Billets pour la catégorie Réflexions méta-bloguiennes :

Pourquoi les pdblogs ?

Ce fut la question de Gvgvsse, me regardant dans les yeux, attendant visiblement une "vraie réponse", quand je le rencontrai en mai 2005.

Evidemment, la réponse qui vient est "Pourquoi pas?"
L'autre est "Quelle question bizarre, pd n'a jamais été un critère, je ne choisis pas selon ce critère".
La vraie réponse est «Je ne sais pas».
L'autre réponse est «Je ne l'ai pas fait exprès» ou «c'est un hasard» (une recherche sur versatile qui m'a fait tomber sur un billet de Matoo).
La dernière réponse possible est «c'était peut-être inévitable pour une lectrice de Renaud Camus». (Absurde: j'ai commencé par Du sens et Répertoire des délicatesses du français contemporains, qui sont très neutres de ce point de vue: je le répète, l'homosexualité n'est pas un critère de choix).

Quoi qu'il en soit, la question de Gvgvsse a continué de me turlupiner: est-ce que c'était bizarre, de ne lire que des blogs pd? Evidemment, la raison principale du phénomène, c'est qu'ayant commencé par lire Matoo, puis ayant circulé dans ses favoris, I was trapped. Finalement, celui qui m'a permis de sortir de cet enfermement, c'est Philippe[s] (trouvé, lui, par une recherche Google avec "Renaud Camus" en mots-clé), car ses favoris sont d'une autre nature (qui détermine un monde tout aussi clos).

Mais la question reste, ou plutôt est ré-avivée, quand un ou deux de "mes" lecteurs masculins hétéros m'avouent ne pas accrocher avec mes blogueurs favoris. «Tant pis», pensé-je avec philosophie, ou «ça ne m'étonne pas», si je suis d'humeur sardonique.
Je me souviens de la surprise de Matoo, et aussi de quelque chose qui ressemblait à du soulagement, quand papotant pour la première fois ensemble, il s'exclama «mais t'es pas une fille à pd, alors», me laissant interloquée (mais qu'est-ce que c'est et pourquoi préfère-t-il que je ne le sois pas?). Plus tard, au cours d'une soirée, un certain Yann me peignit un tableau moqueur de la FAP: «Ça commence à l'adolescence, elles sont grosses, moches,…» C'était méchant et moqueur, et j'ai plaint ces filles dont j'ai soupçonné le besoin de chaleur humaine et d'amitiés gratuites (mais après tout je n'en sais rien, ces mondes-là me sont à peu près inconnus). Mais bon, Yann, c'est spécial (pas du tout mon genre, mais ça me ferait bigrement plaisir de le revoir parce que par une de ces alchimies inexplicables, on s'amuse bien (les mêmes dispositions naturelles à la langue de vipère, je suppose).)

Récemment, j'ai lu une phrase de Kozlika qui m'a arrêtée: «Ah tiens, c'est bien la première fois que je me sens d'emblée si à l'aise avec un hétéro.»
Je ne dirais pas ça mais je comprends parfaitement ce qu'elle veut dire. Ce qui m'ennuie, c'est que je suis incapable de l'expliquer.
Pourquoi ne serait-on pas spontanément à l'aise avec un hétéro? «Méfiance, méfiance, mais qu'est-ce qu'il me veut?»
Pourquoi serait-on spontanément à l'aise avec des homos? (ce qui n'est pas mon cas, d'une part parce que je n'ai pas de "gaydar", je suis même totalement nulle (ce genre de catégorisation ne m'a jamais intéressée), d'autre part parce qu'il y a a des homos avec lesquels je suis très mal à l'aise…)
La distinction de Kozlika est inopérante dans mon cas. Mais cependant… Il existe un soulagement (qui doit paraître incompréhensible à beaucoup) à NE PAS être l'objet d'intérêt principal. Je me souviens de mon amusement à constater que mes hommes préférés étaient finalement les hommes amoureux (d'une autre), les hommes passionnés (d'un sujet), les prêtres (qui peuvent entrer dans la catégorie précédente), bref, ceux qui n'ont d'autre intérêt à parler avec moi que le désintéressement et leur propre passion.
Il est possible que je sois une exception, comment savoir, puisque je ne parle pratiquement qu'avec des garçons (comme dirait Kozlika) depuis toujours, sports et maths obligent.

