Billets pour la catégorie 2016 :

Du matin au soir

H. est parti ce matin pour New York. Si j'ai bien compris, il monte cette semaine la filiale américaine de l'entreprise pour laquelle il travaille en France (les Américains sont tout à fait disposés à accueillir n'importe qui qui crée des emplois chez eux). Par "monter" j'entends création juridique.

Le soir, "rencontre avec Guzman Carriguiry à l'ICP autour du texte du pape François, Les laïcs, messagers de l’Évangile".
Je suis déçue: c'est une conférence, j'attendais quelque chose de plus informel. Chaque intervenant évoque Rosa, la grand-mère du pape, véritable héroïne le temps de cette soirée.

Comment se présenter comme catho en France au temps de La manif pour tous? (qui est encore en train de faire des siennes autour d'un film). Pour moi c'est impossible. Au lieu de parler de la pauvreté, de la précarité, de l'accueil des migrants, le discours est confisqué pour parler du mariage et des homos. Comment ne pas avoir honte de se présenter comme catho en France?
Il vaut mieux laisser s'approcher les gens. A l'usage je me rends compte de leur grande curiosité (croire? mais quelle idée bizarre et moyenâgeuse, à quoi cela sert-il?)

M. aurait dû me rejoindre. A-t-elle oublié? Ou son petit fils a-t-il eu besoin d'elle? Je pensais dîner avec elle, je suis rentrée le ventre vide.


Sûr comme la mort, Trump est en train de nommer un ancien de Golman Sachs.

Dimanche

Gwenaëlle n'est pas venue. Quinze kilomètres de skiff. J'ai fait l'erreur de laisser une péniche me dépasser pour régler ma barre de pied et comme nous allions à la même vitesse, j'ai ramé dans ses remous jusqu'à l'écluse. Pénible.
Plus de feuilles. Bassin désert, si désert que je me suis inquiétée un moment: et si tout le monde était parti, et si le hangar était fermé, avec mes clés et mon téléphone dans le vestiaire? (m'imaginant sonner dans les maisons mitoyennes pour téléphoner… se faire des films, définition.) L'explication était simple, les "compéts" faisaient un test à "l'ergo" (ergomètre: rameur d'appartement, à peu près).

Highlander en téléchargement dans une version atroce, couleurs en larges à-plats. L'Apple TV est planté depuis plusieurs semaines, il faudrait la réinitialiser.

Nouvelles du monde : Castro est mort hier, Fillon est vainqueur de la primaire ce soir.

Vent

Il n'y a plus que des histoires de trains et d'aviron à raconter. Ce n'est pas si mal, une vie sans histoire. C'est reposant. Raconter rien. Une contrainte comme une autre.

Quatre à midi. Dominique, Dominique, Patricio, moi au un, barre au pied. Beaucoup de vent mais pas de péniche.

Journée à traiter des mails. Je consacre trois quarts d'heure par jour à ranger le bureau, en prévision du déménagement. J'ouvre les cartons, les chemises, je jette, je classe, je rationalise. Mercredi, le délégué syndical qui distribuait le compte rendu du CE nous a dit que les résultats étaient catastrophiques mais que «la bonne nouvelle c'est qu'il n'y aura pas de casse sociale, ils (comprendre "le groupe") nous gardent».
Euh…

Décidément, il faudrait que je trouve ma voie.

Oulipo

Pas ramé lundi, à cause de la matinée sur les évolutions en droit social.
Pas ramé mardi, à cause des consultants.
Pas ramé mercredi, je ne sais plus pourquoi.

