Alice du fromage

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Billets pour la catégorie 2011 :

samedi 31 décembre 2011

Vingt ans

Vu Louise. Dans vingt ans elle aura vingt ans. Moi qui avait l'impression qu'il n'y avait aucune différence entre quarante-quatre et soixante-quatre ans, je me dis maintenant qu'il y a le temps que Louise ait vingt ans.
Merci Louise !

Et sinon vu Hairspray en comédie musicale : «A toi la moumoute, à moi le bœuf en croûte!» Très bonnes traductions, très bons chanteurs/danseurs.

jeudi 29 décembre 2011

Les risques

— Pourquoi ça ne m'arrive pas, à moi?
— Parce que tu es tiède. Parce que tu ne te mouilles pas, tu ne t'engages pas. Alors il ne t'arrive rien.

Me revient une phrase, il me semble qu'elle est de Coluche: «Ma mère me disait quand je quittais la maison: "fais attention, surtout qu'il ne t'arrive rien!". Mais quand tu es gosse, ce qui peut t'arriver de pire, c'est qu'il ne t'arrive rien.»

mercredi 28 décembre 2011

Suzanne

C'est la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, vécue IRL, à cela près que Suzanne n'est plus étudiante.

Elle était embauchée en CDI depuis septembre, après un master en audit et finances. Elle travaillait dans l'équipe du projet. Le 15 décembre, la RH lui a appris qu'elle ne devait pas se présenter le lendemain. Motif: sa carte de séjour était arrivée à expiration. Il fallait attendre son renouvellement.

Suzanne n'est pas revenue. Elle attend. Elle ne risque pas l'expulsion, elle prend ça avec philosophie, rend visite à ses frères en Belgique et en Allemagne (elle est camerounaise). Elle se prépare à emménager dans un appartement procuré par le CE de l'entreprise. Elle n'est pas payée. A-t-elle droit au chômage dans un cas comme celui-là? Débat entre nous.

Je n'y peux rien, je n'y suis pour rien, mais j'ai un peu honte.

mardi 27 décembre 2011

Six jours

Vu deux films, tricoté une écharpe, lu un demi-livre. C'est déjà beaucoup plus que d'habitude.
Ecrit aucune carte postale ni carte de v?ux, ce qui est tout à fait inhabituel.
Rêvé sur des catalogues de tricot en me disant que ce n'était pas raisonnable. René Girard à l'?uvre: ma nouvelle collègue tricote beaucoup.
Malade à force de poils de chien. «Pourtant, les poils de chien sont très peu allergènes». Certes, mais je soupçonne qu'à défaut d'être nicotinisés, les poumons de mes parents sont poilus.

Je n'ai rien de particulier à raconter, mais j'ai beaucoup de billets ou sujets en retard. Je fais une liste, j'essaierai de les traiter au fur à mesure.
- Suzanne le 28/12/11
- Le Havre, A Dangerous Method le 05/01/12
- Khodorkovski, Benjamin, L'exercice de l'Etat
- Les Suisses
- Le voyage à Venise
- Petit déjeuner vénitien le 2 janvier 2012
- Atteindre Tarente
- 2 août 2011
- 3 août 2011
- 4 août 2011
- 5 août 2011
- 6 août 2011
- 7 août 2011
- 8 août 2011
- 9 août 2011
- 10 août 2011
- L'Inde
- Le Brésil
- Réussir sa vie
- L'anniversaire de Matoo
- une réponse à Parapluie
- Des photos de lecteurs, que je n'ai pas osé mettre au fur à mesure parce que j'ai eu peur de ne remplir mon blog que de cela et que cela soit "tricher" (comprendre: "trop facile") le 30/12/11

mardi 20 décembre 2011

Trois jours

Bof, pas vraiment envie d'en parler. Cinq poubelles de papier sorties de la chambre de ma fille hystérique. L'une des plus grandes surprises à voir les enfants grandir, c'est de découvrir la résurgence de traits de caractère d'un membre de la famille à l'autre, alors qu'il paraissait entendu que seuls les traits physiques se transmettaient. Et voilà que la collectionnite aiguë, la peur de jeter (les tickets de métro, les devoirs rendus, les crayons cassés, les papiers de bonbons, …), ressurgit une génération plus tard.
Et pendant ce temps-là je n'ai rien rangé de mon propre bordel — et maintenant départ pour la famille — et donc retour dans le bordel non traité. Frustration, c'était bien la peine de prévoir des vacances un peu larges.

Seule éclaircie, ça, qui me fait rêver. Avec ça.

