Billets qui ont '2018-09-24' comme date.

Equinoxe

Le vent est tombé assez vite mais la mer s'est creusée en vagues de deux mètres: c'est sans doute peu pour l'Atlantique mais pour la mer Egée s'est énorme, elle qui clapotait au pied de l'hôtel. Désormais les vagues se couronnent d'écume y compris en pleine mer.

Mon problème est le froid: j'ai préparé ma valise trop vite (en faisant trop de choses à la fois) et j'ai oublié de prendre un pull. Je n'ai que des robes sans manches et des sandales. J'enfile l'un sur l'autre deux tee-shirts sur une robe… Il y a une table dans la chambre mais pas de chaise, nous descendons travailler dans le hall de l'hôtel. Il n'y a personne, nous sommes en train de faire le contraire de tous les autres: rester quand il fait froid et partir quand il fait beau et que nous pourrions profiter de la mer.

Je passe deux heures à faire une fiche de lecture sur l'article de Lemieux lu en début de séjour. Me reviennent en mémoire les recommandations de Thibault Joubert en 2014: «faire de la théologie, c'est écrire». Or j'ai bien moins écrit depuis le début de ce cursus qu'avant.

Après-midi paresseuse. Nous allons à Platamonas à pied. Deux coups de fils professionnels: un rendez-vous plein d'espoir pour moi, une déception pour H.

Dion et le mont Olympe

F.Dosse deux heures. Fin de la première partie. Remarque de Dosse à propos de l'accident de voiture qui a tué la mère de Michel de Certeau en 1967: il est possible que cette mort, source d'une profonde culpabilité (le père conduisait trop vite car Michel avait mis la famille en retard), ait par ailleurs libéré la parole, la pensée, la plume de Michel de Certeau qui n'aurait peut-être pas écrit de la même façon du vivant de sa mère.
J'ai pensé à Proust.

Matinée en chambre un peu patraque, ce qui nous a amenés à choisir une excursion proche: le site archéologique de Dion, totalement inconnu de nous.
Les panneaux indiquent "parc" archéologique et c'est vraiment cela: plusieurs hectares de fouilles dans un endroit serein dont la douceur m'a rappelé Olympie. Il s'agit d'un lieu riche en sources au pied du mont Olympe qui a connu successivement un culte à Demeter puis Zeus puis une ville romaine et les débuts du christianisme: mille ans d'histoire (-600 à 400 après JC) sont exposés là (à vrai dire on ne sait pas toujours ce qu'on regarde) parmi les joncs sous le soleil à l'ombre des platanes.
Fin septembre, nous sommes quasi seuls. Les fondations des bâtiments et les voies romaines ont été dégagées, quelques colonnes et statues ont été redressées; le tout est intime, proche, émouvant parce qu'il est compréhensible: on voit les murs, les routes, les bains, il est possible de se représenter la vie ici, vie détruite comme souvent dans la région par des tremblements de terre — aubaine des archéologues puisque tout est conservé par strates.

Une grande mosaïque a été déplacée dans un bâtiment tout neuf derrière l'église, à côté du musée archéologique qui lui contient les statues et poteries trouvées là ainsi que le contenu de tombeaux de Katerini (c'est l'autoroute qui est à l'origine de ces découvertes relativement récentes). Je découvre un ancêtre de l'orgue fonctionnant grâce à la force hydraulique.
Les Grecs ne sont pas des gens intéressés: au lieu d'essayer de nous vendre quelques "souvenirs", ils ferment le gift shop l'après-midi… Ce n'est pas comme ça qu'ils vont devenir riches! (De même, hier, pas de boucliers en carton et de pilum en plastique à côté des Termopiles… bande d'orthodoxes, vous n'avez rien compris au capitalisme et au tourisme.)

Dion est à quelques kilomètres de Lichotoron, et sans même nous en apercevoir, nous nous engageons sur une route de montagne qui serpente vers le mont Olympe (en fait c'est un massif plutôt qu'un mont, ou plutôt une montagne à deux sommets). Nous montons assez vite à mille mètres et prenons un thé (thé de l'Olympe, une tisane qui ressemble à du tilleul) dans un café-refuge, le "Stavros". Toute la plaine est devant nous à vingt kilomètres à la ronde, avec la mer pour horizon.
Pas de carte postale (denrée rare) mais du miel.

Nous rentrons. Je ne sais pas pourquoi je suis si fatiguée le soir. Le vent, le soleil, l'iode?

Le vent se lève pendant le dîner. A l'heure actuelle il souffle suffisamment fort pour que le bruit des vagues ne s'en distingue plus. Demain la température devrait perdre dix degrés.

Pour en finir avec cette mauvaise série

British Airways fête l'anniversaire de Freddie Mercury.

La holding du groupe est redevenue société mutualiste en juin dernier (après être passée SA en 2003 dans le but d'une introduction en bourse, projet qui a volé en éclats d'abord avec la crise des subprimes de 2008, puis avec une mauvaise notation en 2012).
Une offre de poste vient de passer en interne pour travailler dans ce domaine (le mutualisme). Ce matin j'ai peaufiné mon CV avec H. au téléphone et cet après-midi j'ai postulé en m'appliquant, c'est-à-dire en appliquant les conseils reçus en atelier de l'APEC en juillet dernier.

Assommée

Premier "atelier" ce soir. Cette année il s'agit d'atelier destiné à nous soutenir dans notre rédaction de mémoire de "baccalauréat canonique" (BC) qui est l'autre nom de la licence théologique (il me semble).

Il fallait venir avec son sujet, ses lectures de l'été, avoir plus ou moins articulé sa problématique. Je m'en suis rendu compte vendredi soir en mettant à jour Google agenda.
Catastrophe, je n'ai rien fichu cet été et certainement pas fait des "lectures d'été" puisque je ne savais pas qu'il fallait en faire (à vrai dire, l'aurais-je que cela n'aurait sans doute pas changé grand chose: je n'ai pas passé mon week-end à lire les Confessions comme j'aurais pu le faire.)

Je n'ai pas franchement d'idée de sujet. En juin j'avais évoqué le repos, mais je me rends compte que je ne pourrai jamais problématiser un tel sujet, il me faudrait prendre à bras-le-corps trop d'apories, faire face à trop de colères (prendre à mon compte, exposer, la colère de H., par exemple, qui cite souvent Pennac: «si Dieu existe, j'espère qu'Il a une excuse». Est-ce que cela a un sens de vouloir se faire la voix de ceux qui ne croient pas, ou plutôt, qui sont en colère?)
Bref, un travail bien trop important pour mon courage, dans les deux sens de courage; courage face au travail (courage contraire de paresse) et courage face aux questions et aux réponses (courage contraire de lâcheté). Je n'ai pas ces courages.

Qu'est-ce que je vais faire? Dans le groupe, deux veulent étudier Laudato Si (l'un dans sa réception à Madagascar, l'autre dans ses conséquences pratiques dans une paroisse française), un les procédures de canonisation (y a-t-il trop de saints, des saints trop locaux? (il paraît répondre oui)), une étudiante se propose de traduire des inédits de Basile ou Grégoire (je ne sais plus) pour réfléchir à ce qu'il effectue quand il nomme Dieu (!!? Mazette!).
Nous nous rencontrerons tous les quinze jours et sommes censés le jeudi précédent mettre en ligne un résumé de nos avancées en problématique et lecture et bibliographie.

Que vais-je faire, comment vais-je m'en sortir?
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