Billets pour la catégorie 2013 :

Un monde qui tourne peu rond

Aviron. Tee-shirts pour les quatre fils de Léopold. La Valse des caïmans de la troupe Green Paradise. Pièce déjantée et "fait maison", choix très éloigné de l'année dernière qui était lui-même très différent de celui de 2011.
Intéressant renouvellement, je me demande ce que sera leur choix l'année prochaine.

En sortant, un viet à Bellevile, à recommander (pièce minuscule, décoration inhabituelle (pour un viet), cuisine présentée avec soin).

H. revient de Tours. Il est hagard. Il me raconte sa semaine : «En fait, ce n'était pas très différent de la pièce. Je reçois un mail d'un inconnu, "J'arrive lundi, il est inutile de prévoir une voiture de fonction. Je viens avec trucmuche, il est d'accord, nous serons deux, la passation des connaissances est assurée". J'appelle Benoît, "C'est qui ce type, t'as embauché quelqu'un sans m'en parler? — Mais non pas du tout". Le type avait pété les plombs, comme nous avions racheté le produit sur lequel il travaillait, il avait décidé de venir travailler chez nous. On a reçu des mails toute la semaine; vendredi il s'est excusé comme s'il se réveillait.»

Plus tard :
— Elle nous a dit que son mari avait acheté un ballon. Nous, on a commencé à délirer, ah ouais, cool, les passes dans le salon…
— …
— mais en fait c'était un vrai ballon, un Zeppellin.

Et un collaborateur à l'hôpital, un divorce pour cause d'indiscrétion FB (le triste de l'affaire, c'est le bébé de six mois), un prototype de puce perdu, un logiciel qu'on n'arrive pas à installer («Je te jure, ils étaient trois spécialistes, pendant trois heures devant l'écran, ils ont tous, je dis bien tous, cliqué sur "non" quand la fenêtre posait la question "Voulez-vous installer ce logiciel?" Il était temps que la semaine se termine.»)

Matinée déroutée

Comme l'école du plus jeune est en travaux, il doit passer le brevet des collèges dans un établissement inconnu, près de République. Je l'accompagne mais ne peux juger de la dalle mouillée de la nouvelle place puiqu'il pleut.

(Révision deux jours avant au cours du dîner:
Moi: — Tu dois te relire trois fois, en te consacrant à chaque fois sur un contrôle particulier, lesquels?
O. — L'accord du sujet et des verbes
Moi: — Oui
O. — L'accord des groupes nominaux
Moi: — Qu'est-ce que tu veux dire?
O. — Le féminin, le pluriel, les adjectifs
Moi: — Oui. Et?
O: — Euh…
Moi: — les é "é" et les é "er". Quel le truc?
O: — On remplace par dormir ou endormir.
Moi: — OK.
Moi: — Et j'en ajoute un dernier, contrôler futur et conditionnel. Comment tu fais ça?
O. — …
Moi: — En changeant de personne: il fera, il ferait.
C. — Ou alors, tu vérifies si tu peux mettre un subjonctif imparfait derrière. Si oui, c'est du conditionnel.)

Je m'inscris à l'ICP pour l'année prochaine. Soudain j'ai peur, l'année me fait peur, le programme m'effraie, j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Je demande à m'inscrire également en allemand théologique à l'institut protestant (il existe un partenariat), je ne suis pas sûre qu'ils me prennent et s'ils acceptent, je ne suis pas sûre d'avoir le niveau.

Deux examens médicaux, tout est normal, je n'en ai jamais douté (je suis venue ici il y a un mois avec une question, j'ai écopé de trois examens sans rapport avec ma question mais leur permettant de m'inscrire dans leur foutues petites cases "prévention", et je repars avec ma question à laquelle personne n'a essayé de répondre. Je ne pense pas revenir avant six ans, à quoi bon? Ils n'écoutent pas, leurs préoccupations ne recoupent pas les miennes.)

Bibliothèque. Beauchamp. Le soir La marque des anges.