Ah, et puis si: à part le souffle au cœur, je n'ai que le coutumier manque de globules rouges et de fer, mais des globules blancs extra-strong (tout le monde s'en fout ou va trouver cela très "impudique" (comme disent les anti-blogueurs), mais il se trouve que je souffre d'une forme particulière d'hypocondrie: je suis tellement persuadée qu'on trouvera quelque chose si on cherche que je refuse de chercher (syndrome Dr Knock, je pense)). Donc je l'écris, ça me fait plaisir car j'avais peur.

lundi 19 décembre 2011

Go ouest

Je déteste tant les détails…
Je mets tout ici, au fur à mesure, pour que cela me soit accessible à tout moment.

Les passeports valables selon leurs dates.
L'autorisation électronique de voyage : ESTA (ils sont gentils, c'est traduit).

Les lieux (copier/coller tronqué d'une conversation FB)

Denis: Je serais vous, je partirais de SF, remonterait la côte vers le nord jusqu'à Eugene puis plein est par Boise, le Wyoming, le Dakota du sud (très beau, vu d'avion), jusqu'à Mineapolis, Chicago, Cincinnati, l'Ohio, la Pensylvanie et NYC.

Patrick: Eugene me semble indispensable… mais, M. Denis, il ne manque pas une certaine bibliothèque disparue à voir dans l'Arkansas, ou l'Indiana?

Moi: J'espère rencontrer Shuttleworth (cf mes amis FB), donc remonter jusqu'à l'état de Washington (enfin, il me semble que c'est Washington, il faut que je vérifie).

Patrick: Shuttleworth, vérification, est à Moses Lake, donc pas loin (relativement) de Vancouver.

Ne pas manquer l'immeuble de Blade Runner.

Ça ne tiendra jamais en trois semaines et encore, j'ai laissé tomber Moses Lake.

Et comment et où louer un mobile home pour six personnes? Ici. Il y en a pour une petite fortune. (Mais économie des chambres de motel).

Aller/retour New York, c'est ce qui coûte le moins cher. Mais alors, comment retraverser dans l'autre sens? Le train me fait envie, compter trois jours, prévoir 10 à 11 heures de retard au total.

— Ça sera comme une traversée en voilier, tous dans dix mètres carrés.
— Tu es folle, on va tous se taper dessus au bout d'une semaine.

Il faut beaucoup de courage pour réaliser ses rêves malgré les oiseaux de mauvais augure, dont on sait bien qu'ils ont plutôt raison.

Go ouest. J'ai envie.

Un peu de sexe

Bon, à la Guillaume, je ne garantis rien : séance de sexe intense avec.

samedi 17 décembre 2011

Humour policier

L'un des chevaux de la brigade de police montée de ma ville s'appelle "Non violent". (J'ai tenté une photo, mais il faisait trop mauvais).

(Et sinon, j'ai un souffle au cœur. (— Ça veut dire quoi? — Ça veut dire que l'aorte est légèrement rétrécie, et que le sang au lieu de faire Chtomp-feu fait Tchou-ifff.) Ça me fait rire jaune; quand j'étais au collège et au lycée je considérais que les élèves qui ne faisaient pas de sport sous prétexte de souffle au cœur n'étaient que des tire-au-flanc. Je crois de plus en plus au karma.)

mardi 13 décembre 2011

Ring Saga

Tétralogie raccourcie à Reims en un week-end. Très bien. Formidable, émouvant, clair.

Surprise par les livrets que j'avais volontairement omis de lire: quelle confusion, quelle absence de morale, tous les contrats sont rompus, tout est faux, trahi, retourné. Vengeance et malédiction, quête du pouvoir. Tout ce à quoi je suis habituée, et qui finalement vient tout droit du catholicisme, n'est jamais une solution: le renoncement, le pardon, la rédemption par l'amour (non, Brünnhilde n'accomplit pas cela: avant de mourir, elle met le feu au Walhall). A croire que le luthérianisme protège moins bien de l'amoralisme que le catholicisme (omniprésence de la tension sexuelle, tout le temps —tout ce qui est amour-sentiment broyé ou étouffé par le besoin de pouvoir ou de sexe. On est loin de la tragédie grecque (où la tragédie naît de la volonté de respecter des principes, parfois contradictoires, et non de leur bafouement) ou de l'Iliade, sans doute pas très morale non plus (distinction bien-mal, schématiquement), mais attachée à l'honneur, l'amitié, la fraternité, la parole donnée, l'amour). Bizarre, bizarre. Comment un tel livret a-t-il traversé la tête d'un Allemand du XIXe siècle?

