Le thème de la soirée était le Goncourt des lycéens. J'avais choisi Canines d'Anne Wiazemsky, pour rester dans la famille Mauriac, et j'y avais ajouté, parce que cela me paraissait léger, Penthésilée de Kleist traduit par Gracq, de toute beauté (le montage de la pièce est le sujet du livre d'Anne Wiazemsky).

La disposition du restaurant était ainsi faite que je me suis retrouvée à une petite table avec un vieux monsieur. J'ai pensé à Paul, et je me suis dit que la preuve que je vieillissais était que les vieux messieurs rajeunissaient: Paul était de 1921, celui-ci de 1939.

Il a été extrêmement volubile durant toute la soirée, regrettant le désengagement des jeunes face à la politique (l'abstention grandissante), s'insurgeant contre ceux autour de lui toujours en train de dénigrer la France et voulant me prouver qu'au contraire la France attirait les jeunes, etc, etc.(N'allez pas croire, j'aime bien les bavards quand ils sont intéressants, on grapille toujours des renseignements ou des anecdotes, et puis ils m'évitent de trop parler ou de faire des gaffes.)

Je suis repartie avec un livre de Carole Martinez, Du domaine des Murmures, par politesse, sans avoir vraiment l'intention de le lire.
Et puis je l'ai ouvert dans le RER.