Racines

Invité récemment dans un talk-show de la télévision tchèque, j'ai cité le poète polonais Norwid —"la Pologne, ce n'est que de la mémoire et des tombes"—, ce qui a provoqué un éclat de rire chez le public praguois du Théâtre Semafor, où l'émission était enregistrée, comme s'il s'agissait d'une bonne blague. On croyait sans doute que j'avais préparé cette plaisanterie pour la fin. Or il s'agit d'une vraie citation, et qui en dit long sur les Polonais.
[…] Durant les siècles de l'histoire polonaise, nous avons passé le plus clair de notre temps à lutter pour notre liberté, à défendre notre patrie en mourant par milliers. Par conséquent, les Polonais sont bien meilleurs pour célébrer les enterrements et les défaites que pour fêter les succès.

Mariusz Szscygieł, Chacun son paradis, p.208 (Actes Sud, 2012)


L'étrange quand je lis cela, c'est que j'ai l'impression que cela fait davantage référence à la famille de ma mère qu'à celle de mon père. A croire que c'est peut-être une chose qui les a rapproché, souterrainement.

Une exposition et une librairie

Vu les Macchiaioli, très agréables (sans compter le plaisir de revoir les tableaux de l'Orangerie). J'aime particulièrement les petits tableaux très allongés peints sur bois. J'essaie d'imaginer le monde en croisant les photos noir et blanc et les tableaux colorés du XIXe siècle, (un jeu commencé depuis une visite à Auvers/Oise et le film diffusé à côté de la chambre de Van Gogh), mais c'est difficile: pas de doute sur les fleurs, le soleil, le ciel, les arbres, mais les tissus, étaitent-ils si blanc, si bleu, si rouge?

Puis nous allons à la la librairie polonaise, je veux trouver des Szscygieł il n'y en a nulle part, nous remontons la rue Bonaparte, photos de Marie Curie et Einstein à 1800 euros dans une galerie ça me tente, nous trainons à la Hune qui a presque pris la place du Divan (il y a longtemps) (pas de Szscygieł), il ne pleut pas.

Nous arrivons à la librairie polonaise dix minutes avant la fermeture. Nous ne connaissons aucun nom présent sur les étagères, ou presque. C'est impressionnant, un peu vexant. Exaltation d'un monde à découvrir, c'est l'appel du large version librairie. (Comprendrons ceux qui savent). Les deux Szscygieł parus aux éditions Actes Sud sont en pile: «Il était là le premier juin, il est resté toute la journée.» Pincement de regret? Non, pas vraiment, en fait je ne tiens pas à croiser les auteurs, je n'ai rien à leur dire.
Nous achetons quatre Szscygieł, trois Gottland et un Chacun son paradis.

Un an

D'une AG à l'autre : un an que je suis dans ce poste. J'en ai encore pour quelques mois avant de me lasser, c'est varié.

La seule chose qui m'ennuie, c'est que nous allons déménager et passer du plus beau bureau de l'immeuble à l'un des pires, très sombre et orienté au nord. Tenir quatre ans, c'est environ le temps qu'il s'est toujours écoulé entre deux déménagements depuis que je suis dans ce groupe.

Remise des prix

Des catégories un peu inattendues (prix de l'amitié, prix du CDI, etc).

Claude a reçu le prix de la bibliothèque pour la variété de ses lectures et de ses centres d'intérêt. Cela me fait tellement plaisir pour tant de raisons différentes, à commencer par sa tendance à se dénigrer et à se comparer à ses frères.

Je suis contente, c'est la pianiste qui accompagnait la pièce de théâtre à la façon d'un film muet qui a été récompensée dans la troupe (cela a dû être difficile de choisir!).

Plaisanterie entre apprentis exégètes

O. Artus pendant le cours: «Wénin a fait le choix d'une lecture totalement synchronique et souvent psychanalytique, mais il ne faut jamais oublier qu'il connaît la Bible en hébreu par cœur.»

