Billets qui ont '2018-01-08' comme date.

Qui suis-je, suite

A-C ne jure que par l'ennéagramme (bien que la vraie pro soit sa sœur). Alors lorsque j'ai vu passer une annonce sur la page FB de la catho (plus précisément de l'ISPC, Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique1) pour une formation de quatre jours sur le sujet, je m'y suis inscrite : après le MBTI, je n'étais plus à ça près.

La journée a été instructive et amusante. Nous sommes trente dont une bonne moitié de prêtes et de sœurs en "parcours Nicodème2" et le reste en "mission diocésaine" (sauf moi qui suis tout de même en cycle C, même si personne dans la salle ne sait ce que c'est). Je suis toujours admirative de la diversité géographique de la catho : Birmanie, Haïti, Italie, Togo, Congo, Bénin, Madagascar, la Réunion… et Tours, Nîmes, Limoges.

La matinée (deux heures) est consacrée à une sorte d'échauffement en répondant à trois questions à partager ensuite en groupes de trois (groupes toujours différents de façon à connaître tout le monde3).
Je vous livre les questions :
- Qu'est-ce qui m'agace le plus chez les autres ?
- Qu'est-ce que j'aime que les autres disent de moi ? (quel compliment apprécié-je le plus ?)
- A quand remonte ma dernière colère et quel en a été le sujet ?


Pour nous montrer que nous avons besoin du regard et des comptes rendus des autres pour nous connaître nous-mêmes (besoin du reflet dans l'œil et la parole de l'autre), l'animatrice délimite quatre zones :
- la zone publique : ce qu'on montre aux autres en sachant qu'on le montre (ce que je sais que je montre et que les autres voient)
- la zone cachée : ce que je sais de moi mais que les autres ne voient pas (je le cache)
- la zone aveugle : ce que les autres voient mais que moi-même ne connais pas ou ne sais pas que je le montre (à mon sens, c'est cette zone qu'on prend le risque d'exposer quand on blogue, elle est l'enjeu du blogage.)
- la zone inconnue : ce que je ne connais pas de moi et que les autres ne voient pas (que faire de cette zone ? espérer la réduire ? l'appeler subconscient ? la conserver précieusement ? (ce sont mes questions, pas celles de l'animatrice)).


L'après-midi a été consacrée à la description des neuf types (je ne les donne pas, mais c'est du genre le perfectionniste, l'observateur, le secourable, le défenseur de l'orphelin, etc). « Il n'y a pas de sale type » est le credo. Le présupposé est une blessure d'enfance enfouie (pauvres parents, aucune chance de s'en sortir !) ; la recommandation est de ne jamais jouer à mettre une étiquette sur qui que ce soit en observant un comportement : il faut remonter aux motivations.

« Imaginez que vers la fin du repas X. se lève pour aller chercher le fromage : vous ne pouvez pas savoir si c'est pour rendre service, si c'est parce qu'il s'ennuie, si c'est pour échapper à une discussion dans laquelle il ne veut pas prendre partie, si c'est parce qu'il veut être sûr que le plateau sera présenté comme il convient… »

C'est ludique, c'est curieux, mais qu'en faire ? Je ne sais pas très bien. (L'écriture d'un roman ? Neuf personnages commettant la même action chacun pour une raison différente… C'est beaucoup, neuf.)


Note
1 : il faut dire que le sujet que j'envisage pour le mémoire de théologie va sans doute porter sur la catéchèse
2 : sorte d'année sabbatique et de formation continue volontaire pour les prêtes et les sœurs. Bonne initiative, j'en ai connu au bord de l'épuisement
3 : j'en profite pour partager "trucs et astuces pour animer un groupe" (car j'ai été surprise de constater combien c'était peu connu lors de mes dernières formations en entreprise)

