Je l'absorbe doucement, mais je suis très ébranlée.

Appris ce week-end que le plus jeune cousin, mon cousin préféré, avait quitté sa femme pour une autre, deux cent mètres plus loin dans le petit village.
Femme et quatre garçons, dont des jumeaux et un bébé né en mai.
La stupeur m'étreint, comme elle paraît étreindre ses frères, sa sœur, et toute la famille. Il faut dire qu'il avait, ou qu'il a (que faut-il dire?) une femme si appréciée de nous tous, si parfaitement intégrée qu'elle paraît avoir toujours été là, et qu'à choisir entre elle et lui, en de telles circonstances, il n'est pas sûr que le sang soit le plus fort.

Je ne m'en remets pas:
— Peut-être qu'il va revenir?
— Moi, à la place de sa femme, je ne suis pas sûr de le reprendre (répond H. avec logique).

Mais, et les garçons?

Et je regrette, je regrette que ma grand-mère ne soit pas encore là pour lui passer un savon. Il y a des choses qui ne se font pas, elle savait l'asséner avec vigueur, et nous l'aimions tous tant. Il avait fait son mémoire de fin d'études sur elle et ses souvenirs, me confiant «Je regrette d'être un garçon, elle en aurait dit davantage à une fille». Et tout cela, tout cela, ces principes, ces valeurs, ce monde où une parole vaut un verrou ou une pierre d'angle, jeté aux orties? N'y aura-t-il donc jamais rien qui tienne?