A la sortie, nous nous interrogeons:
— Ce n'est pas de la fausse modestie de la part d'Artus?
— Non, lui est spécialiste du Pentateuque, pas de la Bible en son entier.
— Ah oui, ce doit être ça : lui ne connaît que le Pentateuque par cœur, en hébreu, en hittite et en akkadien.

Sud immobile

Dans le bus, Jean-Pierre, breton, me confie ses réflexions sur le sud.

— Je suis restée chez ma belle-mère à Nîmes quinze jours et à la fin, je m'ennuyais. C'était toujours bleu. Le sud ne change jamais, le ciel est toujours bleu, la mer est toujours à la même place, le matin on sait à quoi va ressembler la journée. J'avais envie qu'il se passe quelque chose.


Et cette réflexion fit apparaître devant mes yeux Turner et Gauguin, Monet et Matisse, mouvement et immobilité, «mais c'est bien sûr!», tout s'expliquait.

Le Lot

Ramé toute la journée dans une harmonie de verts, vert des pentes et vert de la rivière.

Temps couvert le matin, moins couvert l'après-midi. Coups de soleil. Au fur à mesure de la journée, je me souviens qu'après la dernière randonnée de ce genre (sur la Seine?) je m'étais dit que je n'en ferais plus. Et je me souviens de la raison: le côté colonie de vacances pour adultes n'est vraiment pas mon truc, je n'arrive pas à entrer dans cette ambiance, je suis toujours à un poil de protester ou de me moquer.
Et je suis déçue que nous soyons moins attachés à réaliser "un beau bateau" qu'à prendre des photos en se plaignant du temps:

— Mais pourquoi? C'est intéressant la pluie, c'est différent.
— Oui, mais c'est moins beau pour les photos.

Voyager pour photographier est hors de mon champ de pensée.

Cahors

Rendez-vous à 10 heures à Neuilly. Descente à Cahors pour deux jours d'aviron.
Je dors, je lis et je conduis, dans cet ordre-là.

A l'arrivée, interloquée par les réactions de mon compagnon de route, qui s'esbaudit sur Cahors comme s'il n'avait jamais vu une ville de province française. («Et c'est bôôô», songé-je à Coluche, Dominique et Olivier). Et de râler contre le temps «parce que c'est moins beau sur les photos».

Fête de la musique (oups!). Cadurciens charmants, restaurant qui nous ouvre sa terrasse (il était complet) après avoir constaté en quelques coups de fil que nous ne trouverons pas de table pour huit dans tout Cahors.
Je bois beaucoup, et le Cahors ne fait pas mal à la tête.

The Bay

J'y suis allée à cause de Chasepeake Bay, bien sûr.
C'est un film qui mérite d'être vu, construit avec soin, que son affiche, orientée "film d'horreur" va desservir. Dommage, je le regrette vraiment.

L'aspect "terreur" est tamisée par le fait que c'est une survivante qui raconte. La technique "caméra à l'épaule" fait penser à Cloverfield. Les indices sont donnés peu à peu puis liés les uns aux autres. Le suspense est entretenu en nous avertissant de la mort prochaine des uns et des autres. Les détails sont soignés, comme les taquineries du savant contre l'accent français de sa collègue.

Sinon bien sûr il y a quelques incohérences (les symptômes changent à travers le temps, et il me semble impossible de remplir la baie d'eau de Javel!) Mais ça n'a pas d'importance.

---------------------------

Agenda :
Le soir je rejoins A. à l'hôtel vers Alésia (épreuve de math à 8 heures demain, nous ne prenons pas le risque qu'un dysfonctionnement du RER lui fasse rater son bac) et nous dînons dans un petit restaurant, Le Maine Bar (2 rue des plantes), à la déco vieillote (vieilles affiches, carrelage petits carreaux) et aux plats soignés (genre carpaccio de tomates aux écrevisses).

Pas d'ordinateur, je m'endors comme une masse à neuf heures et demie.

Leonard Cohen

J'avais pris les billets en décembre sur un coup de tête.

