Billets qui ont 'BNF' comme autre lieu.

Oulipo

BNF. Eternellement les fouilles de sac et les poêles le long du corps, je crois que je n'ai jamais connu la BNF sans contrôle de sac. J'aimerais connaître la liberté d'aller et venir une fois avant ma mort.

Avant-dernier Oulipo, peut-être. En tout cas, avant-dernier à la BNF. Que signifie «Après 18 ans de lectures à la BnF, l’équipe de l’Oulipo part voguer vers de nouveaux horizons»? La lassitude des participants laisse à croire que les réunions publiques vont s'arrêter. Les plus optimistes d'entre nous évoquent une poursuite ailleurs, dans un lieu plus petit, pourquoi pas chez Olivier Salon.
Il me paraît plus réaliste d'admettre que les protagonistes sont fatigués et ont envie de passer à autre chose.

Pendant le dîner, conversation à bâtons rompus, comme d'habitude. Je note simplement, à propos d'intoxication alimentaire: «Chez nous, mal manger signifie la perte d'un mois d'espérance de vie dans trente ans; ailleurs, cela signifie mourir dans les trois jours».

Départ à 21h50 pour un train à 22h16.
Retour tranquille.

Oulipo

Soirée Oulipo. Je vais trop loin dans les couloirs (c'est agaçant, ces travaux interminables au niveau de l'entrée Est) et me retrouve nez à nez avec des statues de Romains et de sangliers, crus et cuits.

Restaurant, honnête (moins bien que l'ancien), mais surtout très aimable, arrangeant. Je suis pour une prime à la gentillesse. Il faut encourager, favoriser, les gentils. (Ce n'est pas une boutade: je crois vraiment que c'est fondamental. On a trop tendance à accorder ce qu'ils veulent aux pénibles, pour s'en débarrasser: non.)

Rires. Je me souviens avoir repéré des phrases pour les noter ici, mais j'ai tout oublié.
Je confie mon soulagement de me retrouver avec des "bizarres". (Je discutais l'autre jour avec un co-? (camarade de cours du soir) sur nos stratégies envers notre entourage professionnel: dire ou ne pas dire que nous suivons un cursus de théologie.
— Je ne le proclame pas, mais je ne le cache pas, si je dois partir plus tôt, par exemple.
— Moi je le cache, je ne l'ai même pas dit dans ma famille. Au mieux je dis que je prends des cours de grec ancien.
— Mais pourquoi?
— Je suis fatiguée de l'étiquette de bizarre ou d'intello.
(Oui, cela me fatigue beaucoup, cela me pèse.)

Conclusion : une des personnes présentes à table essaie demain de glisser le mot tautologie en conseil d'administration pour voir si c'est un mot connu autour d'elle.)

Dominique nous tient au courant des résultats de sa veille proustienne: édition de 26 lettres de Proust à sa voisine (j'aurais détesté avoir pour voisin ce célibataire sans contraintes voulant en imposer à tout son entourage), une édition fac-similée des épreuves de Combray corrigées par l'auteur (tirage limité, sortie prévue initialement aujourd'hui et repoussée d'une semaine) et le week-end de France Culture consacré à Proust.
Je n'ai pas osé lui dire que Proust n'est plus au centre de mes préoccupations, que désormais je recherche le temps à l'origine (ou au commencement? (cela est presque une plaisanterie mais pas tout à fait)) et que j'ai entrepris d'écouter Römer systématiquement).

Nous glissons sur le site Gallica : enchantement de tant de merveilles à disposition, désolation d'un outil si mal pratique, si peu adapté aux besoins, ne permettant pas les copier/coller, avec un moteur de recherche lamentable («Moi, j'utilise google en ajoutant "gallica" à la fin de ma recherche plutôt qu'utiliser le moteur de Gallica.»)
GEF fait remarquer à juste titre qu'en censurant Google Books, la France pénalise les chercheurs français par rapport aux étrangers.

Rencontre pizzaio-oulipienne

"Non" n'existe pas en japonais. Mon père avait causé une vive émotion en demandant à des Japonais si ce train allait bien à Kyoto. Il les a vus blanchir, pris entre l'angoisse de contredire un étranger et celle de le laisser se tromper.

Les Japonais voient la France comme le pays d'Edith Piaf, d'Albert Camus, bref, une France en noir et blanc qui n'existe plus. Quand ils arrivent à Paris et qu'ils voient les rues sales, le métissage, etc, c'est un choc. Ceux qui sont en groupe s'en sortent, mais pour les autres, il existe une cellule d'aide psychologique à l'ambassade. Certains d'entre eux ont créé des associations qui vont nettoyer les rues…

En arabe, il n'y a pas réellement de différence entre bon et beau et raisonnable. Traduire que quelqu'un est beau et méchant est difficile, ils ont recours à des périphrases comme "beauté diabolique".

— Comment va Michèle Grangaud?
— Pas très bien, je crois. Tiens, j'ai vu un article de son frère dans le Figaro. Il fait partie de ceux qui n'ont pas quitté l'Algérie et il ne comprend pas pourquoi tant sont partis.
— Hum? Mon père était médecin, il comprenait l'arabe, et quand il passait sur son vélo, il entendait "Ne tirez pas, c'est le marabout des protestants!" Ce n'était pas très rassurant. Il a perdu un petit frère en jouant avec une bombe dans le jardin (Est-ce que je me trompe? Comment pouvait-il être petit garçon en train de jouer, puis médecin sur son vélo? Même huit ans de guerre ne couvre pas la possibilité d'une telle évolution. Ou alors il y avait des bombes bien avant la guerre.)

Retour sur le spectacle de ce soir. Nous discutons avec Valentin Villenave, le compositeur. Nous le félicitons.
— L'okapie nous a beaucoup plu.
— J'avais noté "a la poulenca" car Poulenc était connu pour ses rythmes impossibles. Nous l'avons joué deux fois plus lentement que prévu, et je crois qu'il valait mieux qu'on lise les paroles avant.
— C'était très compréhensible. A cette vitesse-là, Jeanne [Carillon] articulait parfaitement.
— J'ai adoré Si tu t'imagines.

Et Dominique m'a amené le tome II: la princesse revient et elle n'est pas contente.

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