Billets qui ont 'ICP' comme autre lieu.

Priorités

— Oui, la remise des diplômes [de théologie] était prévue le 18, mais ils ont annulé à cause des grèves.
— …
— D'toute façon j'y s'rais pas allé, ce jour-là c'est la sortie du dernier Star Wars.

La virginité perpétuelle de Marie

Cette année, nous étudierons la controverse entre Helvidius et Saint Jérôme. Helvidius maintenait qu'après la naissance de Jésus, Marie a mené une vie maritale ordinaire auprès de Joseph, ce qui paraît la pire des hérésies aux yeux de Jérôme qui soutient la virginité perpétuelle de Marie (les précision devenue dogme du genre «l'enfantement l'a laissée intacte» me laisse perplexe: il s'agirait donc de savoir si l'hymen de Marie est intact, bien plus que de savoir si elle a eu des relations sexuelles. Mais pourquoi ces questions, pourquoi cette obsession sexuelle? Quelle étrange question à se poser, qui ne me serait jamais venue à l'esprit (car quel rapport cela peut-il avoir en la foi en un Jésus Christ sauveur?))

Jérôme, nous dit la prof, «est à l'origine de ce lieu commun, qui est faux, que «frères» égale «cousins» dans l'Orient antique. A vrai dire, reprend celle-ci, j'en viens à penser que les arguments de Jérôme sont si faibles que cela explique que l'on n'ait pas traduit ce texte en français.»

Problème: Jérôme écrit en latin. Solution: ce n'est pas Jérôme que nous traduirons, mais les citations des Écritures sur lesquelles il s'appuie.
Voilà qui fait tout à fait mon affaire: nous allons donc voir comment des mêmes passages ont été lus différemment quatre siècles après JC. C'est exactement la question que je me pose concernant les catholiques, protestants et orthodoxes.


Sans rapport direct, deux livres recommandés par la prof, de Christian-Bernard Amphoux:
- le premier, austère : Manuel de critique textuelle du Nouveau Testatment
- le deuxième, «le livre que j'aurais aimé écrire» : Philologie et Nouveau Testament : Principes de traduction et d'interprétation critique



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Transport : le soir, quand j'arrive gare de Lyon à 21h40 (ce qui est tôt : le cours de grec termine à neuf heures), il n'y a plus aucun train d'affiché pour Melun (Yerres est sur la branche Melun).


Aucun renseignement affiché. J'interroge un agent qui me répond sans hésiter : le prochain train pour Melun est à 23h07. WTF? Comment peut-il savoir cela sans annonce, sans brief? C'était prévu, c'est prévu? Aucun train pendant une heure et demie?
Je vais dîner dans une brasserie en face (sardines à l'huile baba au rhum).

Dire que plutôt je m'étais réjouie de découvrir les portes sur le quai de la ligne 4 à Saint Sulpice (dans la série «immortalisons les changements pour se souvenir du moment où cela a changé»).

Dernier cours de grec

La professeur annonce une nouvelle qui me navre et me met en colère : il est fort possible qu'il n'y ait plus de cours l'année prochaine car celui-ci est trop dérogatoire par rapport aux règles académiques: il n'est pas calé sur un semestre, il est ouvert à tous et ne fait partie d'aucun cursus, il ne donne pas lieu à une évaluation.
Pourtant la prof a fait des efforts cette année qu'elle travaille à Genève: elle se fait simplement rembourser ses billets de train et ne réclame aucun salaire (si j'ai bien compris, cela ne vaut pas la peine avec l'imposition suisse). Est-ce que l'ICP va réellement laisser partir, ou pire inciter à partir, cette perle rare, érudite et vivante, qui organise des colloques au Collège de France avec Carlo Ossola?

Est-ce mon dernier cours de grec? Je vais tout oublier si vite. Je ne me vois pas travailler avec quelqu'un d'autre. Déjà que je travaille si peu. Personne n'arrivera à me donner l'envie.

Remarque : parmi les raisons inavouables de l'arrêt de ces cours par l'institution il y aurait celle-ci (dixit la prof): que les laïcs et même les sœurs n'intéressent pas vraiment la catho: ce qui l'intéresse, ce sont les frères ou les prêtres qui vont faire des thèses et être connus et reconnus ce faisant.
J'ai pensé à Jean-Marc et à sa colère.

Incarnation

A l'ICP :
— Parfois, j'ai l'impression qu'ici on vit hors de la réalité, comme si tout le monde était croyant alors qu'en réalité presque plus personne ne croit. Par exemple si j'interroge sur le sens de passion avec un P majuscule, on me dit «mais si, je sais», et quand je demande des précisions: «c'est religieux, non?»
— Oh lala, si tu savais! Des ados m'ont dit il n'y a pas longtemps: «Jésus, il a pris cher!»


Et tout bien réfléchi, ce n'est pas une mauvaise définition, ni de la Passion, ni de la vie de Jéus: d'il a pris chair à il a pris cher.

Colloque œcuménique

Ce colloque célèbre la signature en 1999 de la Déclaration commune sur la justification entre les catholiques et les Luthériens, déclaration adoptée peu à peu par d'autres Eglises protestantes
Pour mes lecteurs non concernés, il s'agit en quelque sorte de la fin officielle des guerres de religion catholiques contre protestants: il s'agit de la reconnaissance par écrit que les objets de discorde n'en sont plus, parce qu'on ne pense plus exactement comme à l'époque, parce qu'on a pris le temps de s'écouter, parce que, surtout, on accepte de ne pas être d'accord sur tout tant que l'essentiel est préservé. C'est un processus fascinant
.

De l'importance de la narrativité.

« On ne peut pas changer l'histoire. Mais on peut changer la façon dont on en parle. »
«L'unité n'est pas quelque chose que nous produisons, mais quelque chose que nous recevons. Deux fois déjà j'ai dû bouleverser mon calendrier….»
Olivier Brès, ancien secrétaire général de la Fédération de l'Entraide Protestante

Parler ce ce qui rapproche plutôt que de ce qui sépare.

Journée en sourdine

Levée à 3h (réveil spontané) pour terminer l'introduction à la dissert de théologie que j'aurais dû écrire mercredi.
J'ai continué à y travailler à partir de cinq heures ce soir. Je suis arrivée en retard en cours. Tout cela n'avait pas d'importance puisqu'on n'a pas regardé ce que j'avais fait.
Il appert des remarques faites aux autres que je n'ai ni thèse ni problématique (difficile d'avoir une problématique quand on n'a pas de thèse).

Accident de personne gare de Lyon ligne A en rentrant. Lignes 14 et 4 arrêtées pour travaux à partir de 22h15 environ. Je dors debout. Je rentre.

H. est à Nantes.

Les ouvriers ont commencé à poser le parquet.

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Conférence

Conférence obligatoire sur la loi bioéthique. Beaucoup de redites par rapport à mes cours de deux ans, ce n'était pas vraiment nécessaire.

Il y a deux ou trois ans, il n'y avait pas de cours ou TG pour les (élèves en) dernières années. Les droits d'inscription ont augmenté et en conséquence l'école s'est senti obligée d'ajouter des cours aux ateliers tous les quinze jours. C'est un programme beaucoup trop lourd, nous sommes tous à la limite d'abandonner.

Coming out

Je continue mes lectures, ma recherche de bibliographie. L'idée est de trouver des livres qui permettent "d'entrer en dialogue" (formule consacrée). Le problème, c'est qu'on découvre des textes qui ont si bien traité les questions qu'on voulait aborder qu'il n'y a plus grand chose à dire (déjà que…)

J'en profite pour partager ce passage qui m'a fait sourire.
L'investissement personnel, nécessire à la formation théologique universitaire que propose le Cycle C est d'une telle ampleur qu'il implique des décisions assez radicales en termes de priorité et d'organisation aussi bien sur le plan du travail personnel que sur le plan de la vie familiale. Pour autant, l'étudiant reste souvent très discret sur son engagement dans ces études. On perçoit une réelle réticence à dire et partager les études entreprises; plusieurs étudiants évitent de faire ce que l'on pourrait appeler leur «coming out» […]

[…] L'idée même de retourner «en classe», de suivre des cours après une journée professionnelle souvent chargée, de lire des livres, de passer des examens et de rendre des devoirs, sucite étonnement, voire admiration. A l'intérieur d'une vie déjà prise par une famille et un métier, choisir de consacrer du temps — et d'engager des frais — pour continuer des études paraît déjà considérable. Mais quand le contenu des études est révélé, l'étonnement croît encore, et vire parfois à l'inquiétude: «Mais, à quoi ça sert?»

"Les engagement ecclésiaux des laïcs formés en théologie", par Christelle Javary et Luc Forestier, dans Des laïcs en théologie: pourquoi? pour qui?, direction Brigitte Cholvy, Bayard 2010, p.122-123
Je me souviens il y a sept ans avoir hésité à avouer mes études ici, puis avoir décidé de vous faire confiance, ô vous lecteurs habituels ou de passage.
Pourquoi ce mot de confiance? parce que théologie appelle religion, et religion évoque obscurantisme (et pire désormais avec les scandales pédophiles).

Comment rendre compte des trésors d'intelligence, de réflexion et d'équilibre rencontrés en théologie, quel sens peuvent-ils avoir en dehors de la foi?
Et s'ils n'en n'ont pas, quel gaspillage de force, quel dommage, et à quoi bon?

La liturgie après Vatican II et une histoire de la pénitence

Je mets en ligne quelques notes. J'hésite toujours à faire cela en me disant que c'est trop orienté, mais après tout, si Otir le fait sur la religion juive, pourquoi ne pas le faire sur la religion catholique ? (Toujours cette hésitation à parler de ce qui tient à cœur).