Ce fut très impressionnant, car il était clair que le public et lui étaient venus se dire adieu, se voir une dernière fois. L'atmosphère était à la ferveur et c'était très émouvant.

Sinon : une voix très grave et des musiciens extraodinaires.

Oh Boy

Noir et blanc. Plastiquement beau, de plus en plus beau au fur à mesure que le film avance.

Ce n'est pas un film rationnel, ce n'est pas un film sentimental. C'est un film qui émeut en touchant l'affect, pas les sentiments (quelle est cette nuance, je ne sais).

Je spoile un peu, mais ça n'a guère d'importance.
C'est l'histoire d'un type qui voudrait boire un café.
Le héros est un looser: cela fait deux ans qu'il glande à Berlin en prétendant travailler son droit. Son père s'en aperçoit et lui coupe les vivres. Début de l'errance.
Il ne sais rien faire, mais il est bien élevé et poli, ne profite jamais d'une situation et ne repousse personne (toutes les faiblesses d'une bonne éducation non soutenue par une situation sociale, pensé-je) : par conséquence les gens se confient à lui.

A un moment donné, il commence à dire: «Parfois je trouve les gens bizarres, et puis je me dis que comme ils sont tous bizarres, ce doit être moi qui suis bizarre». La confidence est interrompue, mais nous spectateurs dans la salle avons envie de nous précipiter à travers la toile pour le rassurer: «Non je t'assure, tu es le seul "normal", les autres sont vraiment bizarres, tu ne rêves pas».
Histoire allemande en filigrane, le film sur le nazisme bourrés de clichés, le vieil homme qui revient à Berlin après avoir passé sa vie à l'étranger et raconte ses souvenirs: «Et je chouinais, tu sais pourquoi? Parce qu'avec tout ce verre je ne pourrais plus faire de vélo.»

Un très beau film sur la rencontre, les rencontres, ce mystère que demeure l'autre qui ne peut sortir de son corps pour se dévoiler pleinement (et pourtant, tentative: voir le spectacle de danse).

Bois-le-Roi dernière

Qui ici connaît les R.A.B., et surtout les dernières R.A.B.?
Dernières Rubriques-à-brac, c'est par là que j'ai commencé à lire les Rubriques-à-brac, par la fin (le tome 5, je crois), et chaque fois que je dis adieu à quelque chose, je pense «Dernières R.A.B».

Dernier après-midi à la bibliothèque de Bois-le-Roi. Je l'aurai vraiment beaucoup aimée. Small is beautiful. L'année prochaine, si tout va bien, A. sera à Lisieux.

J'ai été bien inspiré de la prendre en photo, car la moitié gauche du vantail a disparu, le trottoir a été goudronné noir brillant sur un mètre cinquante de large, et bientôt une rampe d'accès sera construite au niveau du perron pour permettre aux poussettes de passer.

Pathologie professionnelle

Conversation dans les vestiaires :

— Et toi, comment ça va ?
— Ça va mieux. J'ai une AG à organiser, et comme je suis nulle en organisation, j'ai eu de sérieux problèmes de délais…
Elle m'interrompt, paniquée, une main sur le cœur :
— Me dis pas ça ! Je suis juriste, j'défibrile !


Sinon, vu un très jeune cygne sur le dos de maman cygne (ou papa: comment savoir?). C'était la première fois.

Nervosité

Grève sur la ligne D. Les gens sont agressifs comme je ne les ai pas vus depuis longtemps, eux qui avaient tendance à rire et plaisanter pour supporter les "bêtises" de la SNCF (c'est vraiment comme cela que je le ressens: des bêtises, des caprices d'enfants gâtés; et les plaisanteries comme cette âme "bien française" dont parle autant Proust que San-Antonio). Est-ce le mauvais temps, les mauvaises nouvelles, la crise, certains se seraient écharpés («Monsieur, vous appuyez sur mon bras»). Un instant à gare de Lyon, j'ai cru que quelqu'un allait être écrasée par la foule, j'ai entendu crier.