Brünnhilde blonde et frêle (enfin, musclée malgré tout, qui porte sa voix avec ses bras). La critique n'a pas toujours été tendre avec Piia Komsi, mais Philippe de l'escalier fait remarquer qu'il s'agit d'un parti pris intéressant (à vrai dire il paraît séduit): une walkyrie différente, la préférée de son père, celle qui désobéit, n'a pas à ressembler aux autres walkyrie. Et puis cette formation orchestrale très légère permet l'intimité, le chant n'a pas à se projeter par-dessus les instruments. Brünnhilde gagne en émotion.

Dans une formation de dix-neuf musiciens, la musique est parfaitement claire, détachée, compréhensible. Vient le moment où je cherche les sous-titres quand personne ne chante. Vient le moment où les chanteurs disparaissent pour ne plus être que leur voix.
Quatre représentations en trois jours, et la troupe est devenue familière, nous retrouvons des visages, des habitudes, il semble que la semaine pourrait se continuer ainsi, entre vieilles connaissances.

Quel froid dans le théâtre. Pas étonnant que les chanteurs soient souffrants.
— La costumière se fournit chez Décathlon.
— Tiens, après les survêtements, c'est cuir. Demain ce sera fourrure.
La flûtiste ne sourit pas beaucoup.
Ils ont dû prendre des cours de judo pour apprendre à tomber, ils vont finir par se faire mal.

— Siegfried est vraiment bon, c'est le meilleur que j'ai entendu.

— Je ne comprends pas. Pourquoi Fricka ne protège pas Sieglund comme elle voulait protéger Freia? C'est pourtant la même violence.
— Oui, mais les liens du mariage sont sacrés.
— Mais un lien ne vaut rien s'il est obtenu par la violence.
— C'est une femme blessée et jalouse.

— Si tu prends du maroille, je change de table.

— Mais tu fais comment?
— Il s'absente souvent pour aller écouter Wagner, pendant ce temps, je mange du maroille.
— D'autres prennent des amants ?
— Ce n'est pas incompatible?
— Le pouvoir aphrodisiaque du maroille?
— Mais enfin, il n'y a pas que le sexe dans la vie!

— Vivant Denon, Point de lendemain. C'est très "in bed with"!

Et puis les faux et le mont du Sinaï.

dimanche 4 décembre 2011

Bananes flambées

L'année où le siège du Crédit Lyonnais a brûlé à Paris, un dépôt de bananes a également brûlé, au Havre.
Malheureusement, ce dépôt était mitoyen des archives du Crédit Lyonnais, et le feu s'est étendu. Les archives ont brûlé aussi.

Pas de bol.

jeudi 1 décembre 2011

Printemps arabe

J'ai écouté Dominique Moïsi nous apprendre, à la fois confus et fier, qu'il était le premier à avoir utilisé l'expression "printemps arabe", et qu'il la regrettait, car elle était trop européo-centrée.
En effet, il s'agissait d'une référence au printemps des peuples de 1848.
Cela m'a fait sourire, je me demande combien de personnes avaient fait le lien, en tout cas pas moi.

Moïsi a dressé un portrait assez triste de l'Amérique, une Amérique qui a oublié "la forêt Asie", toute obsédée qu'elle était de "l'arbre Moyen-Orient", une Amérique qui a envie ou besoin d'être relayée par l'Europe le temps de faire une pause: «ses infrastructures sont dans un état lamentable».

mardi 29 novembre 2011

Red runners

Jeudi dernier, après une conférence sur l'Europe, encore une conversation entre nanas:

— Alors ça y est, vous les avez reçues?
— Non, parce que tu comprends, ils les livrent le vendredi, et donc elles arrivent un samedi, et comme la dame du laboratoire en a peur, on ne peut pas les faire arriver à l'école; il faut que l'un d'entre nous les reçoivent chez lui, et qu'on les amènent ensuite. La mère de Sarah est d'accord pour l'amener un matin en voiture, donc elles vont arriver chez Sarah, il faut qu'on téléphone pour demander si exceptionnellement ils peuvent livrer le jeudi pour qu'elle les amène le vendredi.
— Tu veux dire que vous n'avez toujours pas commencé? Mais il se termine bientôt votre TPE?
— Il y a encore quatre semaines avant Noël, et puis tout janvier. On a rédigé tout ce qu'on a trouvé comme doc… *silence, sourire embarrassé* Simplement il y a un problème…
— Quoi?
— L'école ne veut pas les garder pendant les vacances de Noël…— là, je le sens mal — est-ce que je pourrais les garder à la maison?
— Tu veux qu'on garde des blattes pendant les vacances de Noël ??!!!
— Ben oui, l'école n'en veut pas. Mais elles sont toutes petites, et elles ne grimpent pas aux vitres, on les a choisies exprès pour ça. Elles sont rouge vif, ce sont de toutes petites blattes.
Oh mais alors ça change tout, si elles ne grimpent pas au vitres... Evidemment, suis-je sotte, ELLES NE GRIMPENT PAS AUX VITRES, nous sommes sauvés.
— Et tu veux les mettre où? Dans le salon je suppose? dis-je en matière de plaisanterie mais déjà épouvantée par sa réponse.
— Euh… j'avais songé à les mettre derrière le lave-vaisselle…
Oui, chez nous, le lave-vaisselle en panne est dans le salon depuis plusieurs semaines. Notre vie est trop spirituelle pour s'arrêter à ces détails pratiques.
— Pourquoi pas dans la cabane? Ou dans la chaufferie?
— Dans la cabane? Ah oui, on pourrait essayer.
— Sauf que dis-je réfléchissant à voix haute elle risquent d'avoir froid.
— Si elles ne sont pas bien, on les mettra dans la chaufferie pour qu'elles soient plus confortables.
— Oui, tu as raison il faut que tes blattes soient confortables. (WTF???)
— D'ailleurs, il va falloir qu'on demande aux parents s'ils ont un drap noir.
— ???
— Oui, elles n'aiment que le noir, faut qu'on entoure l'aquarium.
Ah mais oui, naturellement, ou avais-je la tête?
— Tu veux savoir combien elles peuvent avoir de descendance?
— Non.
— Et puis, c'est increvable. Si tu leur coupes la tête, elles vivent encore une semaine. Et il ne faut pas les stresser, sinon elles expulsent leurs oothèques. Toi, tu les écrases, tu crois que c'est fini, mais en fait, elles ont expulsé leurs oothèques, et quelques jours plus tard tu te retrouves avec…
— Non, je ne veux pas savoir.

Plus tard dans le RER:
— Mais qu'est-ce que vous allez faire comme expériences, avec vos blattes?''
Elle rougit un peu.
— Tu ne veux pas savoir.
— Mais si!
— En fait elle se comportent comme les hommes, elles n'ont pas de cycle, elles baisent n'importe quand.
Je la contemple en silence, abasourdie.
— Vous allez regarder fucker des cafards?
— Oui, elles ont une parade de deux heures, qui évolue avec le niveau de leurs phéromones [NB: c'est le sujet du TPE: les phéromones, pas les blattes]. On va les observer, les filmer…
— Ça va être pratique, dans le noir.
— Sous de la lumière rouge. Enfin, si on a beaucoup de chance, parce qu'on a TPE une fois par semaine, il faudra que ça tombe bien.

Etc., etc.

vendredi 25 novembre 2011

Le stratège

Ce film a tout pour ne pas plaire en France, à commencer par le baseball, qu'on ne comprend pas et qui ne nous est pas expliqué (question, par curiosité: est-ce que les scènes hachées, découpées, montrées de façon sporadique au rythme d'un zapping, sont immédiatement compréhensibles à un Américain? Autrement dit, quelle part de film nous échappe-t-elle parce que nous sommes Français / Européens?)

Le rythme est lent, il n'y a pas d'histoire d'amour (pas de femme), le personnage principal, qui refuse d'assister aux matches pour ne pas s'attacher aux joueurs qu'il risque de vendre ou d'échanger du jour au lendemain, n'est même pas particulièrement sympathique.

L'approche non plus n'est pas sympathique: gagner en faisant des analyses statistiques, et non en ayant le culte du développement physique, du style, de la technique. Est-ce que cela peut réussir? Peut-on nous, spectateurs, souhaiter que cette approche-là réussisse?
(Mais l'autre face de cette approche est plus acceptable moralement: il s'agit de se battre pour chaque point, il s'agit d'être efficace, régulier, il s'agit d'abandonner l'esbrouffe, le style, et de regagner ses bases (???) avec le plus de régularité possible.)

Pourquoi parler de "morale acceptable"? Parce que lorsqu'on va voir un film sur une équipe de loosers coachée par Brad Pitt dans un film américain, on se dit que forcément, l'équipe va gagner, pour que la morale américaine attachée à l'effort et au mérite sorte vainqueur.
Mais il faut aussi que l'image du baseball soit intacte: est-ce qu'un baseball statistique est une image acceptable?

