Il fait froid, peu de monde à Melun. Yolette de quatre, trois rameurs et un barreur. Je déteste ça, je me souviens d'une ou deux sorties très dures ainsi. Je suis à la nage (puis Christian, Damien), Franck se dévoue et barre toute la sortie. Il y a si peu de courant que je ne me ferai pas mal.

Quand j'arrive à la maison, les livreurs sont passés livrer notre matelas de trente-cinq centimètres. Le lit a gonflé, il vogue sur le parquet, il ne lui manque qu'une voile pour s'élancer vers le large.

Nous allons voir Paterson, film entièrement dédié à la poésie et au quotidien. Comment habiter poétiquement le monde, ou plus optimiste encore, comment serait-il possible de ne pas habiter poétiquement le monde?
«Au fond, dit H., quand on y regarde suffisamment de près, tout le monde est dingue», ce qui est une autre définition la poésie du monde, le détail qui détone, la rationalité qui prend la clé des champs.
La bienveillance dans ce film est permanente, extrême et sans pesanteur.
C'est un film qui se regarde, où il s'agit de regarder les images: ce n'est pas un film à écouter (contrairement aux films habituels de Jarmusch), c'est un film où le plus grand événement est sans doute une panne de bus.
Frank O'Hara : qui est Frank O'Hara?
C'est très égloguien: Paterson (les biscuits, etc), mais aussi le fait que le personnage principal porte le nom de la ville.