ans le revoit, déjà obèse quand il avait une trentaine d'années. Il était gentil mais sans grand intérêt pour mes huit ans. J'essaie de le revoir, de voir en lui rétrospectivement quand je le regardais ce destin, cette mort. Mais non. Ce n'est pas possible, pas lui, une mort si atroce et si romanesque.
Je me souviens des colères de ma grand-mère contre sa sœur, elle l'accusait avec raison d'être folle de tant nourrir son fils —et si mal— et de faire son malheur en le gardant près d'elle à tout propos, lui faisant manquer l'école au moindre rhume.
Ma raison bloque.