Antoine me demande pourquoi j'ai entrepris ce cycle de théologie. La question lui a été posée ce week-end et visiblement il n'a pas réussi à convaincre son auditoire. Je parle de la nécessité de se former pour avoir une parole légitime dans un monde où la, les, religions ont pris une importance inattendue (inattendue il y a vingt ou quarante ans) et sans doute démesurée pour la tranquillité du globe.

Plus tard, Nicole, sans avoir connaissance de cette conversation et alors que je proteste contre les questions byzantines (au sens propre) concernant les deux natures du Christ, dit quelque chose comme «Tu n'as pas des questions, toi? on ne vient pas ici si ce n'est pas pour répondre à quelques questions» (heureusement Vincent se met à rire: «je découvre des questions que je n'aurais jamais songé à me poser», ce qui est un peu mon point de vue, à cela près que je ne me les pose pas davantage maintenant.)

Sans doute que je ne m'en pose pas assez. Mais les réponses me paraissent si ridicules, si humaines, si réduites à notre taille.

Quand j'avais six ou sept ans, au catéchisme, on nous a raconté l'histoire d'un enfant en train de creuser un trou dans le sable sur la plage. Un sage passe et lui demande ce qu'il fait: «je creuse un trou pour y mettre la mer», répond l'enfant. Le sage comprend alors que vouloir contenir Dieu dans son esprit est aussi ridicule que vouloir mettre la mer dans un trou creusé dans le sable.
(Des années plus tard (quand et comment?) je découvris que c'était un récit de Saint Augustin.)
Quoi qu'il en soit, la leçon a laissé des traces indélébiles. Il faut bien avouer que les réponses humaines me font sourire, mais la persistance à en chercher et à en trouver (trouver, inventer: synonymes, oui ou non?) m'intrigue: les théologiens sont des gens fins, intelligents et cultivés, et eux ne trouvent cela ni déplacés ni ridicules.
Donc donc donc… Donc quoi?