Les mots qui tuent

Je l'ai tué.
Je ne réponds rien. Je n'ai naturellement pas tendance à faire dans la consolation facile, mais dans un cas comme celui-là, cela n'aurait aucun sens.
Restons factuelle:
— Je ne sais pas, je ne l'ai jamais rencontré. Mais ce n'était pas un coup de tête, c'était parfaitement préparé.
— Oui, mais quand je lui ai dit «j'attendais mieux de toi», je l'ai tué. La psy m'a interrogé, elle a interrogé Eric, elle m'a dit que je devrais vivre avec ça.

Transports

Encore des problèmes, cette fois-ci sur la ligne 1.

Et donc je n'ai pas réussi à atteindre la bibliothèque Melville avant la fermeture. C'est ennuyant, parce que je devais rendre L'Eglise de Congar pour lequel j'ai un retard de plusieurs jours. J'ai oublié de le prolonger à temps (par internet), dérogeant à ma règle "faire tout de suite ce à quoi on pense", sans se dire "j'y penserai plus tard": la preuve, on n'y pense pas.
Bon, on verra mardi. Ou jeudi (oulipo). (TGB et Melville sont sur la même ligne, la 14 (pour les non-Parisiens)).

Pensée inavouable

Les travaux continuent. L'accès au quai à l'extrémité de la rue, si pratique, est fermé depuis lundi pour installer un ascenseur.

Et tandis que, ma voiture garée, je passe devant la porte condamnée pour aller prendre l'autre accès deux à trois cents mètres plus loin, je me dis qu'il va en falloir, des accidents de voiture pour produire tous les handicapés nécessaires à l'amortissement de ces travaux !


Pardonnez-moi, je suis assureur, c'est pour ça.



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Agenda
Ce matin, retard dû selon le conducteur "à un accident grave de voyageur", selon le panneau gare de Lyon "à une personne sur les voies" (pas de photo).
Ça sent le corps retrouvé au petit matin.

Je dîne gare de Lyon avec Hervé qui revient d'Avignon (Hodgson de Supertramp sur écran géant dans la brasserie) et nous rentrons ensemble.

Le Quinconce

Je termine le dernier tome du Quinconce et dessine "mon" arbre généalogique.

Journée morne. Je ne suis pas allée ramer. J'ai retrouvée la salle de réunion disparue (elle a changé d'étage et de situation dans le nouvel étage). J'espère que le téléphone sera rétabli d'ici vendredi pour le conseil d'administration. Je suis lasse de tout cela. (Il faut que je pense à commander du café).

Problème de RER D hier soir, ce matin, ce soir. Je crois que je vais me remettre aux photos des explications des retards sur les panneaux de la SNCF ou la RATP.

Exemple le 21 octobre (il y a une semaine, début des vacances scolaires. Rien ne fonctionne correctement durant ces vacances.)



Il est 19:05. La phrase d'explication indique:
« Circulation très pertubée dans les deux sens sur l'ensemble de la ligne. Plusieurs incidents sont survenus. Prévoyez un allongement du temps de parcours. Retour à la normale à 21h. »

Frayeur technologique

Ma voiture démarre avec un bouton. Il suffit d'avoir la clé à proximité, dans une poche ou un sac. J'accroche donc la-dite clé à mon cartable ("ma serviette") et n'y pense plus.

Au milieu de la matinée, je me rends compte que la clé n'est pas sur mon sac. Qu'en ai-je fait? Ah oui, c'est vrai, je l'ai détachée pour aller ramer à Melun hier, et ce matin, je l'avais à la main; je l'ai tout simplement posée dans le vide-poche avant de démarrer.

Et c'est à ce moment-là que je réalise que je l'ai laissée dans la voiture garée près de la gare (impossible de fermer la voiture avec la clé à l'intérieur. La fermeture se fait par simple pression de main sur la poignée — à condition d'avoir une clé dans son sac ou sa poche — ce que je n'ai pas fait ce matin; j'ai tellement eu l'habitude de ne pas fermer ma voiture précédente…)

C'est le cœur battant que ce soir j'ai remonté la pente en cherchant des yeux ma voiture.
Elle était encore là.

Samba

Voir Samba à Yerres me donne envie de me lever dans la salle pour gueuler: «Vous ne voulez pas de ces Noirs chez nous? Votez Dupont-Aignan!»

Mais je me retiens. Et puis ceux qui sont venus voir Samba sont probablement ceux qui ne votent pas Dupont Aignan…

L'histoire est gentille, Charlotte Gainsbourg terreuse à faire peur (à mon avis ça ne tient pas debout trois secondes, impossible qu'elle retrouve son poste dans une boîte où elle a fracassé un portable sur la tête d'un mec), il y a quelques bonnes répliques.

Mais si l'on ne s'attache ni à l'intrigue, ni aux côtés ripolinés du film (qu'ils sont propres et peu regardants, ces pauvres, prêts à perdre une paire de pompes ou un manteau (je lis Le Quinconce, absolument sordide dans sa description de la misère)), le côté documentaire est terrifiant, de la plonge aux travaux de BTP (pas étonnant que les travaux de carrelage ou de maçonnerie soient toujours mal faits!) en passant par les centres de tris de déchets (un côté Wall-e)… Le film montre bien l'hypocrisie du système, entre les employeurs qui trouvent là une main d'œuvre corvéable à la journée, sans contrat, et l'administration qui délivre des OQTF (obligation de quitter le territoire français) en ouvrant le portail du centre de rétention…

Enquête

Les questions sont ici.

