Billets pour la catégorie 2008 :

Grosse tête

C'est bizarre d'avoir mal à la tête. Je pense à ces cervelles d'agneau frites qu'on mangeait quand j'étais enfant, des masses douceâtres et molles, et je ne comprends pas comment "ça" peut faire mal. Avoir mal à la tête m'intrigue et m'agace.

Psy

Me voilà à rencontrer un psychologue analytique (enfin je crois, pas sûr d'avoir compris) et à l'écouter parler de ses expériences californiennes dans les années 70. Je retrouve les livres que je lisais à seize ans, à partir d'un livre à la mode à cette époque-là, Le corps a ses raisons de Thérèse Bertherat, qui a fait découvrir au grand public la méthode Mézières. Je suis contente d'avoir rencontré quelqu'un qui a fait l'expérience du rebirth et qui me dit que "ça marche", on revit effectivement sa naissance:
— Quand je suis rentré en France, je suis allé voir ma mère et je lui ai demandé: «Pourquoi tu ne m'as jamais dit que j'étais né aux fers ? » Elle s'est retournée comme si je l'avais mordue: «Qui te l'a dit ? ». C'était une confirmation suffisante.

Il paraît que je ne parle pas assez et que j'ai une fausse image de moi. Je confirme: j'ai l'impression de parler beaucoup trop.




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J'explicite dix ans plus tard : M.B. m'a fait passé des tests. Il s'agissait de m'aider à changer de poste ou de métier. Non seulement il ne m'a pas aidé, mais il a dit à H. quelque chose du genre : « il y a trop de travail (à faire sur moi), je n'ai pas le courage ».
Des années après, je trouve cela scandaleux. On ne dit pas cela à propos de quelqu'un qu'on était censé aidé.

Pelote

Je commence des billets que j'écrase en écrivant par-dessus ou que je ne mets pas en ligne, à quoi bon ? Je les garde pour moi, seul inconvénient, ils ne sont pas indexés par Google. C'est pratique, Google, pour les aiguilles dans les bottes de foin.

J'ai des courbatures, mal à la gorge, aux oreilles, au dos, les yeux qui pleurent. Pas de fièvre.

J'ai un chef qui nous raconte pour la centième fois ses aventures de G.O. au club Med (moniteur de voile) dans les années 70. Nouveauté de la semaine : les souvenirs liés aux chansons de Carlos qui servaient de jingle pour signaler au bon peuple que le buffet était ouvert.

J'ai réussi à caser "Bises et zou !" en réunion (de spécifications détaillées, pour ceux qui voudraient avoir une idée de l'ambiance).

J'ai une chef qui me charge du compte-rendu de la réunion mais m'accable d'annexes en tout genre, pour le cas où "je serais perdue" (elle ne sait pas ce qu'elle risque, mais j'espère que les autres vont s'amuser, la minutie dans les notes prend des dimensions de révolte dans certaines situations (au moins la première version, je sais bien que tout cela finira poli et vernissé comme d'habitude)).

J'ai deux pages à lire et à colorier (je vous jure que c'est vrai1) selon les critères j'aime/je n'aime pas, c'est vrai/c'est faux (j'ai volé un stabylo bleu au bureau, il me manquait une couleur).

J'ai encore des cartes de vœux à écrire — à la famille, les dernières, je devrais y arriver en regardant Columbo. Finalement je ne vais pas détruire ce que j'avais copié hier. Je vais le mettre en ligne après minuit, ça fera le billet de demain. Demain sera long et sans doute pas très amusant.


Note
1 : ajout en janvier 2018 : le père d'un ami me faisait passer un test de personnalité pour m'aider à changer de boulot.

La loi des séries, fin.

Plutôt grognon, comme à chaque fois que je suis obligée de suivre le mouvement plutôt que d'être libre de m'organiser comme il me plaît. Pas une humeur pour bloguer, ça.

Je viens d'annuler trois engagements à la dernière minute pour cause de force majeure: hier, ce soir, et un le 31 (pas encore annulé, mais j'ai découvert ce soir qu'il faudrait l'annuler demain (zut alors, j'avais trouvé un moyen de voir les salons de l'hôtel Meurice)). Je déteste ça.
Mais bon, trois, je tiens le bon bout. Trois, c'est la fin de la mouise, tout devrait redevenir normal.

