Je ne sais si ce film trouvera son public (comme on dit): ceux qui attendent du kung-fu seront en partie déçus, ceux qui aimeraient ce film n'iront peut-être pas le voir (le "peut-être" porte sur le nom du réalisateur, Wong Kar-Wai, qui, je le suppose, a ses fidèles).

Beauté des images, ellipses. Comme pour une oreille européenne tous les noms se ressemblent, le spectateur est totalement perdu au bout d'une demi-heure et démêle les fils grâce à son habitude des récits: nord, sud, la gradation des épreuves, le méchant prétentieux, la fille liée par sa condition de femme qui s'en délie en se liant par un vœu plus contraignant, et l'histoire en marche qui broie les histoires individuelles. J'ai eu le temps de penser à Autant en emporte le vent avant que la musique d'Il était une fois l'Amérique me ramène sur les traces d'une fresque plus contemporaine.
C'est un film de patience et un film sur la perte, sur la mémoire et la tradition perdues.