1/ J'attends d'elle qu'elle me fournisse de jolies choses. Je la précède un peu, souvent : j'ai dans mes armoires des objets "mainstream" aujourd'hui qui étaient audacieux quand je les ai achetés, comme des talons très hauts ou des bottes montant au-dessus du genou (2001).
La mode est jolie depuis quelques années, fleurs et dentelles; malheureusement elle ne peut s'empêcher de mettre du mauvais goût (paillettes et clinquant et vernis bleu) dans cette joliesse, comme si elle avait peur de l'élégance.
Voilà : j'attends de la mode qu'elle soit élégante, et elle ne l'est pas toujours (je prédis un retour aux lignes des années 50, j'ai quelques robes ainsi, les passants dans la rue aiment beaucoup).
Ou alors amusante, en clin d'œil. J'attends qu'elle rappelle des souvenirs tout en faisant attendre l'été.
Finalement je compte beaucoup sur la mode (quand elle vous laisse tomber, qu'elle est moche à pleurer, vous ne trouvez plus rien en magasin.)
Je suis émerveillée par l'évolution des matières, la soie et le lin devenus grand public, les jeans qui ne rétrécissent plus,...
La mode masculine est un refuge quand la féminine délire trop, ses lignes et ses matières restent toujours sobres.
Mon idéal, c'est Swann («je ne trouve pas mes chapeaux, je les garde!») et Odette sortant au Bois (l'intérieur du poignet ou du col de son chemisier, je ne sais plus, une couleur mauve ou violette, l'élégance de ce qui n'est pas destiné à être vu mais ressenti. Il faut croire au rayonnement des objets inanimés (avez-vous une… etc))
Bref, j'aime bien la mode, pas pour la suivre, mais pour la surveiller et en profiter.

2/ Rarement. J'aime surtout les voir changer sous l'effet du vent. Je me rappelle nettement du jour où j'ai compris qu'ils bougeaient.

3/ Non, certainement pas. Si ce n'est pas du charlatanisme, c'est terrifiant.

4/ Oui, très facilement. Trop. Cela s'était arrangé après la naissance des enfants (modifications hormonales?), cela revient maintenant (ménopause?) Je peux me mettre à pleurer en voyant une mendiante dans le métro. C'est très embarrassant (heureusement personne ne remarque rien).

5/ Non.

6/ Bloguer. Lire. Apprendre des langues. Voyager.

7/ Euh... Séduire qui ? (on va dire des échecs potentiels: je n'imagine tellement pas que je pourrais réussir que je n'essaie même pas. De toute façon je ne sais pas comment on fait. Et puis je me rappelle une phrase d'Autant en emporte le vent: «Vous, une O'Hara, vous jeter à la tête d'un homme!» Voilà: on ne se jette pas à la tête des hommes.)

8/ Le tricot. Le point de croix.

9/ Oui puisque j'arrive à écrire quelque chose presque tous les jours.

10/ Avec schizophrénie: celui qui permet de dormir plus fait se coucher le soleil plus tôt, et inversement: donc je les espère en les redoutant.

Une certaine idée du bonheur

Hier, j'ai assisté à mon premier cours de "lecture suivie de grec" par Anne-Catherine Baudoin, qui était la professeur qui nous avait fait une présentation remarquable ce jour-là (et c'est sur son nom que je me suis inscrite, il a simplement fallu attendre deux ans d'avoir fait Grec I et II).
Il est apparu assez vite que je n'étais pas du tout au niveau: pour le premier cours, comme par définition nous n'avions pas préparé de texte, les traductions se sont faites sur le vif: sueurs froides et panique, je ne sais rien.

Mais à part le fait que cela est très embarrassant, tant qu'elle ne me prie pas de ne plus venir pour manque de niveau, cela n'a aucune importance, le bonheur est trop grand. Peut-être même est-il plus grand du fait de ne pas être au niveau: j'ai le droit d'être ici malgré tout, d'apprendre malgré tout, de participer malgré tout… Tant pis pour l'imposture, après tout cela n'en est pas une puisqu'elle est visible à tous, chic je suis acceptée malgré tout.

Quelques explications sur les codex Vaticanus, Alexandrinus, Sinaiticus. Je confonds, ne retiens pas, n'ai pas le temps d'écrire, mais c'est fascinant. Une vie entière penchée sur des variations, en sachant que l'une n'est pas forcément plus "juste" que l'autre.
Nous lisons et traduisons un peu de Marc directement sur une phocopie de manuscrit. Cela donne l'impression d'être enfin dans la vraie vie. (Ce n'est pas facile de lire un texte écrit en capitales grecques sans césure entre les mots).

J'apprends l'existence de Constantin von Tischendorf, le véritable Indiana Jones, ou presque.
Je corrige, ce n'est pas que nous entrons dans la vraie vie mais le contraire: nous entrons de plein pied dans les mythes.

Auto-analyse face au récit

Gone girl me fait comprendre quelque chose sur moi-même, sur "mon genre": les histoires (les récits, diégèses, choisissez le mot en fonction de vous-même) dont les héros font leur propre malheur me laissent indifférente (exemple: Madame Bovary). (L'écriture, l'écriture!! oui, mais l'écriture est en quelque sorte un pré-requis, "c'est normal", si c'est mal écrit je ne lis pas, donc ce n'est pas un argument décisif pour pousser à l'enthousiasme.)