Beaucoup de courant, les débutants ne sortent pas. Je suis arrivée quelques minutes en retard, un quatre était déjà constitué. Yolette. Pierre-Adrien (débutant de l'année qui se débrouille), Rémi (de la testostérone, comme dirait Vincent. Il regrette de ne pas pouvoir prendre des cours particuliers (des cours particuliers en aviron? c'est la première fois que j'entends ça!! Je lui fais remarquer que les adultes, c'est impossible à former, ça n'écoute pas et passe son temps à expliquer pourquoi ça ne peut pas faire ce qu'on leur conseille ("sûr comme la mort", à l'arrivée au ponton il illustre ce propos)), Isabelle (un peu dépassée par les événements), Claire. Beaucoup de péniches, des vagues.

Oulipo, ou plutôt repas post-oulipo. Je découvre et retiens le nom de Michèle Métail.

Actualités

L'agitation du monde et de ma vie quotidienne semble inversement proportionnelle. Rien à raconter (mercredi journée silencieuse, je suis seule au bureau). Je vais noter les sujets du moment:
- Trump bien sûr, avec ses partisans qui font le salut nazi, l'écart de deux millions de voix entre lui et Clinton en faveur de Clinton, des rumeurs de fraude électorale (des hackers russes auraient influencé les décomptes en faveur de Trump). Clinton va-t-elle contester? (il me semble qu'elle a jusqu'à vendredi pour le faire).

- Fillon contre Juppé à la primaire de droite. A priori je ne suis pas très concernée, mais je suis ahurie devant les idées réactionnaires de Fillon. A lire Twitter (ma TL est orientée, très orientée, bien sûr), on dirait qu'il veut effacer vingt ou trente ans d'histoire contemporaine: un type paternaliste comme je supposais qu'on n'osait pas l'être publiquement. Résurgence de l'homophobie et de la misogynie (mais cela va toujours ensemble, puisque le misogyne définit sa nature d'homme en fonction de la femme (qu'il méprise): l'homosexuel lui pose un problème puisque celui-ci est la preuve qu'un homme peut se définir en soi, du fait de sa propre valeur, sans avoir besoin de se comparer à une femme pour se rassurer.)
Encore un poutinophile. Mais pourquoi? Pourquoi sont-ils tous Poutinophiles? Il faut dire qu'il y a longtemps que la presse française a arrêté de nous parler des opposants assassinés, des expropriations, des manifs d'extrême-droite en Russie… je ne vois ça que sur FB. C'est comme si la guerre en Ukraine puis en Syrie avait amené les Français à se dire quelque chose du genre: «c'est leurs histoires, après tout Poutine n'a pas forcément tort, on n'y comprend rien, qu'ils se débrouillent. Et puis les Russes aiment Poutine, il ne doit pas être si mauvais.»

- Toujours rien à gauche (Macron s'est déclaré candidat, ce qui fragmente encore le vote de gauche).

- Mobilisation auprès du gouvernement turc pour qu'il libère Aslı Erdoğan.

Et les migrants (cette bonne idée de les répartir sur le territoire français), et un génocide en Birmanie (le peuple des Rohingya), et un tremblement de terre au Japon,…

Parce que ma première playlist m'a amusée et que Leonard Cohen est mort le 7 novembre, j'ai fait une playlist de prénoms, si possible de chansons françaises malgré tout puisqu'elle est destinée à un ami américain.
J'en profite pour vous aiguiller vers ces limericks de prénoms: du nawak contemporain, mieux vaut en rire avant d'en pleurer.

Morne mardi

Pas grand chose. L'informatique encore en carafe (partiellement); révison de la première version du rapport des consultants en leur compagnie, ce qui fait que je n'ai pas pu ramer.

Pas cours d'allemand. Je lis Schillebeckx qui n'est pas tendre avec Ratzinger (nous sommes en 1995). Les évêques hollandais des années 60 étaient rebelles.

La Route. Comme un film de zombies, mais sans zombie.

Législation sociale et sacrement du mariage

Aucun rapport entre les deux, si ce n'est que ce sont les deux extrémités de ma journée.

