La devinette du week-end

— Connaissez-vous la différence entre filer à l'anglaise et filer à la juive?
— … ??
— Eh bien, filer à l'anglaise, c'est partir sans le dire, filer à la juive, c'est dire qu'on part sans partir.

La taxe M*lloir

— Lui, tous les ans c'est la même chose: il se réveille quand il reçoit la lettre recommandée et il est à peine aimable.
— On devrait imputer les frais d'envoi des lettres recommandées aux récidivistes.
— Mais on ne peut pas: qu'est-ce qu'on en ferait comptablement?
— On les passerait en profits exceptionnels. On appellerait cela la taxe sur les cons.
— Ah! Mais on va devenir riches!


Bourne l'héritage: sans grand intérêt cinématographique (une cascade en moto dans les rues de Manille, puisque chaque Bourne se distingue par une poursuite dans une ville différente); prépare le Bourne suivant, dans lequel nos deux héros survivants devraient logiquement se rejoindre pour sauver Pam d'un procès infâmant (je spoile le film suivant).
L'actrice a sans doute fait de l'athlétisme à un bon niveau, elle court avec un style étonnant.
A noter: l'évolution "philosophique". Nous sommes passés d'un embrigadement comportemental à base d'amnésie à une modification génétique (par utilisation d'un virus qui n'est pas sans rappeler le fonctionnement de celui du sida (et donc plutôt un rétrovirus)).


Morne fin de soirée: O. s'est fait voler son téléphone (un vieil iPhone, deuxième génération, souvenirs) au théâtre, A. a oublié son chapeau au cinéma.

Témoignage

A nouveau un sifflement monstrueux jaillit. Les nouvelles générations occidentales ne connaissent pas ces sifflements si caractéristiques: il n'était certainement pas fortuits, il faut que quelqu'un ait voulu donner aux bombes une voix qui exprime toute leur soif et leur menace.

Primo Levi, Lilith, p.12-13 (Liana Levi, 1987)

Ma grand-mère m'avait parlé des attaques aériennes durant l'exode, Paul est le seul qui m'ait parlé du hurlement des avions et de la panique que ce bruit à lui seul provoquait. (Mais peut-être que je me répète, il me semble l'avoir déjà écrit. Envie de laisser ici le nom de Paul, de temps en temps (qui n'est pas son nom, mais puis-je réellement laisser son nom ici?)).

La carte vitale du centenaire

Il nous téléphone parce qu'il ne fait pas bien la différence entre la sécurité sociale et sa mutuelle. Sa carte vitale est désorientée depuis qu'il a eu cent ans en juillet, elle ne fonctionne plus.
Je lui dis d'appeler le 3646. Il comprend mal, il entend 3648.
«Il va tomber sur un disque», me dit ma collègue. Je lui conseille de se faire assister par quelqu'un, son pharmacien par exemple. Mais son pharmacien est déjà celui qui s'en est débarrassé en le renvoyant vers nous. J'ai le cœur serré. Je ne comprends pas comment une société qui n'a que le mot "vieillissement" et "seniors" à la bouche peut avoir entièrement basculé du côté du téléphone. Avec l'âge, la plupart d'entre nous deviennent sourds, le téléphone, ce n'est pas le plus pratique. Et la touche étoile et le code confidentiel, c'est déjà agaçant à trente ans, alors à quatre-vingts ou cent…
Ça m'agace et ça me peine.



Acheté des boutons pour le manteau rouge à L'entrée des fournisseurs et pris un goûter au Loir dans la théière avec A. On dirait que les patrons ont changé. La tarte meringuée est monstrueuse.

La philosophie est amour

Ce soir le prof a glissé dans ce que j'aime et que je ne sais pas nommer: serait-ce l'ivresse? Cette sensation, vers une ou deux heures du matin, quand on écrit depuis plusieurs heures, et que l'on commence à décoller, à dire (écrire) ce qu'on n'oserait jamais écrire si l'on était tout à fait sobre, tout à fait reposé et serein, le moment où l'exaltation (et dans la mesure où l'examen consiste en un oral, je commence à envisager sérieusement de boire un peu avant d'y aller) a gagné. (L'année dernière, j'ai vu Daniel Ferrer glisser vers cet état («cette tache de café sur le manuscrit a vu l'œil de Balzac et elle nous regarde»; et j'ai pensé que peut-être les grands professeurs étaient ceux qui atteignaient ce plan en état de sobriété.)
Ce soir donc, notre professeur de philosophie s'est mis à planer par instants (sur Platon).