Le billet qui m'a fait rire de bon cœur aujourd'hui.


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Dix ans plus tard (2018), le blog de Franck n'est plus en ligne. Je mets une copie du billet ci-dessous.

La première fois que j'ai la tête dans le cul chez le coiffeur

J'espère que vous n'avez pas lu le titre trop rapidement : j'ai bien écrit "chez le coiffeur" et non "du coiffeur".
Ces précautions prises, je peux vous narrer mon anecdote, révélatrice des étincelles que peut provoquer ma vivacité d'esprit lorsque je manque de sommeil.
Vous aurez remarqué que ce n'est pas la première fois que je vous raconte l'une de mes aventures palpitantes chez le coiffeur. Souvenez-vous de l'haleine délicieusement mentholée de ma crinière ou de ma rencontre avec une actrice de Plus belle la vie.
Aujourd'hui, c'est justement le coiffeur de l'actrice en question qui m'a coupé les cheveux, le titulaire habituel de la charge - le détenteur privilégié de la fonction, devrais-je plutôt dire -, n'ayant plus de case pour moi dans son agenda.
Mon coiffeur du jour est très bavard - du moins pose-t-il beaucoup de questions, sur lesquelles je rebondis, autant par politesse que pour éviter d'avoir à parler, par de recurrents "et toi ?".

Ainsi :
"- Alors les fêtes ça s'est bien passé ? tu as fait quoi ?"
"- Bah j'ai fait ça en famille sur Paris, ET TOI ?"

Ou encore :
"- Tu habites dans le quartier ?"
"- Oui, dans la rue, même, ET TOI ?"

Et même :
"- Et ton copain, il fait quoi dans la vie ?"
" - (...) [j'ai donné la bonne réponse mais je maintiens la confidentialité ici], ET TOI ?"

Et puis, tête dans le cul, oblige, ça a fini par donner ça :
"- Et tu fais quoi dans la vie au fait ?"
" - (...), ET TOI ?"
"- Ben moi je suis coiffeur"
(putain, quel con je fais parfois…)

Appel aux hommes de bonne volonté

J'ai rencontré deux fois en deux jours le mot "actionnable".

PITIÉ, PAS ÇA.

Une voix d'outre-tombe

Ce soir m'attendait un CD avec la voix de ma grand-mère, enregistrée par mon cousin en 1998. Il l'avait enregistrée car il avait choisi de faire son projet de fin d'études autour d'elle, du récit de sa jeunesse.
Ma grand-mère est morte en juillet 2001. Je ne sais pas si j'arriverai à écouter ce CD un jour. Et pourtant, nous l'avons tant réclamé à mon cousin, nous l'avons tant espéré, nous avions si peur qu'il perde ou efface la cassette contenant la précieuse voix.

Occupation bizarre

Ce matin, à 6 heures et demi, j'étais à genoux devant le ficus du salon afin qu'on puisse prendre une photo de ma tête «avec du vert dans le fond».
(J'étais à genoux pour me trouver devant les branches les plus fournies du ficus, afin qu'on ne voit pas le mur à travers elles).






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Explication dix ans plus tard : il s'agissait de faire une photo pour la liste des élections municipales (dans le camp du Modem).

Le chantage

Il était évident qu'un film avec Pierce Brosnan n'ayant fait l'objet d'aucun affichage et passant dès sa sortie à l'UGC Orient-express serait un navet.
Malgré tout, voulant comme souvent donner sa chance à une cause perdue, nous allâmes voir ce film, qui est bien un navet, et dont le seul intérêt serait à la rigueur d'illustrer l'écart entre la France et l'Amérique par rapport à l'adultère.
Comme dirait en sortant une dame hilare d'une soixantaine d'années en forme de tonneau et aux cheveux oranges: « S'il fallait faire tout ça à chaque histoire de fesses ! »
Tout le monde riait en sortant, soulagé que cela soit fini, ce faux suspens, cette histoire décousue...
Et toujours cette même question: que faudrait-il changer pour que cela fasse un film potable ? Couper, déjà, beaucoup couper. Et ensuite ?

