Billets qui ont '2016-10-09' comme date.

Diplôme

Depuis jeudi je suis malade. C'était couru d'avance avec la chaleur et la promiscuité de mercredi soir. Partage de microbes, bouillons de culture.
Jeudi, vendredi, deux consultants pour mettre en forme "les macro-process". Grand bien leur fasse, plutôt eux que moi. Mais ils sont sympas, ça se passe bien.

Remise du bac à l'école d'O. J'y vais, après tout c'est le dernier (j'ai l'impression de m'être si peu occupée de lui pendant que je m'occupais des grands que je surcomprense). Très peu de parents, seuls sont là ceux dont l'enfant ne peut être présent. Nous sommes des intrus.
Le directeur fait un court discours, présente les statistiques. Il distribue ensuite les diplômes, dans l'ordre alphabétique des séries ES, L, S, ordre dans tous les lycées de l'académie. Appel du nom, signature, remise du diplôme, remise du livre de l'année.
Chaque nom est suivi d'un hourra, c'est un brouhaha constant, heureux, bon enfant; cela choque ma tendance naturelle à la discipline, au silence, je sais que "cela ne se fait plus" («ce n'est pas l'armée non plus» m'a dit doucement Adeline dans le Jura, me faisant prendre conscience dans un autre contexte de ma rigidité. Mais que c'est dur de se détendre quand la réalité de votre ressenti, c'est que cette détente ne vous détend pas, ne vous amuse pas, vous ennuie au sens propre: je m'ennuie, temps perdu); j'observe le directeur, il sourit, dit un mot inaudible (dans le brouhaha) à chacun, serre la main, dix ans que je le vois, il a donc dix ans de plus, qu'est-ce que cela fait d'être constamment parmi les enfants et les adolescents, est-ce que cela permet de rester à l'écoute du temps, de l'époque, de saisir les changements, de s'adapter?
Cette école me manquera, je reviendrai pour le théâtre, cette école a été pour moi un baume, un morceau de bienveillance, de gentillesse, un monde enchanté vu de ma lointaine fenêtre, même si je ne saurai jamais si (même si je ne suis pas persuadée que) cela a été bénéfique pour les enfants.
Au moins cela m'aura fait plaisir.
C'est déjà ça.

O. me dit qu'il va dîner avec ses copains, je pars, m'aperçois aux Halles que j'ai laissé les clés de la maison sur mon bureau (oui, encore un oubli de clé), vais dîner au café Beaubourg en bouquinant, me coordonne avec O. pour prendre le même RER gare de Lyon ce qui lui permettra de rentrer en voiture de la gare.
Encore un problème de train. Vers six heures quelqu'un a été heurté par un TGV (suicide ou accident? On parle de vomissements), cinq heures plus tard tout est encore désorganisé.

Retard

Je passe rendre le livre que j'aurais dû rendre lundi. Lundi, mardi, mercredi: ça fait deux jours ou trois jours de blocage? Je peux réemprunter vendredi ou samedi? Ou lundi?

Je quitte à regret le calme de la bibliothèque. Ouverte jusqu'à huit et demie: j'y serais bien restée. Mais H. part demain matin, je veux rentrer.

J'aurai le temps de regretter mon sérieux: pas de train aux Halles, premier train annoncé à 20h21, puis 27, puis 31, puis 37, gare de Lyon. Problème de sécurité dans le nord de la ligne, nous dit-on. Je traduis terrorisme. Mais plus tard cela devient "personne sur les voies".
Retour infernal tel que je n'en ai jamais connu à cette heure-là: aussi serrés qu'un jour de grève à huit heures du matin, et surtout, des rames qui ne se vident pas au fur à mesure de l'avancée du RER vers la banlieue, mais qui se remplissent.
Heureusement, sur la plateforme sur laquelle je me suis hissée l'ambiance est bon enfant. Un homme protège son gâteau, nous réussissons à faire assoir une jeune femme enceinte qui cherchait à s'appuyer au mur. Une femme s'endort debout sur l'épaule d'un inconnu.
Il y a tant de monde que les passagers n'arrivent plus à descendre (ça, je ne l'avais jamais vu, généralement nous sommes si contents de voir les gens descendre qu'ils arrivent toujours à se frayer un passage); une gare avant la mienne nous avons l'impression d'entendre se battre sur le quai, quelqu'un tire un système d'alarme. Quinze, vingt minutes d'attente. L'homme à côté de moi me confie qu'avant il habitait Amiens, que les voyages étaient plus faciles…
J'arrive chez moi à dix heures. Dîner, se coucher.

