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Sous le signe de l'amitié

O. (le parrain de O.) nous a rendu visite en famille. Ça fait plaisir, les amis ne paraissent pas hésiter à faire les 80 km nécessaires à venir nous voir.
Journée gaie et détendue, facilitée par le fait qu'il a fait beau.
Comme je m'étonne que la chatte à seize ans soit si patiente avec les enfants, H. me rappelle qu'elle a grandi avec des enfants. 2005, comme cela paraît loin.
Bougie. Une. Après cinquante ans, j'ai décrété qu'on n'ajouterait pas plus de précision. (Voilà qui ne facilitera pas la datation des photos dans cinquante ans).

Au moment de me coucher je découvre un sms de Claudine: une rameuse de Bourges est blessée, le huit cherche une fille pour la remplacer, suis-je intéressée?
Je réponds aussitôt oui, mille fois oui.
Et à l'allégresse qui m'emplit, je comprends que j'étais triste.

Anniversaire crémaillère

Panne de réveil. Dans un interstice de l'espace-temps, j'ai effacé la programmation de mon téléphone pour l'entraînement du week-end: 7h10, heure qui me permet de ne pas me presser. (Dormir plus ou ne pas me presser: le plus souvent je choisis le second.)
Je pars un peu à la bourre, après un petit déjeuner devant Le grand blond avec une chaussure noire commencé la veille (pourquoi? aucune idée. Un besoin de film non tragique, avec une pointe de subversion).

Belle sortie en quatre. Bassin magnifique (pas de vent, pas de vague, pas de péniche), soleil, fraîcheur.



En face du ponton vers 9h30.


L'après-midi passe vite. Nous avons rendez-vous à 18h chez O. pour son anniversaire et sa crémaillère. Nous devons apporter de la vaisselle car il n'en a pas assez pour les neuf que nous allons être et nous utilisons la Dacia de A. car le soir elle rentrera à Moret avec nous; or notre voiture n'a que deux places (nous appelerons celle-ci Georges: Georges est frais, Georges est doux, mais il n'est pas très pratique).

Pas de place pour le carton de vaisselle dans le coffre de la Dacia. Une seule place possible, sur le siège derrière le conducteur; à côté, un des cartons que nous avons laissés à A. à Noël, sur son assurance qu'elle le donnerait à la Croix-rouge ou à son association de théâtre ou que sais-je, est encore sur le siège arrière. Syllogomanie. Quand H. veut reculer le siège conducteur, celui-ci est bloqué, nous découvrons un sac de livres à l'arrière, lui aussi donné à Noël.
Je récupère les livres, des moules à madeleine, une boîte de chevaux en plastique. Je les donnerai moi-même.

O. habite Corbeil le long de l'Essonne, à dix minutes à vélo de son boulot. Il nous avait dit «un immeuble», nous arrivons devant un bâtiment si inattendu, sorte d'immense chalet en pierres de simili meulière, que nous faisons demi-tour. Deux tours de pâté de maison plus tard (dans un sens puis l'autre, pas de numéro sur les portes) j'appelle O., il me dit que de sa fenêtre il nous a vus repartir: nous étions au bon endroit.
Plus tard il nous dira que c'est sans doute un pensionnat du début du XXe siècle. Il avait visité l'appartement il y a longtemps, mais il y avait un problème: «l'ancien locataire est parti à l'hôpital en octobre, et en fait il est mort, et les héritiers ne venaient pas vider l'appart et donc le propriétaire ne pouvait pas le relouer».

O. a également invité son parrain et nous revoyons toute la famille pour la première fois depuis le covid (de quand date la dernière fois? aucune idée).

Très bonne soirée, beaucoup de plaisir à se retrouver et appart très agréable, avec vue sur l'Essonne. L'ambiance nous ramène à nos années étudiantes, avec la table basse constituée d'un gros carton et les objets récupérés à Yerres qui donnent à l'ensemble un look familier et chaleureux.

J'ai découvert la version militaire de PIPE: «pas de couille pas d'embrouille». Ça a davantage de gueule (si je puis dire).

Cocktail entre amies

Ayant désormais abandonné l'idée de fêter un jour nos noces de perle, il ne nous reste plus qu'à boire les arrhes que nous avions versées. Nous avons donc prévu d'inviter nos amis par petits groupes.
Le premier était les rameuses du huit mais toutes n'ont pas pu se libérer. Nous étions donc quatre ce soir pour un cours de cocktail, dont j'ai retenu qu'il faut deux doses d'alcool pour une dose de sucre et une d'acidité. Un mojito n'est jamais qu'un daïkiri allongé d'eau gazeuse. (Je goûterais bien un daïkiri).

Concours de préparation de cocktails, gagné haut la main par Clarisse et Caroline.



Nous avons ri et papoté. La fille de Caroline a eu le covid récemment et Caroline m'a donné une adresse pour O. qui n'arrive pas à se faire tester. Anne qui a une grande famille bretonne nous a raconté des mariages hallucinants: «mais la belle-famille n'avait pas assez d'argent et nous étions trois cents. Or la tente ne contenait que cent cinquante places, nous avons donc joué aux chaises musicales entre chaque plat…»

Chose appréciable et curieuse, ces cocktails ne donnent pas mal à la tête. Sans doute une question d'équilibre.

Caramba encore raté

Une série de limitations annoncées ce soir : les bars fermés à partir de dix heures, pas de groupes de plus de dix personnes, plus de réunions publiques (qu'est-ce que c'est?), les clubs de sport fermés dans la petite couronne, les employeurs invités à favoriser le télétravail au maximum…

Qu'est-ce qui va s'appliquer et comment ? le grec de demain soir, ça sera OK puisque les mesures prennent effet à partir de samedi ou dimanche, mais ensuite? les championnats de France d'aviron vétéran qui ont lieu ce week-end (pas pour moi!) auront-ils lieu? Et la coupe des dames à Angers le 18 octobre? Et ma salle de sport en Essonne, concernée ou pas? (normalement non). Et le témoignage sur la rédaction de mémoire que je devais apporter samedi devant une vingtaine d'élèves de huitième année pour dédramatiser, maintenu ou pas?

Il est trop tôt pour avoir des réponses, mais cela va venir vite.

Nous étions en train de réfléchir à la façon d'organiser nos trente ans de mariage éternellement remis. Nous aurions dû le faire en septembre, nous avons trop attendu.

Ce soir c'était la rentrée de JRS France. Je n'y suis pas allée. Je n'ai plus envie d'avoir des contraintes. Je me sens égoïste. Et il faut vraiment que je me concentre sur le fait de changer de boulot.

Trente ans

— Put***, trente ans ! Tu te rends compte ?
— Non, pas vraiment.
Rires.
— A vrai dire, moi non plus.




Quand j'avais évoqué en janvier l'idée de réunir quelques potes pour fêter l'occasion, H. avait grommelé:
— Mais pourquoi tu veux fêter ça? Juste pour qu'on constate que nous sommes tous devenus des vieux kroums?
— Parce que ça fait un prétexte pour se voir, parce qu'il faut fêter ce qui est accompli et que nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve : il faut saisir le présent et se réjouir maintenant, sans attendre.
(Ça sonne un peu pompeux mais de temps en temps je suis obligée de dire ce que je pense vraiment: j'ai remarqué que c'était le meilleur moyen de le convaincre.)

Mazette. C'était prémonitoire, j'aurais dû insister pour le fêter en janvier!

Journée en famille

Il s'agissait de fêter avec quelques jours d'avance l'anniversaire de mon père (mais comme en janvier pour celui de ma mère, nous n'avons pas pris de photos de groupe : dommage. Il faut que j'y pense la prochaine fois).
Ma soeur est arrivée vers midi avec sa benjamine, il ne manquait que A. et mon autre nièce. C. était présent avec "son pacs" (ma bru! les mots féminins en u prennent un e sauf bru, glu, tribu, vertu. Quel mot mystérieux appris grâce à M. Bled en CM1 ou CM2. Enfin je peux m'en servir).

Conversation générale et bruyante (le salon fait écho, il faudrait un tapis plus épais), c'était fun. "Ma bru" a des origines polonaises, du côté des lacs de Mazurie, justement. Sa famille parle bien le français car elle a vécu… au Cameroun. C'est inattendu et me fait penser à un article de La mer dans une goutte d'eau.

Vingt ans deux fois

Cette fois-ci nous fêtons l'anniversaire en famille, avec les quatre grands-parents et mes trois enfants (hiiiiii — non, je plaisante. Mais c'est vrai que ça devient rare.)
Il fait un temps magnifique, nous déjeunons dehors et j'exhume une collection de chapeaux de paille (j'en ai deux que je n'ai jamais utilisés, que j'avais achetés dans la perspective du mariage de Matoo (finalement j'avais retenu quelque chose de plus discret!)) C. fait tout à fait drag queen.

