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Il est plus facile d'être à l'heure quand on a l'heure

Je reporte une montre depuis une dizaine de jours. Ça change la vie, c'est tout de même beaucoup plus pratique que de passer son temps à surveiller l'ordinateur, les quais de métro, son téléphone, etc. Une montre, c'est son temps à soi, et j'ai soudain beaucoup plus de temps que lorsque je suis dans le flou, à dix minutes près.

En octobre 2007, j'avais acheté la montre Corto Maltese en noir et blanc. Très vite, le bracelet s'est abîmé, la feuille imprimée se décollant du corps du bracelet.
J'étais furieuse (et déçue, car cette montre me plaisait beaucoup), je l'ai rafistolé/consolidé avec du scotch, puis au lieu d'aller faire un scandale chez Swatch, j'ai arrêté de porter une montre.

Jeudi dernier je me suis décidée à passer à la boutique du Louvre, non pour obtenir un quelconque dédommagement, mais pour acheter un bracelet normal qui tienne honnêtement son rôle de bracelet.
Il en ressort que c'était une montre de collection, qu'elle s'est arrachée en quelques semaines, et qu'elle n'était pas destinée à être portée... (le tout expliqué très gentiment, avec embarras, voix off).
Zut alors, ils auraient pu le dire, j'ai tout bousillé mon bracelet de collection. Si j'avais su, j'aurais acheté en même temps un bracelet solide (enfin, normal) et j'aurais procédé au remplacement dès l'achat. Après tout, je tenais à ce Corto Maltese, cela ne m'aurait pas arrêtée.

J'ai maintenant un beau bracelet blanc et je porte à nouveau une montre. Deux montres, même, puisque le vendeur est allé jusqu'à me confier qu'il alternait entre les siennes pour les abîmer moins vite. J'alterne donc avec la Seiko que mon père a gagnée à un tournoi de tennis en 1987 et que j'utilisais jusqu'à l'achat de la swatch.


Confiance

L'évocation de Michel Bureau il y a quelques jours fait remonter des souvenirs.

Il organisait parfois pendant les vacances d'été des voyages d'entraide en Afrique. Un tel projet avait été évoqué, j'avais besoin de détails matériels, pour estimer la possibilité d'y participer ou pas:

— Ça se passe comment ?
— Bien.

De lui, je n'ai jamais obtenu d'autres renseignements.

Sale gosse

Chaque fois que je siffle dans la rue les mains dans les poches, je pense à Patrick.
Nous avions vingt ans (enfin, lui plus que moi), il tâchait — très gentiment — de m'enseigner quelques bonnes manières: «Une fille ne siffle pas dans la rue». Alors bien sûr, je sifflais.
Nous passions nos soirées à discuter économie et littérature en mangeant une baguette et un camembert; vers minuit il me raccompagnait à la station du Luxembourg pour que je rentre à la cité U avant le dernier métro.
Un jour il m'a avoué que s'il me raccompagnait ainsi, c'était pour s'assurer que je n'allais pas me promener au hasard dans les rues. Cela m'avait fait rire (comme si je n'avais pas pu faire ce que je voulais dès qu'il aurait eu le dos tourné) et émue (pas grand monde prenait la peine/le risque de prendre soin de moi).

Il y a quelques jours je regardais un petit garçon de trois ans qui devait franchir le ruisseau débordant d'un caniveau pour traverser la rue. Il se concentrait, évaluait la distance. Puis il sauta avec décision — en plein milieu du ruisseau, éclaboussant sa nourrice. Je compris aussitôt à son sourire satisfait qu'il l'avait fait exprès, c'était exactement ce qu'il avait calculé avec tant de précision. La nourrice était furieuse, j'avais envie de rire.
Un jour, j'avais fait le même mauvais coup à Patrick, sur le boulevard Saint-Germain. Il était trempé, j'avais largement dépassé mon objectif. Aujourd'hui encore, j'ai un peu honte quand j'y pense.

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