Cela fait plusieurs années que je vois passer des propositions de test MBTI au sein de l'association des anciens Sciences-Po. J'en suis curieuse depuis cet article et comme je suis à deux doigts de me mettre à chercher un nouveau poste, je me suis inscrite à une session individuelle, mi par curiosité, mi dans l'espoir que cela puisse être utile.

L'opération se passait en deux temps : tout d'abord un questionnaire à remplir en ligne, test que j'ai rempli très rapidement en pestant contre l'imprécision des questions, puis un entretien d'une heure pour valider les résultats de ce test.

L'entretien a contredit les résultats du questionnaire en ligne, entérinant le fait que j'ai passé ma vie à tenter de répondre aux attentes de mon entourage et non à suivre ma pente naturelle. En d'autres termes, je suis la version mentale et intellectuelle du gaucher contrarié, si bien contrarié que lorsque je réponds à un questionnaire en ligne je donne les réponses qui correspondent à la contrariété (être une efficace extravertie) tandis que lors d'une conversation, je reviens à ma réalité (une introvertie artiste). (Je présente tout cela très schématiquement, bien entendu).


Cette session m'a profondément déstabilisée. J'étais venue avec la question «Que dois-je faire de ma vie?» et l'on répondait à la question Qui êtes-vous?»
Ah bon, cela avait de l'importance ? Quelqu'un s'intéressait à qui j'étais? Cela a déclenché du désarroi et une colère venue des profondeurs: l'impression d'avoir été flouée toutes ces années, entre des parents qui ne s'intéressaient qu'à monter mon intelligence en épingle auprès de leurs amis (façon singe savant) et plus tard ma famille que je devais avant tout nourrir (d'où l'efficacité extravertie).
Et maintenant on venait me dire que qui j'étais comptait? On n'aurait pas pu me le dire avant?

Mais bien sûr, c'est une accusation trop facile : cela m'arrangeait bien de me laisser faire, de ne pas prendre la décision de faire ce qui me plaisait, tant je ne sais pas ce qui me plaît, tant je suis persuadée que ce qui me plaît ne nourrit pas son homme et que ce n'est pas possible. Bref, c'est de ma faute, je n'avais qu'à me remuer. Mais maintenant, que faire?


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A l'étage, les ouvriers qui travaillent à remettre l'escalier à neuf ont coulé une dalle sur les carreaux jaunes du palier.