Billets qui ont '2018-08-29' comme date.

Détour par St-Vincent-sur-Jard

Départ plus tôt pour prendre le temps de visiter la maison de Georges Clemenceau à St-Vincent-sur-Jard (visite en grande partie à mon bénéfice puisque mes compagnons l'ont vue l'année dernière). La maison est magnifiquement située face à la mer, au milieu d'un jardin soigneusement entretenu pour paraître naturel (ce qui me vaudra une troisième altercation). J'aime beaucoup le principe de cette maison, le principe de sa simplicité par opposition à l'importance du personnage qui l'habitait. Elle me rappelle, toutes proportions gardées (car il s'agit alors de la maison du maître d'une plantation), la maison de Washington face au Potomac, par le choix de faire du panorama le trésor de ces propriétés (le lit de Clemenceau surélevé pour profiter de l'horizon par la fenêtre1…).

La mer est basse. Les Ph's et moi mettons les pieds dans les flaques (moi dans la vase très glissante). Au-dessus du sable caramel, dans l'eau, flottent des moutons gris, des pelotes de poussière qui teintent les pieds en gris bleu. Béton ou ciment? Quoi qu'il en soit, cela devient croûte dure en séchant et j'ai bien du mal à m'en débarrasser plus tard.

Retour, retour. Première séparation à St-Vincent même, deuxième à la gare de La Roche, troisième dans le TGV de Nantes. Séparation en épis. J'interroge Ph. sur quelques nouveautés de la SNCF (le nom des rames, la durée des billets qui n'est plus de deux mois, etc). Il m'apprend que les conditions d'achat, d'utilisation, d'échange ainsi que les tarifs sont régionaux: ce n'est donc pas tant que "cela change" et que je ne me tiens pas au courant dans la durée (parfois j'ai l'impression d'être une très vieille dame à la traîne de la modernité—et je me sens trop paresseuse pour y changer quoi que ce soit) que "c'est différent d'une région à l'autre" et qu'il est donc logique que je ne perçoive pas de continuité. C'est rassurant.

Dans le TGV, je commence les livres récupérés à Mouilleron: Le jeu des sept familles d'Anne Fine, moins cruel que beaucoup (des siens), à offrir à un enfant subissant le divorce et le remariage de ses parents. Une fois rentrée, je finis Comment écrire comme un cochon. Le style du narrateur me rappelle les statuts FB de Rodolphe. Et tant qu'à lire du facile, je reprends un Reginald Hill, Killing the lawyers. Détente sur la terrasse.

Comme souvent, H. a rangé (ou plutôt déménagé pour ce qui est de cette fois) pendant mon absence. Il a enrôlé O. et vidé une partie du placard caché derrière les étagères (vidées) des cassettes vidéos. C'est courageux: je suis la plus petite, c'est moi qui aurait dû me glisser dans cette soupente.
Il y a un mètre cube de boîtes d'archives et de classeurs dans le couloir de l'entrée à emmener à la déchetterie.




Note
1 : orientée au sud et non vers l'ouest. (Cette précision suite à une semi-plaisanterie : la femme américaine de Clemenceau contemplait-elle sa patrie quand elle regardait droit devant elle? Réponse: non. Cette semi-plaisanterie est un écho à la découverte faite en mars que Marseille fait face à l'ouest…)
(Notons au passage ma surprise d'apprendre que Clemenceau avait épousé une Américaine. Il ne faudrait ici que des notes et des parenthèses en gigogne.)

Samuel

Journée sur Linkedin.
J'écris à Samuel, un homme rencontré une fois il y a bien longtemps (1989?) pour aller voir Miller's Crossing. C'était alors l'ami de Pascale, ma grande amie, presque mon mentor, du lycée.
Elle l'a épousé puis elle a divorcé. Samuel me répond très gentiment. Il m'apprend qu'ils ont eu un fils, Baptiste.

Tout est allé de travers avec Pascale. J'ai fait une erreur d'appréciation, j'ai pris au mot son détachement, son affirmation d'être au-delà des conventions, de s'en moquer. Je ne l'ai pas invitée à mon mariage avec H., je pensais qu'elle se serait ennuyée, que cela ne l'intéresserait pas. En réalité, elle ne me l'a jamais pardonné (il m'a fallu septembre 2014 pour commencer à comprendre combien elle avait dû se sentir rejetée, isolée. Elle avait un fond de tristesse insondable que je n'ai jamais parfaitement compris).

Je regrette mais ce n'est pas rattrapable (j'ai essayé). J'aimerais avoir l'adresse de sa mère, j'aimerais remercié sa mère. C'était une personne au visage revêche qui m'a beaucoup aidé, qui a soutenu, non ma confiance en moi (je n'en avais pas et cela ne se construit que très lentement depuis quelques années), mais la conscience de n'être pas totalement sans valeur, d'avoir une compétence au moins dans un domaine. C'était la seule personne durant mon lycée à avoir de l'admiration pour mes capacités littéraires qui ne rencontraient que le mépris chez tous les autres (comme quelque chose d'inutile et de triviale).

Un jour de 1991 ou 1992, ma mère m'a téléphoné toute excitée pour m'apprendre que les parents de Pascale avaient divorcé; lui était parti avec une institutrice plus jeune. Maman voulait savoir si j'avais eu des nouvelles.
Les parents de Pascale étaient les pharmaciens du village, son père était maire. Je n'ai pas dit à maman que Pascale avait épousé un Camerounais divorcé père d'un enfant de six ans. Cela aurait trop bien nourri sa nature avide de scandales. Mais j'ai compris alors que Pascale n'avait fait cela, sans doute inconsciemment, que pour se venger de sa famille si conventionnelle que son père venait de faire exploser. J'en ai été désolée pour Samuel qui était gentil. J'ai espéré que leur mariage tiendrait malgré tout, que je me trompais.
Il n'a pas tenu.

Je n'ai pas demandé l'adresse de la mère de Pascale à Samuel (ou son nom: elle a repris son nom de jeune fille et je l'ai oublié). Je le ferai peut-être vers Noël.



Dans la lignée de notre promesse de cet été de voir les film de Cannes, les films présentés ou les films primés, vu In the Shade. Avoir une fois, sans plus.
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