L'année dernière, lorsque j'avais un peu de temps avant les cours (donc plutôt le mercredi avant le cours sur l'islam), je prenais un tartare à la brasserie d'à côté, et comme souvent je n'en pouvais plus de mes livres, je lisais les Astérix mis à disposition à côté du bar. J'aimais bien, ça me détendait et me permettait de réviser (les enfants sont très forts en citations).

Une étudiante, une dame de troisième année, qui buvait régulièrement une bière en attendant le cours sur l'islam (ce cours dit "flottant" était accessible à toutes les années) me dit un jour en fronçant le nez:
— Tu lis ça? Moi quand j'ai du temps, je préfère lire autre chose.
J'étais un peu vexée, mais bon, je n'avais pas à me justifier de lire Astérix.

Une autre fois, elle m'exposa sa déception devant les sujets des dissertation de philosophie. Je posai des questions sur la bibliographie de troisième année:
— Pendant l'été, ils nous recommandent de lire Les frères Karamazov! Tu te rends compte? Ils auraient pu tout de même nous donner autre chose.

Et maintenant que je m'apprête à le lire (car la recommandation tient toujours), je m'interroge: mais que lit-elle, que lisait-elle, par plaisir ou volonté? Ni Astérix, ni Dostoïevski, je suis intriguée. (Trop tard, elle a déménagé à Marseille, je ne pourrai pas le lui demander.)