Puis rien.

Le pire, c'est que je sais que si un tel drame survenait, toute grève serait suspendue pour quelques semaines.

Mise sous pli

Huit mille mises sous pli à la main (! oui je sais, jamais je n'aurais imaginé que ce n'était pas mécanique), je passe les détails. Ç'aurait dû partir vendredi dernier au plus tard.

Nous continuons demain. (Ma tête quand ayant dit «Si c'est un problème de livraison, je prends un taxi et j'arrive», je me suis entendu répondre «A Limoges?»: trois jours de perdu pour un appel d'offre pour l'impression de huit mille enveloppes T (obligatoire, c'est dans les procédures), suite à cet appel d'offre choix d'un imprimeur en Charentes (oui, Limoges n'est pas en Charente, je sais. Je ne raconte que ce que j'ai constaté ou entendu), trois jours ensuite à cause d'une livraison totalement fantaisiste où il est impossible de démêler les responsabilités du fabricant de celles du transporteur (de sacrés menteurs, en tout cas)).

Ce qui fait plaisir, c'est que toutes les entreprises adhérentes à la mutuelle ont répondu présentes quand j'ai appelé au secours (littéralement: un mail aux RH intitulé "appel à l'aide"): elles ont toutes détaché quelques personnes une demi-journée. La solidarité fonctionne encore, tout n'est pas perdu.


J'ai embauché mon fils aîné une demi journée.
— Mais tu es responsable, pourquoi tu fais ça?
— Parce que nous ne sommes que deux à la mutuelle, et que quand on est planté et qu'on fait appel à tous, il faut montrer l'exemple.


Sans transition: lire le billet d'Elisabeth sur les fleurs et plumes de la Belle Epoque.

Suite

Je suis en train de maigrir au rythme où j'ai grossi, deux cents à trois cents grammes par semaine. C'est bien. Ce que je ne sais pas, c'est à quel poids de stabilisation cela va me mener. On verra bien, nous n'en sommes pas encore là.
L'intérêt principal de cette façon de manger, c'est que la quantité n'est plus un problème. Il n'y a pas de restriction sur la quantité, même si le réflexe de contrôle reste bien ancré. Il faut juste surveillé quoi, pas combien. Quoi: pas le blanc, le beige: farine, céréales, riz, pommes de terre. Mais le saucisson, oui, et même la peau du poulet dont je me suis privée toutes ses années "parce que c'est mauvais pour la santé". Et la salade de poulpe. Je remplace le pain par de la salade quand je suis à la maison (pour le fromage).
Et je n'ai pas faim. Ce que je pensais être de la faim "psychologique", que je comblais en buvant des litres de thé, était de la vrai faim. Et quand j'ai envie de manger des noix de cajous ou des pistaches, j'en mange (heureusement qu'il n'y en a pas au bureau). Et des petites sardines à l'huile. Bref, le bonheur. Et donc je mange plus tranquillement, plus lentement, avec plaisir. Combien de temps cela va-t-il durer, vais-je vraiment maigrir ainsi? C'est dur à croire. Mais il faut aussi se muscler.

J'ai abandonné les exercices Nerd fitness, trop contraignants. Je vais me contenter des pompes, que j'aime bien.

Concernant le kung-fu, la fièvre est retombée.
D'une part je me dis que cela va me prendre du temps. En réalité c'est un faux problème, parce que je ne fais rien aux heures où se déroulent les cours de kung-fu (rappelons que l'idée est un cours en cachette en 2013-2014, puis si cela me convient, deux cours l'année suivante): je ne lis pas, je ne travaille pas. Je ne lis pratiquement que dans le RER (mais j'ai gagné en vitesse de lecture cette année. L'important en fait, c'est de couper FB. Ce truc ronge la vie.)
D'autre part je me dis que cela me fera rentrer tard un soir de plus et je culpabilise vis-à-vis d'Olivier. Le plus simple serait peut-être de le mettre dans la confidence. Est-ce déloyal de rendre complice son enfant de quinze ans? Il me semble que oui.

