Billets qui ont '2016-09-29' comme date.

Jusqu'en bas de la pente

A propos du manuel d'un logiciel de gestion de concessions et de localisation de tombes 1 à destination des Américains.

— On a downgradé nos explications pour les cimetières. On est passé de "tomb" à "grave", on a fini par "spot".
— Non, c'est pas vrai !
— Si. J'ai eu envie de rire 2 mais je n'ai rien dit.





1 : Et devant cette syntaxe Flaubert se retourne dans la sienne.
2 : Evidemment, ce n'est drôle que pour ceux qui connaissent The Big Bang Theory (TBBT) et l'obsession de Sheldon: «this is my spot». (Précision: les rires ne sont pas "ajoutés", il s'agit d'un tournage avec spectateurs).

Départ précipité

Lundi: mail général pour nous annoncer que notre DG part vendredi. Son remplaçant est en cours de recrutement.
Cette boîte devient de plus en plus étrange. Je me souviens d'une époque où il nous était annoncé que «Trucmuche avait souhaité donner une nouvelle orientation à sa carrière»: personne n'était dupe, mais au moins cela sauvait les apparences.
A-t-il déplu? Piqué dans la caisse? Qu'est-ce qui peut justifier une mesure aussi expéditive? (car la rumeur veut qu'il l'ait appris vendredi soir).
Quand je pense que nous avions eu droit à une grand-messe il y a un an pour nous annoncer des lendemains chantants.

Encore un dîner d'affaires

Même principe que vendredi (un peu plus dans la représentation et moins dans l'amitié), avec davantage de participants. Nous sommes au Bouillon Racine: très beau cadre, carte très française (sauf les frites et les gaufres, c'est une brasserie belge) mais un service abominablement lent. Ils sont en sous-effectif chronique paraît-il.

Je discute dans mon éternel sabir frenglish. Cela ne paraît pas déranger mon vis-à-vis, un avocat de Philadelphie spécialisé dans les visas, en plein jetlag. J'ai de la chance, il est extrêmement compréhensible. Avec l'aviron, j'ai un sujet de small talk en or pour la côte Est, et spécialement Philadelphie: nous discutons Boathouse Row, je lui avoue que cela m'impressionne et que je ne suis pas sûre d'être au niveau, il m'assure qu'il me mettra en contact avec la bonne personne. Chic.
Lui a une femme qui vient de l'Idaho (cinq heures de vol sans ligne directe depuis Philadephie). Il nous montre des photos du peu connu canyon Bruneau.

Nous parlons vacances avec un Français établi à New York. Est-ce que l'activité est cyclique comme en France (où tout s'arrête de début mai à fin août: je force le trait, mais c'est le principe)? Non: d'une part les Américains n'ont que deux semaines de congés, d'autre part ils ne les prennent pas d'un bloc, c'est extrêmement rare, ils les accolent aux nombreux jours de fête pour prendre de longs week-ends (en d'autres termes, ce sont des spécialistes des ponts).
— Sauf les Indiens.
— Comment ça, les Indiens?
— Oui. Une fois que leur situation est stable, ils prennent deux semaines pour partir en Inde…
— Ah, dot-Indians, not feathered
— …et ils vous téléphonent au bout de deux semaines pour vous dire qu'ils se marient et ont besoin d'une semaine de plus. «Mais tu aurais dû me le dire! Pourquoi tu ne m'as pas prévenu?» Mais en fait eux-mêmes ne le savent pas: comme ils ont une situation stable, les familles ont arrangé ça entre elles. Ça m'est arrivé trois fois.

Un peu de gossip autour de l'hôtel Molière dans le premier arrondissement (à prendre tongue-in-cheek):
— Je suis sûr que c'est un faux hôtel qui cache une autre activité : on ne voit jamais un client et le personnel a l'accent russe.

Ennio Morricone

Le concert était programmé à l'origine fin mai, déplacé sans explication ce week-end, l'un des plus chargés de l'année pour nous (un moment je me suis demandé si nous allions réussir à y assister).

Un dimanche soir: donc en RER (pour éviter les bouchons), LE dimanche sans voiture, raison de plus. Bien sûr, la ligne 1 avait un problème (en ce moment il y a un problème par jour, matin ou soir, matin et soir, sur la ligne 1, le RER A ou D), sans compter qu'il n'y avait pas d'arrêt à la station Georges V (non que nous en ayons eu besoin, mais je pense aux touristes). Je ne suis pas contre un Paris sans voiture, mais il faudrait des transports publics suffisants et irréprochables, c'est loin d'être le cas (je me demande même si les deux sont compatibles: plus il y a de trafic, plus le moindre problème arrête l'ensemble du réseau pour des raisons de sécurité). Ça m'agace, ces politiques qui prennent de grandes décisions sans s'occuper des conséquences pour les petites gens. Aujourd'hui j'ai l'impression que nous sommes entrés dans l'ère de la maltraitance: les gens sont maltraités, on ne se préoccupe pas de leur rendre la vie plus facile, on applique n'importe comment des mesures au nom de principes dans l'air du temps (c'est le cas de le dire) qui n'ont pas fait la preuve de leur équité et innocuité (car tandis que les beaux quartiers respirent mieux, les quartiers plus pauvres où sont refoulés les automobilistes connaissent des taux de pollution record).

Avis mitigé sur ce concert: je m'y attendais, car j'avais conscience de ne pas connaître suffisamment de films pour être à l'aise dans la musique que j'allais entendre, mais j'ai été agacée aussi par le public trop prompt à applaudir, qui gênait les musiciens et le chef, très âgé (accompagné par une solide femme en noir à chaque entrée et sortie de scène: destinée à prévenir une chute?), tant et si bien que les morceaux s'enchaînaient dans une sorte de précipitation, sans pause.

Le chef dirige assis, la harpiste et les deux guitaristes sont à l'honneur, surtout au début; il y a cinq percussionnistes au moins (dont une rousse spectaculaire) très plaisants à regarder (quand ils se déchaînent à main nue sur les timbales), un pianiste très concentré qui joue sur un clavier électrique et un piano classique placés à angle droit (et parfois sur les deux claviers à la fois) et beaucoup de clarinettes (pas d'harmonica, zut).
(Et pour nous, l'air du duel d'Il était une fois dans l'Ouest fait monter en surimpression du film le souvenir du paysage réel et du garçon au pull bleu, en bonus émotionnel).
C'était très émouvant de voir Ennio Morricone. Nous étions tous là pour ça: voir Ennio Morricone.



Ici un article enthousiaste et plus technique.
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