De mémoire quelques mots: «Ce qui vous fera réussir vos études de philosophie, ce n'est pas l'intelligence, c'est l'amour. Si vous n'avez pas l'amour (je prends des accents pauliniens qu'il n'avait peut-être pas. Lui est brésilien, accent et infimes accidents de syntaxe compris), vous abandonnerez dès que cela deviendra difficile. L'autre ennemi de l'amour, c'est la curiosité. Le curieux ne s'intéresse qu'à ce qu'il ne connaît pas (serait-ce la définition du donjuanisme?), dès qu'il commence à connaître un peu, il passe à autre chose. C'est l'amour qui permet de tenir dans le temps.» (Ce n'est pas tant le fond du discours qui était étonnant, car il est connu; mais le moment où il est intervenu, la force de conviction, l'évidence avec lesquelles ces quelques mots ont été prononcés.)

Chartres au soleil

Un rendez-vous plus tardif que les années précédentes. Effectif réduit cette année, il reste les inconditionnels, et la conversation roule autant (davantage?) sur Nadine de Rothschild (comment ça danseuse? Je la croyais cousette) que sur RC (avec suspens et décision demain, si j'ai bien compris).

Petits plats dans les grands grâce à la jeune fille de la maison (quand ça change, ça change). Etagères et livres, livres et étagères.

La cathédrale de Chartres, transfiguée par la mise au jour d'un enduit couleur sable. Cela change totalement le jeu de la lumière et des couleurs, c'est très impressionnant. Rosaces peintes découvertes pendant les travaux.
Explications (enfin) à propos de la grille déposée à droite de l'entrée: elle servit un temps à fermer le chœur après la disparition du jubée.

Régression

Semaine à lire (parcourir, plutôt, sauter d'un épisode à l'autre très vite) les trois derniers tomes d'Harry Potter. Je mets en œuvre la même tactique que devant une plaquette de chocolat: inutile de résister, et puisque je vais la manger, autant le faire vite, le plus vite possible, qu'on en finisse et qu'on puisse passer à autre chose. (Juillet 2007, y a-t-il écrit dans le dernier tome, jour de retour du stage de planeur. Bouffée de regrets intenses, quel gâchis.)


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Ajout le 21 septembre 2015 :
C. m'a donné hier ses notes, après que je lui ai dit que j'allais l'accompagner à la fac pour les voir (il soutenait qu'elles n'étaient pas envoyées par la poste, mais affichées dans les couloirs). Ce n'est même pas nul, c'est inqualifiable. Impression de deuil, où est passé mon bébé, celui qui me souriait sur la table à langer, celui que j'avais l'impression de si bien comprendre, où est passé le petit garçon qui faisait la fierté de sa maîtresse de grande maternelle? Qu'ai-je fait, me suis-je trop confiée à lui (oui, sans doute, j'en ai tant de remords), l'ai-je trop gâté? Comme je regrette de lui avoir laissé la mezzanine, d'avoir aimé les choses bizarres, fun. Tout ce que je n'aurais pas dû faire. Comme je regrette. Comme j'ai été fatiguée, absente. Qu'ai-je fait?

Caricatures islamistes

En tant que croyante, je n'aime pas le blasphème et les caricatures.

En tant que catholique, je trouverais fort de café qu'on ne se moquât pas de l'Islam sous prétexte que les intégristes posent des bombes et massacrent, alors qu'il y a longtemps qu'on ne se gêne plus pour se moquer d'à peu près tout dans ma religion, depuis qu'elle est devenue à peu près inoffensive, en fait (à quoi on me rétorquera que dans le cours de l'histoire, les cathos… [etc]: certes, mais ce n'est pas de ma faute, et c'est tout de même de ma foi qu'on se moque, c'est-à-dire quelque chose qui n'est jamais si loin d'un affect ou d'une affection).
Donc je remercie solennement Charlie hebdo de ne pas céder à la peur. (J'aime beaucoup cet ancien dessin dans lequel Dieu Mahomet constate: «C'est dur d'être aimé par des cons». C'est un très bon résumé.)