Astucieux

Nous avons mis les enfants dans un lycée privé parisien.
Avantages: une vie plus douce, plus policée (exemple: effarement de nous parents quand ils nous ont déclaré avec satisfaction qu'ils pouvaient laisser leur sac dans la cour sans surveillance sans qu'il soit vandalisé: pour eux cela tranchait avec ce qu'ils avaient connu jusqu'alors (mais nous n'étions pas au courant: eux pensaient que c'était normal et n'en avaient jamais parlé)) et des adultes omniprésents pour prendre soin d'eux (c'est vraiment le terme: je suis très impressionnée par l'accompagnement (ie, plus que de "l'encadrement") dont les enfants bénéficient, je n'ai jamais connu ça).
Inconvénient: beaucoup de transport, une heure de "pendulation" matin et soir tandis que la plupart des élèves habitent à dix minutes du lycée. La politique en fait de retard le matin est stricte depuis trois ou quatre ans car de plus en plus d'élèves arrivaient en retard pendant les vingt premières minutes du premier cours de la journée.

Ce matin A. reste à la maison pour la semaine de révision avant le bac (déjà! c'est incroyable, je n'ai rien vu venir).

Je dis à O. : — Dépêche-toi, ce matin, on ne pourra pas dire que c'est à cause de A. que nous sommes en retard.
— De toute façon, j'ai trouvé le truc: quand j'arrive en retard à huit heures, je dis que je suis désolé, que nous sommes partis en retard de la maison, à sept heures au lieu de sept heures moins le quart. Les profs me regardent et me laissent entrer.
— Toi et tes yeux de Chat potté!
— Je ne fais que dire la vérité.

Malveillance

Nous avons dégagé le chêne. Le tronc fait huit à dix centimètres de diamètre. A la base, un coup de scie, sur la moitié de la surface, remontant à six mois ou un an.
Le plus probable est que le père de notre voisin qui déteste les arbres (il les a tous fait couper à son fils quand ils ont construit sa maison il y a dix ans, y compris un magnifique chêne de trente à quarante centimètres de diamètre qu'il était sans doute illégal d'abattre) a profité de notre absence pour saboter notre jeune chêne en se disant que celui-ci finirait par tomber (ce qui était terriblement dangereux).

Aujourd'hui c'était la fête des voisins. Je n'y ai pas participé (journée Pentateuque), mais il paraît que le père a soigneusement évité le regard de H. et n'a pas dit bonjour à A.

Nous ne dirons rien parce que nous aimons bien notre voisin et que nous ne voulons pas l'embarrasser (nous sommes sûrs que son père ne lui a rien dit). Mais c'est triste.

Samedi

Un peu sonnée après l'examen de grec, beaucoup plus difficile que celui de janvier (j'ai oublié de dire que nous ne faisons que de la version, ce qui permet aussi de comprendre comment nous parvenons à faire en un an ce qui en prend plusieurs à la fac).

Je rejoins H. devant La Procure. Malgré mes réticences (car je sais comment cela va se terminer), il insiste pour que nous traversions le marché de la Poésie.
J'ai la surprise et le plaisir de découvrir un stand entier (ou presque) consacré à Maurice Carême.
Nous croisons Bernardo. Nous passons de stand en stand. Je ne veux m'arrêter nulle part parce que je sais que la vie est si dure pour ces éditeurs que je me sens une obligation d'acheter quelque chose.
Il est tard, je n'ai pas le temps de m'arrêter au stand de Fata Morgana, ni à celui des Editions de la salle de bain voir s'il y a des Pranchères ou des Régniez pour compléter mes collections. Je repasserai demain.