Vingt ans une fois

Rendez-vous au Temps des cerises pour fêter les vingt ans de O., et au passage les cinquante-et-un ans de son parrain.

Cette semaine je n'aurai pas été un seul soir chez moi.

Platamonas

Aujourd'hui O. a vingt ans. La semaine dernière, sur le quai du RER, j'avais commencé à lui demander s'il voulait organiser quelque chose, inviter des copains au restau. Devant son manque d'enthousiasme, j'avais réfléchi trois secondes: «Ah mais non, c'est un mercredi, tu préfères être devant ton écran, c'est une soirée avec ta guilde!» Soulagement visible de O., j'avais compris sans qu'il ait eu à m'expliquer, à s'expliquer. «Tu sais, ça irait plus vite si tu me le disais, ce serait plus simple. Ce n'est pas comme si j'allais te faire la morale ou te reprocher quelque chose.» Il avait hésité puis s'était lancé: «C'est juste que… ça me paraît une telle perte de temps…»
Sous-entendu: fêter ses vingt ans. J'ai les enfants les plus pragmatiques du monde.

Vers treize heures, départ pour Orly. Nous prenons l'avions entre quatre et cinq heures. Arrivée après sept heures, une heure de décalage avec Paris. Pas de jolie voiture cette fois-ci, il n'y en a plus, mais une Skoda Octavia bleu roi.
Nous roulons dans la nuit noire sur des autoroutes sans défaut. Plusieurs péages, quelques pièces à chaque fois; cela ressemble à l'autoroute de l'Est (vers Reims) autrefois.

Platamonas, remparts sur la colline, descente raide, hôtel au ras des vagues, chambre itou (bruit pénétrant, impossible de dormir la fenêtre ouverte), restaurant très fréquenté. Nous dînons.

Je suis, nous sommes, en vacances.

Dix ans plus tard

Les boutons sur le visages de O. prennent un aspect inquiétant. Ils gagnent du terrain et croûtent, je me retiens de lui dire que cela me fait penser au Grand Pouvoir du Schnikel (pas sûre qu'il l'est lu), on dirait une lèpre galopante.
Que faire? Je suis inquiète car l'expérience que rien n'est bénin avec O. Nous sommes samedi 28 octobre, dans trois jours c'est la Toussaint, il n'y aura pas de médecin disponible avant jeudi.

Nous passons à la pharmacie qui nous conseille les urgences de l'hôpital St Louis, réputé en dermatologie.
En route.
Après-midi à l'hôpital. Attente, mais pas si longue (une heure, deux heures?) J'ai repris Balzac dans l'ordre chronologique. L'enfant maudit. Etrange, neurasthénique et romantique. Je découvre que mon tome de Pléiade est déchiré.
O. ressort avec une pommade et des antibiotiques. Fun fact: cet hôpital n'est pas spécialisé en dermatologie, mais comme tout le monde le croit et vient avec des cas particuliers, ils ont fini par acquérir une expertise sur le sujet (c'est l'urgentiste qui a expliqué cela à O.)

Nous passons à la pharmacie. Coup de fil pour rassurer H. puis déjeuner dans une brasserie proche, Le Floréal, où les clients autant que les serveurs ont tous des "gueules", un charme puissant et chaque fois unique, particulier, dans leur visage, leur coiffure ou leurs vêtements.

Puis direction le treizième arrondissement. Nous fêtons les cinquante ans de O. Cette fois-ci, bizarrement dix ans plus tard, c'est nous qui avons amené nos enfants. Ils sont seuls et détonent. Les enfants "des autres" sont adolescents, ils ne sont pas venus.
Je regrette cette erreur, nous n'aurions pas dû les amener. Cela m'a gâché ma soirée: O. est fatigué, je le ramène à la maison avant même le gâteau.

Zut.
(Je suis stupide, pourquoi ne l'ai-je pas fait ramener par sa sœur? Parce qu'elle proclame qu'elle ne veut pas conduire dans Paris?)

19 ans un 19

Charmant dîner chez Léna et Mimile. La cuisine est de grande qualité (compliment rare puisque nous mangeons très bien à la maison : rare que ce soit meilleur au restaurant, ce qui fait que nous ne sortons plus souvent).

Nous avons appris aujourd'hui la mort en mai dernier de Stanislas Petrov, l'homme qui a sauvé l'occident. Il me semble que j'en ai parlé quelque part dans ce blog, mais sans doute en mettant un lien sur un mot impossible (genre "héros soviétique") ce qui fait que je ne le retrouve pas (trop d'ellipse tue).
Je me suis souvent demandé ce que je faisais à l'heure où nous avons failli nous prendre un missile nucléaire sur la tête. J'étais en terminale.

Un anniversaire assourdissant

TG sur la bioéthique. GPA, PMA : en théorie je suis contre, pour des raisons féministes (l'utilisation du corps des femmes et les dangers de la stimulation ovarienne). Je lis sur le sujet depuis très longtemps, depuis 1990 environ: Geneviève Delaisi de Parseval ou Jacques Testart, le père de la FIVette qui a changé d'avis sur le sujet (trop tard, trop tard. Comme Einstein, trop tard, trop tard). Parmi les bizarreries soulignées dans Le magasin des enfants (collectif dirigé par J Testart), il y a celle du couple considéré comme un seul corps, alors que, fait remarquer l'intervenant, il y a une chance sur deux que le couple se sépare dans les dix ans et que les partenaires soient fertiles chacun de leur côté (songez à Napoléon et Joséphine).
Evidemment Le magasin des enfants date de 1990, avant la reconnaissance des couples homosexuels par la société et l'émergence de leur désir d'enfant. Cela ne m'empêche pas d'être contre la PMA et GPA, mais il faut devenir très délicat dans la façon de l'exprimer: car si on les refuse au nom du bien de l'enfant à naître («ne pas créer un préjudice (l'abandon) en vue de la réparation d'un autre (la stérilité)»), au nom du bien de l'enfant né il serait pertinent que celui-ci n'entende pas la société lui dire qu'il est une anormalité et qu'il n'aurait pas dû naître.

Je passe à la librairie polonaise pour acheter deux Poésie du gérondif que je veux offrir (et que je n'ai pas trouvés), je ressors avec quelques livres (ne jamais, jamais, entrer dans une librairie: j'achète avec bonne conscience, en me disant que je l'aide à survivre, à se maintenir):
Malaparte : Le bonhomme Lénine
Catherine Sayn-Wittgenstein : La fin de ma Russie
Albert Londres : Le Juif errant est arrivé
Robert D. Kaplan : La revanche de la géographie
et une nouvelle pour H: A voté d'Asimov.

J'avais prévu de participer au vernissage de l'exposition d'Hervé Lassïnce mais un anniversaire m'en a empêchée. (A la place je suis allée en salle de gym transpirer les futurs gâteaux apéro.) Terrible anniversaire: une invitée bavarde impénitente a tenu le crachoir toute la soirée en nous parlant exclusivement de ses voisins. Je n'ai pas le choix, je suis obligée d'écouter, sinon je m'endors. Dès que je me désintéresse, je m'endors (déjà que cela m'arrive quand je m'intéresse)… Mais quel ennui. Les fumeurs avaient au moins la ressource de pouvoir s'échapper sur la terrasse. Cela a confirmé mon racisme personnel: les pieds-noirs1 (et leurs descendants).



1 : Merci de prendre ce genre d'assertion catégorique pour ce qu'elle est: une vérité toute relative dont le dogmatisme ridicule est destiné avant tout à me moquer de mes préjugés.

Cinquante ans

Sortie en quatre, aller-retour dans le petit bras parce qu'il y a beaucoup de courant. Je suis à la nage (puis Gilles, Olivier, Alexandre).
Il me semble désormais être soit à la barre soit à la nage. Prendre le petit bras à l'envers donne l'impression de ramer dans un miroir, tous les repères sont inversés (comme à l'aviron on recule, il faut se retourner pour la direction — d'où l'importance et la difficulté de la barre. On prend des repères sur le bassin, tout droit à partir de cet arbre, à partir de cette péniche il faut légèment modifier le cap, etc.: soudain tout est inversé.)
Il fait froid, temps à neige.
J'ai cinquante ans, je regarde la Seine courir sous la coque et je rame comme à quatorze ans sur la Loire. Où est passé tout ce temps?

Nocturnal Animals. Je ne veux pas spoiler mais c'est un film sans rédemption. Faire les mauvais choix et s'en apercevoir (toujours) trop tard. Irréversible.