Matinée dans un cabinet d'avocat à écouter de la jurisprudence sociale et des statistiques socio-médicales. Je n'ai pas le courage ni à vrai dire la mémoire de vous en faire la relation sans mes notes. Retenons deux choses:
- la "loi travail" qui a provoqué tant d'agitations ne va changer grand chose, si ce n'est compliquer quelques mécanismes qui fonctionnaient sans cela (et le bouleversement de la hiérarchie des normes est une vieille lune: il en est ainsi depuis les lois Auroux de 1981 (rédigées par Martine Aubry));
-il existe pour l'instant deux niveaux de remboursement des médecins selon qu'ils ont signé un contrat d'accès aux soins (CAS) ou pas, demain, il y en aura quatre (selon les spécialistes, le CAS étant remplacé par l'OPTAM).
Si vous n'y comprenez (comprendrez) rien, c'est normal. Ce n'est pas fait pour : c'est "bienveillant", comme dirait H. (c'est réellement pensé pour améliorer la rémunération des praticiens en fonction de la complexité des consultations, pour diminuer les dépassements et protéger les patients), mais les montages sont compliqués car ils tiennent compte de trop de paramètres.

Remarque d'un juriste qui m'a fait rire : «Pour réformer le droit du travail, il faudrait commencer par ne rien changer, pour ne pas mettre tout le monde dans la rue. Ensuite, on stabilobosserait un certain nombre de lignes qui deviendraient des dispositions de droit commun (selon qu'on est de droite ou de gauche on en stabilobosserait plus ou moins). Tout ce qui ne serait pas stabilobossé pourrait être modifié.»

Sacrement du mariage le soir. Héritages multiples de St Augustin (le mariage pour protéger du péché originel contenu dans l'acte de procréer et dans la procréation elle-même) et des canonistes (le mariage, contrat né du consentement des parties (pas forcément les époux…)), récupérés par les théologiens qui ont sacralisé ce contrat tout en mettant en valeur l'analogie union Christ-Eglise, union homme-femme (Ephésiens 5, mais ce n'était pas ce que visait saint Paul).
Quelques questions de fond, aucune théorie unifiée et des divergences entre les théologiens. Un cours tragi-comique: amusant par son contenu, désolant quand on songe aux conséquences existentielles de ces définitions dogmatiques.

Anecdote : à 38 ans, La Pérouse qui avait déjà mené plusieurs campagne militaire n'a pas pu épouser celle qu'il voulait car son père refusait son consentement. La Pérouse a dû passer par l'acte juridique de l'émancipation.
(voir le récit de Balzac La Vendetta et l'introduction en Pléiade).

Une médaille

AG du club d'aviron. Normalement je n'y vais pas: en tant que membre d'un CE, je paie moins cher et n'ai pas de droit de vote. Mais Vincent avait beaucoup insisté et je lui avais promis d'être là. Je me disais qu'il y avait anguille sous roche: y avait-il des missions à confier et songeait-il à moi pour l'une d'entre elles?

J'ai obtenu une médaille décernée par le Comité directeur pour "mon implication dans la formation des débutants". Plus d'une centaine d'heures, assure Vincent, mais je pense qu'il exagère. C'est une étrange impression de voir son nom soudain appelé, après une heure de présentation de bilan comptable et de résultats sportifs, devant une centaine de personnes pour la plupart inconnues.
Bref, une médaille pour bénévolat. Ça fait plaisir. J'ai pu observer l'étrange pouvoir de ce prix: alors que je suis inconnue à la plupart (les rameurs "du midi" voient rarement ceux "du soir" ou du "week-end"), soudain tout le monde me connaissait. Surtout, ceux qui me connaissaient déjà (du fait des randonnées ou justement de mon apparition à des créneaux inhabituels pour donner un coup de main) ont semblé me découvrir pour la première fois.
L'étrange pouvoir de la distinction: la légitimité.

médaille décernée par le comité  directeur du CNF


Le plus étrange pour moi, c'est d'être mis sur un pied d'égalité avec Jean-Pierre et Jean-Michel (les deux autres "loisirs" médaillés, le quatrième étant un junior encore plus stupéfait que moi): je connais leur dévouement, j'ai du mal à imaginer que je puisse donner l'apparence d'être aussi dévouée qu'eux. Mais si c'est vrai (il me faut bien imaginer que cela doit l'être, sinon cela n'aurait aucun sens), cela me fait bigrement plaisir. Cette remarque peut paraître bizarre, mais elle n'est que l'illustration de la règle qui veut que tout ce que l'on fait paraisse toujours normal — puisqu'on le fait.

