Billets qui ont 'ascenseur' comme autre lieu.

Sans pitié

Dans l'ascenseur, quelques femmes :

— Pourquoi, tu ronfles?
— Ah non, depuis que je ne fume plus je n' ronf'e plus.
— Moi c'est Mohammed… j'lui dis "tu ronfles!", i'm dit "mais non j' ronf'e pas!" Alors je l'ai enregistré, comme ça j'ai une preuve!




In petto je me suis dit que les progrès technologiques avaient des applications inattendues. Nous n'aurions pas fait cela avec les magétophones et les micros de papa. Trop compliqué. Est-ce que tout devient trop simple?

On ne fait pas le poids

Conversation dans l'ascenseur.

— J'ai été dégoûté, tu te rends compte, au club de XX, ils sont tellement nombreux, que même en loisir ils arrivent à monter quatre ou cinq équipes! Nous, on n'arrive même pas à réunir trois cents kilos pour en faire une.
— Les équipes, c'est au poids? demande, surpris, l'interlocuteur. (J'avais la même question silencieuse).
— Oui, non, enfin oui, mais tu dois composer ton équipe: si tu présentes trois types alors qu'en face ils en présentent quatre, t'as l'air con. C'est pas facile, mais c'est intéressant.

(Je n'ai pas tout compris, mais oui, j'ai trouvé ça intéressant.)

Through the looking-glass

Quand je suis seule dans l'ascenseur, je pense toujours à La Dame de Shanghaï.


Matin blême

Tout le monde est réuni autour de la table du petit déjeuner un jour de semaine, ce qui est exceptionnel.
Tout le monde est silencieux, ce qui est également exceptionnel (six personnes, pas un bruit, même pas celui de la mastication.)
Question de ma fille (d'un ton accusateur et moralisant, exactement celui des enfants de la pub Bob l'éponge qui passe au cinéma («Maintenant les parents vous allez vous amuser!» (Qu'on m'amène le réalisateur, que je l'écorche vif. Et tous les adultes qui ont accepté de tourner dans ce truc))): «Mais pourquoi on passe sa vie à la gagner?» Dans un sens je suis soulagée: enfin une question normale. Je lui dis tout de suite qu'il n'y a pas de raison et que vivre est un choix? Je réponds: «A cause d'Adam et Eve.» (Heureusement qu'elle n'écoutait pas sinon je me serais fait engueuler). Et j'ajoute, parce que c'est plus fort que moi et que je pense toujours à cette scène des Sept Mercenaires, quand l'un des héros morigène un petit garçon qui méprise son père paysan et admire les tueurs: «De toute façon la vie c'est très humble, pas très flashy.» (Heureusement elle est déjà partie. Phrase ridicule à prononcer, scène ridicule à raconter, je dois être un peu maso (plonger la tête la première dans sa peur, conversation inattendue dimanche par chat avec une personne rencontrée une unique fois en 2008… Igitur, la peur du noir dont on se souvient le jour. Ahlala la littérature…))

Travaux dans la rue, circulation sur une seule file, le bus slalome. RER en retard, incident mécanique décelé à la sortie des garages, dans l'autre sens une personne est tombée en montant dans une wagon, il a fallu une "intervention", un train est supprimé à cause du retard pris.
Trajet debout, je descends de mes chaussures et fais discrètement le trajet pieds nus (afin d'être stable, de lire sans me tenir ni abîmer le livre (ne pas en casser le dos — ne pas me casser la figure)).
Finnegans Wake. «All the world's in want and is writing a letters». Is There Anybody Out There? Hey! It looks like You're writing a letter! (C'est si facile désormais que nous avons le principe et l'autorisation).

Dernière épreuve, l'ascenseur. Un sur six en panne, comme d'hab. Qui s'arrête à presque autant d'étages que de personnes ascendantes. Portes poussives, qui hésitent à se fermer, prennent leur élan pour accomplir leur jonction en accélérant sur la fin, comme fières d'y parvenir.
J'arrive dans mon bureau en me disant qu'Indiana Jones n'est qu'un petit joueur.

Ascenseur de la Défense, encore

Je suis dans un angle de l'ascenseur, dans la tour de l'entreprise. Un homme et une femme entrent, lui grand, les cheveux déjà gris bien que jeune, le visage rouge des gens pâles souffrant du froid, elle petite et vive, les dents irrégulières. Il poursuivent leur conversation en se plaçant chacun contre une paroi, me transformant en sommet involontaire d'un triangle.

Elle : — Je me demande bien comment il a appris ça...
Lui, avec une certaine violence : — Oui, qui est-ce qui lui a raconté ces conneries...?
Puis, après un temps de réflexion : — Moi, je l'ai appris en fouillant dans un placard.

Mais de quoi parlent-ils? D'un changement d'organigramme, d'une réorganisation, d'une suppression de poste? Du prochain déménagement dont les dates restent floues? A quel étage sont-ils entrés, que se passe-t-il dans ce service?
Ils échangent un sourire de connivence, je suis gênée de paraître indiscrète, entre eux renfoncée dans mon angle, je balbutie alors qu'ils croisent mon regard:
— Je ne sais pas de quoi vous parlez, donc ne vous inquiétez pas...
L'homme me regarde droit dans les yeux, sourit, et dit:
— De la découverte du Père Noël.

Quatre ?

Dans l'ascenseur :

— T'as pas vu l'écho ? Ah, ce n'est plus du tout pareil, maintenant le bébé, on ne le voit plus en 3D, mais en 4.

Fou rire garanti

premier épisode

second épisode

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