Concernant Vatican II, on retient essentiellement six points en ce qui concerne la façon de célébrer la messe :
1/ on s’est mis à célébrer en français (csq sur les lectures, mais aussi sur l’homélie, qui doit commenter les écritures (avant cela, les sermons portaient plutôt sur une vertu, sur l’enfer, etc.)
rq : le sermon a toujours été en langue vernaculaire. Distorsion entre la langue du sermon et la langue de la proclamation de la parole de Dieu.
2/ retournement du prêtre à l’autel. Messe face au peuple.
rq : c’est évidemment faux. On n’a jamais célébré dos au peuple. Simplement le prêtre était orienté vers l’est, comme l'assemblée (pas toujours vrai : St Pierre de Rome est occidenté.)
A Vatican II, on avance l’autel qui auparavant était au fond, contre le mur. On met en place l’ambon pour la lecture. Une diversité de ministères (chantre, lecteur, prêtre : §29 de la constitution : autant de ministères (mais pas tous ordonnés)).
En réalité, les fidèles sont autour de l'autel, bien plus que le prêtre n'est devant l'assemblée.
Vatican II pense la liturgie à partir de l’assemblée (auparavant : à partir du prêtre).
3/ la concélébration.
Cela a apporté une dimension festive — avec le risque d’accorder plus d’importance aux grands rassemblements. On est dans un temps de grands rassemblements.
4/ les laïcs (et même des femmes !)
5/ la possibilité (au moins en France) de recevoir la communion dans la main.
6/ la généralisation de la communion tous les dimanches.
Depuis Latran IV (1215) les fidèles des deux sexes devaient se confesser et communier une fois l’an à Pâques => beaucoup d’hommes ne communiaient que là, et encore.

Tous ces points sont des approximations. On retient les changements dans la forme. Mais on oublie la réflexion qui la soutient.
Les deux sources : un retour à l'Eglise primitive et aux pères de l’Église.


Plus tard le prof nous fait une histoire rapide du sacrement de réconciliation (ou pénitence ou confession). J'ai l'impression de me voir devant les enfants au catéchisme : culture gé en intraveineuse pour combler les lacunes (en réalité j'ai déjà eu ce cours l'année dernière, mais je ne suis pas suffisamment sûre de moi pour penser "savoir", juste vaguement connaître. Savoir, c'est autre chose.)

Histoire de la Pénitence :
1/ A l'origine, le baptême est le sacrement de la pénitence, de la conversion, de la métanoia. Sans doute jusqu’au milieu du 2e siècle.
2/ Arrivent les persécussions => les lapsis (qui renient le Christ dans les persécutions). Débats. Mise en place de la pénitence antique (canonique) destinée aux plus gros péchés : l’apostasie, le meurtre, l’adultère (mais pas d’anachronisme : il ne s'agit pas de « fricoter » avec la femme du voisin, mais de la « piquer » (comme David avec Betsabé. La femme fait partie des biens.))
Pas d’aveu : la faute est de notoriété publique. Pénitence publique.
Rachat auprès de l’évêque. Un stage pénitentiel long (des années) avec renoncement à la vie mondaine. Réconciliation => réintégration du pécheur dans le corps de l’Église. Cette cérémonie avait lieu le mercredi saint pour que les réconciliés vivent la Pâques.
Système très lourd => on préfère demander la pénitence sur son lit de mort (ça abrège considérablement le stage pénitentiel ! (Augustin a été baptisé à trente ans : il fallait que jeunesse se passe. Souvent on était baptisé quasi sur son lit de mort, ça évitait de pécher après le baptême.))
3/ La pénitence tarifée. Sans doute les moines irlandais (7e siècle). Pour telle faute, tant de prières, de mortifications, de séjours dans l'eau glacée, etc. Aveu (reconnaissance de la faute), pénitence, absolution (dans cet ordre).
Terrifiants à lire mais très intéressants pour l’histoire des mentalités : les pénitentiels : catalogue des fautes possibles et du tarif pour se racheter. Les pénitences étaient trop dures => système d'équivalence de peines. Par exemple, trois ans de jeûne pouvait être converti en un prix pour des messes pénitentielles ou un pèlerinage à St Jacques. Il a même été envisagé de payer qq’un pour faire la pénitence à votre place .
Cela a été interdit à partir d’un certain moment.
4/ La pénitence moderne a été mise en place au 12e siècle par les aumôniers de St Victor pour les étudiants de la Sorbonne.
On va voir un prêtre : aveu, absolution, pénitence (changement d'ordre).
Vatican II y ajoute une liturgie de la parole. Pendant des siècles on n’aurait pas pensé à se confesser avec sa Bible : de façon pratique, on avait à disposition une liste de péchés parmi lesquels on choisissait (!) (Ce qui donnait lieu à des conversations du type, nous raconte le moine professeur, « tu as mis quoi, toi ? Ah oui, c'est pas mal, je vais le prendre aussi » et à la petite fille de sept ans s'accusant d'être entée en armes dans les Etats du Vatican (anecdote authentique).
Vatican II : redécouverte de la Parole, mais aussi du chemin de la pénitence communautaire. La réconciliation est le moment où le pécheur est réintégré dans le corps de l’Église ; le problème est qu’on a totalement privatisé ce moment.

La vogue des célébrations collectives a diminué parce que Rome a dit non aux absolutions collectives. Mais une célébration communautaire ne veut pas dire absolution collective.


Le problème aujourd’hui : qu'est-ce que le péché ? Pendant des siècles une infraction au code moral. Mais est-ce vraiment cela ? (Après le cours, le prof donne sa définition : une rupture d'alliance.)
L’inverse du péché, ce n’est pas la vertu, c’est l’action de grâce.

Qui suis-je, suite

A-C ne jure que par l'ennéagramme (bien que la vraie pro soit sa sœur). Alors lorsque j'ai vu passer une annonce sur la page FB de la catho (plus précisément de l'ISPC, Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique1) pour une formation de quatre jours sur le sujet, je m'y suis inscrite : après le MBTI, je n'étais plus à ça près.

La journée a été instructive et amusante. Nous sommes trente dont une bonne moitié de prêtes et de sœurs en "parcours Nicodème2" et le reste en "mission diocésaine" (sauf moi qui suis tout de même en cycle C, même si personne dans la salle ne sait ce que c'est). Je suis toujours admirative de la diversité géographique de la catho : Birmanie, Haïti, Italie, Togo, Congo, Bénin, Madagascar, la Réunion… et Tours, Nîmes, Limoges.

La matinée (deux heures) est consacrée à une sorte d'échauffement en répondant à trois questions à partager ensuite en groupes de trois (groupes toujours différents de façon à connaître tout le monde3).
Je vous livre les questions :
- Qu'est-ce qui m'agace le plus chez les autres ?
- Qu'est-ce que j'aime que les autres disent de moi ? (quel compliment apprécié-je le plus ?)
- A quand remonte ma dernière colère et quel en a été le sujet ?


Pour nous montrer que nous avons besoin du regard et des comptes rendus des autres pour nous connaître nous-mêmes (besoin du reflet dans l'œil et la parole de l'autre), l'animatrice délimite quatre zones :
- la zone publique : ce qu'on montre aux autres en sachant qu'on le montre (ce que je sais que je montre et que les autres voient)
- la zone cachée : ce que je sais de moi mais que les autres ne voient pas (je le cache)
- la zone aveugle : ce que les autres voient mais que moi-même ne connais pas ou ne sais pas que je le montre (à mon sens, c'est cette zone qu'on prend le risque d'exposer quand on blogue, elle est l'enjeu du blogage.)
- la zone inconnue : ce que je ne connais pas de moi et que les autres ne voient pas (que faire de cette zone ? espérer la réduire ? l'appeler subconscient ? la conserver précieusement ? (ce sont mes questions, pas celles de l'animatrice)).


L'après-midi a été consacrée à la description des neuf types (je ne les donne pas, mais c'est du genre le perfectionniste, l'observateur, le secourable, le défenseur de l'orphelin, etc). « Il n'y a pas de sale type » est le credo. Le présupposé est une blessure d'enfance enfouie (pauvres parents, aucune chance de s'en sortir !) ; la recommandation est de ne jamais jouer à mettre une étiquette sur qui que ce soit en observant un comportement : il faut remonter aux motivations.

« Imaginez que vers la fin du repas X. se lève pour aller chercher le fromage : vous ne pouvez pas savoir si c'est pour rendre service, si c'est parce qu'il s'ennuie, si c'est pour échapper à une discussion dans laquelle il ne veut pas prendre partie, si c'est parce qu'il veut être sûr que le plateau sera présenté comme il convient… »

C'est ludique, c'est curieux, mais qu'en faire ? Je ne sais pas très bien. (L'écriture d'un roman ? Neuf personnages commettant la même action chacun pour une raison différente… C'est beaucoup, neuf.)


Note
1 : il faut dire que le sujet que j'envisage pour le mémoire de théologie va sans doute porter sur la catéchèse
2 : sorte d'année sabbatique et de formation continue volontaire pour les prêtes et les sœurs. Bonne initiative, j'en ai connu au bord de l'épuisement
3 : j'en profite pour partager "trucs et astuces pour animer un groupe" (car j'ai été surprise de constater combien c'était peu connu lors de mes dernières formations en entreprise)

Liturgie de la semaine sainte

Quelques notes (discrètes, parce que c'est un cours payant) prises pendant le cours mensuel de liturgie.