Imprévus

A., le pilier juridique parmi les administrateurs de la mutuelle, part en congé maternité vendredi. Elle avait beaucoup insité pour nous voir, ma collaboratrice J. et moi, avant de partir en congé, tant insisté — alors qu'elle ne l'avait pas fait pour son premier enfant — que j'avais dit à J. qu'elle devait avoir quelque chose à nous dire. J., curieuse (c'est ma grande informatrice concernant les rumeurs qui circulent dans les bureaux), avait alors trouvé le moyen de se libérer pour déjeuner avec A.
J'avais vu juste : A. ne reviendra pas, elle suit son mari à l'île Maurice.

La nouvelle date de trois semaines, A. en est encore bouleversée (il faut dire que faire ses cartons pour l'autre bout du monde avec un bébé de trois mois est une perspective qui m'épuise rien que d'y penser).
Ce fut l'occasion de me rendre compte que je confondais plus ou moins l'île Maurice avec Mayotte: non, c'est une île indépendante au large de Madagascar avec l'anglais en langue officielle même si le français y est largement utilisé.

J'ai l'impression de vivre le début de la fin de l'âge d'or de la Mutuelle, A. qui part vendredi, mon patron probablement cet été (en retraite). C'était si facile de travailler avec A. et lui que je ne peux qu'envisager que ce sera moins bien. Mais après tout, cela pourrait être mieux. Dans l'absolu, c'est possible.

Schleiermacher à un rythme accéléré: nous traduisons si lentement que cette fois-ci pour couvrir plus de texte nous n'avons pas traduit le texte original mais lu les deux traductions françaises, Rouge et Raymond, en nous reportant au texte allemand pour comprendre quelle tournure traduisait quelle expression.

Bookcrossing sur le sport. Intéressante intervention d'Alain de Chanterac qui vient d'écrire un livre sur Antoine Blondin (Morand, Cocteau, Montherlant, bien des références que j'aurais dû noter — il reste la ressource de lire son livre).
Je repars avec Born to run, qui fait écho à une conversation de juin dernier.

En sortant, un jeune homme m'arrête, un revenant du temps de la SLRC: Rodolphe, rencontré chez Marcheschi. Evocation de Notes sur les manières du temps, les Demeures, je lui conseille de s'attaquer à L'Inauguration de la Salle des Vents. Quel plaisir de reparler de tout cela, quelques minutes. Quel gâchis.

Samedi

Temps magnifique, sortie en yolette avec un débutant de l'année qui se débrouille vraiment bien (Christophe? je ne sais plus), Joseph qui continue à confondre brutalité et efficacité, Florence qui rame pour la première fois depuis un cancer et Stéphane. Belle sortie, agréable malgré le vent par moment.

L'après-midi j'ai lu un livre. Ça n'a l'air de rien mais c'est rare, je n'arrive pratiquement jamais à lire un livre en une journée (à avoir le temps, à ne pas être dérangé). Football, ombre et lumière de Galeano.

Le soir, suivi une recommandation d'Aymeric et regardé Dope. Risky Business chez les Noirs de la côte Ouest.

Vendredi 11

J'ai hésité à me lever, mais il semblait faire beau: impératif de ne pas laisser passer le moment. Tous les jours je me dis que je n'ai pas vécu la veille, les semaines précédentes, en me rendant compte suffisamment de ma chance (me revient Viktor Klemperer (en ai-je déjà parlé? je radote) ouvrant après la guerre une malle contenant quelques souvenirs, un album de timbres, et s'exclamant: «comme nous étions riches»). Comme nous sommes riches et chanceux.