Que penser de la décision de la France de fermer ses établissements publics dans certains pays? Lâcheté ou responsabilité? Je penche pour la deuxième interprétation, malgré tout: une obligation de protéger ses ressortissants, et une façon d'aider les gouvernements des pays en question en ne laissant pas de prise aux attaques.

Achat de yoyo

Je me suis souvenue qu'aux Etats-Unis, O. cherchait un yoyo dans toutes les boutiques de souveuniirrs où nous passions.

Trouvé une adresse rue Hermel, c'est très discret, au fond d'une cour. (Au passage, je découvre que le yoyo a l'air technique).
La rue Hermel est aussi la rue d'un bibliothèque municipale, j'étais venue chercher ici des références à des lettres de Proust du temps où j'assistais au cours de Compagnon. J'en ressors avec deux Vernant, mais c'est une erreur: Vernant m'agace, je n'arrive pas à le lire.

Dans cette bibliothèque, La Jeunesse de Pouchkine est indiquée "en réserve". Pas le temps de le demander. Des machines permettent d'enregistrer les livres que l'on emprunte. Je n'aime pas ce genre d'évolution.

Au total une bonne soirée à trois.

Déstabilisée

Le temps est passé si vite. Je savais que A. devait partir vers le 20; en fait c'est aujourd'hui, à deux heures. J'en suis toute décontenancée: elle n'a rien dit ce week-end, rien dit hier, juste écrit sur le tableau l'heure et la date de son train de retour. Somme-nous des parents si absents? J'en suis retournée.

Comité financier à onze heures. Curieux.

Demain c'est l'anniversaire de O. Je passe dans les BDtèques de la rue Saint-Jacques et du boulevard Saint-Germain (tiens, Valérian est sorti en œuvres complètes. Les nôtres sont si abîmés.) Rien ne me convient pour lui.
Inévitablement je me retrouve à la librairie Compagnie. J'achète le Ricœur sur l'être et l'essence chez Platon que je n'avais pas pris dimanche dernier (trop abrutie, trop fatiguée, mais depuis je ne pensais qu'à lui) et Socrate de Thibaudet (un posthume, 2008: ça alors!). Je reconnais dans ces achats une déformation de mes années d'étudiante, quand j'avais l'illusion inconsciente qu'acheter un livre allait me permettre de le "posséder", d'en posséder le contenu, sans le lire, sans l'étudier. Le danger revient; le besoin de se rassurer, je suppose.

Dimanche

Journée d'étude. Ciel bleu, métro vide, messe au soleil dans la cour. Seconde apologie de Justin. Il y a toujours un moment où le découragement me gagne, où je me dis que tout cela est inutile, trop de choses à connaître, pas assez de temps, c'est ridicule.
Le pire est toujours la tendance à se comparer, à se laisser impressionner par les questions des autres et leurs références. Ne pas regarder sur les bords, travailler avec des œillères, ne pas se laisser effrayer.

C'est amusant, la jolie professeur italienne, le jeune homme en converses, respectivement philosophe et bibliste. L'apparence, disait l'autre.

Paris est plein à cinq heures, mais que font donc tous ces gens dans les rues un dimanche? Je passe en librairie, il ne reste que "L'écume des pages" boulevard Saint-Germain; au café de Flore les gens se rengorgent d'être regardés, il y a sans doute là une ou deux célébrités mais je ne connais personne. Etrange théâtre ou zoo, nous les regardons attendre d'être regardés, et nous avons un peu honte de leur attente et d'y répondre. (Est-ce la définition du snobisme?)

Je rentre épuisée; les enfants sont en train de faire le ménage \o/, je lis Harry Potter V en prenant un bain.

Palpitant

L'événement palpitant de la journée doit être que j'ai fait la sieste.

Et je ne comprends rien aux quelques pages de Rahner que je dois lire.