On dit parfois qu'il n'y a pas de doctrine sacramentelle dans Vatican II. Mais il y a des présentations générales qui en tiennent lieu.

Abréviations de trois Présentations générales qui sont chacune un traité sacramentaire.
PGMR (présentation générale du missel romain) : un traité de l’eucharistie
PGLR (présentation générale du lectionnaire romain)
PGLH (présentation générale de la liturgie des heures)


Le cœur du cours est la liturgie de la Semaine sainte, du dimanche des Rameaux à la Pentecôte, et le professeur, le frère Patrick Prétot, y voit un mémorial des événements du salut. Il en fait une lecture extrêmement fine et évidente (j'appelle évidente la surprise de découvrir comme neuf quelque chose qui était sous nos yeux depuis toujours).
Je pense avec quelque honte à Léonardo et à son proverbe espagnol : « perdu comme un jésuite en semaine sainte ».

Faute de genre

Dans la voiture j’écoute le dernier « coup de gueule » d’une journaliste sur France Musique : tollé aux Pays-Bas parce que le Concertgebow a illustré une campagne de pub par un appareil à souffler les feuilles soulevant la jupe d’une femme, découvrant ainsi un string (jeu de mots en anglais sur un titre de Bach : air on string, mélodie sur une corde ou souffle sur une ficelle (le string)).
Et je me dis qu’ils sont bêtes, ils ont oublié qu’il fallait maintenant décaler ce genre d’allusions : ils auraient fait cela avec un homme en kilt, tout le monde aurait ri.

——————

Agenda
Aviron. Clémentine me vouvoie et me dit «Merci Madame». Je ne lui demande pas de me tutoyer. Il sera toujours temps si elle devient une fidèle du club.

C’est la rentrée. Encore deux ans.
Les travaux de l’ICP sont terminés. La cour ne me plaît pas, elle est entièrement cimentée de blanc (mais non plate, ce qui permettra à la pluie de ruisseler), percée de minuscules lampes qui sont comme des étoiles venues du sol dans la nuit. J'aurais préféré des arbres, des fleurs, de la terre. Evidemment il aurait fallu des chemins, c'est sans doute moins adapté à la circulation de beaucoup de gens.
Les salles (toutes les salles, ou seulement celles du bâtiment S) sont pimpantes et le mobilier neuf. Il était temps : le précédent semblait rassemblé de bric et de broc, avec des tables trop hautes, trop étroites, des chaises très inconfortables (celles-ci ô merveille sont rembourrées : combien de temps pour que des élèves inconscients de leur chance ne les tailladent ?)

Cours sur Heidegger, ou plutôt la phénoménologie (mais pas celle d'Husserl, donc celle de Heidegger) à partir de Jean-Yves Lacoste. « Il ne faut pas confondre la théologie philosophique (Voltaire, théodicée de Leibniz), la philosophie de la religion (Kierkegaard, les Russes, etc) et la philosophie des religions (étude des religions existantes).»
Je me prends à regretter que notre cours de sociologie soit si loin. J'ai l'impression que nous nous inscrivons dans la ligne directe de Durkheim and co.

Péché I

J'avais vu à l'institut protestant une publicité pour un colloque de l'ISEO (institut supérieur d'études œcuméniques) sur le péché: «Comment parler du péché en 2017?»
Bien que mon féminisme se méfie instinctivement de toute évocation du péché (parce que le péché "originel" qui permet d'accuser les femmes de tout et n'importe quoi me paraît une manipulation ecclésiale du genre «celui qui veut noyer son chien dit qu'il a la rage»), je me suis inscrite dans l'espoir de trouver des pistes pour mon oral de théologie en morale fondamentale (très important, le "fondamentale", la prof a insisté).

Je ne livre que quelques anecdotes et quelques pistes.

Quatre personnes de quatre confessions sont intervenues pour répondre à la question: «Quelle est à votre avis le problème le plus grave dans votre Eglise le péché le plus grave ?»

- Brice Deymié, protestant aumônier de prison, fait d'abord remarquer la différence entre le péché (transcendance, coupure d'avec Dieu) et les péchés (toujours personnels). Sa réponse à la question : la tentation de l'Eglise : se prendre pour Dieu.

- Michel Kubler, catholique, répond catégoriquement: la pédépholie. Il parle de Mgr Lalanne qui a fait l'erreur de répondre par des nuances théologiques à une question médiatique1 et insiste sur la condamnation permanente de Ratzinger (devenu Benoît XVI) qui est allé jusqu'à parler de "péché structurel". Démarche de conversion pour ne plus protéger l'institution et pour accompagner les victimes.
Il cite plusieurs livres, j'ai retenu celui d'une paroissienne qui étudie la façon dont une communauté se tait, s'est tue: Isabelle de Gaulmyn, Histoire d'un silence. Péché de l'Eglise, péché du peuple de Dieu.

Luc Oleknovitch, pasteur de l’Union des églises évangéliques libres de France (UEELF): péché de pharisaïsme : faire porter aux autres ce que nous ne portons pas nous-mêmes; péché d'infidélité : quand une Eglise ne me plaît pas, je vais en voir une autre. Recherche de la satisfaction émotionnelle. Si je devais définir ce péché, je l'appellerais "ingratitude".

Marc-Antoine Costa de Beauregard, orthodoxe (se signe avant de commencer). Le péché le plus grave: on m'a posé la question, spontanément j'ai répondu: "l'hérésie". Ouh là, qu'est-ce que je n'avais pas dit. Pour beaucoup, Dieu n'est pas la référence, la référence est la religion. Qui est Jésus-X pour toi?

C'est lui qui m'apprend que par la grâce du calendrier lunaire, tous les chrétiens vont fêter Pâques à la même date.

Citation de Brice Deymié: «Un directeur de prison me disait (les directeurs de prison sont souvent des personnes remarquables): "vous verrez, toutes les personnes que vous rencontrerez ici ont en commun qu'on ne leur a jamais dit "je t'aime".»
«On demande soudain à la prison de faire des miracles, de réussir là où la famille, l'école, etc., ont échoué…»

La salle demande comment parler du péché aux enfants. La réponse m'a fait sourire, car elle reprend l'adage «les protestants c'est toujours oui, les orthodoxes c'est toujours non, les catholiques ça dépend). Le prêtre orthodoxe répond qu'il faut commencer très tôt, que dès trois ans, les enfants savent exprimer la douleur de la faute et le besoin de la réconciliation; le catholique répond qu'il préfère attendre l'âge de raison (utiliser l'image de la ficelle cassée que l'on renoue); le protestant répond que les enfants culpabilisent déjà suffisamment spontanément, il préfère insiste sur la foi, la présence du christ; parler du péché ça vient toujours assez tôt.

Il n'y a pas de raison de parler de péché à quelqu'un qui ne croit pas. On peut faire appel à sa conscience, etc. mais on ne peut pas parler de péché à quelqu'un qui n'a pas la foi, ça n'a pas de sens (Michel Kubler).

Une question de la salle me fait sursauter en rappelant que l'œcuménisme, ce n'est pas «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil»: c'est un effort constant, avec des désaccords profonds et douloureux quasi physiquement (on voit les visages se figer, se crisper), et qu'il faut une attention permanente pour dialoguer sans blesser. (En d'autres termes, c'est moins la question qui m'a impressionnée que ce qu'elle a mis en évidence de failles, de désaccord, de volonté de continuer ensemble malgré tout, de se parler et non se condamner).
La question: Quels sont les péchés que chacune de nos Eglises considèrent comme un péché chez l'autre qui sont des obstacles au rapprochement? je pense par exemple à la reconnaissance des homosexuels, à la dévotion mariale, …

L'après-midi sera plus léger, sauf dans sa première intervention.
Jean-François Colosimo, orthodoxe, nous parle du combat spirituels des pères au désert. Il s'agit par ailleurs d'une charge contre l'ennéagramme, le New Age, etc. : «des choix de confort, alors que la religion chrétienne est inconfortable».
Lire un aphogtegme des pères du désert par jour.
théorie latine: tous les hommes sont responsables (amendée plus tard par St Thomas)
Remplacer la dyade faute/pardon par celle de mort/vie.
Permet de déplacer la culpabilisation qui reste une culpabilisation de la construction de soi.
Evagre : huit pensées (qui deviendront à travers Cassien en latin: les sept péchés capitaux)
Ce sont les pensées qui peuvent assaillir le moine: donc les "péchés" sont des combats spirituels.
concupiscence : luxure, gloutonnerie, vaine gloire, avarice
frustration : colère, tristesse, acédie, orgueil.
Il ne faut pas perdre de vue l'acédie (l'abandon par désespoir, qui sera rassemblé avec la tristesse sous le titre de paresse : l'abandon du combat).

C'est étrange, pour moi il est beaucoup plus engageant de se battre contre de mauvais génies qui induisent en tentation (pour ne pas dire Satan, un reste de peur du ridicule) que de devoir bander sa volonté pour lutter contre soi-même (la paresse, la gourmandise, etc): vaincre un ennemi "extérieur" éveille l'esprit combatif, l'énergie vivante et joyeuse des combats de chevaliers.

Ensuite, deux interventions sur le péché représenté en art ou utisé dans la publicité (Genèse 3).

Je pars pour mon cours d'allemand. A 19 heures, dans le cadre du colloque, projection à l'IPT de Sous le soleil de Satan. Je m'ennuie. Cette exaltation n'est pas du tout mon genre.


Note
1 : «"la pédophilie est un mal, est-ce un péché? je ne saurais le dire, mais il faut protéger les victimes". En disant cela, il suivait la doctrine catholique classique, en s'appuyant sur la reconnaissance progressive par l'Eglise de la pédophilie comme maladie ou pulsion irrépressible».

