— Tu as l'air fatiguée.

On me le dit souvent en ce moment. Je ne dors pas beaucoup, et encore moins depuis le changement d'heure (je n'arrive pas à me coucher), mais je crois qu'il s'agit surtout de la conséquence de mes efforts pour ne pas grossir.

Une amie de ma mère disait: «A partir d'un certain âge, une femme doit choisir entre son visage et ses fesses» (j'ai l'impression d'avoir déjà écrit cela ici mais je ne l'ai pas retrouvé). J'étais adolescente et je n'avais pas compris. Elle m'avait expliqué qu'il s'agissait d'avoir un visage lisse et des grosses fesses, ou une taille fine et des rides.

A ma grande surprise, je viens de retrouver cette idée dans Proust:
Comme les femmes qui sacrifient résolument leur visage à la sveltesse de leur taille et ne quittent plus Marienbad, Legrandin avait pris l'aspect désinvolte d'un officier de cavalerie.

Marcel Proust, La Fugitive, p.665 (Pléiade, Clarac)
Je ne pense pas ressembler jamais à un officier de cavalerie, ou beaucoup plus tard, après soixante-dix ou quatre-vingts ans.
Ce qui m'importe, ce n'est pas tant d'engraisser que de ne plus pouvoir mettre mes robes.