M'intéresse la réaction du héros face au destin, plus prosaïquement aux tuiles qui lui tombent sur la tête, sa façon de naviguer à vue parmi les embûches de la vie (résoudre les problèmes, survivre, ma grande passion (pas très romantique, désolée (mais pourquoi le romantisme a-t-il tant la cote?))).

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Pour revenir à Gone Girl (attention, ne pas lire la suite si vous avez l'intention d'aller voir le film, ce serait vraiment dommage d'avoir un aperçu de la fin ailleurs que devant l'écran), il souffre à mon avis de deux défauts de construction (ce qui ne l'empêche pas de présenter un suspense haletant porté en particulier par une actrice excellente):

Il m'embarrasse un peu d'exprimer le premier, car j'en tiens pour "la suspension d'incrédulité", et donc je n'avance qu'avec prudence le reproche de manque de rigueur. Mais alors que la première moitié ou les deux tiers du film sont construits mathématiquement, implacablement, un peu à la façon de L'Invraissemblable Vérité ou Le Crime était presque parfait, la fin nous montre un incompréhensible relâchement des enquêteurs: quid du voisin qui appelle Nick au début du film (s'il a appelé parce que le chat était dehors, détail infime, n'aurait-il pas remarqué la voiture d'un kidnappeur, détail autrement intrigant?), quid de l'emploi du temps du kidnappeur, n'était-il pas au bureau à l'heure du crime? Et surtout, quid de la phrase d'Amy (de mémoire, très à peu près): «j'ai besoin de trois choses: que tu confirmes les achats par carte bleue, que tu dises que tu t'es servi du bûcher pour stocker les affaires et… (j'ai oublié)»: si Nick avait réellement l'intention de trouver une faille, ne se serait-il pas emparé de cet aveu de faiblesse, de cette liste de points faibles, pour les étudier ou les rapporter à l'inspecteur?

Ce qui m'amène au deuxième défaut, à mon avis plus gênant: si l'on considère (hypothèse) que Nick reséduit Amy en lui déclarant "je t'aime" via les écrans de télévision, si l'on considère que l'idéal d'Amy est un homme qui lui ment (après son retour, dans leur maison, elle lui déclare qu'elle aime ce qu'il est redevenu pendant sa disparition, c'est-à-dire menteur, ou plutôt homme mettant sa vie en scène à la façon d'une pièce de théâtre, véritable pièce du fait de la présence des caméras donc de spectateurs), alors ce "re"-devenu implique qu'il lui a (beaucoup?) menti en début au début de leur relation, qu'il s'est beaucoup mis en scène derrière sa déclaration "no bullshit", deux doigts sur le menton.
Or cela, on ne le voit pas. La seule image du début de leur relation vient du journal d'Amy, et elle décrit un début idyllique, sans que nous sachions si c'est une construction à l'intention des lecteurs du journal (et à ce moment-là, à l'intention des candides spectateurs du film). Comment était le Nick du début de leur relation, qu'en a-t-elle pensé, s'est-il mis en scène et le savait-elle? Amy est-elle juste folle à lier, psychopathe, comme semblent le montrer ses aventures précédentes, ou a-t-elle souffert de la décomposition d'un homme qui en redevenant vrai (retour au pays et à la mère) la décevait profondément, elle qui ne vivait que par le mensonge et la mise en scène de sa vie depuis l'enfance (Amazing Amy)?
Peut-on considérer qu'alors qu'elle avait pour but de punir son mari, elle s'aperçoit avec surprise au cours du processus qu'elle a réussi à le rendre de nouveau conforme à ce qu'elle aimait en lui? Une Pygmalion monstrueuse ayant pour but de modeler une statue à son image? («C'est ce que fait le mariage» : créer des monstres? ou low key plus simplement donner naissance à des acteurs?)
(Si l'on voulait une morale positive excessivement tirée par les cheveux vu la tonalité du film, ce serait «le mariage est une séduction à réinventer en permanence» (ce tour de passe-passe en clin d'œil amical à PZ). (Et si l'on veut revenir au film, il faut continuer par: «N'échouez pas, sinon, gare!»))
Il manque un point de vue extérieur sur le début de leur histoire pour consolider l'ensemble de l'intrigue, un parallélisme qui mette la fin et le début en regard.

Particularité fluviale

Quand je n'ai pas le moral j'ai froid et je n'ai pas envie d'aller ramer, même si je sais que ramer me réchauffera et me redonnera un peu le moral (tout au moins du courage (as opposed to découragement) ce qui n'est pas à négliger pour terminer la journée).

Hier je ne suis donc pas allée ramer; aujourd'hui je m'y suis forcée. Dix kilomètres autour de l'île de la Jatte en double canoë.

Il se produit un phénomène curieux avec le courant: en amont du club (qui est sur une île, l'île de Neuilly), le bras (dit "petit bras", tandis que les péniches circulent sur le grand bras) est fermé par un barrage de retenue. Quand il n'y a pas de courant, c'est très calme, mais dès qu'il y en a, le débit est très rapide, beaucoup plus rapide qu'à Melun par exemple (de l'influence de la section du tuyau sur la vitesse de l'eau).
Au bout de l'île de Neuilly commence l'île de la Jatte, et tout le courant du petit bras de l'île de Neuilly va se jeter dans le grand bras de l'île de la Jatte, tandis que le courant dans le petit bras de celle-ci reste très calme en toute saison et quoi qu'il arrive.