Finalement, j'aurai passé mon temps à faire oublier que j'étais une fille jusqu'au moment où je me serai rendu compte que ce n'était pas réellement possible, et qu'une paire de talons et un peu de maquillage et un sourire pouvaient obtenir beaucoup de choses1, ce qui est, avouons-le, profondément décevant.

Enfin, j'ajoute que la phrase de Kozlika m'a rappelée les phrases de Nuruddin Farah: «Les femmes sont comme les fourmis, elles ont développé une sensibilité au danger, elles ont développé des antennes comme les fourmis pour interpréter un sourire, un cadeau… (un cadeau n'est jamais gratuit)». Nuruddin Farah m'a profondément étonnée, j'ai eu l'impression qu'il avait compris quelque chose : «il va falloir payer» est une arrière-pensée inconsciente, les femmes (ou juste moi?) ne croient pas beaucoup à la gratuité… Je me souviens de Marilyn Monroe, qui sortait draguer dans les bars pour s'assurer de sa séduction (oh ce doute des femmes), et qui disait toujours oui en posant pour seule condition «d'être gentil». Cette condition est si triste.

Parfois je me dis que je suis complétement folle, très très parano (j'ai au moins un ennemi pour le penser) et que c'est totalement ridicule. D'autre fois je me dis qu'un homme blanc hétéro dans la société occidentale, c'est-à-dire dans une société entièrement taillée à sa mesure depuis des siècles, ne peut pas voir la société dans laquelle il vit, comme un poisson ne peut avoir conscience de l'eau, et je le plains un peu.



Note
1 : reconnaissons la grande complicité avec certains (généralement la catégorie "amoureux d'une autre") qui vous voient faire, le savent, et s'offrent le plaisir de céder malgré tout (je parle de sujets professionnels) tandis que je sais qu'ils savent et qu'ils savent que je sais… Cette complicité-là est merveilleuse. (En plus simple, il y a tous les gestes de la galanterie ancestrale qu'une bonne féministe devrait refuser mais que je trouve si agréable en compagnie d'un homme intelligent.)

Outils

Je m'absente donc une semaine. Je n'ai pas eu le temps d'installer (de faire installer) un anti-spam sur ce blog donc pas de panique s'il est brutalement envahi par n'importe quoi, je ferai le ménage en rentrant. (C'est une évidence, mais comme je déteste voir le blog des autres soudain envahi de mauvaises herbes, j'ai à cœur de vous prévenir).

Je ne sais pas si je pourrai écrire. Il y aura des e-cafés, bien sûr, mais la difficulté n'est pas technique : en vacances comme en week-end, le temps ne m'appartient pas, ce sont les moments où je suis le moins libre. C'est le temps de la contrainte. Il ne faut pas trop que j'y pense.
On va dire que le besoin de vacances me rend pessimiste.
Enfin, on verra bien.


PS : J'ai hésité sur le livre à emporter : les cinq tomes restant du Vicomte de Vaullabelle ou Journal de Travers? Finalement j'emporte le tome I de celui-ci, uniquement pour ne pas être trop à la traîne de vos lectures conjointes… Cela m'ennuie parce que je sais que chaque page va faire naître des correspondances que j'aurai envie de vérifier et que je n'aurai ni ma bibliothèque ni Vaisseaux brûlés sous la main.

À ce propos, pour ceux que cela amuse, je signale qu'il est toujours intéressant de faire une recherche sur un ou des mots dans Vaisseaux brûlés. (Utilisez le point d'interrogation en marge de droite).
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.