Billets qui ont 'Larissa' comme ville.

Volos

Pas travaillé ce matin car je devais lire un article que j'ai téléchargé sur Cairn : donc comme j'étais sur mon ordinateur, j'ai surfé. Damné wifi.

Un peu d'hésitation, que faire ? Finalement ce sera Volos (avec un bêta prononcé vé), porte d'accès au Pélion, région montagneuse dans laquelle se cacha Jason. Le guide bleu nous promet un circuit d'une beauté extraordinaire, deux cent trente kilomètres sans dépasser le trente à l'heure… Nous savons aussitôt que nous n'irons pas bien loin, il est midi passé quand nous atteignons Volos.

Nous cherchons la rue "du bazar". Même si trente ans après l'écriture du guide elle a disparu, son emplacement se reconnaît à une animation certaine. Comme toujours, tous les Grecs sont en train de prendre du café (un frappe) en terrasse à l'heure de l'apéro. Ils ont sorti les pulls et les doudounes, il fait froid (18°). J'achète des collants pour éviter d'acheter un pull (si, c'est logique: en couvrant les jambes j'arrête la sensation de froid).

Nous mangeons trop, encore, dans un restaurant choisi d'après sa clientèle (des groupes de Grecs en tous genre, jeunes et vieux. Est-ce qu'ils ne travaillent jamais?) et son nom : Ouzo therapy.
Je pense avoir compris ce qu'il faut faire ici : les plats sont conçus pour que tous y pioche, il faut en commander un ou deux qui intéressent tout le monde, puis en recommander au fur à mesure, et non commander comme en France, entrée, plat, dessert. Sinon on se retrouve avec des quantités bien trop importantes que l'on n'ose pas laisser, pour ne pas gaspiller, pour ne pas vexer, et parce que c'est bon. Et lorsqu'on nous avons réussi au bord de l'épuisement à achever les plats commandés, le restaurateur grec vous achève : à l'orientale, il vous apporte, en cadeau, gratuitement, un dessert… qu'il faut manger puisque c'est un cadeau (du moins nous ne pouvons imaginer qu'il en soit autrement).
Nous commandons un café, nous le choisissons grec, bien sûr, et nous voyons notre hôte, qui a acquiescé à notre bon goût, sortir chercher deux tasses au bar à côté.

Nous grimpons quelques kilomètres du Pélion. La végétation change selon le versant des collines, verdoyante ou râpée. Nous surplombons la mer. La route est très étroite et très raide, bordée de maisons de place en place (mais pourquoi habiter là? C'est joli mais pas pratique, en hiver ce doit être terriblement dangereux quand il gèle). Le Grec reste grec et se gare en double file absolument n'importe où, à l'entrée ou à la sortie des virages, il traverse de même, et il arrive qu'il double (ce qui est plus étrange car la conduite ici est nonchalante, ce n'est pas l'Italie pressée) dans des endroits impossibles.
Je crois qu'une petite voiture jaune qui montait a dû avoir la peur de sa vie quand à l'entrée d'un virage elle s'est trouvée nez à nez avec un car ukrainien qui descendait la montagne, debout sur le frein (H. le suivait, en seconde).

Nous rentrons. Arrêt à Larissa que nous aimons beaucoup, retour dans "notre" restaurant, The Alley. Mes magasins sont fermés. Après étude, il apparaît que les magasins privés ouvrent à peu près de 9 à 14 heures. Les lundi, mercredi et vendredi, ils rouvrent entre 18 et 21 heures (c'est ce qui donne des rues si animées). Les édifices publiques ne rouvrent pas. Quelques musées ouvrent jusqu'à 17 heures mais c'est plutôt rare. Cela ressemble à Venise, la culture exige de se lever tôt. Voilà qui rend les musées quasi inaccessibles à des gens comme nous, surtout s'il y a d'abord une ou deux heures de route.
Séance de cartes postales au restaurant, en buvant un Coca pour digérer (difficile de trouver des cartes, des timbres. A Volos, j'ai photographié la queue à la poste : il y a des chaises et des tickets pour les ordres de passage).

Le soir bagages en regardant d'un œil Le surfer d'argent. C'est insupportable de nullité, même sous-titré en grec.