Samedi

Journée : session "justice et miséricorde".
Un peu déçue de n'avoir abordé le sujet que d'un point de vue biblique et sacramentel, et très peu pratique.

Il y a quelques années, lors d'une préparation d'une journée à Chartres avec des cinquièmes, j'avais été frappée de la confusion qui régnait dans l'esprit de certains parents. Il venait de se produire un fait divers sordide, du genre un meurtre ou un viol par un récidiviste en liberté anticipée, ils étaient pleins de bonne volonté, voulaient être de bon chrétiens, se demandaient s'il "fallait pardonner", si c'était vraiment cela qui était attendu d'eux.
J'étais intervenue pour dire que jamais dans l'Evangile le pardon n'était donné à quelqu'un qui ne le demandait pas: de quel droit aller embarrasser quelqu'un d'un pardon qu'il n'a pas demandé?
La justice avant la charité: cette parole de Jean XXIII trouvée chez Arendt (Vies politiques) permet de remettre les choses dans l'ordre, de séparer l'humain du divin (si tant est que la justice puisse être humaine — mais nous avons l'obligation d'essayer).
Mais nous n'avons pas abordé ces points qui m'intéressent profondément.

Il fait très beau, repas en commun dans le jardin, c'est un grand plaisir de se retrouver ensemble. Je regrette ceux qui ne sont pas là, qui ont abandonné ou prennent une année de répit.

Vingt minutes de sieste, puis repas d'anniversaire pour les dix-huit ans d'Olivier: tous majeurs autour de la table, yeepee!!
Repas animé comme ils le sont toujours, cela me manquera.
O, le grand O, m'a ramené Bill, the Galactic Heroe, que j'ai lu il y a vingt-cinq ans et qui me paraît si bien correspondre à l'époque actuelle.
Livre givré apparemment : Le temps du twist de Joël Houssin, pour fans de Led Zep entre autres.

Rentrée

Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller ramer sous le crachin avec ma sinusite. J'ai eu froid. J'espère que je serai remise pour ce week-end.
Double canoë avec Isabelle. C'était sa première sortie sur l'eau. J'ai l'impression de voir utiliser une nouvelle méthode, une nouvelle pédagogie: au lieu de faire sortir les débutants en yolette, ils sortent en double canoë avec un confirmé et ils ont droit à un cours particulier. C'est sans doute mieux pour prendre confiance, il est plus facile de s'arrêter chaque fois que nécessaire et de prendre son temps (car la précipitation est le grand ennemi — avec les démonstrations de force, la brutalité).
C'était amusant, il me surprend toujours autant de constater combien un faible coup de rame, gentle, peut propulser un bateau. Sport de glisse.

C'est la rentrée, c'est la rentrée, c'est la rentrée, tralala itou. Ça me manquait, le fait de ne plus avoir de devoirs en retard est libératoire. Nous comptons les rescapés, nous sommes une vingtaine réunissant deux promos (les sixième année (moi) et les septième). Beaucoup de mes coreligionnaires d'origine (quatre ou cinq!) ont pris une année de respiration, pour finir les devoirs non rendus et valider des langues.
La vie sacramentelle. Parfois le mot utilisé est sacramentaire (difficile nuance au fond de la classe avec les oreilles bouchées). Je n'ai pas osé demandé la différence. Avec les années, je suis devenue convaincue de l'importance des rites, de leur dimension cathartique.
«Un sacrement n'est jamais privé.»


Progression dans la modernisation de la station des Halles: escalier vu du quai du RER D.



Tristan à l'ICP

En attendant le début du colloque, je m'installe au café et je surfe. Je découvre une vidéo de Guillaume Cingal qui traduit sur le vif Red Shuttleworth, un poète américain qui finira un jour par être connu en France (il est difficile à traduire car il écrit de façon extrêmement condensé. Il me pose souvent le problème de savoir s'il invente une expression ou s'il en utilise une très connue aux US, mais non écrite (pas toujours politiquement correcte) — inconnue en France).
En écoutant Guillaume, je remarque à ma courte honte (tant pis) qu'il fait attention à la forme du poème, tandis que toujours je me précipite vers le sens, sans m'arrêter à l'objet posé sur la page.

Neuf heures et quart est l'heure officielle du début de la journée d'étude sur "Crise(s) et critiques de la démocratie libérale, de l'entre-deux-guerre à la crise du XXIe siècle" à l'ICP. J'y vais pour écouter Tristan Storme, spécialiste de Carl Schmidt. J'ai beaucoup perdu de mes réflexes depuis l'époque où je lisais Taubes, Schmidt, Storme sur Schmidt, Pranchère sur Maistre, en 2011 ou 2012. Il est difficile (en fait impossible) de suivre tous ses amis dans leurs différents centres d'intérêt, entre les philosophes, les mélomanes, les littéraires, les amateurs d'expositions et d'architecture, les historiens, les psychanalystes… Entre théologie et aviron, j'ai un peu décroché.

J'en suis à attendre la fin de ces huit ans (j'en suis à cinq) comme une libération, la possibilité de faire ce que je souhaite sans entrave.
Je résume cela par: «Vivement que cela soit fini, que je puisse enfin travailler», voulant dire: lire un seul auteur, mais correctement, au lieu de les survoler tous bien trop vite (c'est une fausse excuse. Je pourrais commencer en juin). Parfois je me demande si c'était une bonne idée d'abandonner un domaine où je commençais à saisir deux ou trois notions (la littérature) pour m'aventurer dans un domaine où je ne connais rien (la théologie). Il faudrait que je travaille plus sérieusement, cette phrase est un mantra, un leitmotiv, un regret. (Sur la tombe d'O. on écrira "c'est pas très grave", sur la mienne "j'aurais dû travailler plus sérieusement".)

A midi je m'éclipse, toujours cette peur de m'imposer, d'embarrasser (ce qui fait qu'ensuite je me demanderai si je n'ai pas été impolie en partant trop vite. Le scrupule est un rongeur.)

Mojito bien tassé au café du Métro , ce qui fait que j'arriverai un peu partie au comité financier de l'après-midi. (Mon actuaire préféré nous présente le gérant de notre portefeuille qui doit être davantage habitué aux chiffres qu'aux gens: j'ai rarement vu de telles plaques rouges dans l'échancrure d'une chemise (de l'utilité de la cravate), il doit être terriblement timide.)

En passant devant la boutique St-James à Madeleine, j'achète une casquette rouge (pour le CNF. Jean-Pierre m'en promet une depuis longtemps mais je n'y crois plus).

Mes drôles de dames

Mon moral est un peu remonté hier en constatant que parmi les cours flottants qui nous sont proposés, un est professé par Yara Matta. «Figures et ministères de femmes dans le nouveau testament», le genre de sujet que j'évite spontanément: je déteste ce que je ressens comme un hochet destiné à nous expliquer que nous sommes reconnues dans l'Eglise et que notre sort n'est pas à plaindre alors que la réalité est que, quelles que soient l'opinion et la valeur des hommes d'Eglise qui nous entourent, la structure nous laisse dans les marges en préférant penser à nous comme à des mères que comme à des personnes à part entière ("citoyen de seconde zone", diraient les homos). Mais bon, si c'est Yara Matta qui est le professeur, j'y vais sans hésiter. Je regrette encore d'avoir écouté les conseils qui en première année nous avaient déconseillé de suivre son cours sur les Psaumes au prétexte qu'il valait mieux attendre d'avoir fait le cursus sur l'Ancien Testament: l'année suivante, ce cours n'existait plus et j'en ai un regret profond.

Anne-Sophie Vivier-Muresan spécialiste de l'islam (signe des temps, cette année son cours est recentré sur l'islam en France), Anne-Catherine Baudoin spécialiste de grec et Yara Matta, exégète bibliste, un trio exceptionnel. Quelle chance de les avoir comme professeurs.

Si je m'inscris en grec III (mardi soir toute l'année 19-20h), en cours flottant (mercredi jusqu'à Noël 20-22h) et en lecture grecque (un jeudi par mois, neuf jeudis au total, 19-21h), il va y avoir des semaines où je vais être en cours quasi tout les soirs (enfin, deux ou trois fois: en octobre, novembre et décembre).

L'anniversaire de Marignan

Aucun rapport avec la suite, simplement j'ai entendu cela ce matin à la radio et je voudrais m'en souvenir.

Pour une raison mystérieuse, je m'étais mis en tête que les cours ne recommençaient qu'en octobre, heureusement qu'un mail d'une amie s'étonnant de mon absence lundi dernier m'a avertie de mon erreur (pas de regret, j'étais à Cerisy).

J'arrive pour six heures, pensant travailler deux heures en bibliothèque, mais celle-ci ferme, les horaires d'été s'appliquent encore (je n'ai que le temps de rendre trois livres, un lu à moitié (JH Newman), un acheté depuis (Auguste Diès), un non lu (Hermann Gunkel)) et je me retrouve au café.