Ah oui, et nous avons mangé du maïs doux avec les piques achetées au musée de Philadelphie (épi encore dans leurs feuilles (pas trop de feuilles) cinq minutes au micro-ondes).

Que devient Cavanna ?

En quittant la rame j'aperçois un gros homme avec la moustache de Cavanna (en gris et non en blanc).

Peut-être parce que je lis Pereira prétend, peut-être parce que ma grand-mère est en train de mourir, je me demande «Que devient Cavanna?»

Je ne l'ai jamais lu, j'ai feuilleté Les Ritals (peut-être) chez un ami en mai 2002[1], où le livre côtoyait un livre de Maurice Thorez. J'aime surtout la tête de Cavanna. Je l'ai croisé une fois ou deux sur le boulevard Saint-Germain et j'ai trouvé qu'il ressemblait à ses photos.

Je me souviens du papier qu'il avait écrit au moment du 11 septembre 2001 dans Charlie-Hebdo, dans lequel il évoquait ses souvenirs de Berlin pendant la guerre: nettoyer après les bombardements. Je me demande si j'ai conservé cet article quelque part, il faudrait que je cherche.

Arrivée ici, j'ai ma réponse: Parkinson.

Notes

[1] Facile, c'était ses dix ans de mariage

Confidence

J'essaie de m'habituer au grec. Les cours commencent en octobre et j'ai peur (les étudiants de l'année dernière ont été terrifiés et terrifiants). Donc une demi-heure tous les soirs après m'être brossée les dents (pas de rapport, j'essaie juste de mettre au point des réflexes de pavlov, des triggers, comme disent les Américains). Alphabet, écriture. J'écris si large que je prends des feuilles entières. Et je ne sais pas positionner les lettres sur les lignes puisque je n'ai pas de modèle. Il faudra que je pose la question à Nicole.

J'essaie aussi de lire à voix haute le Nouveau Testament ramené par Jean. C'est plutôt amusant. J'anônne. Je retrouve la difficulté de lire des lettres que l'on identifie pas spontanément. Mes souvenirs d'apprentissage de la lecture étaient ceux d'une déconcertante facilité: pas de résistance (mes souvenirs sont très souvent faux).

Notes

Vendredi, formation de débutants à l'aviron:
— Et est-ce qu'on a des courbatures?
— Ça dépend, vous faites déjà un peu de sport?
— Oui.
— Alors normalement non, sauf si vous sortez avec un équipage d'un niveau très supérieur au vôtre. Vous aurez plutôt des petits bobos, des ampoules, des griffures aux mains, des bleus, des écorchures derrière les mollets…

C'était peut-être un peu prétentieux: aujourd'hui ramé (dans un bateau expérimenté), je me suis sentie amollie tout l'après-midi. Friction de Foucaud, remède de grand-père que je m'applique sur les jambes après m'être enfermée dans mon bureau.



Dernière séance de kiné:
— Au revoir, c'est un peu triste à dire, mais j'espère qu'on ne se reverra pas.
(C'est d'autant plus triste qu'il est craquant). (Sauf s'il vient ramer, je crois que je lui ai fait envie avec mes récits de Seine.) (Evidemment, nous en avons parlé car il s'est rendu compte de quelque chose lors d'une séance de kiné après une sortie en bateau: mains brûlantes, peau décollée en amorce d'ampoules.)

Notes

Que raconter? Je ne vais tout de même pas raconter les péripéties du bureau. (L'autre jour, un adhérent de 80 ans m'a raconté comment il avait perdu un œil à huit ans, à cause d'une épine de rose. «Et j'ai fait rentrer ma fille au Gan en 1970, vous vous rendez compte? A l'époque, il suffisait d'aller voir le directeur du personnel, ça s'appelait comme ça à l'époque, et de lui dire: «j'ai ma fille qui voudrait travailler…» Ce monsieur est féru d'internet, il a commencé la micro dans les années 80 (etc, etc: confident ne fait pas partie de nos attributions officielles, mais j'aime bien, même si c'est souvent un peu triste.))