Le soir dîner en famille à l'opportun. Conversations à bâtons rompus et éclats de rire as usual. Nous ne sommes pas sortables, je note quelques regards étonnés.

Et deux histoires drôles que je ne pensais pas raconter, surtout la deuxième (que les lecteurs pudiques s'abstiennent), mais qu'un ultime ajout de ma fille me fait noter ici.

La première est de H: Un père, son fils et ses deux filles dînent ensemble. L'une des filles annonce: «Papa, je suis lesbienne». Bon très bien, pourquoi pas. Mais la deuxième ajoute: «moi aussi» et le père s'exclame: «mais c'est pas possible, il n'y a personne qui aime la bite, ici? — Si, moi», dit le fils.

La deuxième est plus hardcore. C'est un caniche et un doberman qui discutent dans la salle d'attente d'un vétérinaire:
— Pourquoi tu es là, toi?
Le caniche répond: — Ma maîtresse faisait du yoga à poil, j'ai pas pu résister, et…
— Et?
— Ben on va me couper les coucougnettes. Et toi?
— Un peu pareil: ma maîtresse faisait sa sieste à poil, j'ai pas pu résister, et…
— Ah, toi aussi, les coucougnettes?
— Non, moi on va me couper les ongles.

C'est alors que la voix de A. s'élève: «Ne me demandez pas comment je sais ça, mais on ne leur coupe pas les ongles, on leur met des chaussettes.»

Fauteuil club

— Un fauteuil club, c'est du mouton, pas de la vachette. Et c'est teinté dans la masse, pas verni. C'est pour cela que cela se griffe, ça se patine. Evidemment, cela ne reste pas impeccable comme ceux de Cuir center. Mais ceux-là craquellent au bout de quinze ans, alors que les fauteuils-clubs se transmettent de génération en génération. Ramenez-moi le coussin dans un mois, je rajouterai de la plume quand il se sera tassé. Ce qui caractérise le fauteuil club, ce sont les ressorts. S'il y a une barre, des sangles, ce n'est pas un fauteuil club. Je vous mets une bombe, il faut la passer une fois par mois, et du cirage, une à deux fois par an.


Samedi

Journée : session "justice et miséricorde".
Un peu déçue de n'avoir abordé le sujet que d'un point de vue biblique et sacramentel, et très peu pratique.

Il y a quelques années, lors d'une préparation d'une journée à Chartres avec des cinquièmes, j'avais été frappée de la confusion qui régnait dans l'esprit de certains parents. Il venait de se produire un fait divers sordide, du genre un meurtre ou un viol par un récidiviste en liberté anticipée, ils étaient pleins de bonne volonté, voulaient être de bon chrétiens, se demandaient s'il "fallait pardonner", si c'était vraiment cela qui était attendu d'eux.
J'étais intervenue pour dire que jamais dans l'Evangile le pardon n'était donné à quelqu'un qui ne le demandait pas: de quel droit aller embarrasser quelqu'un d'un pardon qu'il n'a pas demandé?
La justice avant la charité: cette parole de Jean XXIII trouvée chez Arendt (Vies politiques) permet de remettre les choses dans l'ordre, de séparer l'humain du divin (si tant est que la justice puisse être humaine — mais nous avons l'obligation d'essayer).
Mais nous n'avons pas abordé ces points qui m'intéressent profondément.

Il fait très beau, repas en commun dans le jardin, c'est un grand plaisir de se retrouver ensemble. Je regrette ceux qui ne sont pas là, qui ont abandonné ou prennent une année de répit.

Vingt minutes de sieste, puis repas d'anniversaire pour les dix-huit ans d'Olivier: tous majeurs autour de la table, yeepee!!
Repas animé comme ils le sont toujours, cela me manquera.
O, le grand O, m'a ramené Bill, the Galactic Heroe, que j'ai lu il y a vingt-cinq ans et qui me paraît si bien correspondre à l'époque actuelle.
Livre givré apparemment : Le temps du twist de Joël Houssin, pour fans de Led Zep entre autres.

Public relations

Anniversaire officiel en famille + les voisins + l'émigré américain de passage, dans le nord de Paris (La Plage, en face du parc de la Villette, le long du canal) afin d'être plus prêt de Roissy d'où O. partait pour Naples en fin de journée.

Et maintenant Pour quelques dollars de plus, afin de vérifier qu'il n'était pas possible de faire le tour de la banque (il faut descendre l'escalier: tout va bien, tout est conforme à ce que nous avons vu).

Grenade

Chambre d'hôtel. Aujourd'hui H. a cinquante ans. Il m'a annoncé au petit déjeuner qu'il devrait travailler toute la matinée. Soit. Puis je l'ai vu répondre à un SMS qu'il enverrait une version débeuguée ce soir tard. Ah. Ce n'est pas tout à fait la même chose.

Je pourrais aller visiter seule. Mais en réalité ça me va bien de rester ici. J'ai plein de trucs en retard, j'ai amené du grec, j'ai un oral à préparer. Ça fait juste un peu cher de la journée enfermés; à ce prix-là, autant rester chez soi. Je le saurai pour la prochaine fois (je regrette de n'avoir pas tout simplement pris une chambre à Corinthe ou Tarente en face de la mer.)

En fait tout cela ne me gêne pas vraiment. C'est ma vie depuis toujours, H. en train de programmer, perdu dans un autre monde. Ce qui manque, c'est quand il n'est pas comme ça. Et je savais que je prenais un risque en organisant cette semaine, que cela avait une chance sur deux de ne pas coller. J'avais réussi à éviter qu'il soit jetlagué. Je ne savais pas comment éviter qu'il passe son temps au téléphone (ça, ça va). Je n'avais pas prévu qu'il aurait une livraison (produit à déployer chez un client) de plantée.

Je me souviens avoir vu La Boum tardivement, après mes trente ans. (Pour donner un repère, ce film est sortie quand j'étais en troisième. C'est le film que tous mes copains et copines allaient voir, avaient vu.) Je me souviens m'être dit que ce film ne correspondait à aucun de mes souvenirs personnels, mes souvenirs d'ado et de post-ado n'avaient aucun lien avec ce film, à une exception près: la grand-mère en train d'expliquer comment elle rencontrait son mari dans les gares, toujours en se croisant, toujours sur des trajectoires différentes. Mes souvenirs de vingt ans ressemblent rarement à ce que retracent les films, c'est pour cela que j'aime tant The big bang theory. Les nerds (plus que les geeks, qui sont la version gentille, accessible à tous).


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Interludes parce que mon nerd est gourmand:
- une tentative à la Taberna de Jam (devant laquelle nous étions passé la veille: Plaza de los Campos, 1) vers quatre heures. Je ne sais pas si c'était réellement ouvert, mais ils nous ont très gentiment servis, s'adaptant à notre absence d'espagnol, nous proposant de goûter des plats devant notre vive curiosité, nous consacrant tout le temps nécessaire;
- le soir repas d'anniversaire dans un restaurant marocain plus connu, le restaurant Arrayanes, (Cuesta Marañas, 4: goûtez absolument la limonade menthe-citron).

Soixante-dix ans

Aller-retour ce week-end chez mes parents pour fêter les soixante-dix ans de mon père. Ma sœur et ses filles étaient là, ainsi que mes tantes — les sœurs de ma mère — mais pas mon oncle, le frère de papa. A-t-il été invité, ne pouvait-il pas venir? je n'ai pas osé poser la question. J'ai le cœur gros, car mon père avait l'intention, pour une fois, une fois dans sa vie, une fois dans la nôtre, une fois dans l'histoire de la famille, de faire une fête en invitant tout le monde, tous ses neveux — et ma mère a mis son veto à cause de l'inconduite de mon cousin — elle ne voulait pas de lui sous son toit.
Mon père a donc fêté son anniversaire avec ses enfants et les sœurs de sa femme — et pas son propre frère.

Enfin bon. Il ne faut pas que j'y pense, cela ne me regarde pas (tenté-je de me raisonner et convaincre).

Pour le reste, tout s'est bien passé (toujours un peu de soulagement dans ce constat).