Un coreligionnaire (j'aime avoir l'occasion d'employer ce mot à bon escient) me rejoint. J'espère ne pas l'avoir trop démoralisé. Il faut dire que je commence l'année avec difficulté. Pas d'enthousiasme, pas de goût, pas de désir — même pas celui d'abandonner. A lui qui essaie de me motiver en me disant que nous avons fait la moitié du parcours (quatre années sur huit), je réponds que dans l'escalade d'une montagne, la seconde moitié est la plus difficile — qu'en fait chaque pas est plus difficile que le précédent. Tout cela manque tant de chaleur, je voudrais un prof, un prêtre, n'importe qui de n'importe quel statut, qui vienne nous parler de foi et non de raison. Ras-la-casquette de la raison. Si j'étais raisonnable, je ne suivrais pas ces cours. Et la raison, c'est tellement banal. Un peu de folie, nom de Zeus.
C'est le moment de la traversée du désert, celui où il faut continuer sans plus croire à rien, en rien, même pas qu'il y a un autre côté du désert. Juste s'obstiner toujours dans la même direction. J'ai prouvé des aptitudes à cela par le passé. Mais ça ne m'empêche pas de râler.

Première pierre

La catho se modernise. Combien d'années de travaux ?
Cardinal Vingt-trois, maire de Paris, maire du VIe, discours. Première pierre. Le campus va être agrandi en récupérant les bâtiments de deux écoles parties en banlieue et en creusant un amphi dans le sous-sol.
L'objectif est de rester dans Paris, car «Paris tout entier est le campus des universités parisiennes.»

Petits fours. Depuis quelques temps déjà, dans les lieux publics, au milieu de la foule, au restaurant, dans les transports, je n'essaie plus de retrouver le visage des gens bébés ou enfants, mais vers seize ou dix-sept ans. Et ils n'ont pas changé, leur personnalité affleure, je les imagine au café, en train de draguer ou de discourir: ils sont les mêmes, les mêmes sourires, les mêmes gestes, les mêmes espoirs.




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Appréciation :
Dans la gradation «c'est bien», «c'est pas mal», j'ai eu droit à «continue, c'est pas si mal».
(Il s'agissait de skiff et de préparation de l'aviron d'or: j'ai eu un compliment de Vincent, hiiiiihh.)

Accablement

La prof de latin s'est entichée de moi comme il arrive régulièrement qu'un prof s'entiche de moi. Je me demande bien pourquoi, je suis nulle en latin.
J'ai compris l'heure suivante pourquoi Lumen Gentium suivait "naturellement" l'ordre des mots et pensées en français: cette constitution a été rédigée par un Belge, Gérard Philips.

Le prof de sociologie étant absent, le responsable de l'année a proposé à ceux qui le souhaitaient de venir pour quelques conseils sur la dissertation d'ecclésiologie.
C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à une dizaine pour présenter le sujet de dissertation que nous avions choisi afin que Thibault puisse nous donner des indications bibliographiques.

Simplement, je n'avais pas choisi. J'ai choisi pendant les deux heures, tandis que les autres parlaient, étonnée de voir que le sujet que j'avais choisi au départ (Jurgen Moltmann écrit : « À la tendance protestante de dissoudre l’ecclésiologie dans la christologie, correspond du côté catholique la tendance opposée » (L’Église dans la force de l’Esprit, p. 101). Après avoir situé cette citation dans le propos général de l’auteur, vous proposerez une lecture critique de ce constat qui ouvrira à une réflexion sur l’articulation entre l’Église et le Christ) et que le professeur m'avait déconseillé de prendre (il avait souhaité qu'aux inter-cours nous venions lui dire ce que nous avions choisi, afin de nous proposer des pistes. Devant ce sujet, il avait dit: «c'est trop lourd, c'est plutôt un sujet de licence») était choisi par deux camarades (je suppose qu'eux ne sont pas allés voir le professeur à l'inter-cours!)

J'écoute chacun qui paraît comprendre ce qu'il dit, savoir ce qu'il fait et où il va. Je me sens nulle, perdue. Je pense à Rémi, «il ne faut pas se laisser impressionner», me disait-il. J'y pense souvent. Je m'applique. Je suis très impressionnée mais je ne le montre pas.

Cette année je me sens tellement dépassée que je me dis que si ça continue ainsi, je vais devoir laisser tomber, «je ne vais pas y arriver». Puis j'imagine ce que seraient mes journées et mes soirées, le champ connu les livres à lire, le thé chaud devant les DVD, le cinéma avant de rentrer, les blogs paresseusement poursuivis, le confort, la farniente… et rien que d'y penser j'ai peur et j'ai envie de m'échapper : il faut me rendre à l'évidence, je redoute la routine et le confort. Je me demande si ça va s'inverser un jour, avec l'âge.

La permanence d'Israël, une question pour l'Église

TG sur les rapports des Juifs et de l'Eglise. Comment interpréter la permanence d'Israël. Je dois avouer que cette question ne m'a jamais effleurée: il me semble tellement humain de refuser de se convertir, par fidélité.
Mais en fait, comme je mets en ligne ce billet deux semaines plus tard, le TG suivant a fait naître quelques réflexions: le Messie était destiné aux Juifs, et "nous", l'Eglise, les chrétiens, sommes finalement la preuve d'un échec. Comment vivre avec cette preuve que nous n'étions pas élus, mais que nous sommes un pis-aller? Cela peut-il expliquer la rancœur chrétienne envers les juifs? Mais cela ne peut-il pas être le contraire, une cause de rancœur juive puisque nous leur avons volé leur héritage?).

Histoire de l'écriture de Nostra Ætate dans le contexte politique de l'époque. Vatican II comme le lieu d'une diplomatie intense. Moyen-Orient, déjà. Les évêques des pays arabes, soucieux de ne pas monter les autochtones contre les chrétiens par un soutien trop clair à Israël. Différence entre Israël-peuple de Dieu et l'Israël politique de 1962. Et cependant le même. Et la résonance de tout cela aujourd'hui… Mais après tout, c'est aussi pour cela que j'ai entrepris ces études. Comment se douter en 2011 que l'urgence ne ferait que croître (mais en réalité, c'était prévisible. La forme que cela allait prendre (Daech ou Charlie) ne l'était pas, mais le fond était perceptible).

Phrase extraordinaire sur le décret dans un extrait de René Laurentin.
Plus profondément, le texte sur les juifs, qu'on tenta d'intégrer successivement à la liberté religieuse, puis à l'œcuménisme, puis à l'Église, puis à l'ensemble des religions, révéla sur chacun de ces terrains une incidence significative. Chassé de partout, le Décret primitif De judaeis a partout provoqué une réflexion et porté des fruits. On pourrait d'ailleurs en dire autant du problème connexe de la liberté religieuse qui fut rattachée successivement aux schémas sur l'Église et sur l'œcuménisme et révéla, dans les deux cas, un point névralgique, sinon essentiel.

R. Laurentin, «Histoire. Les origines (1960-1962)», L'Église et les juifs à Vatican II, p.28 Paris, Casterman, 1967
«Chassé de partout, le Décret primitif De judaeis a partout provoqué une réflexion et porté des fruits»: quelle phrase extraordinaire, qui peut s'appliquer exactement aux juifs. Personne ne l'a relevée durant le TG.

En sortant j'achète un Thomas Bernhard d'occasion, par hasard.


Sieste. Puis rangement, encore.

Etre / Naître / Devenir

«Paraphrasant Simone de Beauvoir qui paraphrasait Tertullien, on ne naît pas chrétien, on le devient. Imaginez un couple (un homme et une femme précise-t-il en souriant) baptisés tous les deux se mariant à l'église sans avoir consommé, tout dans les règles, eh bien, l'enfant qui naîtra sera païen… ce n'est pas vrai chez les juifs, le caractère juif s'acquiert par la filiation… quant aux musulmans, c'est encore autre chose: tout homme naît musulman par défaut, c'est la famille ou la société qui distordent cet ordre naturel.»

Il n'y a là rien que je ne savais déjà, mais isolément. Je n'avais jamais rapproché les trois modèles. Cela me laisse pensive.

Hypothèse de base : Dieu existe

J'assiste à la remise des diplômes pour me préparer à la mienne dans quatre ans et demi (non, je plaisante (enfin oui, mais il peut se passer tant de choses d'ici là): pour rencontrer des têtes connues (je veux dire des amis, pas des people).)

«Soyez libres, humbles, généreux.»

J'obtiens enfin une définition de la théologie. Nous sommes dans l'église des Carmes et le doyen Thierry-Marie Courau commente: «En regardant cette présentation au temple [le tableau au dessus de l'autel], je me disais que Siméon fait de la théologie: il découvre les mystères de Dieu et les mystères de l'homme.»

Proverbes 4.13 : Retiens l'instruction, ne t'en dessaisis pas; Garde-la, car elle est ta vie.

Par ailleurs je lis une biographie de Bonhoeffer par Metaxas; c'est absolument passionnant. Par moment je me demande si Metaxas ne va pas un peu loin, par exemple quand il explique la position des théologiens libéraux dans les années 20:
[…] tels que Adolf von Harnack. Ces derniers ne pouvaient imaginer que leur forteresse historico-critique pût être aussi vulnérable. Ils étaient scandalisés par l'approche que Barth faisait de la Bible: désignée sous le terme de néo-orthodoxie, cette approche soutenait l'idée, particulièrement controversée dans les cercles théologiques allemands, que Dieu existait vraiment et que tout enseignement théologique et de l'exégèse biblique devait être enraciné dans cette hypothèse de base.

Eric Metaxas, Bonhoeffer, p.86, éd. première partie
A propos d'allemand: je ne suivrai pas de cours cette année à l'IPT. En effet, je pensais que comme l'année dernière, ils commenceraient en février. En réalité, ils ont commencé le 1er septembre et se terminent en janvier. Trop tard.

Journée de cours

Les Carolingiens. Le pouvoir. Un ministère est un service.
«Les rois ont davantage évoqué l'Ancien Testament que le Nouveau. Evidemment, il n'y a pas grand chose dans le Nouveau, et le moment où Christ est roi, c'est sur la croix, alors… cela rend prudent.»