En d'autres termes, le courant se partage en amont de l'île de Neuilly pour ensuite rejoindre un seul bras (ou quasi) en amont de l'île de la Jatte.

Cette année, sans doute dans l'éventualité d'un hiver aussi difficile que l'année dernière, Vincent nous fait privilégier "la Jatte" sur "le barrage". Le problème, ce sont les péniches que nous devons apprendre à croiser (on n'imagine pas le danger que représentent les vagues qu'elles soulèvent pour des embarcations aussi frêles que les nôtres. Moby Dick).

Livres audio

Au cours de la journée, je dis à un adhérent qui n'a pas sa carte de tiers payant que je ne trouve pas aberrant de payer ses médicaments d'abord, pour être remboursé ensuite (et encore, il ne s'agit que de payer la part non réglée directement par la sécurité sociale).
Il s'étrangle au télephone:
— Mais c'est un jugement de valeur que vous émettez là !
— Oui, tout à fait.
Et je me demande in petto pourquoi il supposait que j'allais reculer devant le fait d'émettre un jugement de valeur. Evidemment que c'est un jugement de valeur, un jugement qui correspond à une certaine idée du bien commun et public, pourquoi cela ne pourrait-il pas être dit? (Il l'a réellement prononcé comme il aurait dit: «Mais vous êtes raciste!» Bizarre.)
(Ajoutons pour ceux qui s'apitoieraient sur cet homme qu'après deux ou trois questions, il s'est avéré qu'il était "à 100%" et donc ne payait rien, carte de tiers payant reçue ou pas.)

Hier matin en me connectant sur l'intranet, j'avais appris que le directeur de l'autre entreprise du groupe hébergée dans cet immeuble partait, après deux ans passés "à redresser les filiales en France". J'avais été surprise, il était étonnant qu'il partît si vite, la boîte allait plutôt bien et il était réputé travailler beaucoup en intervenant à tous les niveaux.
Renseignements pris en prenant le café, il aurait insulté un chauffeur de voiture privée qui aurait porté plainte (ce n'était pas sa première insulte ni la première humiliation publique, mais les affaires en interne avaient été étouffées). Autre rumeur: la drogue (et je pense "coke" car il était connu pour son hyperactivité).

Le soir je passe à la bibliothèque Rilke (Port Royal) chercher la suite de Twin Peaks puisque Charlotte Delbo (place de la Victoire) est fermée. Je vais rendre des livres à Buffon (Jardin des Plantes) et en explorant le rayon des livres audio je suis prise d'une véritable frénésie d'emprunt (totalement impossible d'écouter cela en trois semaines, mais je me suis dit que je prolongerai les prêts (par internet, c'est facile)):
La fille aux yeux d'or, Le Lys dans la vallée, Une Ténébreuse affaire, L'auberge rouge, Le Curé de Tours, La Chartreuse de Parme.
Mais qu'est-ce qui m'a pris?

Changement civilisationnel

Se rappeler que c'est à l'automne 2014 que la purée est devenue "écrasé de pommes de terre" (sur tout le territoire puisque Hervé l'a vécu à Mulhouse tandis que je le vivais à Sauternes, et qu'il me semble que ce fut le cas fin septembre au Bouillon Racine.)

Retour

Rentrée en fin de journée après un voyage sans histoire à écouter Proust. Je pensais rentrer quinze heures plus tôt, directement après le colloque, qui s'est terminé strictement à l'heure du fait que certaines personnes prenaient le train.
Hervé part demain à cinq heures du matin.
Mauvaise conscience.

Malagar 2 - les visites

Hier nous étions allés jusqu'au salon inondé de lumière, aujourd'hui après le déjeuner jusqu'à la deuxième pièce — la pièce où écrivait François Mauriac — (l'organisateur est venu nous y chercher, il fallait respecter les horaires), ce soir enfin jusqu'au bureau, dernière pièce du rez-de-chaussée.

Les pièces sont emplies de souvenirs et sont le cadre de scènes des romans de François Mauriac que la guide avertie nous cite au passage. Nous la soumettons à un supplice d'un nouveau genre, car à chaque nouvelle (tentative de) visite, certains d'entre nous s'ajoutent aux personnes présentes la fois précédente: elle est donc obligée de recommencer à chaque fois ses explications (que j'aurais donc entendues trois fois en ce qui concerne la cuisine (Le Sagouin est une histoire vraie racontée à François Mauriac par son instituteur) et la salle à manger («Je me tais, je me terre» disait François Mauriac en parlant de Malagar), qui perdent de ce fait toute la fraîcheur de la nouveauté. Mais notre guide conserve son calme, sa distinction et sa gentillesse.

Par exception, nous avons visité également les chambres de l'étage : la chambre de bonne maman appelée chambre de Gide, la vaste chambre de François et Jeanne, et sous les toits, le pigonnier de Claude ouvert sur trois côtés dans le soleil déclinant. (Et notre guide s'assoit sur le lit pour parler, épuisée.)

Le soir dîner à St Macaire (non sans avoir d'une part pris la messe en route (ces portes ouvertes, ça m'intrigue, est-ce vraiment une conséquence d'Evangelii Gaudium?), d'autre part acheté des oignons sauvages à deux jeunes garçons.)
Un tract antisémite écrit au feutre en lettres capitales m'attendait sur ma voiture. Parce qu'elle est allemande? (étrange, étrange).

