J'ai prévu d'aller voir régulièrement A. pour tenter de lui donner un cadre, pour l'empêcher de dériver. J'ai peur de sa tendance dépressive dans une ville où elle ne connaît personne. Et de fait, elle m'avoue dormir plus de dix heures par jour et rester des journées entières chez elle.

J'arrive à midi. Pastis chez Diogène aux sons de jazz, au coin de la place Charles de Gaulle. A côté, une photographe expose dans un style hollandais des natures mortes à couper le souffle. J'aime vraiment beaucoup, mais il faudrait refaire la décoration de toute la maison… et c'est à peine si nous aurions assez de murs (car que rejeter de ce que nous avons aujourd'hui?)

J'aime beaucoup cette ville, je m'y sens bien.

Repas en crêperie, puis après-midi studieux: quelques règles de vie (tout le problème est que tout ce que je dis sera retenu contre moi: A. a le chic pour pousser toute recommandation à son extrême pour la transformer en pire conseil) et une revue de son site. Elle a mis en ligne quelque chose d'assez tristoune sans photo, je lui montre le mien (sans photo non plus, mais j'ai pour objectif qu'il soit tristoune: ce n'est pas un site pour attirer mais pour repousser, pour qu'on me/nous laisse tranquilles!)
J'achète à vie un abonnement à elegant themes: celui-là sera personnel. Les thèmes WordPress gratuits c'est plein de bonne volonté, mais je prélère payer et avoir une programmation professionnelle. Sans doute un pli pris à vivre avec un informaticien. A. semble reprendre courage. Maintenant il faut prendre en main Divi!

Nous sommes ressorties un peu avant cinq heures: passage à la médiathèque où elle n'a pas encore mis les pieds (c'est à ce genre de détails que je me dis qu'elle se laisse dépérir); à la librairie à deux pas où la libraire accueillante a peut-être un chien à soigner et un stand à une fête à la ferme; à l'office du tourisme où une charmante dame se chargera de mettre une affiche sous le marché couvert.
Je repère des randonnées, des fêtes, des sorties: il faut que A. rencontre du monde, pour se constituer une clientèle certes, mais avant tout pour sa sauvegarde mentale.

Nous rentrons et nous nous remettons à nos sites. C'est assez fastidieux car la liaison internet se fait par l'intermédiaire du téléphone qui sert de clé 3 ou 4G.

La casquette enfoncée bas sur les oreilles, je rentre tard dans la nuit en poursuivant l'écoute des podcasts sur Bernstein commencée ce matin.