Faut-il opposer temporel et spirituel, temporel et spirituel étaient-ils opposés? Pape, roi, évêques, empereurs d'Orient et d'Occident, qui nomme qui, qui est nommé par qui, quels sont les rapports de pouvoir ?

Une fois de plus, la théologie montre qu'elle est avant tout un "et", l'art de maintenir ensemble des concepts pratiquement opposés: articuler pouvoir "et" service.

Je rentre décapotée dans la nuit, il fait doux après la pluie du matin.

Cours

Cours de latin. Quatrième leçon. Nous avons vu les déclinaisons une et deux, les adjectifs de première classe, le présent, futur et imparfait du verbe être, le présent des cinq "groupes" (le mot juste m'échappe) de verbes.
Nous traduisons directement des versets du Nouveau Testament (Saint Jérôme). Pour la prochaine fois, du Saint Paul.
Je me dis que ceux qui n'ont jamais fait de latin doivent peiner.

Cours d'histoire, les Carolingiens, la réforme grégorienne. Nouvelle prof, assez étonnante: elle fait partie de ces personnes alertes et vivantes qui ont un physique de vieille fille revêche.

Le soir j'arrive juste à temps (23h02) sur le quai du RER gare de Lyon.
Manque de bol, le train part des grandes lignes. Il faudra attendre 23h32.

Premier TG d'ecclésiologie

Je prends le RER plutôt que la voiture, afin d'avoir le temps de terminer ma préparation de TG dans le train.
Du quai, je contemple les wagons arrêtés sur la voie en face (et qui de ce fait la condamnent pour la journée). Beaucoup de travaux prévus dans les semaines à venir.





La composition du groupe se spécialise: une religieuse, une ex-religieuse, une future religieuse. Deux médecins, une infirmière (un ingénieur, un imprimeur à qui je recommande Le cave se rebiffe).

Matinée sur Troeltsch. Finalement "l'Eglise-mystique" serait le ferment qui travaille l'Eglise (chrétienne) de l'intérieur.

Apéritif. J'entends tandis que je sirote un verre de kir devant St Joseph-des-Carmes:
— Nous fuyons ce qui nous est important.



Rentrer me prend des heures car je tente l'expérience, pour pallier le manque de trains s'arrêtant à Yerres, de prendre le bus B à Créteil-Pompadour. Las! je ne parviens à trouver l'arrêt de bus que bien après qu'il soit passé.
Je vais alors jusqu'à Villeneuve-Saint-Georges et en attendant mon train qui tarde, emm**, par pure malice, pour m'occuper, (le pauvre) un black petit qui fait des sondages sur notre satisfaction: nom de Zeus, il ne faut pas avoir honte!

En arrivant à Yerres, je photographie les travaux vus de l'autre quai. Il fait très beau.

Lundi : cours

Congar au centre Sèvres. Ça faisait longtemps que je n'étais pas venue là. Un Allemand, un Polonais, un Indien dans les élèves.
Congar. Mon genre. 1790 titres (articles, livres, etc) recencés à ce jour.
Conseil de prof :«Je vous conseille vraiment d'avoir un théologien de référence, un compagnon de route; c'est ce qu'on nous conseillait quand j'ai commencé mes études — moi j'avais choisi Irénée».
«On est toujours un débiteur et un héritier, ça fait partie de l'expérience théologique.»

Latin. La prof est très brouillonne, elle en dit trop, elle explique trop de choses inutiles pour un début, elle perd les étudiants — elle me fait penser à moi expliquant.

Exégèse (après des lundis d'ecclésiologie et de sociologie). Saint Paul. Voilà Saint Paul. Treize lettres, sept authentiques, quatre de seconde main, deux adressées à des personnes.
Saint Paul a été lu pendant des siècles à travers le prisme de la lecture de Luther (la justification par la foi, Romains 1 à 8, on ne lisait pas la suite) lisant Augustin. Cette lecture a été remise en cause récemment, sans que de nouvelles pistes se soient vraiment dégagées. Personne n'ose se lancer. (Et je pense à Marc et «What time is it? Kairos!»).
Je ne doute pas que certains amis seront heureux ou amusés d'apprendre, ordre alphabétique oblige, qu'en haut de la bibliographie figure le Paul de Badiou.

L'oral portera sur une courte péricope. Je penche pour l'épître aux Colossiens.

Lundi

Encore bien ébranlée par hier. Parfois je regrette de ne plus avoir de pulsions suicidaires : au moins cela donne une forme à la pensée. Là rien, dans mon cerveau une impression de plaque mélaminée beige sur fond blanc, je ne suis ni au centre ni au bord, je ne fais rien, j'attends, je ressens le temps et je me demande comment le remplir. Je suffoque, je respire mal, par la bouche, j'ai le cœur qui bat trop vite. Je me demande si ce ne sont pas les symptômes d'une attaque de panique. Tlön et JY m'ont écrit des mots désolés pour regretter "une terrible méprise". Je leur suis reconnaissante de ne pas être montés sur leurs grands chevaux et de ne pas m'avoir dit que j'exagérais — il est possible que ma tête d'hier était à faire peur et qu'ils aient compris qu'il n'y avait pas, hélas, de théâtre ou de sur-jeu dans mes réactions (moi-même j'ignorais que je pouvais réagir comme cela, être aussi malade d'abandon. Quelle faille brutalement —et publiquement— découverte. Je suis très embarrassée)). J'ai mis le billet précédent hors ligne vers 17h hier parce qu'il est violent pour eux et que je les crois; je le remettrai en ligne dans un an, pour mémoire des événements, quand sa publication ne sera plus repérée de la plupart des agrégateurs (idem pour ce premier paragraphe). Patrick n'a pas réagi, silence radio.

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Difficultés de concentration: déterminer ce que j'ai à faire, le faire, quasi au-dessus de mes forces.

La bibliothèque de l'ICP est rouverte, elle m'avait manquée. Les professeurs de cette année semblent bien maîtriser la mise à disposition des documents sur plateforme électronique (ça nous change).
Nous commençons à craindre de voir disparaître tous les étudiants "pas dans la ligne du parti", non que le parti les chasse, mais ils n'ont pas l'envie ou le courage de rester à la perspective de cours moins généralistes (j'appelle généraliste l'histoire, la philo, l'exégèse qui est de l'étude de textes) et plus spécialisés sur l'Eglise, le Christ, les chrétiens. Or ce sont ces étudiants qui apportent à notre promo son grain de folie.

Les rapports de l'Eglise et du pouvoir depuis Eusèbe de Césarée et Théodose jusqu'à Philippe Le Bel. Césaro-papisme et sacerdotalisme. Apparté sur la thèse de Marcel Gauchet: plus l'Eglise et l'Etat sont séparés, plus nous sommes dans un monde chrétien (puisque le Christ lui-même avait prôné la séparation. Doctrine Reddite, rendre à César… J'espère que mon résumé n'est pas trop brutal).

Premières démarches pour qu'O. s'inscrive en conduite accompagnée. J'espère qu'il n'abîmera pas ma nouvelle voiture.

Week-end tendu

J'ai reçu un mail pour un devoir non rendu en fin de troisième année. J'ai annulé ma sortie d'aviron ce matin pour travailler — ce qui bien entendu était une erreur: ainsi je n'ai ni ramé ni travaillé.

La culpabilité rend impatiente.
Beaucoup d'accrochages ce week-end, ce qui est toujours triste, nous nous voyons tous si peu.


Agenda :
Vu Paul né le 13 août. Un bébé si sage que ses parents l'ont cru sourd. A vous dégoûter d'être sage.



Bataille pour un balai (photo ajouté le 14 avril 2020, en mémoire du bonheur).

Lundi galère

Nuit très difficile. Je me réveille à trois heures du matin, j'ai les épaules en feu (les kilos portés à bout de bras avant l'aviron, la voiture étant garée très loin du marché du fait d'une brocante) et les mains me font si mal que je cherche du liminent dans la maison pour apaiser mes ampoules. Je dois ramer de nouveau à midi, cette fois-ci pour encadrer les débutants.

Blue Ruin parce que les cours de langue n'ont pas commencé. Bof. Pas mal mais de là à le conseiller…

Je rejoins les autres au café. C'est sans doute ce qu'il y a de plus agréable dans ces cours: les autres (! comme dirait B.Cholvy, «vous ferez Eglise»). J'apprends entre autres que le dalaï-lama a déclaré ne pas souhaiter de successeur, afin de couper l'herbe sous le pied aux Chinois qui s'apprêtaient à désigner un fantoche.
Par ailleurs, une amie me dit qu'elle a très mal dormi: sans doute la pleine lune, me dit-elle (pourquoi pas).

Deuxième cours d'ecclésiologie. Très intéressant. Le prof (un prêtre oratorien) est plein d'humour. Je renonce à le citer car tout est dans le ton. Explication sur le baptême (à titre d'exemple), développement sur les rapports politique/religion (inévitables).

Rentrer chez moi est long, très long : gare à minuit (j'anti-date ce billet pour le laisser dans la bonne journée), retour à pied puisque je n'ai pas de voiture, talons trop hauts (manque d'anticipation) — j'ôte mes chaussures et je rentre pieds nus.

Rentrée

Journée sur Evangelii Gaudium. Intéressant, mais je me rends compte que je n'ai pas assez travaillé.