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Tous les midis pratiquement.
Je dîne moins souvent à l'extérieur (à une époque c'était la marque de notre paresse) depuis que j'ai découvert, vers 2000, les magasins Métro: les litres de sauces au poivre, au roquefort, blanche, corail, les vinaigrettes toutes prêtes, les boudins d'œufs durs reconstitués, etc., m'ont dégoûtée de manger au restaurant: c'est meilleur chez moi quand Hervé est aux fournaux.

2/ J'ai rêvé cette nuit que j'étais enceinte.

3 et 4/ Non et non.

5/ Je ne crois pas.

6/ Oui, mais de façon limitée: religion catholique orientale ou orthodoxe (je ne sortirai pas du christianisme, et le protestantisme n'est pas une option).

7/ Oui, mais pas franchement à l'échelle !

8/ J'ai lu énormément de bandes dessinées entre vingt et trente ans. Je n'en lis plus aujourd'hui, sauf à retomber sur un album dans le salon. Je n'en lis pas que je ne connaisse déjà.

9/ Je ne crois pas. Je téléphone très peu, et brièvement.

10/ Aux fantômes, aux fées, aux lutins. A tout. (C'est ainsi que mon fils me pense superstitieuse.) J'ai tant de nostalgie de cet univers.

11/ Non. Ce n'est pas l'avion qui est en cause, mais les contrôles au sol : je déteste être prise à priori pour une criminelle, coupable tant que non prouvée innocente.

Malagar 1

Colloque à Malagar pour le centenaire de la naissance de Claude Mauriac. Pour tous ceux qui ne connaissent que le père, je fais la publicité du fils: des romans du Nouveau Roman "lisibes" (mais pour "lecteur averti" cependant, comme dit un commentaire de la bibliothèque de mon entreprise), des articles de journaux (dont cinéphiles), des rencontres (Jouhandeau, Gide, Cocteau,…) et un journal déstructuré ou restructuré (selon les points de vue: une chronologie recomposée par association de dates ou d'événements) couvrant la totalité d'une vie (la particularité de cette vie, c'est qu'étant le fils de François Mauriac, les personnes que Claude croisait naturellement étaient celles qui faisaient la France).

Ce que j'apprécie particulièrement chez Claude Mauriac, c'est la droiture et le scrupule, la tendance spontanée de tenter de comprendre le point de vue de l'interlocuteur ou de l'adversaire.

Interventions sur le diariste, le journaliste, le théâtre, un voyage tchèque (en 1938), La Marquise, etc.
Patrick intervient pour présenter l'amitié entre Jean Allemand et Claude Mauriac ainsi que le site Claude Mauriac dont il est webmestre.
(Mais c'est terrible, y a-t-il quelqu'un dans la salle qui ne tienne pas son journal?)

Rencontres interculturelles, encore. Ce voyage prend une teinte religieuse inattendue, entre le Belge agnostique, le Nantais appelé à témoigner au procès en canonisation du père Caffarel, l'incapacité de Claude Mauriac à croire malgré (ou à cause de?) la pression parfois excessive (à mon avis) de son entourage (Maurice Clavel, Xavier Emmanuelli) et mes voisines tchèque et russe catholiques (une Russe catholique? (un pour cent de la population)) au français varié et parfait.

(Et je remercie Aline qui a fait quatre heure de route pour venir nous saluer et partager quelques heures avec nous.)

Voyage interculturel

Yerres, Chartres, Nantes, Sainte Croix-du-Mont. La voiture se charge peu à peu, le coffre est petit et je suis un peu embarrassée de faire se plier en cinq mes compagnons dans ma petite voiture pour un si long voyage. Bast, espérons que demain il fera aussi beau que promis, ce qui nous paiera de tous ces embarras.

Beaucoup de pluie de la Vendée au Bordelais, un ciel gris presque belge.

La foi. Croire, ne plus croire. Re-croire ? L'énigme du mal, indépassable.

Tentative d'expliquer ce que c'est qu'un blog, non pas tant matériellement, mais dans ce que cela établit d'intimité et de distance avec ses lecteurs (mon interlocuteur n'arrive à le concevoir qu'à destination d'amis, tandis que j'en tiens pour les inconnus (je veux dire inconnu avant le blog ou connu par internet).
Tenir ou pas son journal, le publier ou pas ?

Discussions "interculturelles" avec notre compagnon belge qui nous raconte son expérience des colloques en tant que "doublure" (comprendre: remplaçant à la demande, lui non universitaire, un collègue plus prestigieux (?? ça se pratique en France, cela?)), dont les frasques d'un collègue spécialiste de l'interculturel (anecdotes qui ont inspiré mon titre), pingre et égocentrique: une couette russe (avec ouverture au centre et non à une extrêmité — «La France a longtemps résisté à la couette à cause de de Gaulle, il était trop grand, aucune couette n'était à lsa taille»), un taxi belge (amateur de musique classique contemporaine), une brosse à dents marocaine («Vous pouvez l'utiliser, elle a très peu servi»), la dextre belge (la même que la française), une femme d'ambassadeur (infirmière en soins palliatifs), une photo en face de la Petite Sirène (avec une Danoise resplendissante à ses sept mois de grossesse), une employée de banque tchèque très jolie (était-ce tchèque?),…

Vers le soir après Langon, je propose de décapoter, pour respirer: il ne pleut plus et nous avons passé la journée dans une petite boîte noire. Je sais que c'est peut-être une erreur, pour mes compagnons… Mais l'appel de l'air et de la lumière sous ce ciel enfin calmé est trop fort.