Je ne vais pas spoiler. Mais ce n'est pas un film sur le baseball, c'est un film sur les rêves: que voulons-nous vraiment? Qu'est-ce qui compte?

mercredi 23 novembre 2011

Occupation nocturne

Fouillé les poubelles à minuit pour retrouver un papier (un refus de subvention dû à une absence de fonds) vieux de trois mois, jeté le matin-même en considérant qu'il ne servirait plus (reçu dans l'après-midi un coup de téléphone me réclamant d'urgence le compte rendu devant permettre le virement de la subvention — compte rendu bien entendu non rédigé puisqu'il était la contrepartie de la subvention inexistante). #administration #logique #WTF

mardi 22 novembre 2011

Mardi

Je fais passer des entretiens. Non, pas d'embauche, plutôt quelque chose comme des interviews: que faites-vous, comment, pourquoi, récupérations des procédures, etc. Cartographie des risques.
Cet après-midi, pour la première fois, cela s'est plutôt mal passé (le genre de personne qui sait tout sur tout et se plaint de ne pas être invité aux réunions d'information). J'ai trouvé la parade. Comme je voyais qu'il lisait tout ce que je notais, je me suis mis à noter mot pour mot ce qu'il disait, entre guillemets, genre: «non, ça ne peut jamais être faux, c'est des maths, c'est forcément juste».
Il s'est un peu calmé.

Ma collègue m'a fait remarquer que j'avais provoqué un blanc en réunion en utilisant le mot tautologie. Elle me parle de sa mansuétude. Je lui propose de remplacer "Bisounours" («elle est très bisounours, Alice» est une phrase qu'elle affectionne) par "irénisme". Je sens que nos réunions de projet vont avoir de plus en plus de gueule.

A vendre ou pas à vendre? Croyez-vous davantage un démenti ou l'absence de démenti?
L'absence de surprise sera la même. En attendant, tout le monde écoute BFM en allant au bureau (sauf moi, mais on me raconte l'essentiel).

Je continue Congar. Je tombe des nues. C'était quelque chose, l'avant Vatican II. On dirait un roman policier, ce n'est que délations et coups fourrés, qui à dit quoi à qui, rumeurs et censure. Je lis éberluée des choses comme: «Régime invraisemblable: policier, autocratique, totalitaire, crétin. Car ce qui me frappe le plus, c'est le crétinisme, l'invraisemblable indigence en intelligence, en caractère. Le système a fabriqué des serviteurs à son image» (Yves Congar, Journal d'un théologien, p.233) (Il s'agit de Rome et du Saint-Office, pour faire court).
Mazette! Je sais bien que ce n'était pas destiné à la publication, mais tout de même!

Comment réussir à se rendre compte de ce qu'était ce monde? Je repense à L'ange et le réservoir de liquide à freins: «Quatre à avoir bénéficié un an de l'enseignement de l'ancien catéchisme, du latin et des mathématiques traditionnelles, ces trois piliers de la sagesse disparus d'un coup sous les effets conjugués, quoique non concertés, d'Edgar Faure, de Mai 68 et du Concile.» (p.261)

Yves Congar est un homme selon mon cœur, entre sa façon de s'insurger contre les wagons réservés et vides dans un train bondé, et celle de s'interroger sur les dessous de son apparente soumission: obéissance ou lâcheté?:

Parfois, ces dernières semaines, je me suis interrogé. Je me suis demandé si, dans l'espèce de simplicité, d'absolu et d'entièreté de ma soumission, il n'y avait pas une solution à trop bon compte, une fuite, malgré tout, facile, hors du combat. [Mon attitude est foncièrement, vraiment et intégralement celle-ci: Qu'ils fassent ce qu'ils voudront! Rendez-vous au Jugement dernier, devant le Véridique. Je leur abandonne toute l'histoire, je n'attends que la Parousie, or ils n'ont pas la Parousie!] Ne suis-je pas dans la situation de quelqu'un engagé dans la Résistance, mais un peu lâche et craintif au fond, et qui, arrêté très tôt, a un certain sentiment de soulagement et presque de satisfaction d'être ainsi retiré, pur et avec les honneurs de la guerre, d'un combat difficile où il laissait désormais les autres se débrouiller comme ils veulent. Je ne voudrais pas être cet homme-là; j'ai une certaine propension à l'être. (Opus cité, p.269-270)

Tout me parle ici, même le rendez-vous au Jugement dernier.



(Parapluie, je n'oublie pas que je te dois une réponse.)

samedi 19 novembre 2011

Samedi ordinaire

Mais qu'est-ce que j'ai pu faire aujourd'hui? Traité mes mails une partie de l'après-midi, fait la sieste, les courses… Et ce matin? Je ne sais plus.

Hier vu quelques minutes (bien plus de minutes que cela n'était raisonnable) de Crazy stupid love. Réellement stupide, mais en plus d'avoir un beau sourire, Ryan Gosling a un beau corps. Il me fait penser à un Steve McQueen du XXIe siècle. La difficulté va être de trouver des scénarios et des réalisateurs qui lui permettent de faire une belle carrière.

vendredi 18 novembre 2011

Une première étape de franchie

Gagné au pénal contre JA. Il y a encore pas mal d'étapes avant d'être sortis de cette histoire (d'autres procédures, un appel possible), mais c'est déjà un grand soulagement.