Le plaisir ici, c'est la bibliothèque au-dessus de la cantine: déjeuner tard, puis rester dans la bibliothèque jusqu'à ce qu'elle ferme (14h30).
Aujourd'hui j'ai bien cru que j'allais y être enfermée.
J'étais passée voir s'il n'y aurait pas quelques Vernant ou Dumont sur les présocratiques (c'est étonnant ce qu'on trouve dans les fonds des bibliothèques d'entreprises, car ils sont très peu "désherbés", on y trouve des trésors), je me suis retrouvée à feuilleter (rayon histoire) Le Monde de pierre, ce qui m'a entraînée au rayon littérature à la recherche de Primo Levi (la dernière fois que j'avais cherché, je n'en avais pas vu, et cela me paraissait difficile à croire).
Et j'ai donc trouvé Lilith que j'ai commencé à lire debout (je ne peux rien emprunter avant d'avoir rendu les Tolkien) — et j'ai donc failli me faire enfermer.

Et maintenant Lilith m'accompagne. J'aime beaucoup Primo Levi, pour tous ses autres livre que Si c'est un homme (de celui-là, je ne cite régulièrement à mon fils que l'importance de se raser quand on veut garder prise sur sa vie).

Cours

Un peu décroché au milieu des atomistes. Il est possible que le feuilleté à la saucisse de Meurteau et l'excellent verre de Bourgogne ingérés avant y aient une part de responsabilité.

Boire ou étudier. Dormir ou bloguer. Fumer ou ramer. Quelques choix parmi d'autres (et pendant ce temps, lire Hadot, la philosophie comme mode de vie (et non comme discours) et la sagesse comme idéal).

Chance

Samedi, dimanche: temps radieux et douceur d'automne.

Deux mille de belote, perdus tous les deux. Evidemment, je suis avec C, et celui qui a de la chance, c'est O.
Ce qui n'empêche pas H. de s'exclamer l'une des rares fois où j'ai du jeu:
— Mais tu as une chance de cocue!
— Tu es le mieux placé pour en juger.

N'empêche, c'est triste d'avoir aussi peu de jeu durant deux mille de belote.


Engueulade avec R, prévisible: c'est pour cela que je n'ai pas appelé dimanche midi mais dimanche soir. Combien de temps cette fois-ci? Six mois, un an, toujours?
Mise au point avec les enfants — sans doute inutile comme les autres, mais au moins cette fois, ils connaissent exactement le fond de notre pensée. Tout cela est sans issue autre que le temps qui va passer; et le savoir (qu'il y aura une issue mais qu'il ne sert à rien de vouloir l'atteindre avant l'heure) est une bizarrerie de plus.
Deux ourlets et trois boutons en regardant Mr & Mrs Smith.
Une tarte à l'oignon.
Ma mère me donne des nouvelles de Daniel et de ma grand-mère entrée à l'hôpital hier (c'est ma tante qui m'inquiète). Un peu de gossip: l'un des traders impliqués dans le scandale du Libor est le fils d'une lointaine connaissance à eux.

Fun informatique

Si je me mets à travailler sérieusement, je ne vais plus avoir grand chose à raconter, moi!

Finalement je suis embauchée par la boîte B, ce qui fait que j'ai été radiée de A et que toutes mes habilitations si durement acquises sont à rouvrir. C'est allé plus vite que la dernière fois, mais il faut que je recrée tous mes favoris pour la troisième fois puisqu'on ne m'avait pas prévenue et que je ne les avais pas sauvegardés. (La deuxième fois c'était en rentrant de vacances puisque pendant mon absence on avait changé mon unité centrale — sur la précédente était installé SAS dont avait besoin la collègue dont j'ai repris le poste, et comme l'entreprise n'achète plus de nouvelle licence, il fallait qu'elle récupère physiquement son ancien poste.)

Neuvième séance de kiné

On papote. (Kiné méthode douce: massage du doigt, de la peau, du bras… Très peu "d'exercices". Il faut dire que je ne vois pas bien ce que seraient des exercices pour un doigt. Je continue à avoir mal, le nerf est engoncé dans des fibres ligamentaires. Cela reste très supportable, voire oubliable. Mon objectif est que mon doigt ne s'ankylose pas, il doit me servir encore cinquante ans.)

— Ah oui, le G*n… Ça ne va pas fort en ce moment.

