Billets qui ont '2018-08-23' comme date.

Droit devant soi

En sortant du bureau je rencontre un homme que j'ai souvent croisé à la maternelle quand j'emmenais les enfants à l'école. Sa fillette était jolie (sa femme aussi), avec des taches de rousseur et des nattes. Il est prestataire dans une entreprise du groupe. Nous rentrons ensemble: à pied jusqu'à la Défense, ligne L pour St Lazare, ligne 14, RER D. Je me souviens de la grossesse pour sa dernière, sa femme avait été immobilisée dès le sixième mois et je me demandais comment il s'en sortait avec les deux grands. Ce bébé a aujourd'hui quatorze ans… (apprends-je durant le trajet du retour).

Il me fait rire car il sait où s'ouvrent les portes des trains sur le quai et se positionne en conséquence; il connaît les voitures et leurs particularités: «celle-là a le toit rond donc les portes sont décalées d'un mètre cinquante» dit-il en s'avançant sur le quai pour optimiser sa position (le genre de détails que je refuse d'apprendre). Il me déprime en m'apprenant qu'à partir de décembre (le neuf), notre train sera omnibus jusqu'à Paris. Depuis que j'habite Yerres nous aurons perdu régulièrement des minutes, d'un train s'arrêtant deux fois à un train s'arrêtant quatre et bientôt… combien?

A Nanterre préfecture il m'avait dit: «Parfois je rentre en courant».
Un instant je m'étais demandé s'il plaisantait. Non: «C'est tout droit. Je descends les Champs, c'est joli, puis je suis la Seine jusqu'à Villeneuve-St-Georges puis je passe par les coteaux.»
Oui oui. Trente-cinq kilomètres malgré tout, le soir après le boulot, dans la chaleur de cet été.
— Ça ne fait jamais que le double du temps qu'on met en train.
Evidemment, vu comme ça…

Assurer l'essentiel

Puisque le "petit" (1,93m) revient demain ou après-demain (nous ne savons plus exactement #parentsIndignes) nous sommes allés faire le plein de bières en fin de journée.

Il manquait également des boîtes pour les chats.

Le Temps des cerises

Tard le soir je rejoins H. et Vincent sur la Butte-aux-Cailles. Ils faisaient passer un entretien d'embauche à partir de vingt heures et cela s'est prolongé.
Débriefing au restaurant: «il est honnête. Ce n'est pas une qualité en entreprise.»

Je découvre le rosé au pamplemousse (rosé / jus de pamplemousse).

Piments

Télétravail. Indien à midi (pakistanais, nous dira demain le charcutier qui a son laboratoire en face et nous a vus entrer).

H. et le serveur parlent épices. Explication surprenante du serveur: «Je suis ici depuis 2003, je ne peux plus manger des piments comme chez moi, ça me rend malade. Ici, il ne fait pas assez chaud, on ne transpire pas assez.»

Je retiens qu'il ne peut pas manger aussi épicé sous nos latitudes mais je me demande si son explication est la bonne.



Nous rachetons des cigarettes. Assis sur un banc, H. regarde mon début de site sur son téléphone: «Mais il n'est pas full responsive!» s'exclame-t-il.
Dans l'après-midi je télécharge Divi d'Elegantthemes et je transforme l'ensemble. (Ce n'est pas difficile, c'est tout de même magique cette dissociation de la forme et du fond.)

Un départ à la retraite

En tant que trésorière de l'association sportive de l'entreprise, je suis invitée au départ en retraite de la comptable. C'est la première fois que je vois quelqu'un fêter son départ le jour de son départ: ce soir elle ne sera plus là.
Nous ne lui manquerons pas, elle part sans se retourner, avec une sorte de soulagement.

Au mur du restaurant très orienté rugby, ce carrelage que je photographie pour mes rameuses préférées:

2018-0809-transpirer-ensemble.jpg

Nanterre Préfecture

Je recherche des photos pour illustrer mon site. Je vais voir chez Patrick (la plupart sont fantastiques. Je ne vois pas toujours de quel lieu elles ont été prises) puis choisis celle-ci. Si ce choix est validé par les administrateurs, je demanderai quels sont les droits d'utilisation.


(Demain H. me dira que cette photo n'a aucun rapport avec notre activité et que c'est un choix non professionnel. J'ai donc finalement retenu tout autre chose.)


Mission Impossible 6, Fallout, avec H. à Bercy (17h30) : intéressant cette façon d'insister sur le fait que le fait de sauver un groupe ne justifie pas de tuer (ou laisser mourir) une seule personne. «Toute vie compte», on se croirait dans un vieux conte monachique.
Intéressant ou inquiétant également qu'il s'agisse de faire disparaître un tiers de l'humanité. Dans le dernier Avengers, il s'agissait d'une personne sur deux: serait-on en train de rappeler à tous (puisque ce sont des blockbusters destinés à un large public) qu'il ne faut pas céder à la tentation de détruire des vies sous prétexte de sauver la planète, ou de rendre meilleure la vie de ceux qui restent? En prenant le risque d'habituer les spectateurs à l'idée qu'un tiers ou la moitié de la population en moins ne serait finalement que le prix à payer pour une planète assainie (la vieille logique des sacrifices. Cela me rappelle la guerre de Trente ans: elle n'a rien changé mais a résolu le problème de surpopulation.)