Il faudrait que je retourne ramer. J'ai la flemme (une histoire de chaussures, de talons, sur le gravier enrobé du parvis de la Défense. A quoi tiennent les choses.)

Bon, encore une machine à étendre et je vais me coucher. Ou je traduis Hamburger. Je ne sais pas.

mercredi 16 novembre 2011

Journée dans un état second

Une boucle d'oreille perdue, chambre fermée à clé pour que la femme de ménage ne passe pas l'aspirateur, dormi sur la moquette, une fois de plus désespérée en réunion (mais qu'est-ce que c'est que ces mots qui paraît-il veulent dire autre chose que leur valeur faciale? (si votre pièce de deux euros est réputée en faire trois soixante quinze, c'est un peu dur à avaler)), après-midi dans la stupeur, Barbe-bleue magnifique, surprenant, dîner, rentrés, retrouvé ma boucle d'oreille.

mardi 15 novembre 2011

Juste pour moi, pour ne pas ne pas écrire

Journée pleine et vide. La suite est pour mémoire, pour moi seule. (Cela risque d'arriver de plus en plus souvent, j'en ai peur. Ça passera.)

? Je ne lis qu'utile. Ça horrifie les enfants: «Tu ne lis jamais pour le plaisir?»
Nous rions.
? Ils ne peuvent pas comprendre.
? Non, ils ne peuvent pas. Mais c'est vrai que je lis toujours avec une raison. Je ne lis plus jamais sans raison.
? [?]

Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, direction Monique Canto-Sperber. Ce n'est pas ce que je cherchais mais ça tombe bien. Et Martimort. Un peu gros mais ça devrait aller.

Marie Tudor et Elizabeth Ière. Qu'est-ce que c'est qu'être reine quand votre mère a eu la tête coupée? Vivre dans la peur ou dans la vengeance.
Le concile de Trente, un concile provincial méditerranéen.

Il est 1h39. J'ai encore trois cents mots à écrire ? et je ne sais pas lesquels.


4h34 : fait.

jeudi 10 novembre 2011

Dans les marges

En tout ceci [les balbutiements des rencontres œcuméniques en 1946] , Rome ne peut ni prendre une initiative, ni donner une permission officielle, et il ne faut pas demander de telles choses. Mais il faut que des initiatives soient prises à la périphérie. Si de telles initiatives ne sont pas prises, on n'avancera jamais.

Yves Congar rapportant les paroles de Mgr Arata, Journal d'un théologien, p.91-92

C'est amusant de trouver ici un de mes modes d'action le plus spontané: la discrétion, la marge. «Si tu ne veux pas qu'on te l'interdise, ne demande pas l'autorisation» est un vieux conseil, un leitmotiv de toujours.

Je lis ce livre sans m'arrêter sur les mots inconnus (deux ou trois par page), sans retenir les noms qui foisonnent, sans comprendre les allusions.
Ce sera amusant de le relire dans dix ans.

mardi 8 novembre 2011

Anniversaire

Mon grand-père aurait eu cent ans aujourd'hui. Je vais me coucher.

Pffff....

Il va me rester deux heures et demie de sommeil. Fait vraiment suer.

dimanche 6 novembre 2011

Il était une fois en Anatolie

Je m'étais dit qu'au pire, je verrais de beaux paysages (enfin, beaux: de larges paysages, de gauche à droite de l'écran, des pans d'horizon).
Ce n'était pas faux, à cela près que la moitié du film se passe la nuit, et que ce que l'on voit, ce sont des phares de voiture. Variations sur un champ, une fontaine, un arbre.
La nuit crée le huis clos, dans les voitures, dans les maisons.

Les thèmes sont ceux d' Une séparation. La famille, le couple, la vérité, la vérité bonne à dire, celle que l'on va taire ou amortir, par charité, par impuissance devant la cruauté de la condition humaine. «Ceux qui paient, ce sont toujours les enfants.»

«Tout le monde a ses raisons», encore et encore.

Plans fixes sur les paysages comme des tableaux, plans fixes en intérieur comme des photos. Personnages plus bavards que des personnages de Tarantino (si, c'est possible. Mais en turc, pas en anglais: il faut s'accrocher!)

Beau film.

vendredi 4 novembre 2011

L'Iliade, suite sans fin

La colère d'Achille: je pensais que cela signifiait sa fureur au combat, mais en fait, c'est sa bouderie et son ressentiment. Je commence à être vraiment curieuse de découvrir ce qui le convaincra de revenir au combat. (Il vient d'autoriser Patrocle à conduire les Myrmidons au combat.)
(Car de L'Iliade je ne connais que deux épisodes: la mort d'Hector et le cheval de Troie, qui nous furent racontés par une institutrice de CE2 (elle avait raconté aussi l'histoire d'Adam et Ève, et celle de Marathon.))