Samedi chargé

- Rendez-vous à neuf heures pour passer l'aviron d'or (lorsque j'avais entendu parler de cela la première fois j'avais commenté ironiquement «j'ai passé l'âge de passer des étoiles». Mais la hiérarchie instaurée entre ceux qui jouent le jeu et ceux qui ne le jouent pas me pousse à passer ce brevet: comme toujours, il est désagréable de se voir supplanté (ici dans l'attribution des bateaux) par ceux qui ont un bout de papier quand on se sait plus compétent qu'eux).
J'ai choisi cette heure poussée par Nathalie qui devait le passer à la même heure, mais elle n'est pas là, et quand plus tard je la croiserai et lui dirai «je croyais que tu devais le passer ce matin», elle me répondra d'un air dégagé «eh bien non», ce qui n'est pas grave mais toujours désagréable.
Bref : je n'ai pas eu à me mettre à l'eau (savoir remonter dans le skiff fait partie des techniques à maîtriser) mais Vincent ne me donnera l'aviron d'or qu'en septembre, quand j'aurai ramé un certain nombre de kilomètres : «A la rentrée pense à ta gueule, je me passerai de toi pour encadrer, sors en skiff et je te le donnerai, on voit que tu as ramé quand tu étais petite, ton mouvement est parfait mais tu manques d'assurance».
Comme avait commenté un rameur, «le passage des brevets, c'est surtout l'occasion pour Vincent de passer une heure avec toi en cours particulier.»

- Onze heures. Je sors à peine de mon skiff que Vincent me remet en yolette avec Jean-Marc qui est bien plus causant que lundi dernier, sans doute parce qu'il vient de me voir ramer en skiff.

- Une heure. Je commence à être fatiguée. Barbecue et papotages. Jean-Marc se propose comme barreur le jour où nous aurons notre huit de dames pour Angers, Vincent rit: «il faudra déjà que vous soyez douze filles». Toujours la même incrédulité. Mais si huit est trouvable, douze est plus difficilement envisageable (il faut être douze pour être sûr d'être toujours huit. Ce n'est pas comme en sport co où l'on peut s'entraîner s'il manque un joueur).
«J'ai goûté la Villaine pour savoir si elle est salée à la Roche Bernard.
— Alors?
— Non.
— Le point de limite de salure des eaux a été arrêté par un décret de Napoléon. Il est déterminé au point de plus grande marée.»

- Deux heures et demie. Une liste de tâches a été établie, les équipes sont constituées, au boulot : il s'agit de nettoyer, remplacer, régler, démousser, revisser, peindre, avant la fermeture du club pour trois semaines. A cinq heures j'en ai marre.

- Six heures. Chez Ladurée. J'achète quarante-neuf macarons («Bizarre», commente de son accent anglais le caissier interloqué) pour quarante-neuf ans, puis prends un café liégeois au salon de thé (j'adore leur café). Hervé me rejoint. Nous soufflons un peu. A. au téléphone: «Je n'ai pas le temps de discuter, il faut que j'aille pailler les cochons d'Inde». L'excuse me paraît étrange, remplacer la paille d'une cage à cochons d'Inde ne me paraît ni si urgent ni si long: «Comment ça, pailler les cochons d'Inde? Il y en a combien? — Trois cents.» Ah, OK.

- Sept heures et demie. Rendez-vous au restaurant près des Invalides pour un anniversaire.

- Onze heures moins le quart. Rendez-vous gare de l'Est pour récupérer O. qui rentre de camp, bronzé et heureux.

Anniversaire

Fait le tour des bibliothèques dans l'autre sens (enfin pas exactement: Charlotte Delbo à deux pas de la place des Victoires, puis Buffon et Melville. (Pas rendu tous les livres). Fini le Löwith sur le fil afin d'emprunter le Congar sur l'Eglise. Pas de vélib pour continuer jusqu'à la cinémathèque.

Salle comble pour Le bon, la brute et le truand, film préféré d'O. pour son anniversaire. Surprise d'apprendre que j'étais la seule à l'avoir vu sur grand écran (circa 1986).

Je lui offre un oreiller autruche. Je ne suis pas bien sûre qu'il s'en serve. Si l'essai est transformé, j'en achèterai un pour moi.

Successions

A huit heures, passage d'un artisan qui évalue les travaux pour le remplacement des velux.

A neuf heures, départ pour Blois et l'anniversaire de mon père. Deux parties de belote sauvent l'après-midi mal engagée. (Ma fille n'est pas venue puisqu'elle travaille, les garçons et H. font la sieste, je reste debout dans le salon à faire la conversation en sachant que si je m'assois, je m'endors).

Ma mère parle du centenaire de la guerre de 14, des églises qui ont carillonné le 1er août: «J'ai regardé un documentaire; tous les hommes sont partis, ils ont emmené les chevaux. Et il y avait la moisson à faire. Comment ont-ils fait? Mon père avait neuf ans à l'époque. Il n'était pas drôle, mais maintenant je comprends mieux, quand on pense par quoi il est passé dans son enfance.»

Histoire de famille au dîner. Mes parents ont appris très récemment que le cousin de papa avait souscrit deux assurances-vie au profit de mon père et mon oncle, sa seule famille connue (depuis, le notaire a découvert vingt-huit cousins en Pologne). Les sommes sont importantes et mes parents un peu sonnés par cette bonne nouvelle.
La maison du cousin est vendue ou en passe de l'être (elle a été longtemps sous scellés pour l'enquête, l'est-elle encore?), ma mère a répété au notaire puis à son successeur (le premier étant mort) qu'elle souhaitait récupérer les photos de famille mais n'a pas de nouvelles. Je crains qu'il ne soit trop tard.

Elle nous raconte l'histoire d'une grand-tante éloignée, mais très proche de la famille (une grand-mère pour ma mère, en quelque sorte, de l'autre côté de la cour de la ferme). Cette grand-tante et son mari, sans enfant, avaient opté pour le régime de la communauté universelle. Elle est morte la première, tous les biens sont revenus à lui. Quand il est mort, comme il était de l'Assistance (publique, ie abandonné, sans famille connue), tous leurs biens sont revenus à l'Etat et ont été vendus aux enchères (alors que si c'était elle qui était morte en dernier, ses neveux et nièces en auraient hérité):
— Ma mère [ma grand-mère] a assisté aux enchères et à chaque fois qu'un lot passait, elle récupérait les photos de famille.

Ces histoires de succession assises sur des règles juridiques me fascinent. Ai-je raconté la pire que je connaisse, elle aussi racontée par ma mère? Je ne sais plus de qui il s'agissait, de collègue de lycée, je crois. Le père et le fils se tuent dans un accident de voiture en allant à l'enterrement du grand-père. Selon les règles juridiques, quand on ne sait pas qui est mort le premier dans un accident, l'ascendant est réputé mort le premier, ce qui veut dire ici que les biens du père reviennent au fils.
Ce sont donc les descendants du fils (ici il n'y en avait pas) puis à défaut ses ascendants qui héritent, en l'occurence la mère du garçon. Or le père et la mère étaient divorcés. Elle a donc hérité de la moitié de la maison de son ex-mari (qui venait d'en hériter suite à la mort de son père) sur l'île d'Ouessant dans laquelle vivait depuis toujours son ex-belle-mère, une vieille dame qui venait de perdre mari, fils et petit-fils.
Que ce soit vieux règlement de compte entre belle-mère et bru, divorce mal digéré ou douleur d'avoir perdu son fils, elle a exigé de toucher la valeur de la moitié de maison devenue sienne, obligeant la vieille dame à lui racheter sa part ou à vendre le lieu où elle avait vécu toute sa vie.

Anicroche: A. téléphone, elle n'a pas ses clés pour rentrer à la maison. Je songe à Rhotull («c'est quand même des sous-doués des clés») et nous l'envoyons chez les voisins en attendant notre retour vers minuit.

Ouverture de la coupe du monde de foot

France Info ce matin. Interviews d'une dame, d'un policier.
Ils expliquent leur joie et leur stress, le Brésil va vivre pour le foot, le policier est là pour contrôler et surveiller la foule.
Soudain une phrase incompréhensible qui ne sera pas expliquée: la dame espère que l'équipe brésilienne va s'imposer dès le début, «sinon les protestations (désordres, mécontentements? je ne suis pas sûre du mot exact) vont continuer».

Il faut lire internet pour savoir qu'il y a eu grève de métro et menace de grève de métro, manifestations répétées contre la corruption, la misère, les sommes mises en jeu par le Mondial.

France Info a-t-il tant traité le sujet que tous ses auditeurs habituels sont au courant et que cela va sans dire?

J'en profite pour mettre un lien vers ces photos que j'adore.

Remontée

Partis vers onze heures, sortis à Limoge pour déjeuner. Pour le même prix qu'un plat et une boisson sur l'autoroute, mangé un couscous au Marrakech (je m'attendais à un steack limousin, mais le boucher des Halles (le marché se terminait) nous a conseillé Le Marrakech. Cela me conforte dans mon idée qu'il faut organiser des ateliers d'échange de recettes de cuisine pour favoriser l'intégration et la connaissance réciproque: si c'est bon, le reste s'efface.)