Double avec Gwenaëlle. Quinze kilomètres, jusqu'au point G (! : un gros panneau sur la berge au-delà du pont de Chartrettes marqué G). Elle n'a pas arrêté de parler, c'est comme si j'avais eu la radio. Ce n'est pas désagréable, mais je m'interroge: poussé-je plus qu'elle, ce qui expliquerait que j'étais essoufflée et pas elle, ou suis-je en mauvaise condition physique?
La piscine de Melun , berceau de Manaudou, est fermée: six cent mille euros de réparation après la crue, les assurances remboursent à condition que les prochaines pompes soient dans des bâtiments insummersibles.

J'avais l'intention de ranger ma chambre (commentaire de O: «c'est ambitieux») mais wiskhy et sieste. Une petite heure de rangement.

Miss Peregrine et les enfants particuliers à Yerres. La salle pleine.

Quelques prédictions

Tard le soir, regardé Margin Call. J'ai tant l'impression que ceux qui devraient être en prison, que ceux qui auraient dû être punis pour avoir plongé la planète entière dans la récession, vont se retrouver au pouvoir…
Ils vont être au pouvoir, ils vont provoquer une ou des catastrophes, ils seront finalement châtiés (par l'enchaînement des faits ou par la justice des hommes), mais entretemps, beaucoup d'autres auront vu leur vie détruite par leur incompétence et leur cupidité.
Les prédictions, c'est un bon moyen d'être ridicule. Heureusement, on les oublie, sauf ceux qui les exhume.

Et après avoir regardé Margin Call j'écris une fois encore que je me soulerai à mort le jour où j'apprendrai la chute d'une agence de notation.

Après Trump

— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je regarde un film.
— Quoi ?
Le Grand Blond avec une chaussure noire.
— Ah oui quand même ! On ne devrait jamais quitter Montauban !





Blague à part, je me rends compte que si je suis si déçue, c'est que j'imaginais vraiment pouvoir quitter la France si elle m'exaspérait. Et maintenant… Quatre ans. Espérons qu'il n'y aura pas trop de dégâts à l'international. Il va falloir que l'Europe prenne ses responsabilités. En est-elle capable? (Je ne le crois pas.) Merkel est instituée leader de l'Europe.

Je copie colle le tweet d'un professeur de stratégie à l'université de Copenhague:
«Good morning, Europe. You are all alone with the Russians now. Please repeat after me: Crimea is ancient Russian land.»

DT

Ben mince alors, où irons-nous quand Marine nous fichera dehors pour mauvais esprit? L'Uruguay, il ne reste que l'Uruguay. Il faut que je me mette à l'espagnol.

Dix chansons françaises

A l'origine, c'était pour répondre à un ami américain sur FB.
C'est ma première playlist sur Youtube (trop fière je suis).
Je vais me coucher sans attendre le résultat des élections américaines. Je me souviens d'il y a huit ans, aux Invalides, les larmes de joie… C'était le président élu par le monde entier. Avons-nous été déçus? Oui, sans doute. Mais nous le regretterons, vu ce qui nous attend.

Dix chansons françaises.

Quelques commentaires:
** Brel et Brassens parce que je ne vois pas une liste de chansons françaises sans Brel et Brassens. Et Aznavour. J’ajoute Aznavour.
1/ Les Flamandes de Brel
Pour le rythme et les paroles et les allusions socio-économiques (même si ma chanson préférée de Brel est « Le plat pays »).
2/ L’Auvergnat de Brassens
3/ For me formidable d’Aznavour
J’ai l’impression d’avoir grandi avec cette chanson.

