Petit déjeuner. Nous écoutons la radio. Soudain H. et moi nous nous figeons : venons-nous d’entendre quelques nouvelles déclarations fracassantes de Trump ou des suprémacistes ? (novlangue. Dire aussi « alt-rigt »)

Non. Ce qui a suspendu nos gestes et notre souffle, c’est l’annonce que Big Ben allait se taire.
Non ? Un pilier de notre monde, les carillons de grands-mères dans les cuisines, s’écroule.
Mais le journaliste continue : il ne s’agit que de réparations, cela devrait durer quatre ans.
Ouf.


— Il n’aurait pas pu le remplacer par un enregistrement le temps des travaux ?
— Ceci n’est pas britannique. Big Ben est irremplaçable, Big Ben ou rien.


Le silence sera effectif après les douze coups de midi le 21 août.


***

Dans la série "la forme d'une ville change plus vite, hélas", le Bugsy (rue Montalivet, celle des Verdurin) est en travaux. Moi qui en aimais tant la déco (films noirs, prohibition, années 20), j'ai très peur de le voir se transformer en quelque chose de très banal (très moderne, très in, sans personnalité). On verra.