Sortis à Châteauroux pour éviter le bouchon à venir à Vierzon et traversé la Sologne déserte vers Argent/Sauldre et Gien. Passés à Brinay, lumineuse dans la lumière d'après-midi.
Autoroute A71 (vide), puis l'A6. Nous la quittons au sud de Fontainebleau pour prendre plein nord et éviter les bouchons indiqués par Waze. (Je détaille, ce n'est pas que ce soit passionnant, mais je me demande toujours ce qu'apprend une application comme Waze avec des conducteurs comme nous. Est-elle prévue pour apprendre des trajets, pour les proposer ensuite à d'autres?)

Dans le salon, la comtoise s'est arrêtée: au bout de douze ans, la corde à piano qui soutenait l'un des poids a cassé. Le silence dans le salon est insoutenable.

Fini les agapes du week-end par un gâteau au chocolat.

Puis Tucker & Dale fightent le mal. Ça surprend toujours un peu ceux qui ne l'ont jamais vu.

Chili

Chili con carne comme au bon vieux temps, il y a presque trente ans. Nous ne voyons pas le temps passer. Beaucoup bu, il faut le reconnaître (enfin, je parle de moi).
Organisé la semaine prochaine par grosses masses.

Killing saison 2, suite. Episodes 3 et 4.

L'anniversaires de Gilles

Mais enfin, Gilles ne peut pas avoir cinquante ans, nous avons à peu près le même âge!

Ah mais euh, oui, finalement, peut-être…

Blanquette de veau

Fête familiale pour les dix-huit ans, plus une amie allemande venue de Hambourg (c'est toujours un peu étrange, ces gens qui traversent la moitié de l'Allemagne pour répondre à une invitation tandis que d'autres ne peuvent prendre le RER vingt minutes) et une amie de terminale.

Quelques mille de belote, entre les jeunes (huit ans, deux fois quinze ans et dix-sept) et les moins jeunes (mon père, mon beau-père, mon benjamin et moi). La relève est assurée.

Un peu surprise par le père de l'amie de terminale : il travaille dans les assurances, a fait de l'aviron en compétition et connaît la vie de Nabilla (et de Kim Kardashian: heureusement que j'ai Twitter et FB pour avoir une idée de qui sont ces braves dames). Mais comment a-t-il réussi à nous apprendre tout cela naturellement en dix minutes sur le pas de la porte (sachant que je n'ai rien dit sur l'aviron, même quand il en a parlé (trop de coïncidences me rend muette))?

Satisfaction et soulagement

J'appelle H. :
— Tu n'as pas oublié l'anniversaire de A. ?
— Non, mais je n'ai pas réussi à la joindre.
Silence retenu au bout du fil. Je reprends :
— On a réussi, on a réussi !
— C'est exactement ce que je pensais : ça y est, on a réussi !

A. a dix-huit ans aujourd'hui. Difficile d'expliquer notre soulagement, cette impression d'avoir traversé l'Atlantique à la nage.

Naissance
Tout va bien, bébé très calme, qui arrêtera de pleurer quand je lui ajouterai une couverture (évidemment, elle est née en novembre).

Première année de maternelle
C'est une petite école, une classe par niveau, donc trois classes de maternelle. C. y a fait ses premières années, il est maintenant au CP.
A. est entrée à l'école en septembre, un peu avant la naissance de son petit frère. La maîtresse des petits, qui est aussi la directrice, n'a pas le dessus avec elle et me demande de la reprendre l'après-midi.
A Noël, elle me prend à part pour me confier d'un air grave et plein de componction: «Vous savez, A. me dit que son frère la bat».
C., son frère, a six ans. La directrice l'a eu trois ans dans son école. Elle vit au quotidien avec la petite sœur. Et elle est capable de me raconter cela sérieusement?

Deuxième année de maternelle
Changement d'école. Premier jour en deuxième année de maternelle.
A. ne veut pas faire la sieste. Elle s'échappe et sort dans la cour. Quelqu'un la croise, petite fille de quatre ans en culotte seule dans la cour déserte.
— Qu'est-ce que tu fais là?
— Tu n'as rien à me dire, ce n'est pas toi qui t'occupes de moi.

Une seule année, celle de CM2, nous ne serons pas convoqués par l'instituteur ou le professeur principal. Elle se fera détester à l'école, en colonie. D'année en année au collège je craindrai davantage que cela finisse par de la vraie violence de la part de ses camarades et c'est avec soulagement que je la verrai prendre le chemin du lycée. Elle organisera la circulation et l'appel des secours dans son bus scolaire le jour où une élève fera une crise d'épilepsie (tandis que les adultes paniqueront. Elle avait treize ou quatorze ans). Elle provoquera le désarroi de la prof principale en première en refusant de signer son inscription au bac, prof qui la traînera chez la psy qui refusera de la voir après trois visites devant son manque de coopération (cela était déjà arrivé en troisième année de maternelle).
Nous devons une très fière chandelle aux professeurs et aux élèves de son lycée, qui l'ont réconciliée avec ses contemporains, lui ont démontré que la terre entière n'était pas son ennemi.
Et je garderai toujours de la rancune et de la tristesse envers tous les "adultes" (nos parents, la famille) qui nous jugeaient "trop durs" mais refusaient de s'occuper d'elle quelques heures. Parce qu'ils avaient essayé une fois et ne voulaient pas recommencer. Tous ceux qui baissaient les bras mais "savaient" que nous avions tort et qu'il fallait s'y prendre autrement.

Et voilà. Elle a dix-huit ans. Yippeee, nous sommes libres!!!
Et elle est radieuse, heureuse à Lisieux (mais si, c'est possible (la preuve)) et dans sa formation d'ostéopathie chevaline.
Et moi, je n'en reviens pas que nous ayons tenu le coup.



Bon d'accord, j'ai conscience que c'est ridicule, qu'elle était intelligente et en bonne santé, non fumeuse, non buveuse, non fugueuse, et que j'exagère. Mais nous en avons bavé quand même.

Anniversaire

Ma grand-mère aurait eu cent ans.

Samedi

Matinée de TG sur les Targums, pseudo-Philon, les Antiquités bibliques. J'aime ça.

O. a cours de solfège à 13h30, ça nous plante tous les samedis, nous n'arrivons pas à caser un petit déjeuner et des courses dans la matinée. Moralité: quand j'arrive à la maison, H. et O. ont brunché, et je n'ai rien à manger. Je vais me coucher pour cuver ma fièvre.

Vers cinq heures je commence les opérations de réorganisation de la bibliothèque (deux étagères de moins tandis que nous avons récupéré les mangas et les BD des enfants ainsi que la SF et les policiers que H. avait emmenés à Mulhouse: je ne sais plus quoi faire des livres). Je planque l'Encyclopédie Britannica en haut d'un placard en attendant que tout le monde l'ait oubliée pour m'en débarrasser.

Cinquante ans d'un voisin, anniversaire surprise, j'ai tant de fièvre que je ne bois que de l'orangina. Nous ne connaissons personne, il fait plutôt froid sur la terrasse, je suis surprise par la jeunesse des enfants, de deux à douze ans, pour des gens qui ont plutôt cinq ou six ans de plus que nous. Beaucoup de familles recomposées, je n'ai pas l'habitude.

A. revient de Lisieux (bloquée une heure aux Halles dans le RER). Nous sommes cinq pour la première fois depuis le 4 septembre (c'est O. qui me le fera remarquer. Tout cela doit lui peser un peu, je suppose).

Bonne journée

A midi je passe à l'institut protestant de Paris pour donner ma feuille d'inscription et savoir quand commencent les cours: soulagement, ce sera en janvier. Encore trois mois pour faire des progrès.

C'est l'anniversaire d'O., nous avons rendez-vous au My Canh, son restaurant préféré (84 rue Baudricourt), sa sœur va lui faire la surprise d'être là (venue exprès de Lisieux), C. viendra aussi, et peut-être son parrain. Officiellement, il s'attend à un repas en tête à tête avec peut-être son frère.

Je passe à la bibliothèque Melville. Le Löwith que je venais chercher (Ma vie en Allemagne avant et après 1933) n'est pas en rayon, ou il est mal rangé (il est indiqué présent sur le catalogue en ligne)). Bien qu'on soit à un quart d'heure de la fermeture, un bibliothécaire va très gentiment me chercher Sur la balance de Job (à propos des Frères Karamazov, référence trouvée dans Taubes).