Belle chambre d'hôte au château Lamarque (je recommande).
Repas à Cadillac en face de la halle. Il fait une douceur merveilleuse. Nous contemplons avec stupéfaction les marques des crues de la Garonne, d'abord sur un pilier de la halle, ensuite sous la tour qui ramène vers la Garonne.
En rentrant au gîte, le ciel est si pur que le chemin de St Jacques s'ébauche au-dessus de nous. Depuis combien de temps ne l'avais-je pas vu?

Journée grise

Pas grand chose. Beaucoup de courant, comme hier. Bruine agréable (contre un ciel bleu d'hier).

Mon patron au téléphone (nous ne sommes pas sur les mêmes sites et je le vois deux fois par an environ). Il a soixante-deux ans, je redoute son départ, il me manquera. Nous discutons stratégie de pouvoir entre syndicats, pas toujours compréhensible quand on cherche simplement à être efficace.
Il me parle d'une loi qui va révolutionner le domaine de la formation: les employeurs vont être tenus de garantir "l'employabilité" de leurs salariés à partir de janvier prochain, le DIF disparaît. Je dois avouer que je n'y comprends pas grand-chose et cela ne m'intéresse pas beaucoup, la formation en entreprise m'ayant toujours paru un "machin". (Serait-il possible de faire passer une semaine à Cerisy en formation? Prené-je le risque de lui parler de ma formation en théologie? (c'est délicat, car je n'ai pas d'objectif professionnel, je ne vise rien d'autre que suivre pour suivre en attendant de découvrir quelque chose en chemin.))

Ce soir je prépare ma valise en faisant confiance aux prévisions météo: il devrait faire beau. J'hésite à emmener l'enveloppe destinée à protéger la capote rabattue : laisserons-nous celle-ci ouverte suffisamment longtemps pour utiliser l'enveloppe qui capote fermée prend de la place dans le coffre? (problème de place pour les bagages).

Gestion domestique

Soit un panier de linge repassé déposé sur la table du salon dimanche soir.
Je découvre que le chat, inévitablement, s'est couché sur le pantalon couronnant la pile, y déposant moult poils et sans doute œufs de puce (petits points blancs).

Que faire ?
— armé d'une brosse collante, nettoyer le pantalon, puis distribuer le linge entre ses différents propriétaires (rien n'est pour moi, mes robes sont sur cintre, non pliées) ;
— la même chose, mais en vitupérant ;
— rien, après tout, ce linge n'est pas pour moi.

J'ai choisi la dernière solution, en prévenant les enfants que je n'étais pas là ce week-end, et que sans doute leur père serait furieux de l'état de son pantalon (on pourrait argumenter qu'il n'avait qu'à le ranger avant de partir. Question théorique: le fait que le père de famille s'absente la semaine pour nourrir sa famille le dispense-t-il des tâches domestiques, sachant que le reste de la famille n'a pas moins de contraintes horaires, même si moins rémunératrices? (Je pense que non, ne serait-ce que pour des raisons d'exemplarité, mais il argue de sa fatigue pour se défiler, et je voudrais éviter que cette fatigue ne se transforme en épuisement.))

Nécessairement, c'est tout un ensemble.

J'apprends ce matin qu'Hervé Legrand était "disciple" de Congar.
Ainsi donc je m'étais entichée du disciple (1997) avant de connaître le maître, pour éprouver un coup de foudre pour le maître à la première citation de lui entendue (2011).
«La théologie est toujours biographique». (B. Cholvy)



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Agenda
Un prêtre polonais me demande des conseils pour une mutuelle. Euh… Je lui conseille de chercher une mutuelle couvrant le forfait hospitalier, soit la couverture minimale pour une cotisation minimale. Il reste à vérifier qu'il est bien couvert par la sécurité sociale française.

La réclamation

En écoutant l'un des secrétaires généraux de l'ACPR raconter les tribulations de sa fille, la colère me prend. Je pense au cousin de mon père et je me dis qu'on lui a volé sa vie deux fois.

J'avais raconté ici la mort de Daniel et plus récemment la surprise romanesque de découvrir un héritage important. Je ne sais plus si j'ai dit que cette heureuse surprise s'était évaporée: en effet, le contrat d'assurance-vie n'avait pas nommé les héritiers, et le cousin de papa, ne connaissant que mon père et mon frère, n'avait pas imaginé que cela pourrait concerner d'autres personnes. Or le généalogiste a retrouvé vingt-huit héritiers en Pologne, du côté du père de Daniel (dans notre famille matriarcale, personne ne s'était jamais préoccupé de la possible famille de son père — de même que je n'ai aucune information sur la famille de mon grand-père paternel: les grands-mères maternelle et paternelle, les tantes, ont monopolisé l'histoire familiale): l'assurance-vie est donc à partager. (J'avais alors tenté de réconforter ma mère en lui disant que ces quelques milliers d'euros, dont mes parents n'avaient pas besoin, seraient peut-être une manne miraculeuse pour quelques familles polonaises inconnues.)