Affaires classées

J'ai enregistré dans LibraryThing la vingtaine de livres de poche ou de petit format de l'étagère à côté de mon bureau. Tous avaient un lien avec RC, tous m'ont servi à l'étude de RC : Toulet, Barthes, Duane Michal, Saint-John Perse, les deux tomes du colloque sur Robbe-Grillet à Cerisy (quand je pense que je songeais à en organiser un autour de RC en m'appuyant sur Sjef Houppermans, un habitué des lieux), Cavafis, Levet, Ricardou, Projet d'une révolution à New York, L'invention de Morel, La route des Flandres, Bonnefoy. J'ai acheté la plupart entre 2004 et 2005 (avec des exceptions comme Toulet, acheté en 1991).
Je les enregistés et je les ai descendus dans la bibliothèque commune. Je n'ai gardé près de mon bureau que ceux auxquels je suis personnellement attachée : Cavafis (translittération du Gallimard poésie), Levet, Saint-John Perse et Duane Michel.

Finalement non

Après avoir écrit aux rameuses j'ai mal dormi : j'aurais peut-être dû prévenir Vincent, qu'allait-il dire ? Si le projet prenait forme, il faudrait que quelqu'un conduise la remorque pour emmener le huit… (et déjà de m'imaginer passer l'été à passer le permis remorque). Je lui ai donc envoyé un sms pour le prévenir, auquel il a répondu un laconique « On en reparle ».

J'aurais dû me douter que l'absence d'encouragement de ce message était un message décourageant. Ça ne m'était pas venu à l'idée car pour moi il présentait un triple avantage : solidariser "les midis" et "les week-ends" autour d'un projet commun, donner une visibilité aux loisirs-CNF dans une course connue et augmenter le niveau des rameuses en leur permettant de s'entraîner avec un objectif.

Lorsque j'ai abordé le sujet, Vincent m'a accueilli d'un charmant : « L'idée d'un huit de filles me casse les bonbons ».
Le style ne m'a pas surprise, mais le fond, oui, et la façon catégorique dont c'était exprimé.

MBTI

Cela fait plusieurs années que je vois passer des propositions de test MBTI au sein de l'association des anciens Sciences-Po. J'en suis curieuse depuis cet article et comme je suis à deux doigts de me mettre à chercher un nouveau poste, je me suis inscrite à une session individuelle, mi par curiosité, mi dans l'espoir que cela puisse être utile.

L'opération se passait en deux temps : tout d'abord un questionnaire à remplir en ligne, test que j'ai rempli très rapidement en pestant contre l'imprécision des questions, puis un entretien d'une heure pour valider les résultats de ce test.

L'entretien a contredit les résultats du questionnaire en ligne, entérinant le fait que j'ai passé ma vie à tenter de répondre aux attentes de mon entourage et non à suivre ma pente naturelle. En d'autres termes, je suis la version mentale et intellectuelle du gaucher contrarié, si bien contrarié que lorsque je réponds à un questionnaire en ligne je donne les réponses qui correspondent à la contrariété (être une efficace extravertie) tandis que lors d'une conversation, je reviens à ma réalité (une introvertie artiste). (Je présente tout cela très schématiquement, bien entendu).


Cette session m'a profondément déstabilisée. J'étais venue avec la question «Que dois-je faire de ma vie?» et l'on répondait à la question Qui êtes-vous?»
Ah bon, cela avait de l'importance ? Quelqu'un s'intéressait à qui j'étais? Cela a déclenché du désarroi et une colère venue des profondeurs: l'impression d'avoir été flouée toutes ces années, entre des parents qui ne s'intéressaient qu'à monter mon intelligence en épingle auprès de leurs amis (façon singe savant) et plus tard ma famille que je devais avant tout nourrir (d'où l'efficacité extravertie).
Et maintenant on venait me dire que qui j'étais comptait? On n'aurait pas pu me le dire avant?

Mais bien sûr, c'est une accusation trop facile : cela m'arrangeait bien de me laisser faire, de ne pas prendre la décision de faire ce qui me plaisait, tant je ne sais pas ce qui me plaît, tant je suis persuadée que ce qui me plaît ne nourrit pas son homme et que ce n'est pas possible. Bref, c'est de ma faute, je n'avais qu'à me remuer. Mais maintenant, que faire?


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A l'étage, les ouvriers qui travaillent à remettre l'escalier à neuf ont coulé une dalle sur les carreaux jaunes du palier.
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