Je suis surprise qu'il soit au courant: non seulement cela me paraît très peu médiatisé, mais en outre c'est plutôt Gr**pama qui est cité que le G*n.

— J'ai plusieurs patients du G*n. Quand les entreprises ne vont pas bien, les gens non plus.

Lundi : rentrée

Ah tiens, le blog est revenu, après vingt-quatre heures de black-out. Il faudrait que je songe à le sauvegarder.

Lundi soir donc, rentrée en deuxième année. Combien étions-nous l'année dernière, cinquante?[1] Nous ne sommes plus que trente-deux. Les abandons peuvent être dus à des raisons familiales ou professionnelles, ou au découragement devant l'investissement personnel que représente le cursus. C'est très exigeant, nous nous en sommes rendus compte peu à peu.
J'avais bien noté en juin en voyant passer le groupe des huitièmes années qu'ils me semblaient très peu nombreux, une douzaine peut-être (et très sérieux, voire compassés, bien plus sérieux que nous: finirons-nous (ceux qui finiront) comme cela?).

Il y avait une dissertation de théologie à rendre en juin, j'avais réellement peiné dessus, mais sans accorder beaucoup d'importance à la note, car certains répétaient avec conviction que "c'était noté large".

Je découvre éberluée à la rentrée que cette façon large de noter est très particulière: soit vous avez une bonne note, soit il vous est demandé de refaire votre devoir (avec la possibilité intermédiaire que ce ne soit pas demandé mais "suggéré"). J'imagine le coup de bambou d'apprendre en juillet que vous devez réécrire durant l'été dix à quinze pages sur "tradition et révélation" ou "Pourquoi Ponce Pilate apparaît-il dans le Credo?"
En grec, c'est l'hécatombe, certains n'ont pas validé leur année de quelques points et doivent recommencer (pour ma part je commence cette année).

Bref, le passage en année supérieure n'est pas conditionné par les notes, mais vous n'avez pas la possibilité d'être mauvais: vous recommencez jusqu'à être au moins passable.

Notes

[1] (Non, quarante-cinq).

Rangements

Sur le front C.,nous glissons de Manon Lescaut au Contrat de mariage (la fin, quand Paul part aux Indes tenter de reconstruire une fortune dilapidée). Ah les colonies, c'était quand même le bon temps pour trouver une solution aux problèmes domestiques.

L'une des conséquences collatéralles est que les mangas et les DS ont été virés de la maison, direction les sous-sols d'un ami compatissant. Pauvres A et O:
— Mais on n'a rien fait, nous!
— C'est vrai, et ce n'est pas une punition. Nous cherchons juste ce que nous avons fait de travers, pour que cela ne se reproduise pas.

Le positif, c'est que je récupère deux étagères (les meubles, pas deux rayonnages) pour mes livres, et j'en avais bien besoin (non, il n'y avait pas deux étagères de mangas, nous avons viré d'autres choses!).
Le négatif, c'est que je n'ai pas eu le temps de mettre de l'ordre dans tout mon fatras en une journée. Je vais donc commencer l'année (demain, reprise des cours) avec une maison non rangée.
"Je n'aime pas".

Visite à ma grand-mère

— Nous n'avons plus de congélateur. Quand nous avons voulu changer le vieux, la vendeuse nous a prévenues qu'avec le nouveau gaz utilisé, il fallait que la température de la pièce où se trouvait le congélateur soit supérieure à dix degrés. Nous, dans la laiterie, il gèle parfois, l'hiver.
— Elle nous a suggéré d'installer un radiateur dans la pièce…
— …pour tenir chaud au congélateur.




L'état de ma grand-mère s'est profondément dégradé en six mois. Elle ne tient plus sur ses jambes mais l'oublie et se lève; elle tombe et se blesse, mes tantes l'attachent dès qu'elles doivent s'éloigner (pour aller chercher le courrier par exemple). Elle ne comprend plus ce qu'on lui dit, ce qui n'est pas nouveau (il y a longemps qu'elle est sourde), mais on ne comprend plus ce qu'elle dit, ce qui est tout à fait neuf et très étonnant quand on a en mémoire sa forte personnalité. Mes tantes sont épuisées.

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