Mais en sortant de conférence, la colère grondait en moi: ainsi donc Daniel, homme simple, couvé et suralimenté par sa mère, obèse, amputé de ses deux tibias, mort brûlé vif dans un incendie dont nous ne saurons jamais s'il était criminel, se voyait par delà la mort dépossédé de sa dernière volonté: transmette à ses deux cousins, sa seule famille connue, l'intégralité des économies accumulées durant sa vie solitaire et modeste.
Déjà au moment de la mort de Daniel, maman m'avait fait part de leur écœurement à découvrir comment la banque locale avait fait souscrire des dizaines de produits financiers à Daniel pour y mettre quelques centaines d'euros, assurant sans doute des commissions au chargé de clientèle qui profitait de cet homme simple.
Il fallait demander justice. Il fallait profiter des dispositions légales pour déposer une réclamation pour défaut de conseil (même ma grand-mère maternelle savait qu'il fallait désigner les bénéficiares d'une assurance-vie par leur nom!), non pour obtenir les sommes (je pense que c'est impossible sans une action en justice et je ne vais pas m'engager là-dedans), mais pour obliger la banque à répondre, pour la mettre en porte-à-faux et alerter l'ACPR.

Il restait à convaincre mon père, homme silencieux, discret, et faut-il le dire, un peu lâche; accepterait-il cette démarche, ne recommanderait-il pas le silence, l'effacement?
Sa promptitude à me fournir les documents nécessaires à une lettre argumentée me confirme ce que j'avais pressenti: sa douleur devant cette mort atroce restée inexplicable, douleur doublée peu à peu de colère, d'amertume et de désir de justice.

Bien sûr, ce qui fait hésiter, c'est l'impureté des motifs: est-ce la justice ou l'appât du gain qui motive au fond la réclamation? Comment être sûr de ses propres mouvements?
Mais il ne faut pas que ce genre de doutes empêche de demander à une banque de travailler avec rigueur. Ce n'est pas parce qu'on travaille dans une petite agence de l'Indre pour des gens humbles que cela autorise à faire n'importe quoi.

Premier TG d'ecclésiologie

Je prends le RER plutôt que la voiture, afin d'avoir le temps de terminer ma préparation de TG dans le train.
Du quai, je contemple les wagons arrêtés sur la voie en face (et qui de ce fait la condamnent pour la journée). Beaucoup de travaux prévus dans les semaines à venir.





La composition du groupe se spécialise: une religieuse, une ex-religieuse, une future religieuse. Deux médecins, une infirmière (un ingénieur, un imprimeur à qui je recommande Le cave se rebiffe).

Matinée sur Troeltsch. Finalement "l'Eglise-mystique" serait le ferment qui travaille l'Eglise (chrétienne) de l'intérieur.

Apéritif. J'entends tandis que je sirote un verre de kir devant St Joseph-des-Carmes:
— Nous fuyons ce qui nous est important.



Rentrer me prend des heures car je tente l'expérience, pour pallier le manque de trains s'arrêtant à Yerres, de prendre le bus B à Créteil-Pompadour. Las! je ne parviens à trouver l'arrêt de bus que bien après qu'il soit passé.
Je vais alors jusqu'à Villeneuve-Saint-Georges et en attendant mon train qui tarde, emm**, par pure malice, pour m'occuper, (le pauvre) un black petit qui fait des sondages sur notre satisfaction: nom de Zeus, il ne faut pas avoir honte!

En arrivant à Yerres, je photographie les travaux vus de l'autre quai. Il fait très beau.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Etablir une routine, des routines, pour gagner du temps (pour le soir c'est à peu près OK, le matin je n'y arrive pas.)

2/ Non.

3/ Oui. Je mange des céréales de petit déjeuner en lisant ou en surfant sur internet.

4/ Ce qui a surtout changé, c'est la définition du mot ami. Je ne sais plus du tout ce que c'est1, et après mon expérience d'il y a trois semaines, je le sais encore moins.
En nombre, élargi, mais j'ai du mal à dire que le cercle s'est élargi, car élargi m'évoque de la distance, or je conçois les amis comme proches.

5/ Les transports en commun. Facebook.

6/ Le petit déjeuner? Le refus que qui que ce soit quitte la maison sans avoir petit déjeuné.

7/ Non.

8/ Une oraison funèbre, ça compte? L'oraison funèbre de ma grand-mère.

9/ Oui, il n'y en a pas tant que ça !

10/ Sachant que j'écris cela dimanche soir, demain à cette heure-ci, je serai en train d'écouter la fin d'un cours sur Saint Paul.



1 : Cela pourrait être quelqu'un avec qui l'on a passé de nombreuses heures in vivo ou per scriptura, sans partager obligatoirement les mêmes goûts, ni les mêmes jugements, ni les mêmes opinions, mais avec lequel on se sent des liens inexplicables dans leur nature, et qu'on tentera d'aider dans la mesure du possible si l'occasion se présente — même si l'on ne se voit ni ne se parle plus beaucoup. (C'est finalement la leçon de Vingt ans après, si étrange après le fusionnel Trois mousquetaires.)

Carl Lewis

A la caféteria devant moi, des jeunes filles :

— Mais comment tu peux savoir qu'il est mort puisque tu ne sais même pas qu'il existe !?!

Refroidis d'Hans Petter Moland

Je me suis bien amusée pendant ce film dont le scénario est hyper classique : deux gangs s'entretuent suite à l'intervention d'un quidam qui mène sa guerre personnelle contre le chef de l'un d'eux.

J'ai retrouvé cet humour scandinave que j'aime tant (cf. Aki Kaurismäki), avec des dialogues inattendus et des scènes de torture (Reservoir Dogs), une remarque sur les noms des mafieux (Ghost Dog), des remarques croisées sur les cultures (les Serbes commentant les Norvégiens commentant les Suédois et les Danois, un "Chinois" japonais danois (spoil, désolée)), des voitures, des chasse-neige, un divorce, des amoureux, trois fils, des croix austères ou luxuriantes selon qu'elles sont protestantes ou orthodoxes, et beaucoup, beaucoup de morts (une vingtaine? C'est la guerre.)