My Canh. Repas très geek et très gai, très décousu aussi (je m'en voudrai beaucoup dans les jours qui suivront de ne pas avoir pris une photo de mes trois enfants réunis pour les quinze ans du plus jeune. Mais je ne pense jamais aux photos.) C'est la première fois que nous revoyons A. depuis qu'elle est a Lisieux, elle a un peu maigrie, ça lui va bien, elle est radieuse, heureuse. C'est très rassurant (l'expérience de son frère en Suisse qui avait glissé dans la dépression, ne vivant que la nuit et ne se nourissant plus, nous a laissés traumatisés.)

O. raconte une blague du prof de math. Je la connaissais depuis longtemps (2001, j'ai un point de repère) et je désespérais de la retrouver dans le détail, donc je la note ici:
Un mathématicien, un statisticien et un biologiste survolent un hangar. Deux personnes entrent dans le hangar, trois en ressortent.
Le biologiste dit: — La population augmente, ils se sont reproduits.
Le statisticien dit: — Pas du tout, la population est stable, en moyenne deux personnes et demie sont entrées et ressorties.
Le mathématicien dit: — Si une personne entre dans le hangar, il sera vide.

Allemand

A midi ramé en quatre de couple. Chaque fois que je remonte en bateau fin (je veux dire dans autre chose qu'en yolette, le bateau des débutants et des "loisirs"), je comprends à nouveau les souvenirs de mes treize ans, les sorties infernales qui vous faisaient descendre de bateau en vous sentant nul et plus mauvais que tout: l'équilibre est difficile à trouver, le bateau tangue, et pour tout dire, c'est un peu inquiétant (mais je n'avais pas peur à treize ans. j'aimerais retrouver cette inconscience).
C'est pour cela que je me suis inscrite à Melun: pour pouvoir faire du skiff au printemps et faire des progrès.

Alea jacta est. Le directeur (la directrice) a signé mon inscription en allemand, je n'ai plus qu'à transmettre la feuille à l'institut protestant.
Je ne sais pas quand commencent les cours: en octobre, ai-je cru comprendre d'après le site. Ce n'est pas très clair.

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Jacqueline, c'est aussi celui de Roman (de Roman Roi) et la saint Renaud.

Les conséquences de la manif pour tous

Mes beaux-parents sont arrivés trois quart d'heure en retard au restaurant pour fêter les 70 ans de ma belle-mère en famille.


(Tout cela me fait penser à une phrase de Michel Evdokimov lors d'un colloque sur "la réception de Vatican II, cinquante ans après". Parlant du schisme avec l'Eglise orthodoxe, il a dit la voix pleine de regrets: «le schisme a provoqué la rupture du lien de charité. Nous avons commencé par nous détester, puis nous avons justifié cette détestation par des arguments théologiques. Il faut retrouver l'amour.»
Mille ans environ pour arriver à ces paroles. En voyant la "manif pour tous", je ne peux que songer à cela: nous sommes en train de rompre (ou l'Eglise a d'ores et déjà rompu) le lien de charité.

J'ai un petit peu peur

Ce n'est pas que j'ai fait une bêtise, c'est que j'ai fait quelque chose qui ne se fait pas (quelque chose de bien, hein, c'est pour cela que ça ne se fait pas).

En ce moment nous recevons les chèques des retraités (Non, nous ne proposons pas le prélèvement. Oui, nous y songeons (je songe surtout aux centaines de RIB qu'il va falloir saisir en machine. Sujet de réflexion pour juin ou juillet).)

Un homme a joint une carte de visite à son chèque (nous jugeons de l'éducation ou du milieu social aux lettres reçues: les étiquettes autocollantes des fondations pour la recherche sur le cancer, pour la nature, pour médecins du monde, les demi-feuilles blanches pliées en deux pour protéger le chèque et le coupon retour, les quelques lignes d'accompagnement de ceux qui jugent impossible d'envoyer un chèque sans un mot d'accompagnement, même s'il ne dit absolument rien ("Vous trouverez ci-joint deux chèques en règlement…" etc.)). A côté de la signature, en bas de carte, cet homme a ajouté "J'ai 90 ans!"
Et il a répété ces mots sur le coupon-réponse à nous retourner avec le chèque, avec le même point d'exclamation.

Il avait l'air si content d'avoir atteint 90 ans, comme une bonne farce ou un exploit. J'ai montré la carte autour de moi, cela me faisait rire, me changeait des râleurs ("Trop cher!" (nous devons être à la moitié du prix du marché)) ou des déprimés ("J'attends la fin, qu'est-ce que vous voulez faire à mon âge?"). Cela me faisait du bien à l'âme.

Hier je lui ai envoyé des fleurs ("pour votre anniversaire"). J'ai signé de mon nom, en ajoutant "mutuelle ***".
Au dernier moment, j'ai modifié le jour de livraison, j'ai choisi mercredi, jour où ma collègue est absente: s'il téléphone pour remercier, il tombera sur moi.
Mais s'il écrit et que ce n'est pas moi (le plus probable) qui ouvre la lettre?
Je vais passer pour une folle. Evidemment vous, lecteurs, avez l'habitude. Mais je suppose que mes collègues de travail nourrissent encore quelques illusions à mon sujet.

Ce billet non pour que vous exclamiez que "c'est gentil de ma part", mais pour partager mon inquiétude. Je suis un peu stressée. Et pour partager mon regret que les pulsion de gentillesse soient bizarres, qu'il faille les cacher. J'espère qu'il va appeler mercredi et que personne ne saura rien et qu'il n'ira pas le dire à d'autres retraités. Sinon, j'ai bien peur de me faire enguirlander par le conseil d'administration ("Mais tu te rends compte, si cela se sait, ils vont tous attendre des fleurs!" ou "Et tu as payé sur tes deniers? Mais il ne fallait pas!" (version optimiste)). Et de penser à tout cela m'attriste. J'ai agi en sachant tout cela, en sachant que la raison voulait que je ne fasse rien, en envoyant la raison au diable. Mais l'expérience prouve que la raison a toujours raison, et je ne m'y fais pas. En fait ce n'est pas la générosité que je recherche, mais la fantaisie, la surprise, un peu de gaîté. En cela, le conseil d'administration aura(it) parfaitement raison: la fantaisie n'a pas sa place dans le monde professionnel.

(Pas de panique, le plus probable est qu'il ne se passe absolument rien.)

La blague du week-end

— Vous savez pourquoi les croque-morts s'appellent croque-morts? Ils mordaient l'orteil des morts pour vérifier s'ils étaient bien morts?
— Euh, oui.
— Eh bien un jour, on leur a amené un cul-de-jatte et depuis, ça s'appelle les pompes funèbres.




Fêté les soixante-dix ans de mon beau-père en grand comité. Je suis contente, j'y tenais, c'est un homme soupe-au-lait mais extrêmement disponible et serviable à qui l'on ne dit pas assez merci.

Achat de yoyo

Je me suis souvenue qu'aux Etats-Unis, O. cherchait un yoyo dans toutes les boutiques de souveuniirrs où nous passions.

Trouvé une adresse rue Hermel, c'est très discret, au fond d'une cour. (Au passage, je découvre que le yoyo a l'air technique).
La rue Hermel est aussi la rue d'un bibliothèque municipale, j'étais venue chercher ici des références à des lettres de Proust du temps où j'assistais au cours de Compagnon. J'en ressors avec deux Vernant, mais c'est une erreur: Vernant m'agace, je n'arrive pas à le lire.

Dans cette bibliothèque, La Jeunesse de Pouchkine est indiquée "en réserve". Pas le temps de le demander. Des machines permettent d'enregistrer les livres que l'on emprunte. Je n'aime pas ce genre d'évolution.

Au total une bonne soirée à trois.

Comment pourrir les vingt ans d'un jeune homme

Il y a vingt ans, ma tante (vieille fille sans enfant) ne m'avait pas parlé pendant un an parce que j'avais accouché à la maison. Peut-être que si je ne lui avais pas envoyé une carte d'anniversaire en avril suivant nous n'aurions plus eu aucun contact.

Cela lui aurait évité d'envoyer un chèque de quatre cents euros à mon fils pour ses vingt ans en lui donnant une foule de petits renseignements sur sa vie quotidienne et en glissant incidemment parmi eux «J'aimerais bien avoir un ou deux coups de fil par an; sinon je considèrerai que tu as "rompu les ponts" avec moi. Cela me fera de la peine mais tant pis.»
(Sur le fond elle n'a sans doute pas tort, à cela près que que c'est plutôt contre-productif. Il faut savoir que C. ne peut pas toucher à la télé parce qu'il a cassé la télécommande quand il avait sept ans et qu'elle lui dit quand elle le voit qu'«il lui fait peur» parce qu'il fait un mètre quatre-vingt-cinq et elle moins d'un mètre cinquante.)