Que de précisions anatomiques dans la description des coups mortels.

mardi 1 novembre 2011

Profession de foi

Je l'ai fait s'installer dans la cuisine pendant que j'épluche les légumes. Lecture à haute voix, j'interromps régulièrement pour préciser un point ou vérifier la compréhension du vocabulaire:

— «… C'était un mercredi, le plus beau jour de la semaine, car nos jours ne sont beaux que par leur lendemain. Tout en marchant, mon père me dit: — Crapaud, j'aurai besoin de toi demain matin. — Pour quoi faire? — Tu le verras bien. C'est une surprise. — Moi aussi, tu as besoin de moi? demanda Paul, inquiet. — Bien sûr, dit mon père. Mais Marcel viendra avec moi, et toi du resteras à la maison, pour surveiller la femme de ménage, qui va balayer la cave. C'est très important. — Moi, d'habitude, dit Paul, j'ai peur d'aller dans la cave. Mais avec la femme de ménage, je n'aurai pas peur.»
— Pourquoi il dit "nos jours ne sont beaux que par leur lendemain"?
— Je ne sais pas.
— C'est quel jour, le lendemain?
— Jeudi.
— Avant, jusque dans les années 50 je crois, c'est le jeudi qu'on ne travaillait pas.[1] Il était content de ne pas aller à l'école le lendemain. Et pourquoi le père dit à Paul qu'il va surveiller la femme de ménage?
— Parce que c'est très important?
— Non. Paul est petit et il est toujours dans leurs jambes. C'est pour s'en débarrasser, mais de façon gentille, sans le faire pleurer. Le père invente un faux travail.

Il rit de l'astuce. Je l'abandonne à une lecture silencieuse. Mon but est simplement d'éveiller sa curiosité: non, l'auteur n'est pas tombé sur la tête, si quelque chose est bizarre dans le texte, illogique ou incompréhensible, c'est qu'il doit y avoir une raison. (Plus tard il sera horrifié et ravi du massacre des fourmis (nous lisant soudain à haute voix les passages réjouissants), plus tard encore je lui expliquerai les cabinets au fond du jardin, la planche en bois et le journal découpé en carrés, lui rappelant pour stimuler son imagination nos affres quand nous n'avons pas eu d'eau pendant quatre jours un hiver).
Il termine le livre dans la journée.

Le livre traîne, je le ramasse, le feuillette.

Mon père secoua tristement la tête, et soudain, d'une voix furieuse, il s'écria:
— Voilà! Voilà l'intolérance de ces fanatiques! Est-ce que je l'empêche, moi, d'aller manger son Dieu tous les dimanches? Est-ce que je te défends de fréquenter ta sœur parce qu'elle est mariée à un homme qui croit que le Créateur de l'Univers descend en personne tous les dimanches, dans cent mille gobelets? Eh bien, je veux lui montrer ma largeur d'esprit. Je le ridiculiserai par mon libéralisme. Non, je ne lui parlerai pas de l'Inquisition, ni de Calas, ni de Jean Huss, ni de tant d'autres que l'Église envoya au bûcher; je ne dirai rien des papes Borgia, ni de la papesse Jeanne! Et même s'il essaie de me prêcher les conceptions puériles d'une religion aussi enfantine que les contes de ma grand-mère, je lui répondrai poliment, et je me contenterai d'en rigoler doucement dans ma barbe!
Mais il n'avait pas de barbe, et il ne rigolait pas du tout.
Cependant, il tint parole, et leur amitié ne fut pas troublé par les quelques mots qui leur échappaient de temps à autre, et que leurs femmes vigilantes escamotaient aussitôt par de grands cris de surprise, ou des éclats de rire stridents dont elles inventaient ensuite le motif.

Marcel Pagnol, La gloire de mon père, p.61-62, Presses pocket 1976.

Ce passage me laisse songeuse. Est-ce pour cela, que j'ai dû lire en sixième, (et tant d'autres auteurs de la même veine, catéchisme républicain) que j'ai si longtemps tu le fait que j'étais catholique et croyante? Je n'en parlais jamais, et d'autant moins que j'étais dans une filière "scientifique": oui, le prêche du père de Marcel avait porté, comment croire et faire des mathématiques et de la physique, comment expliquer la différence entre la superstition et la foi (objectivement, de l'extérieur, sans la foi, quelle différence?) et finalement et surtout, pourquoi expliquer, cela ne regardait personne, et puis c'était si étrange, il n'y avait aucune raison de croire plutôt que ne pas croire, ou inversement (après tout, pour moi cela avait été immédiat, dès la première seconde en entrant à la "mission" d'Agadir, et cela ne pouvait s'expliquer).