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Agenda
PHP a quitté la maison en fin d'après-midi. Nous allons pouvoir de nouveau laisser les portes des chambres ouvertes pour la libre circulation des chats.

Lundi : cours

Congar au centre Sèvres. Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue là. Un Allemand, un Polonais, un Indien dans les élèves.
Congar. Mon genre. 1790 titres (articles, livres, etc) recencés à ce jour.
Conseil de prof :«Je vous conseille vraiment d'avoir un théologien de référence, un compagnon de route; c'est ce qu'on nous conseillait quand j'ai commencé mes études — moi j'avais choisi Irénée».
«On est toujours un débiteur et un héritier, ça fait partie de l'expérience théologique.»

Latin. La prof est très brouillonne, elle en dit trop, elle explique trop de choses inutiles pour un début, elle perd les étudiants — elle me fait penser à moi expliquant.

Exégèse (après des lundis d'ecclésiologie et de sociologie). Saint Paul. Voilà Saint Paul. Treize lettres, sept authentiques, quatre de seconde main, deux adressées à des personnes.
Saint Paul a été lu pendant des siècles à travers le prisme de la lecture de Luther (la justification par la foi, Romains 1 à 8, on ne lisait pas la suite) lisant Augustin. Cette lecture a été remise en cause récemment, sans que de nouvelles pistes se soient vraiment dégagées. Personne n'ose se lancer. (Et je pense à Marc et «What time is it? Kairos!»).
Je ne doute pas que certains amis seront heureux ou amusés d'apprendre, ordre alphabétique oblige, qu'en haut de la bibliographie figure le Paul de Badiou.

L'oral portera sur une courte péricope. Je penche pour l'épître aux Colossiens.

L'affaire de la cuillère à glace

— Tiens, Véronika nous a rendu deux bols et la nappe grise.
— Ah très bien. Tu lui as rendu la cuillère à glace ?
— Non, j'ai oublié. De toute façon, elle avait cru que tu étais sérieuse quand tu avais dit que cette cuillère était si bien que tu allais la garder.
— Quoi ??!!!


Entre ceux qui ne croient rien de ce que je dis et ceux qui croient n'importe quoi… Mais là, ce serait du vol, non? «Tiens, ça, ça me plaît, je le garde». Et elle n'est pas choquée? Ou elle ne le dit pas? (sans doute pas, puisque je suis invitée à l'anniversaire de son mari bientôt. Je crois que je vais ramener quelques verres en cristal, eux aussi me plaisent).



Agenda
Nouvelles de la Seine : il fait froid, pluvieux, venteux. La Seine secoue beaucoup. Les peupliers sont jaunes.
Hervé voulait revoir Pride : complet. Donc Horns, que voulait voir Clément. Dispensable mais pas catastrophique (pour ados).

Enquête

Les questions sont ici .

1/ Je suis incapable de faire ça. Quoi qu'il en soit, je ne reconnais pas grand monde.

2/ Hypersensibilité de l'ouïe (tare familiale. Mallarmé avait la même paraît-il): peut-on parler de "développement"?

3/ Je fais moins, je suppose.

4/ Oui. Beaucoup, mais de façon inconsciente, la plupart du temps.

5/ Non (je touche du bois).

6/ Souvent, très souvent, moins souvent qu'avant. Ou peut-être plus.

7/ L'hôtel de la plage et Préparez vos mouchoirs.

8/ Non, pas spécialement. Mais il m'arrive d'attaquer, par malice (sens fort et sens faible).

9/ Trop facilement. C'est contre-productif.

10/ Non. Quoi qu'il en soit, des années sur la toile m'ont démontré qu'il y avait une certaine prétention à se croire la cible de tous les regards. Tout le monde s'en fout, en fait, et c'est très rassurant.





Agenda
Anniversaire de Raymond. Première réunion de chefs pio pour Clément.

Nana d'Emile Zola

Ligne 1 vers 17h45.
Elle arrivait aux dernières pages et semblait captivée. Il y avait en elle je ne sais quoi de Scarlett Johansson.




Agenda
Double canoë avec une jeune femme qui aurait ramé un an à l'université. Quand je vois son niveau, je me dis que l'aviron a vraiment beaucoup compté dans ma vie, ou que j'ai eu vraiment un bon entraîneur (mais les deux vont ensemble) (je veux dire que je ne m'attendais pas à ce qu'elle ait TOUT oublié, même la façon de monter dans le bateau. Tandis que moi, mes quinze ou vingt ans d'arrêt m'ont plutôt permis d'affiner mon coup de rame; en remontant en bateau je ramais mieux que quand j'avais arrêté, capitalisant tout ce que j'avais appris par ailleurs pendant vingt ans (car tout(e expérience) sert à tout(e activité), les frontières sont poreuses, mais je ne vais pas développer ce point de vue maintenant)).
Je passe à la bibliothèque (traversée du jardin du Palais Royal, le théâtre provisoire est en cours de démontage) rendre la saison 1 de Twin peaks et prendre les DVD 2 et 3 de la saison 2. Il fait beau. Vélib jusqu'au Marais.

Willy et Colette - Claudine à Paris

Matin, RER A vers la Défense.


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