Désarçonné, choqué parce qu'il ressent comme du chantage moral1 (du moins je le suppose, puisque pendant ce temps j'étais à Porto), C. montre la lettre à son père qui, fatigué par sa semaine mais aussi par vingt-six ans de ce genre de relations2 et formaté par notre vieille éducation qui veut que nous respections nos aînés, se met à chapîtrer C. sur son égoïsme et autres défauts (apparemment ce fut un panorama large et complet de tous les défauts qu'il trouve à tout le monde sauf à lui-même, dans la grande tradition proustienne3).

— Merci beaucoup, charmant anniversaire.
Désorienté par cette semaine de quatre jours, H. pensait être jeudi et l'avait oublié.


Notes
1 : C'est une vieille coutume familiale.
2 : date à laquelle nous nous sommes rencontrés
3 : «Et à la mauvaise habitude de parler de soi et de ses défauts il faut ajouter comme faisant bloc avec elle, cette autre de dénoncer chez les autres des défauts précisément analogues à ceux qu’on a. Or, c’est toujours de ces défauts-là qu’on parle, comme si c’était une manière de parler de soi, détournée, et qui joint au plaisir de s’absoudre celui d’avouer. D’ailleurs il semble que notre attention toujours attirée sur ce qui nous caractérise le remarque plus que toute autre chose chez les autres.» A l'ombre des jeunes filles en fleurs Noms de pays: le pays (Je lis Proust comme une histoire de famille.)

L'anniversaire de Matoo

Marina Tsvetaeva (1892-1941) : La maison de Vanves, poèmes inédits
Lettres atlantiques : Saint-John Perse, T.S. Eliot, Allen Tate, 1926-1970
Döblin, Voyage en Pologne
Thomas Clerc, Sachs

Film The Tree of Life. Il n'y a que deux manières de faire son deuil, dans la nature ou en Dieu, par la nature ou la grâce.

Bibliothèque de Beaubourg. J'y oublie la bibliographie que j'avais reçue à l'ICP quelques jours plus tôt.
Dans les rayons je feuillette un livre de dialogues Karl Barth / Urs von Baltasar : la théologie et la joie. Voilà qui est de bon augure.

Je feuillette Communio sur l'œcuménisme en attendant l'heure d'aller à l'anniversaire (dans un bar corse).

Bar. Rencontre de vieux blogueurs, des noeuds dans l'éther. Lady Gaga. Je pars au moment où je devrais rester.

La journée que je n'ai pas envie de vivre

Régulièrement, tous les deux ou trois ans.




spéciale dédicace
(Je mets cela en ligne en 2015. A l'époque, par charité, je l'avais laissé hors ligne. Benoît fut le surnom de C. pendant quelques temps. Il s'agit d'un sketch, mais je ne sais pas de qui.)

— Huhuhuhuuu… Salut p'pa!
— Bonjour Benoît… tu t'réveilles?
— Ouai, pourquoi?
— Il est 19h30 Benoît.
— Bon ben j'ai la journée devant moi.
— Benoît j'aimerais te parler
— Cette année?
— Oui, […] tu penses pas qu' il serait temps que tu trouves du… TRAVAIL?!
— Oh les mauvaises vibrationnnns ! Oh l'agression dès l'matinnn!
— Ecoute je ne t'agresses pas Benoît […] Simplement, qu'est ce que tu veux faire dans ta vie?
— …
— Réfléchis, prends ton temps… c'est important, qu'est ce tu veux faire dans ta vie ?
— … … … Duuuu miel ! … Wééé c'est cool LE MIEL!
— Parfait mon fils […] t'sais ça se fait pas comme ça du miel… Pour faire du miel il faut des? pour faire du miel il faut des? des? Soufflez pas il va le trouver tout seul. Hein hein bravo madame… Il va trouver tout seul! Pour faire du miel il faut des? des?
— Des pots.
— Oui il faut des pots, il faut les avoir c'est bien Benoît… il faut des pots, bien, bien ! mais avant il faut des ab ? des ab ? Bzzzzzz ? tain mais enfin réfléchis Benoît!
— J'suis a fond !
— Faut des ABEILLES Benoît!
— Tss ça j'le savais en plus !
— Allez, combien il t'en faut au départ ?
— Ben deux ... un bourdon et puis sa meuf.
— Nan, nan il t'en faut au moins 100 000 !
— 100 000 abeilles ?! dans ma chambre…

15968

Suite à une question de Gvgvsse, je m'aperçois que j'aurais seize mille jours le 30 novembre 29 novembre.


mise à jour le 2 novembre
Gvgvsse m'a rappelé que l'an 2000 était une exception à l'exception: les années se terminant par 00 ne sont pas bissextiles, sauf tous les quatre cents ans, et donc 2000 était bissextile (c'est tout de même étrange de l'avoir oublié quand on sait le nombre de jours que j'ai passé à tester cette règle dans les moteurs de tarification), et donc mon seize millième jour est le 29 novembre (qui me permet également d'atteindre le nombre de seize mille jours vécus à la fin de la journée (sauf si je me suis encore trompée, mais bon)).

Tradition culinaire

Quand vous faites un "gâteau" au chocolat en faisant fondre quatre plaquettes avec du beurre et de la crème, et que vous faites resolidifier le tout au frigo, vous savez que le livre de recettes était anglais.

Bon anniversaire, Clément

Evidemment, il y en a moins à dire, discrétion oblige.

1992, une nuit d'orage telle que le périphérique fut inondé dans ses parties les plus basses.

Réflexion entendue : «Né à six heures un lundi matin? Il sera courageux!»

Anniversaire surprise

Je l'ai prévenue il y a une demi-heure; je lui ai dit : « On sort, tu as juste le temps de sauter dans une paire de boucles d'oreilles. »

La devinette du week-end

Dédiée à Tlön et Marie:

Quel est le pluriel d'un p'tit beurre ?

F.

Elle a 43 ans aujourd'hui. Ma seule amie d'hypokhâgne, celle que les professeurs ne m'ont pas pardonnée, d'ailleurs. («Mais pourquoi avez-vous changé de place?» Qui m'avait posé cette question et pourquoi, quand j'avais changé de place pour m'installer à côté d'elle? Je ne sais plus.)

Celle qui était si timide qu'elle riait nerveusement quand la prof d'anglais l'interrogeait — et celle-ci a cru jusqu'au bout que F. se moquait d'elle. (F. était très douée en anglais.)

Celle avec qui j'ai mangé beaucoup de croque-monsieurs.

Celle qui avait lu tout Duras, tout Woolf et tout James — dommage que je n'ai pas suivi son exemple à l'époque, j'aurais pris un peu d'avance — mais les Duras que je lisais lui appartenaient. J'ai encore dans ma bibliothèque son Vie et Destin et le Arendt sur le totalitarisme. Elle m'avait prêté Temps et Récit I dont j'avais entièrement gommé les soulignages à main levée pour les remplacer par des traits à la règle.

Celle dont nous avons corrigé en urgence sur atari (logiciel: "Le Rédacteur") le mémoire de DEA d'histoire (L'assassinat du président McKinley) (et déjà mes tics de relecteur).

Celle à cause de qui j'habite où j'habite aujourd'hui, ses parents nous ayant prêté leur maison en 1992 pendant qu'eux-mêmes partaient en vacances, nous permettant d'échapper à notre appartement quelques semaines et de découvrir cet endroit de la région parisienne.

Celle dont je possède un pendentif, une croix dans un cœur, donné par sa mère à la naissance de ma fille, parce qu'elle ne croyait plus que F. aurait des enfants (puisque ce pendentif était destiné à une fille de F.)

Celle à qui j'ai raccroché violemment au nez un jour de 1995, en décembre sans doute, exaspérée que célibataire sans enfant, elle ne soit jamais disponible pour nous voir et ne fasse preuve d'aucune souplesse dans son emploi du temps.

Celle que j'ai revue dans un café en 2000, après l'avoir rappelée parce qu'elle me manquait, qui m'a avouée qu'elle était lesbienne et qu'elle n'avait pas osé nous le dire, qu'elle avait coupé les ponts avec toutes ses anciennes connaissances.

Celle qui ne m'a plus jamais répondu, que je n'ai pas revue depuis, dont le prénom/nom existe à une dizaine d'exemplaires sur FB — j'ai écrit à toutes, en vain.

Evidemment je pourrais aller sonner chez sa mère, qui d'après l'annuaire est sans doute veuve.

Mais cela n'a guère de sens d'insister.