— Qui l'avait lu avant de devoir le lire pour ce cours?
Personne.
La sœur qui anime le TG (une belle tête à la Philippe de Champaigne, admirable) sourit: «C'est merveilleux, l'ecclésiologie, mais c'est épuisant: chaque semaine il y a de nouveaux livres, entre la Curie et les théologiens, il y a toujours de la lecture… C'est une matière nouvelle, le corpus est moins fixé que pour la christologie.»

Pour le néophyte, c'est surtout angoissant. La principale question qui se pose devant un nouveau texte est : «Sur quels points diffère-t-il des textes précédents?», ce qui suppposent d'avoir lu ceux-ci et d'en avoir compris (vu, reconnu) les enjeux.

Repas pique-nique comme chaque fois. Je sors la porcelaine (je n'avais pas de gobelet en plastique) et les deux thermos de thé (je n'avais plus de café)

De Fra Angelico à la dogmatique

Eglise Saint Marc à deux pas de l'hôtel, tôt le matin. Saint Antonin puis le cloître et le miracle renouvelé des fresques cellule après cellule (mais déjà avant cela les tableaux de Fra Angelico au rez-de-chaussée). Visite calme, peu de public. Contraste de la modestie des bâtiments et les gouttes d'éternité spatiale et temporelle apportées par les fresques, univers mental et passionné qui déjoue l'enfermement entre les murs.
Il fait frais, il y a eu un orage cette nuit. Cellule de Savonarole, cellule de Côme. La cellule de Fra Angelico est la 33 (les numéros se lisent à demi effacés sur les portes).
La boutique se trouve dans l'ancien réfectoire, magnifiquement décoré par une fresque de Fra Angelico représentant la Cène. Je trouve enfin des cartes postales à la mesure du lieu, reprenant pratiquement chaque détail vu (ce voyage à Florence entérine la fin de la correspondance manuscrite: pas de carte postale, pas de carte postale de Côme pour une amie qui a appelé ainsi son fils, pas de carte postale des fresques de San Miniato, et pas de boîte aux lettres non plus, si peu et si peu visibles que je laisse les cartes non encore postées à la réception de l'hôtel).

Déjeuner à Eataly parce que le nom plaisait à H. C'est en fait un supermarché entièrement dédié non pas à la nourriture, mais à la cuisine: légumes, semis, vins, confitures, condiments, viande, fromages, livres de cuisine, instruments de cuisine, (mais aussi produits ménagers bio), bar pour manger rapidement, table pour manger un peu moins vite, un fast-food entièrement dédié à la cuisine italienne, le tout dans un décor très moderne, blanc, bois et verre. Je n'en reviens pas que ce concept ne soit pas déjà présent en France avec la sorte de délire actuel autour de la cuisine depuis les MasterChefs.

Car pour Pise à 14 heures, départ de l'avion à 16h30, spritz à Paris (caffé la Comédia dans le 14e), cours à 20h30. Introduction à la Dogmatique. Je suis un peu ennuyée de ne pas voir mon nom sur la feuille d'émargement, j'espère que ma feuille d'inscription n'est pas perdue car je ne me souviens pas exactement de ce que j'avais choisi comme langues. Nous sommes très nombreux (une quarantaine) puisque nous rejoignons les élèves de cinqième année (Ecclésiologie) en sautant la quatrième année (Christologie) (nous ferons la quatrième l'année prochaine avec les élèves actuellement en troisième année (Nouveau Testament): avantage pour la Catho: elle économise cette année le coût de la quatrième année qui n'a pas lieu).

Un samedi

- TG sur Nietzsche

- Visite du musée Rodin avec Déborah (au bénéfice de Déborah). Double déconvenue : je découvre avec amertume et fatalisme que l'entrée du musée a été adaptée au tourisme de masse, à l'américaine, et qu'une partie du mur d'enceinte a été abattue pour caser une boutique-souvenirs; d'autre part, - La chambre bleue

Réorganisation

Matinée à cataloguer les livres achetés ou reçus depuis septembre. Partie en retard, arrivée en grec en retard. Je fais mentalement un plan de rattrapage pour avoir une chance de réussir à avoir la moyenne à l'examen fin mai. Je suis dans le pur bachotage. Cela fait un moment que j'ai décroché, depuis le subjonctif, à peu près (j'ai fait une erreur que je répète régulièrement: j'ai abandonné mon plan de travail parce que j'ai cru trouver une meilleure méthode dans un nouveau livre…: et j'ai donc abandonné mon plan de travail sans adopter la nouvelle méthode (parce qu'évidemment, à la reprendre au début c'était trop facile, donc j'avais l'impression de ne rien apprendre). Cela m'est arrivé très souvent dans le passé, un manque de patience devant des résultats qui ne se concrétisent pas assez rapidement. Cette tentation de trouver une façon d'aller vite sans travailler le fond… Malédiction!)

La responsable du Cycle C (baccalauréat de théologie en formule "soir" (cycle A pour les étudiants à temps plein en journée)) est venue nous expliquer un réaménagement des huit ans de façon à conserver suffisamment d'élèves dans les cours et les TG. Il s'agit de mailler les promotions N-1, N et N+1 en fonction des cursus:
On laisse de côté la première et la dernière années qui ont des statuts particuliers. Il reste des années qui vont par deux dont on peut imaginer qu'on puisse suivre indifféremment la 1 ou la 2 en premier :
parcours biblique 1 et 2
christologie et ecclésiologie
agir chrétien et xx (je ne me rappelle plus).

Normalement nous aurions dû suivre christologie l'année prochaine. Nous allons plutôt rejoindre les élèves de N+1 (actuellement en christologie) pour faire avec eux l'année d'ecclésiologie (en 2014-2015).
Puis en 2015-2016 nous ferons la christologie avec les élèves de N-1.
Et rebelote pour les deux années suivantes. Ainsi les cours et TG bénéficieront d'une assistance plus nombreuse. Ce projet nous a été présenté d'un point de vue pédagogique (émulation, dynamique de groupe, connaissance des élèves des différentes promotions) mais nous avons tous compris les économies de professeurs que cela représentait.

Cours sur Kant avec une nouvelle professeur. Nous l'avions vue en septembre 2012 (oui, 2012), je ne l'aurais pas reconnue. Intéressante, passionnée. Que puis-je connaître, que dois-je faire, en quoi m'est-il permis d'espérer?, soit la vérité, le bien, le bonheur. (J'ai toujours une fascination pour ces formules ramassées, même si je sais bien qu'il faut s'en méfier — trop simplificatrices).

Trois piliers

Fin des cours avec ce prof. Dommage, je l'aimais bien. Hume.

«Il faut vous y faire, en philo, il y a trois piliers: Platon, Descartes, Kant.» (Cela me paraît trop simple pour être honnête. Mais Platon plutôt qu'Aristote, tant mieux.)
Lui est lévinassien.

Erreur

Ce n'était pas une bonne idée de voire un verre de vin avant mes cours — après avoir ramé le midi et presque rien mangé. Je me suis sentie mal toute la soirée.

Le présent et le médio-passif des verbes en -mi (il n'y en a que cinq —et leurs composés— utilisés dans le Nouveau Testament). «La semaine prochaine nous verrons le futur; c'est très facile, et la semaine d'après l'aoriste, c'est une horreur.»
635 mots représentent 87 % du NT. Dans un sens c'est décevant (quelle pauvreté) dans un autre c'est encourageant (il devient tout à fait possible d'apprendre cela par cœur).

Divine surprise

Premier TG de philo ce matin. Je pensais avoir la même prof que l'année dernière, et par exception aujourd'hui, pour des raisons d'absence, une autre professeur ayant officié l'année dernière et s'étant fait violemment détestée par son groupe (un homme pondéré avait ainsi écrit sur la feuille d'évaluation de cette professeur: «Nous avons tous compris que Mme X. n'avait pas besoin de préparer les TG tant notre niveau était bas et que cela la dérangeait de se lever pour venir nous faire cours […]». (Plus tard quand je lui en ai reparlé, il m'a avoué que finalement il n'avait pas rendu la feuille rédigée en ces termes).
J'allais donc en TG avec un peu d'appréhension.

Je m'étais trompée, je n'avais pas compris et mal écouté: je change de groupe donc de prof cette année, ce qui fait que du même coup j'ai échappé à la remplaçante redoutée! Alleluia! Le professeur de cette année est mille fois plus intéressant que celui de l'année dernière; décidément la philosophie n'est intéressante que lorsqu'elle ressemble à une longue conversation, chaleureuse, malicieuse, tourmentée, sombre, vivante.

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Agenda
Acheté une robe et des chaussures orange. Regardé des chapeaux. Ai fait réactivé ma carte vélib qui n'était plus disponible depuis mon changement de carte Navigo.
Only Lovers Left Alive. Film lent, envoûtant. Jarmush réussit le tour de force de maintenir une tension narrative dans un récit (une diégèse) languissant. Triste, calme, nostalgique, engagé. Beaucoup d'amour pour les livres, la musique, la nature. Oui, beaucoup d'amour dans ce film.

Descartes

Toujours en philo, au lycée, en Deug, au centre Sèvres, Descartes est le rocher, le point de départ, celui que l'on ne contourne pas mais auquel on s'arrime (en philosophie antique il n'y a pas une telle unanimité : hésitation entre Platon et Aristote).

Il reste qu'en lisant les Méditations métaphysiques (je doute de tout, mais pas de moi qui doute, car même si je suis trompé par un mauvais génie, il faut bien qu'il y ait quelqu'un à tromper, etc (j'en suis à la troisième)), la question qui me taraude à chaque fois que je recommence la philosophie revient en force: pourquoi les hommes philosophent-ils? Pour accéder à la vérité? Mais à quoi bon une vérité qui n'accroît ni le bonheur (ce qui me rend heureux) ni la bonté (le bien que j'apporte autour de moi)?