Chauffage

Ah non, je me suis trompée : chauffage rallumé ce matin au petit déjeuner, et non dimanche.

Après-midi de congé (tous les mardis après-midi pour l'allemand). Je rends Conrad à Malraux, je ne prends pas Les veines ouvertes de l'Amérique du Sud car j'ai prévu d'emprunter des Schillebeeckx (à l'ICP) et ça ne tiendra pas dans mon sac (mais je ne les emprunterai pas car j'ai un livre en retard ce que je ne savais pas. Je suis agacée: un retard, c'est autant de jours d'interdiction d'emprunter que de jours de retard. Zut.)

Allemand (à l'IPT), traduction de Schleiermacher. Complet contresens sur les deux phrases que je devais traduire du fait de mon absence la semaine dernière. Les contresens me donnent toujours l'impression de frôler la folie. Un contresens, c'est très effrayant.

J'ai fini Janouch. Je prends sans vraiment y penser, parce que c'est un livre de poche et donc dans l'étagère devant la cuisine, Harry Potter 5 en allemand.

Lunettes

Ophtalmo. Ma vue s'est dégradée mais à peine, toujours (encore) des "verres de proximité", ce qui me convient très bien.
Il va falloir que je trouve le temps de passer chez un opticien, ça m'ennuie.
Je voudrais des lunettes qui se coupent entre les deux verres, réunis par un aimant (lunettes à clipser, me dit google), afin de ne plus déformer mes montures à force de les enlever et les remettre. Mais j'ai peur que cela fasse affreusement ringard. Mais ça me fait rire. Mais je n'ai pas le temps. (A suivre…)


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A midi, j'ai refusé de monter en double avec JP parce que je voulais faire du skiff. Toujours un pang de remords devant les yeux tristes de JP. Impression d'avoir été mufle. Et j'ai à peine pu faire du skiff car Tristan m'a donné un skiff à la barre de pieds inréglable et j'ai dû rentrer après cent mètres. Si rageuse que j'ai rentrée mon skiff toute seule (c'était la première fois que je tentais l'expérience). Enfin bref.

Aviron

Je n'y suis pas allée samedi, je n'y suis pas allée tôt, je redoutais de sortir en yolette de débutants (je n'en peux plus), je suis sortie en double avec un jeune homme, ex-rameur universitaire, Joseph (prénom délicieusement suranné). Il rame un peu brutalement au prétexte "de venir pour se dépenser", dommage. Et risqué: deux ou trois magnifiques fausses pelles (note: la pelle qui ne sort pas de l'eau fait bras de levier. Le risque est de retourner le bateau comme une crêpe).
Pas de photo, encore oublié. Je crois que j'ai fait assez de photos.

J'ai parlé de mon découragement face au matériel qui se dégrade, la réponse que j'ai eu m'a fait comprendre qu'il y avait davantage de bateaux courts que je ne pensais. Il faut simplement que je ne rame plus avec les mêmes, qui préfèrent sortir cool que progresser. Cela m'embarrasse, sentiment de trahison.

Déménagement

C. déménage, emménage, un camion de douze ou quinze mètre cubes (je ne sais plus, je n'ai pas fait attention). J'ai signé la caution du bail, ça parlait d'immeuble, c'est en réalité le rez-de chaussée d'une petite maison, quatre pièces comme quatre feuilles de trèfle (le bonheur). Curieusement il s'installe à l'autre bout de la ligne de métro qui l'a vu naître, vingt-quatre ans et quatre mois plus tôt.
Voilà, ils sont seuls — et nous aussi; je n'ai jamais compris qu'ils n'aient pas été plus pressés de partir étant en couple.

Qu'avons-nous fait ce premier soir seuls tous les trois?
J'écris cela une semaine plus tard et je ne le sais plus.

Avant de partir, C. a aidé son frère à monter un bureau dans sa chambre désormais vide: O. a maintenant un meuble à sa taille, un plan de travail — et je devrais d'ici peu de temps avoir des étagères: il est temps, les livres s'empilent sur le plancher dans quelques coins.
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