Et donc (quand je disais que je savais comment tout cela se terminerait):
- Maurice Carême, La bille de verre;
- Maurice Carême, Le jongleur;
- Marie Borel, Le léopard est mort avec ses tâches;
- Michel Clavel, De ma main gauche (je n'avais pas compris que c'était à prendre littéralement!);
- Jacques Roubaud, Ma vie avec Lacan (un récit si minimaliste qu'il illustre qu'avoir un nom permet d'être publié!);
- David, Psaumes pénitentiels (Orphée : bilingue hébreu);
- William Carlos Williams, Asphodèle (Orphée, bilingue anglais);
- Jean Richepin, La Chanson de gueux (Orphée);
- Lewis Carroll, Jabberwocky et ses huit traductions de la première stophe publié au Castor astral (j'en prends deux, un pour offrir).

Sieste (deux heures contre cinq la semaine dernière: en progrès).

Orages. Durant le dîner je regarde par la fenêtre et remarque une poutre en travers du portique. J'essaie de comprendre et découvre avec horreur que notre petit chêne s'est déraciné. Il s'était planté seul et avait poussé à un endroit imprévu, nous n'avions pas eu le cœur de l'arracher quand il avait un an. Il devait en avoir sept ou huit, je craignais que notre voisin nous le fasse arracher quand il menacerait de son ombre son potager.
Problem solved. Mais que s'est-il passé? Trop de pluie? Des racines peu profondes? Du vent?
Nous avons le cœur gros. J'étais heureuse d'avoir un chêne qui s'était planté de lui-même chez nous. Une impression enfantine d'élection.


Blagues mathématiques

Constante et Exponentielle sont dans un bateau. Constante crie :
— Au secours, on dérive !
— C'est pas grave, répond Exponentielle.

Un Cosinus s'est égaré dans une soirée pleine de Sinus. Il est tout seul, personne ne s'occupe de lui, il se sent triste. Au bout d'un moment, se sentant abandonné, il décide de partir.
Alors un Sinus le rattrape et lui dit gentiment: "Reste, on va t'intégrer".

Doc gyneco

Bon. Bizarrement parler de tuyauterie intime me gêne davantage que "montrer mes fesses sur internet".

Comme je suis profondément convaincue que notre santé est d'abord de notre responsabilité (et que ce n'est que lorsqu'elle devient hors contrôle qu'il est urgent de consulter), je n'ai pas tendance à la confier à une personne extérieure mais plutôt à suivre quelques repères, mon poids, la chute des cheveux, la fatigue, etc. Comme nous avons le même médecin depuis dix-huit ans, il établit les certificats pour le sport en me voyant un an sur trois en faisant confiance à mon appréciation entretemps.

Bref, tout cela pour dire que cela faisait cinq ans que je n'avais pas vu de gynéco et que je me suis fait engeuler (enfin, décembre 2008: quatre ans et demie).

Comme je rencontrais un nouveau médecin (j'ai laissé tomber la précédente dont le manque d'écoute était la cause de mon manque d'assiduité), il a fallu constituer un dossier: antécédents médicaux, grossesses, accouchements… (Il paraît que je suis «très nature». Je dirais plutôt: non-interventionniste. Ne pertubons pas ce qui marche (en croisant les doigts: «pourvou que ça doure».))

Les questions m'ont amenée de fil en aiguille à raconter que du côté maternel, ma mère, une tante et ma grand-mère se sont fait enlever l'utérus pour cause de fibrome. Je l'avais plus ou moins oublié, c'était un souvenir auquel je ne pense jamais.
Et j'ai brutalement pris conscience que ma mère avait deux ans de moins que moi aujourd'hui quand elle a été opérée.
Cela m'a fait un choc.

Enfin

Enfin un coup de soleil après un déjeuner en terrasse.

Sinon, gros fail au bureau. Les envois qui devaient être terminés vendredi soir ne le seront que dans une semaine (la mise sous pli est entièrement manuelle! J'étais à mille lieues d'imaginer cela). Nous serons hors des délais légaux. Je me sens vraiment stupide à ne pas m'être méfiée davantage.
Il ne reste qu'à attendre le 25 juin pour me faire descendre en flammes. Bon. Quand le vin est tiré, le lait versé, etc.