Et puis cette "vérité" me paraît manquer d'envergure. Jamais il ne me serait venu à l'idée de dire que deux plus trois fait cinq est "vrai". Je dis: «c'est juste». Juste: es stimmt, cela résiste à la vérification (on laisse ici de côté l'aspect conventionnel des mots: ce qu'on appelle deux et ce qu'on appelle trois). Ce qui valide que ce soit juste, exact, c'est que lorsque j'utilise ce résultat comme fondement d'autres raisonnements, j'arrive de proche en proche à quelque chose qui coïncide avec la réalité: si deux et trois ne faisait pas cinq, les Portugais n'auraient pas pu cartographier le monde et nous n'aurions pas atteint la lune, nous serions passés à côté.
C'est juste. De là à dire que c'est vrai… Ce n'est pas à ce genre de domaine que j'applique le mot de vrai. (Ici il faudrait que je réfléchisse. J'essaie. Processing.)

J'ai découvert récemment quelque chose qui doit paraître évident à tout le monde, je suppose: qu'à un mot correspond plusieurs contraires, que le contraire du noir n'est pas le blanc mais toutes les autres couleurs. Quelle est le contraire de la vérité? l'erreur, le mensonge, la fiction? l'erreur manque la vérité de façon involontaire, c'est sans doute le plus difficile à déceler et corriger; le mensonge sait où se trouve la vérité, mais veut tromper: le pire d'un point de vue moral, mais moins grave que l'erreur du point de vue de la Vérité; quant à la fiction, elle est ailleurs, d'un certain point de vue, elle est toujours vraie, une licorne n'est pas fausse, ce n'est ni un mensonge, ni une erreur, simplement elle n'existe pas, vous n'en rencontrerez pas (ou vous pouvez comme Russel soutenir que que jusqu'ici nous n'en avons pas rencontrée), mais cela n'a aucune importance tant que vous n'utilisez pas la licorne comme fondement concret de vos actions quotidiennes (non pas l'idée de la licorne pour vous donner du cœur à l'ouvrage, mais le besoin de crins de licorne pour jouer du violon).

Je me souviens avoir été déçue en commençant à lire Le discours de la méthode, quand j'ai découvert que ce qui me paraissait le plus intéressant, le plus digne d'intérêt, c'est-à-dire la mise au jour des principes qui permettraient de conduire sa vie droitement en toute occasion, avait été repoussé à plus tard: trop difficile, je laisse tomber pour l'instant, dit Descartes qui conseille de se conduire comme tout le monde et de ne pas faire de vagues (ce qui n'empêche pas d'avoir ses doutes): quelle déception. C'est cette partie-là qui m'intéressait.
Peut-être est-ce celle-ci qu'il faut appeler, ou qui s'appelle, "sagesse".

Donc question suivante: différence entre philosophie et sagesse? (non, les philosophes ne sont pas sages (ici pensée pour La philosophie comme manière de vivre: cela a sans doute été une ambition au début), du moins pas tous, du moins l'un n'implique pas l'autre: cela peut se trouver, mais il n'y a pas de lien de causalité entre l'un et l'autre, philosopher ne rend pas sage, c'est-à-dire apte à vivre sagement, heureux (pour soi) et bon (pour les autres).)
Alors, pourquoi les hommes s'obstinent-ils à philosopher?

Rentrée

Accompagné A chez l'ORL (bouchon d'oreilles) puis allée au cinéma en attendant "ma" rentrée.

Razzia sur la schnouff. Paris vieux vieux vieux.

Déchiré ma robe en faisant du Vélib. Accroché le volant avec une épingle à nourrice. Personne n'a rien remarqué, j'en serai quitte pour faire du raccommodage.

Premier cours avec Yara Matta. Troisième année, plaisir et peur. C'est devenu une telle source de joie que je redoute l'événement qui m'obligerait à m'arrêter.

Matinée déroutée

Comme l'école du plus jeune est en travaux, il doit passer le brevet des collèges dans un établissement inconnu, près de République. Je l'accompagne mais ne peux juger de la dalle mouillée de la nouvelle place puiqu'il pleut.

(Révision deux jours avant au cours du dîner:
Moi: — Tu dois te relire trois fois, en te consacrant à chaque fois sur un contrôle particulier, lesquels?
O. — L'accord du sujet et des verbes
Moi: — Oui
O. — L'accord des groupes nominaux
Moi: — Qu'est-ce que tu veux dire?
O. — Le féminin, le pluriel, les adjectifs
Moi: — Oui. Et?
O: — Euh…
Moi: — les é "é" et les é "er". Quel le truc?
O: — On remplace par dormir ou endormir.
Moi: — OK.
Moi: — Et j'en ajoute un dernier, contrôler futur et conditionnel. Comment tu fais ça?
O. — …
Moi: — En changeant de personne: il fera, il ferait.
C. — Ou alors, tu vérifies si tu peux mettre un subjonctif imparfait derrière. Si oui, c'est du conditionnel.)

Je m'inscris à l'ICP pour l'année prochaine. Soudain j'ai peur, l'année me fait peur, le programme m'effraie, j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais. Je demande à m'inscrire également en allemand théologique à l'institut protestant (il existe un partenariat), je ne suis pas sûre qu'ils me prennent et s'ils acceptent, je ne suis pas sûre d'avoir le niveau.

Deux examens médicaux, tout est normal, je n'en ai jamais douté (je suis venue ici il y a un mois avec une question, j'ai écopé de trois examens sans rapport avec ma question mais leur permettant de m'inscrire dans leur foutues petites cases "prévention", et je repars avec ma question à laquelle personne n'a essayé de répondre. Je ne pense pas revenir avant six ans, à quoi bon? Ils n'écoutent pas, leurs préoccupations ne recoupent pas les miennes.)

Bibliothèque. Beauchamp. Le soir La marque des anges.

Graffiti

Dans les toilettes du sixième étage, celles de la bibliothèque de théologie, un unique graffiti au feutre. (C'est un peu flou, mais le jaune du mur ne permettait pas l'utilisation du flash dans un endroit si étroit.)


Réunion d'AH

— A votre avis, pourquoi vous êtes là? Parce que certains d’entre vous deviendront des théologiens. Pas tous, mais quelques-uns. En France, les théologiens seront des laïcs, c’est un enjeu théologique et ecclésial. Qui fait de la théologie en France? Pas les prêtres diocésains, ils sont débordés, et les religieux, ils ne sont jamais là. Hop à Haïti (elle fait des grands gestes des mains), hop à Singapour. C’est pour cela que vous êtes formés.

Aération des préjugés

Les 50 ans de Vatican II.

— Où étiez-vous le 11 octobre 1962 ?

La question est revenue comme une antienne, les réponses ont été variées, plutôt drôles. Ce qui me fait rire, c'est de contacter le décalage entre mes préjugés et la "réalité" (enfin, réalité? une autre manière d'envisager les choses). Pour moi, Vatican II était quelque chose d'un peu zazou, hippie (une participant dira drôlement: «Soyons clair: Vatican II N'EST PAS responsable de mai 68», et c'était drôle, tant tout ce qui avait été dit avant le prouvait (l'ecclésiologie, la réforme de la liturgie, l'étude biblique, le subsistit (beaucoup aimé le subsistit),…); il se contentait de se moquer ou de se défendre d'un préjugé de société que sans doute personne ne partageait dans la salle — sauf moi, vaguement: la fin du latin, de l'autorité, de la pudeur et de la retenue, etc, etc?)

Hervé Legrand intervient en fin de journée. C'est pour lui, c'est à cause de son nom, que je suis venue: quinze ans après, 1997 peut-être, en mars c'est sûr. C'était aux Fontaines, le centre jésuite vendu depuis à Cap Gemini, je crois.

Déjeuner au O'Neil dont j'ai le plaisir de constater qu'il a bien tourné: c'était un lieu bruyant, plutôt touristique, attractif, c'est devenu un restaurant de quartier, calme, bienveillant, au service rapide et à la musique discrète (du jazz, principalement).

Le soir, la Russie au Centre Sèvres avec Patrick. Chronologie de la résistance d'une certaine classe de la population qui s'appuie sur le droit et l'humour pour contrer ce qu'elle désapprouve.

Exégèse

Matinée en TG, à travailler sur la conversion de l'eunuque dans les Actes des apôtres. Il est sans doute temps de dire que je me suis inscrite en licence de théologie: plusieurs années à la catho, des cours le lundi soir et huit ou neuf demi-journées le samedi.
Depuis le temps a pris une autre dimension. Il est plein. Il ne déborde pas, mais il est plein. Soudain j'ai juste le temps de faire ce que je souhaite faire. J'ai assez de temps — à condition de ne pas me disperser, à condition de concentrer mes forces, à condition de faire des choix. Le temps a ralenti et devient solide.
Après un trimestre je me dis que c'est de la folie, comment réussir à lire vraiment ce qu'il y a à lire, j'aimerais tant pour une fois fournir un travail dont je puisse être satisfaite, qui ne soit ni de l'esbrouffe, ni une imposture.
On verra, on verra.
Je lis ce que je peux. Ce qui est désespérant, c'est qu'un livre en cours doit être abandonné quand le prochain sujet devient brûlant. On se dit qu'on le terminera pendant les (grandes) vacances, mais rien n'est moins sûr (j'ai déjà prévu Libera, la biographie d'Henry James et Gordon Wood sur la création des Etats-Unis).


En revenant de Chartrette, nous écoutons une belle émission sur Colette.
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