Il reste que la carrière d'acteur me paraît bien aléatoire: elle dépend beaucoup des réalisateurs avec lesquels on travaille. Pierce Brosnan, Sharon Stone, pourquoi sont-ils des stars? On les aime davantage pour leur beauté, leur sourire, leur silence ou leur présence devant les objectifs des photographes que pour leurs films.

Blade Runner

Blade Runner une fois encore, au cinéma. Première version, sans voix off (me dit H., je ne me souvenais plus de la voix off) ni la fin trop claire mais consolante de la version de 1992. Première version de 1982 que je préfère.

Je n'arrive pas à me souvenir de la première fois que j'ai vu ce film. Est-ce avant que je lise des BD de science-fiction et de la science-fiction? Quoi qu'il en soit, toutes mes lectures sont imprégnées de cette atmosphère lumineuse et sombre, poudrée, désespérée.

Il y avait deux personnages féminins qui faisaient fanstamer les garçons de mon âge à vingt ans : la princesse Leïa (entre ceux qui avaient clairement vu qu'elle ne portait pas de soutien-gorge sous sa robe blanche lors de sa première apparition dans La Guerre des étoiles et ceux qui voulaient revoir la scène pour vérifier ce point) et Rachel, l'androïde glaciale et désemparée de Blade Runner. Lorsqu'ils parlaient de Rachel, il était évident que rêver et bander devenaient strictement équivalent, je n'ai jamais compris pourquoi. Que pouvait bien avoir Rachel qui les séduise à ce point? En y réfléchissant davantage, il me semblait que c'était plutôt ce qu'elle n'avait pas et c'était inquiétant et triste, donc j'évitais d'y réfléchir.
J'ai dans mes armoires quelques tenues directement inspirées de Rachel, taille serrée et épaules exagérément marquées.

Les fois précédentes, j'avais surtout été marquée par la poignante mélancolie de l'histoire, le destin sans issue, la stricte lecture d'une vie humaine à travers celle des robots.
Cette fois-ci j'ai été davantage frappée par la construction rigoureuse, pratiquement découpée en chapitre, et la rapidité, l'efficacité du récit, par la fierté des créateurs, qui ne peuvent concevoir que leurs créatures/création puissent être dangereuses, par l'effacement des différences entre les hommes et les androïdes, parachevé par le dernier geste de Roy Batty, devenu capable de miséricorde. Les décors dont il est devenu si courant de se moquer m'ont paru très beaux, très cohérents et très Jules Verne : voilà un futur qui ressemble à ce qu'on imaginait en 1880, voilà un futur antérieur, avec des photographies sépia, un piano, des livres derrière le canapé.
Il est difficile d'imaginer un futur plus présent, ou même déjà passé, originel: est-ce cela qui fait le charme de ce film? Ou est-ce l'importance centrale des souvenirs, ceux que l'on n'a pas si l'on naît androïde, ceux que l'on acquiert au cours d'une vie, androïde ou humaine, («Si tu savais ce qu'ont vu mes yeux, tu ne le croirais pas», «j'ai vu le soleil devant le bouclier d'Orion, …»), perdus à jamais à notre mort?

Etourdie

Hier, dîner de post-réveillon avec mes beaux-parents, feu dans la cheminée, potage de poireaux et foie gras.

Au milieu du repas, j'ai trop chaud et commence à enlever mon pull quand une idée me traverse l'esprit tandis que j'ai déjà la tête cachée par le vêtement; je rabaisse précipitamment les mains pour me tâter les côtes et m'exclame étourdiment :
— Ouf, j'ai eu peur de n'avoir rien dessous.
Les têtes se sont tournées, tout le monde s'est tu puis a éclaté de rire tandis que H. et moi devenions tout rouges.

Résolution du Nouvel an

— Voudriez-vous, je vous prie, me dire quel chemin je dois prendre maintenant? demanda Alice.
— Cela dépend beaucoup de l'endroit où vous voulez aller, dit le Chat.
— Cela m'est à peu près égal…, dit Alice.
— Alors peu importe le chemin que vous prenez, dit le Chat.
— … pourvu que j'arrive quelque part, ajouta Alice en guise d'explication.

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

Choisir un chemin.
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