Il m'a fallu beaucoup de temps pour découvrir que des gens "très bien" (comprendre: ni des fanatiques ni des grenouilles de bénitier) étaient croyants, encore plus longtemps pour m'apercevoir que l'Église, à tort ou à raison, occupait une place fondamentale dans le monde actuel, et à partir de là, mais sans doute davantage à cause des questions sociales et politiques posées par le foulard dans les années 80, pour comprendre et admettre que la religion n'était pas un épiphénomène à rejeter dans les sphères du privé, mais bien un élément structurant de la vie en commun (cf. Schmitt et "toute politique est une théologie", la croyance en un homme fondamentalement bon ou mauvais régissant les choix d'une organisation de société).

Ce matin je termine la préface de Michel Gros à De la tolérance de Pierre Bayle (presses pocket 1992).

… l'intolérance n'est pas la réponse à un désordre, elle est le désordre, elle est le désordre.
Toutefois, cette première réponse, pragmatique, est sous-tendue par un principe plus essentiel: à l'égard de leur conscience, «les hommes ne dépendent pas les uns des autres, et n'ont ni roi, ni reine, ni maître, ni seigneur sur la terre; il ne faut donc pas blâmer un prince qui n'exerce point de juridiction sur les choses que Dieu ne lui à point soumises[2]» En d'autres termes, c'est la dimension transcendante de la conscience qui la fait échapper à toute dépendance terrestre. (p.33)

Et au moment de m'enthousiasmer pour ces quelques phrases, je songe à Imre Kertész et Être sans destin. Non, finalement, ce n'est peut-être pas une bonne idée, ou pas une idée suffisante, la conscience de chacun comme seule limite et seul frein…

Mais alors quoi? Toujours me revient à l'esprit cette phrase de l'évangile à propos des bons et mauvais fruits: "vous reconnaîtrez les prophètes à leurs fruits"[3].
(Je suppose qu'on pourrait alors reculer la discussion d'un pas, en essayant de définir le bon et le mauvais fruit. Curieusement, il me semble n'avoir jamais rencontré ce type d'arguties, comme si la différence entre bon et mauvais fruit allait, elle, enfin, de soi.)

Notes

[1] En fait, 1972, je viens de vérifier.

[2] Commentaire philosophique, pp.263-264

[3] Matthieu 7.15. Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. 16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? 17 Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits.

lundi 31 octobre 2011

Le pont

Monet à l'Orangerie en famille (une première). Collection permanente, exposition sur les peintres espagnol (bien).
Déjeuner en terrasse dans le jardin des Tuileries. Courses diverses dans la foule parisienne, ce que j'évite, habituellement.

dimanche 30 octobre 2011

Rare

Aujourd'hui, j'ai lu un livre.

Ne riez pas, c'est exceptionnel, suffisamment pour que je le note ici.

samedi 29 octobre 2011

Ma héros, mon modèle

« Casimir! Les valoches !»

Quand je serai grande, je veux être Léontine.

Pour les cruchons, quelques répliques de Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages.
(Ce site est un régal.)

vendredi 28 octobre 2011

Wagner c'est… c'est puissant, non ?

Projet : aller voir en groupe Stéphane Bern dans Celles qui aimaient Richard Wagner.

Cosplay: les garçons habillés en Louis II, les filles en Arielle Dombasle.

Si vous voulez participer, laisser un mot dans les commentaires, je vous tiendrai au courant.

jeudi 27 octobre 2011

Politiquement incorrect

Conversations entre assureurs

— Je viens d'une boîte américaine. Les mails étaient filtrés, il leur a fallu du temps pour comprendre que insurance se disait "assurance", et chaque fois que nous écrivions "ass", nous recevions un mail en anglais nous avertissant que nous utilisions des mots non autorisés et qu'une récidive entraînerait des sanctions…
— Ils lisaient vos mails? Et la CNIL ?
— Bah…



Un peu pas écrivable, j'ai hésité, mais je tente (conversation à quatre ou cinq):

— J'ai regardé l'émission sur Hitler hier, j'ai été choquée d'apprendre qu'Hugo Boss avait dessiné les uniformes des SS. Et Ford qui offrait cinquante mille dollars à Hitler pour son anniversaire…
— C'est comme Allianz qui assurait les camps de déportations…
— Oui. Vous imaginez la visite de risque? Vos chaudières m'ont l'air un peu en surchauffe, là…
— Est-ce que vous avez correctement sprinklé vos bâtiments?

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