Objectif Météores

J'ai vu l'aube rouge sur la mer, je me suis recouchée.
J'ai lu une heure (théologie) dans le bruit des vagues sur la terrasse au soleil déjà presque haut. La musique a repris à huit heures du matin.
Petit déjeuner à base de feta et concombre. Deux fois j'ai appuyé sur l'appareil pour avoir de l'eau chaude dans ma tasse (car je n'aime pas les faux-cols). Deux fois c'était trop, j'en ai mis partout. La serveuse m'a gentiment montré comment arrêter (bouton stop sur la machine d'à côté) l'eau la deuxième fois. Je me suis souvenue la façon dont je m'étais fait engueulée à l'auberge de jeunesse de Berlin pour exactement la même raison.
Je n'aime pas les faux-cols.

Dix heures, direction les Météores, étape Larissa.
— Gare-toi là !
Docile, il s'exécute puis demande : — Pourquoi on s'arrête ?
— Ben je ne sais pas, c'est toi qui a programmé une étape Larissa sur Waze.
— Mais c'était une étape dans la définition du trajet, pas pour s'arrêter !

Nous sommes malgré tout descendus de voiture. Ville aux rues en travaux, ville vivante, amusante, aux rues ombragées. Nous avons acheté un short, du thé, des filtres à thé, des lunettes de soleil (Gucci !), un fil pour tenir les lunettes quand on fait du sport (avec flotteurs pour ne pas les perdre dans l'eau), du Canderel. Nous avons pris une Guinness en terrasse et mangé un risotto et une salade agrémentée d'une sauce purée de framboise/vinaigre. Le café s'appelle Bukowski et parmi les "strong drinks" classe l'eau gazeuse (mais propose aussi des "stronger drinks", et même des "strongest", heureusement).

Deux heures. Plein ouest. Il fait trente dans la voiture (la température ne descendra que dans la nuit, à vingt-sept, vingt-cinq). Route droite, paysage pelé. Quatre voies séparées par un terre-plein: voie de gauche à 90, voie de droite à 70, voie qui quitte la route à droite à 50. Oublions ces râleurs de Français. Les Grecs sont toujours les mêmes au volant, bienveillants et négligents, s'arrêtant n'importe où pour faire n'importe quoi — mais ne klaxonnant jamais quand vous en faites autant.

Puis la ville sous les rochers, à flanc de rocher, les rochers nus, abrupts, immenses, noirs-bruns, arrondis par la pluie. La route continue. Premier monastère, Sainte Barbara, tenu par des religieuses. Nous montons, nous visitons. Beaucoup de slaves, des Russes. Une nonne orthodoxe strictement voilée à l'entrée. Un panneau recommande (en grec, anglais et russe) d'être vêtu "modestement". Des peintures dans l'église, nouveau testament, peintures des martyres des saints. Nous déchiffrons les caractères grecs, reconnaissons quelques martyrs aux instruments de torture (les flèches, le gril, etc).
Le jardin en contrebas est très beau.
J'achète du miel, forcément, toujours du miel dans les monastères, et quelques cartes postales.

Nous escaladons la montagne (cyclamen sauvages rose pâle), redescendons, allons au monastère suivant, puis le suivant. Ils sont fermés depuis une heure, nous montons, descendons, une passerelle, une atmosphère de photos chinoises, de monastères bouddhistes… Les chiens dorment au soleil et se déplacent à peine quand la voiture arrive. Les animaux sont faméliques et confiants. Impression de silence et de solitude au milieu de la poignée d'égarés qui comme nous montent les marches en sachant la porte close.

Retour à Larissa, les rues sont animées, dans le parc un concert apparemment dédié à réclamer l'accueil des réfugiés. Des caricatures font froid dans le dos qui dénoncent la collusion de l'Eglise orthodoxe et de l'extrême-droite. Que se passe-t-il réellement ici?
Il est huit heures, il fait nuit. Les terrrasses sont pleines de gens qui boivent un verre, nous nous installons, un ouzo, une planche… En attendant les plats je colle un timbre sur les cartes postales, timbres que H. a trouvés dans une gargotte où il est descendu acheter de l'eau:
— Vu où je les ai achetés, tu ne devrais pas lécher ces timbres pour les coller.
Je ris: — T'inquiète; regarde, je bois un peu d'ouzo pour désinfecter…
Il est franchement dégoûté: — Mais non, je t'assure, la vieille a soufflé dessus avant de me les donner.
Je ris et continue.

Larissa est vraiment étonnante, est-ce toujours ainsi, ou seulement le vendredi? Tout le monde est dans la rue, avec les enfants de un ou deux ans si nécessaire.
Une pharmacie affiche "Sophie la girafe" sur son panneau lumineux: mais pourquoi? (et je songe à Nancy, février 2017).
Nous rentrons, autoroute à 120.
Je suis fatiguée, trop de soleil, trop de vent.
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