Vu mon "chargé de TG". Ça me rappelle ce que mes amis en math sup appelaient "aller à confesse". J'en suis ressortie avec un conseil de lecture: Joseph et ses frères de Thomas Mann "pour cet été".

Je passe à Malraux (la bibliothèque), il n'y a pas le tome (de l'histoire de Joseph) qui m'intéresse. Je prends Abattoir 5.

Retour en Vélib, bords de Seine depuis Bastille jusqu'à gare de Lyon, les berges gardent la marque de la décrue en cours (marques blanches sur les pierres puis plus vertes ou marron plus près de l'eau).

Sur l'eau

La Seine descend. Les retenues d'eau en amont sont pleines (lac du Der, etc), il va falloir les vider je suppose, nous allons avoir beaucoup de courant plusieurs jours encore.

Vincent a fini par autoriser les sorties, uniquement en yolette, aller retour dans le petit bras de l'île de la Jatte. C'est tout à fait exceptionnel, normalement nous descendons (sens du courant) par le grand bras (où passent les péniches) et remontons par le petit.

De loin j'ai aperçu une cane et deux ou trois canetons. Tous les cygnes de l'automne ont disparu, peut-être sont-ils retournés en Angleterre (la légende veut qu'ils viennent des parcs anglais, partis quand la reine a demandé qu'on ne les empêchât plus de voler). Ou il y avait trop d'eau pour qu'ils puissent nicher et couver (est ce qu'un cygne niche?).

Je n'ai pas d'ampoule mais le dos ankylosé. Dès que j'aurai un peu de temps il faudra que je me fasse remettre d'aplomb une ou deux vertèbres.

Clément est parti à Londres en bus.

La blague du dimanche

Elle a sans doute circulé sur FB sous forme de dessin, mais comme je suis coupée de tout ça, je la raconte à l'ancienne:

Un homme et une femme sont au lit.
Un homme ouvre la porte et la femme s'exclame:
— Ciel, ton mari !

Concert ce soir

J'aurais dû écrire ce billet hier mais il n'est pas trop tard pour les Parisiens: ce soir à 17 heures au temple des Batignolles (à cent mètres de la place de Clichy), deuxième concert des concerts gais. J'y étais vendredi soir et je vous le recommande (je suis toujours embarrassée quand il s'agit de parler de musique, car je ne sais pas en parler, justement).

Le programme se concentre sur le XXe siècle et j'ai regretté de ne pas y avoir emmené O dont c'est le thème en histoire de l'art au brevet des collèges.

- Ouverture de La Fiancée du Tsar de Rimski-Korsakov
- Pelléas et Mélisande de Fauré
- Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy
- Concerto n°1 pour violoncelle de Saint-Saëns

En sortant, zvezdo me confiait qu'il avait rencontré nombre des instrumentistes via les blogs: klari (j'ai longtemps cru que c'était le pseudo parce qu'elle jouait de la clarinette (elle ne joue pas de clarinette)); son voisin de pupitre (que sans connaître j'avais autrefois repéré grâce à ce billet), etc (sans compter les blogueurs de l'assistance: Philippe, Joël, (moi), et tous ceux que je ne connais pas.)

Comment connaître l'âge de son charcutier

— Vous auriez du saindoux?
— Oui. Il ramène un bloc blanc sous film plastique, 5x10x12 cm. Vous en voulez combien?
Moue dubitative — Ça dépend, ça se conserve bien ?
— Ça? C'est immortel, c'est Highlander!
— Hum, vous avez de bonnes références… Mais vous êtes trop jeune pour connaître ça!
Offensé — Mais non, pas du tout, je suis né en 1984 in petto je décide de ne pas lui dire que c'est l'année de mon bac, je connais même Goldorak.
— Goldorak, en 84? Ah non, ça devait être Alvator… Ou alors après tout je n'en sais rien, c'est justement le moment où j'ai arrêté d'avoir la télé c'était des reprises.
— Mais si, je regardais le club Dorothée!

Bref, j'ai pris la moitié du morceau.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.