Conformément à la demande du CIL du groupe (correspondant informatique et libertés), nous épurons nos "dossiers papier", c'est-à-dire que nous jetons les lettres et justificatifs des personnes qui ont résilié ou sont décédées depuis plus de cinq ans (et nous classons dans cinq chemises les personnes sorties les cinq dernières années, afin de jeter directement leurs dossiers le moment venu).
Pour moi, c'est un crève-cœur; plus un papier est ancien et plus j'ai du mal à le jeter. Droit à l'oubli, droit à l'oubli… et le souvenir de nos morts, alors? Comment ne pas avoir l'impression de faire disparaître une deuxième fois cette dame morte dans les années 90, née à la fin du XIXe siècle? Ou la lettre de cette dame nous annonçant pudiquement "la mort de son ami depuis trente ans"?
(J'ai vu la bande-annonce d'Une belle fin: tout à fait le genre de métier que je ferais avec tendresse.)

Bref, j'ai conservé un acte de mariage que je vais ramener chez moi. Je n'ai pas envie de jeter cela:
Extrait d'acte de mariage
2002 / N°xx

Le xx juin 2002
à 16 heures 15 minutes
a été célébré à Ville (Département) le mariage :

de Jean X
né à xx (Gironde) le xx septembre 1920
fils de Jean xx et de Georgette xx

et de Jacqueline Z
née à xx (Doubs) le xx octobre 1924
fille de André xx et de Lucie xx
Depuis Monsieur est mort et Madame n'était pas sur le contrat.
Ma pensée vagabonde: s'agissait-il d'une tardive régularisation pour des raisons de protection patrimoniale ou d'un coup de foudre inattendu? Je ne sais pas. Je conserve.