** Renaud et Higelin, les chanteurs que je connais le mieux (surtout Renaud)
4/ La tire à Dédé de Renaud
5/ Encore une journée d’foutue d’Higelin
J’adore l’harmonica - Le musicien, Diabolo, était extraordinaire en concert.

** Deux Québéquois
6/ La complainte du phoque en Alaska de Beau Dommage
Je ne sais pas si quelqu’un connaît une autre chanson de Beau Dommage…
7/ Linda Lemay, J'veux pas d'visite
Les enfants disent que c’est mon hymne : j’veux que les enfants demandent à leur mère « est-ce que c’est vrai qu’c’est une sorcière ».

** trois qui me font rire
8/ Boris Vian
Difficile de choisir entre « on n’est pas là pour se faire engueuler » et « la java des bombes atomiques». Chansons à morale profonde!
9/ Nougaro, Je suis sous
10/ Macao, Le grand orchestre du splendid
Mes années de lycée.

Les vrais faux vrais

— Ce qui est amusant, dans Captain train, c'est la foire aux questions. Tu peux gagner des points de karma si tu fais les choses de façon correcte.
— Mais, des vrais ?
— Comment ça, des vrais ? des points de karma, ceux qui t'évitent de te réincarner.
— Ah oui, des faux alors. Il y avait dans un jeu de mangas des vrais points de karma, ça permettait de gagner des vies pour continuer.
— Ah mais non, ça c'est des faux.

D'une case à l'autre

Je suis rentrée démoralisée. Je me suis encore échauffée avec A. (ou contre A., mais je n'ai pas envie d'être contre A.)

En 2014 ou 2015, un "accord national interprofessionnel" (ANI) a changé quelques règles concernant la couverture santé des salariés. En particulier, tout salarié qui quitte son entreprise conserve gratuitement sa couverture santé pendant une durée au moins égale à son contrat de travail1. Ce dispositif a pour nom "portabilité". Pour pouvoir en bénéficier, il faut percevoir une allocation chômage.

Ce soir nous avons eu l'appel d'une ex-salariée dont le congé maternité vient de commencer: elle est sortie de la case "chômage" pour entrer dans celle des "indemnités journalières de la sécurité sociale" (IJSS). En conséquence de quoi, la complémentaire de la branche assurance (le RPP) a interrompu sa couverture (l'a radiée) au prétexte qu'elle ne touche plus d'allocation chômage.

J'appelle A. (elle-même enceinte), juriste et administrateur de la mutuelle, pour savoir ce qu'elle sait, expérimentalement, des remboursements quand on est enceinte:
— C'est pris à 100% mais il ne faut pas qu'il y ait de dépassement, il faut qu'elle fasse attention, qu'elle aille à l'hôpital pour l'accouchement.
— Mais c'est vraiment ce que le RPP voulait? Il voulait vraiment ne pas couvrir les femmes enceintes, ce n'est pas un effet de bord imprévu? Mais il pourrait le dire, au moins oralement s'il ne veut pas l'écrire, qu'on prévienne les gens, qu'on les renseigne!
— Mais les gens devraient se renseigner tous seuls, quand même! On fait attention, on ne tombe pas enceinte n'importe quand!2!
— Mais justement : elle est au chômage, elle fait un bébé, ça ne gêne personne. Comment voulais-tu qu'elle imagine que cela allait lui couper la mutuelle? On s'imagine tous en France que les femmes sont davantage protégées quand elles sont enceintes, et pas moins! Ceux qui se renseignent, soit ils se sont déjà fait avoir, soit ce sont des fraudeurs. Les gens normaux regardent juste leur compte en banque pour vérifier qu'ils ont de quoi vivre. Alloc chômage ou IJSS, ils s'en fichent. Et comment veux-tu imaginer que passer de l'un à l'autre va te couper la mutuelle? C'est normal de ne pas imaginer ça!
Devant mon énervement, elle sort un atout de sa manche:
— Il me semble qu'il y a controverse: la portabilité est due si la personne a droit aux allocations chômage, mais il y a interprétation: cela veut-il dire qu'il faut que la personne les touche effectivement, ou suffit-il que sa situation soit telle qu'elle lui en ouvre potentiellement les droits?