Puis dîner chez Roberta, un restaurant très italien de Bercy.

Fail

Il a failli pleuvoir.

Perdus

RER A vers 18h à Nanterre préfecture. Normalement il devrait être climatisé, mais est-ce dû au fait qu'il s'arrête à La Défense (RER A coupé entre La Défense et Nation pour travaux), la clim ne fonctionne pas et la rame est une fournaise. A La Défense, message: «la ligne 1 est surchargée, veuillez emprunter la ligne L pour Paris-St-Lazare puis la ligne 14».
Impavide je remonte le long du terminus de la ligne 1 en provenance de Paris et m'installe dans les voitures surchauffées qui se vident de leurs passagers. La rame repart avant que les petits hommes verts de la RATP n'aient réagi. Elle accélère dans le tunnel, s'arrête il me semble bien plus tôt que d'habitude, et repart dans l'autre sens charger la foule amassée sur le quai en direction de Paris.
Correspondance ligne 6. Je m'endors. Il fait toujours aussi chaud.
Métro aérien, la Seine, la tour Eiffel, Pasteur, Montparnasse, je me rendors.
Brutale sonnerie à Raspail, trois stations avant mon but: «Malheureusement j'ai une mauvaise nouvelle, tout le monde descend ici, je dois évacuer la rame».
— What happens ? demande un jeune Anglais.
— I don't know. Just wait here and take the next one.

Je sors dans l'espoir de prendre un Mobike. Rien. Je marche en direction de Denfert: H. a proposé que j'attende immobile qu'il arrive en voiture mais je suis si énervée que je préfère user mon agacement en marchant.
Je repère un homme qui ressemble à Poutine en plus jeune et plus musclé, avec ce développement des épaules qui donne l'air aux nageurs de ne pas avoir de cou (je déteste ça) et une fillette de dix ou douze ans sortie tout droit d'un calendrier des PTT. Il a un sac en papier à la main, léger, elle tient un smartphone. Je continue à remonter le boulevard.

A quelle occasion m'ont-ils abordée? Me suis-je arrêtée pour remettre mon livre dans mon cartable? Je ne sais plus. Quoi qu'il en soit, ils m'ont demandé leur chemin: le Campanile avenue du Maine, sans que je sache s'ils parlaient anglais ou français. Un coup d'œil sur le téléphone de la fillette (qui ressemblait à l'affiche de Soleil trompeur) m'a fait comprendre son air suppliant et l'exaspération du père: 4 ou 5% de batterie, le nom des rues en cyrillique, et visiblement c'était elle qui avait insisté pour rentrer à pied par les rues de Paris… Ils étaient perdus, fatigués et bientôt sans carte.

J'ai sorti mon téléphone (pour économiser sa batterie), commencé à rechercher sur Citymap, un peu ennuyée de si mal maîtriser le fonctionement des cartes sur téléphone (je suis désorientée entre les applis qui conservent le nord en haut de la page et celles qui s'obstinent à vous présenter un chemin droit devant vous, tournant la carte quand vous tournez le téléphone dans la tentative désespérée de remettre le nord en haut de l'écran).
Ce n'était pas très loin, j'ai tenté de montrer le chemin avec les mains, l'homme a soudain vu son salut dans une station de taxis — mais pas de voiture (le taxi aurait-il accepté une course aussi courte?), j'ai commencé à me dérouter pour les guider, pensant que H. n'arriverait pas tout de suite et que j'aurais le temps de remonter ensuite à Denfert — mais non, il a appelé, rendez-vous au Campanile avenue du Maine «— mais qu'est-ce que tu fais là? — Je t'expliquerai, je raccroche» — nous avons continué le long des trottoirs à l'ombre, c'était plus loin que prévu. L'amusant a été de voir passer deux fois H. dans sa voiture-jouet au ras de la route, une fois devant nous, concentré sur la route il ne m'a pas vue, une autre fois à une intersection lointaine — toutes les rues en sens unique vers l'est tandis que nous allions vers l'ouest.
Soudain les Russes ont reconnu leur hôtel au loin, soulagement et reconnaissance, traversée imprudente du boulevard, je suis montée dans le cabriolet rouge garé devant la porte en me disant que tout cela était fort cinématographique.

Complainte des transports en commun pendant le retour:
— Ça marche de plus en plus mal. Si je n'avais pas peur du ridicule, je penserai à des sabotages. (Je pense aussi aux coupures du 27 juillet.)
— Peut-être.
— Ou alors il manque d'électricité? Ils ont arrêté des tranches de centrales? (Je voulais dire: dans une volonté écologique, mais H. répond:)
— Oui. Il fait trop chaud, ils n'arrivent plus à les refroidir.

(Bon. Cela n'explique rien. L'électricité de la capitale ne dépend pas des centrales sur le Rhône et l'Isère, plutôt de celles de la Loire.)
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