Les bras m'en tombent. C'est tout ce qu'elle trouve à me dire? Il faut que les salariés soient tous des as de la jurisprudence?
A bas les juristes. A bas les Romains. Qu'on me rendent les Grecs!!


Note
1 : à condition d'avoir travaillé au moins un mois. La durée de la garantie gratuite est plafonnée à un an.
2 : passons sur le manque de solidarité féminine qui m'estomaque.

Un opticien

Je passe chez l'opticien. Nous papotons. Il me dit ce que je dis aux gens à propos d'assurance: les chaînes, les grandes enseignes, c'est très bien pour les petites corrections, mais en cas de corrections importantes, de lunettes complexes, il vaut mieux aller chez un indépendant: «d'abord dans les chaînes, vous aurez des commerçants, pas des opticiens. Et puis ils vont vous vendre avant tout les verres de leur marque, qui ne sont pas les meilleurs». (En assurance, le parallèle, c'est: tant que vous n'avez pas de problème particulier, vous pouvez vous assurer en ligne, mais le jour où vous devenez un cas difficile (malus, etc), il faut aller voir un agent ou un courtier).


Pour mémoire:
Un quatre (une éternité que je n'avais pas fait de quatre): Dominique, Gilles, Dominique. Très plaisant, un temps magnifique.

Bulgare

J'ai demandé à la jeune fille assise toute la journée à la sortie du métro d'où elle venait: Bulgarie.

Malédiction, l'écriture est en cyrillique, ça ne doit pas faciliter les choses. Est-ce qu'elle sait lire (le bulgare)? Est-ce qu'un dictionnaire lui serait utile? (depuis que je sais qu'il existe un TCF, test de connaissance du français…)

Quelques recherches plus tard (pas de résultat pour "locuteur bulgare apprendre le français", "langue maternelle bulgare apprendre le français"), j'ai touvé un site très intéressant, art, langage, apprentissage (avec la figure de Serge Martin, un "ami FB" à peu près inconnu (Cerisy comme point commun, je pense)) et un dictionnaire.

Traduire Agapé

Je travaille au petit matin la traduction de 1 Corinthiens 12,31 - 14,1, soit le célèbre hymne à l'amour (gravé sur une stèle à Corinthe). Nous avons pour mission de tenter de traduire un mot par un mot, et non par une périphrase. Nous devons retrouver la force des mots avant qu'ils ne soient affadis par notre habitude de leur traduction.

agapé, agapé… Je tape "amour" dans crisco pour tenter de voir ce qui pourrait permettre d'éviter la confusion avec eros: tendresse, attachement, et à partir de charité, bienveillance, générosité. Je songe aussi à compassion, empathie.
A partir de désir, on trouve attente et privation, pénurie. Manque.

Il est mystérieux, cet agapé. Qui en est l'objet, Dieu ou les hommes? Est-il une aspiration vers Dieu, un manque, un désir de Dieu, ou est-il tourné vers les hommes, un trop plein de tendresse à déverser? Le vers 12,31 en fait plutôt un manque tourné vers Dieu, alors qu'à partir de 13,4 ce serait plutôt de la tendresse ou de la compassion.

Mais il y a l'obligation de traduire le même mot partout par le même terme.

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J'ai ramé dans un brouillard épais, avec prudence, en espérant ne pas me retourner. Cet épais coton blanc évoquait Maupassant ou Poe.

Une amie est passée emprunter Germinal pour sa fille. Elle est très impliquée politiquement et espère l'élection de Juppé avec Pécresse en premier ministre. Sa visite impromptue nous a mangé notre après-midi.
Dommage, j'avais presque cru que je tiendrais mon programme.
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