Finalement, ce ne fut pas gênant

En 2000 ou 2001, je dînai à la table d'un homme qui avait dépassé les soixante-quinze ans. Il nous racontait qu'enfant, il était voisin de la tante de Brigitte Bardot (dans l'est, vers Vitry-le-François? Peut-être que je confonds) et que celle-ci se lamentait:
— Elle est bien gentille, Brigitte; mais elle n'est pas bien futée... Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire?

Là-haut

Vu Là-haut pour l'anniversaire de O. (avec O. et un ami).
Pleuré les trois quarts du film, autant aux moments tristes qu'aux moments gais (le moment où la maison apparaît repeinte et pimpante: pouf, en larmes).
Pensé à Matoo.
J'aurais bien regardé plus longuement l'oiseau et les ballons, surtout les ballons. Couleurs qui font du bien.

Film sur tout ce qu'il faut laisser derrière soi, sur tout ce qu'il faut accepter d'abandonner, pour continuer à vivre. Dialectique du rêve: le rêve comme but, le rêve comme obstacle, le moment où il faut savoir l'abandonner pour continuer à vivre, de façon peut-être moins flamboyante mais plus riche, parce qu'on est désormais au-delà du rêve et non plus en deça.

Onze ans

Onze ans, c'est un peu triste. On n'a pas reçu de lettre de Poudlard, on appartient définitivement aux Moldus.


Trouvé sur le trottoir un stylet de Nintendo DS, petit drame; mais je n'ai aucun moyen de le rendre à son propriétaire.

Distance

Demain ma sœur a quarante ans.
J'ai été obligée de téléphoner à ma mère pour vérifier son adresse: elle a déménagé en février (je l'ai appris par hasard en avril) et a négligé de me donner sa nouvelle adresse.

Je me demande si j'ai encore la carte postale jaunie et gondolée envoyée de Corse pour m'annoncer qu'elle s'était mariée civilement un mois plus tôt et qu'elle était enceinte. (Non non, on n'écrit pas que «Je t'embrasse» sur une carte postale).

Elle est comme ça, ma sœur. Je n'ai rien à lui dire, mais ça me fait de la peine (et après tout, ce blog sert aussi à ça).

Les seize ans de Clément

Je n'aurais pas imaginé que cela se passerait comme ça.
Je ne sais même pas si je lui en veux vraiment. Il faut sans doute que je le sorte de là. On ne peut pas payer, je n'arrive pas à trouver un autre boulot, et tout ça me rend dingue.
Je suis en train d'abandonner.
Mon fils vient d'avoir seize ans et je n'ai qu'une seule envie : être loin de lui. Après la patristique, il faudra que je fasse le tour pour trouver un autre lycée.

L'anniversaire de Matoo

— Je ne connais personne…
— Oui, il y a beaucoup moins de blogueurs que l'année dernière, la mode passe1… À part les coxxiens, c'est surtout la base historique, les copains d'avant le blogging…
— Tu n'aurais pas vu Jules… Julien… Il devait venir… mais il est peut-être reparti…
— Jules? Quel Jules? Je ne connais pas de Jules.
— Mais si, Jules, il avait un blog, avant, il y a longtemps… Je ne l'ai jamais vu, on ne se connaît que par internet, les commentaires… (J'hésite à dire qu'il est allé en Chine, je ne sais plus si c'est un détail public ou pas).
Un grand type en T-shirt orange passe, d'après les photos glanées ça et là, un descriptif qui parlait d'1m91 (ou 87 ? Je ne sais plus), il me semble que ça pourrait être lui:
— Lui… il ne s'appelle pas Jules?
— Ah, Jûûûûûûllleeeees!!! Mais oui, mais fallait dire Athaldir!
(Oui mais heu, j'avais totalement oublié ce pseudo venu du fond de la préhistoire blogosphérique).

Remarques désabusées sur l'entreprise (pourquoi est-il si inconcevable d'expliquer qu'on est prêt à travailler de notre mieux pour rendre service au plus grand nombre sans y mettre d'autre foi particulière que celle du travail bien fait ? Pourquoi devons-nous absolument être enthousiastes et ambitieux, avoir des plans de carrière à dix ans («Comment vous voyez-vous dans dix ans? ? Ben euh…»2), connaissance commune et inattendue des xavières, analyse comparée des scénarios américains et français… (nous avons tout si bien compris que nous aurions aussi vite fait d'écrire notre propre scénario).

Fumer sert à sortir dans la rue et à échapper à la musique insoutenable de l'intérieur. Nous sommes accostés sous je ne sais plus quel prétexte par un certain Cédric (non blogueur, ne cherchez pas) qui pose beaucoup de questions mais séclipse dès qu'on lui en pose deux. Beau sourire. Sous ses dehors libérés et provocateurs ce garçon est très conservateur, il paraît sidéré et vaguement choqué que je sois là. Au bout de quinze secondes, après m'avoir demandé mon âge, il me catalogue «décalée»:
«Tes enfants, ça les fait pas flipper que leur mère soit à une gay party? ? Je ne suis pas à une gay party, je suis venue à l'anniversaire de Matoo.» Il n'est pas convaincu.
— Et comment tu connais Matoo ?
— Par internet. Je le lis. Et Jules aussi. Je ne connais personne ici. Je lis. Il me regarde comme si jétais vraiment bizarre: «Ah. Moi je suis de la vieille école». J'ai envie de rire.

Au moment de partir, Grégoire me demande un autographe pour son coloc. Je signe « Pour Cédric, with love. Maurane »



1 : En fait, cette année, c'est plutôt des FB… Je vais monter un observatoire sociologique à partir des anniversaires de Matoo.
2 : Je devrais peut-être leur envoyer cela.

Instructif

Une solution simple pour remplir son blog, c'est de commenter celui des autres.

Donc c'est l'anniversaire de Kozlika, et elle le fête en parlant d'un sujet ma foi rarement abordé.

Un bal de têtes

Fêté les 40 ans de O.
Constaté une fois de plus que les visages et les corps sont le plus sûr signe du temps qui passe, puisque nous avons revu beaucoup d'inconnus rencontrés pour la dernière fois lors des 30 ans de O.

Il y a dix ans, nous étions les seuls à avoir des enfants et nous n'en parlions pas, parce que ce n'est pas un sujet de conversation et que nous voulions avant tout oublier les soucis quotidiens lorsque nous étions en soirée. Dix ans plus tard, tous les autres ont des enfants entre zéro et cinq ans, qu'ils amènent en soirée et qui deviennent l'unique point de polarisation. Forts de notre expérience, nous repérons d'un coup d'œil les trois ou quatre solutions qui règleraient quelques dysfonctionnements mais prudents nous nous taisons.

Nous rions avec effroi lorsque O. déclare à un blondinet de cinq ans pendu à son cou: «Quand tu auras quarante ans, c'est toi qui me porteras.»

Appris incidemment que j'écrivais probablement en LISP sans le savoir: lot of insipide and stupid parenthesis (ce qui ne fera rire que les geeks, mais comme il ne doit pas en traîner ici, ceci est une parenthèse stupide de plus (CQFD)).

Et pour Didier the Banished, une devinette: si les garçons jouent à Dongeons et dragons, à quoi jouent les filles ?

On a retrouvé Linda de Suza

Le 6 juin à l'O'buki (219 rue Saint Maur), soirée voyance avec Irma et Ingrid et visite de Linda de Suza (à partir de 21 heures). J'ai interrogé la patronne, eh non, ce n'est pas une blague.
J'ai alors suggéré qu'il faudrait inviter Jean-Luc Lahaye, mais quelques personnes bien informées m'ont appris qu'il était en prison. Ah bon.

Bien entendu je ne connaissais personne. Donc après avoir fait quelques instants la conversation à Embruns (je me dis que vu son dernier billet (Guy Môquet), mes lectures actuelles et notre point commun spontané et inattendu, nous avons peut-être davantage à nous dire qu'il n'y paraissait… (j'ai essayé de lui faire m'expliquer Twitter, il m'a répondu d'essayer (non, merci))), je me suis cramponnée à Chondre et ses amis dont Dr Nono (une sacrée langue de vipère. Si j'ai bien compris, son chat (11 mois et très possessif et tendre) met son couple en péril) et Franck, qui possède de jolies fossettes et à qui nous devrons bientôt la photo d'une des parties manquantes de Chondre (nous possédons le reste du puzzle, c'est un jeu de patience).

Ce fut une de ces soirées que j'aime, où l'on dit beaucoup de mal de gens que cela fait beaucoup rire (puisqu'ils sont là pour l'entendre (dans la plupart des cas)) même s'ils ont dû se demander qui j'étais et ce que je faisais là (mais ils sont très polis). J'ai même vu Garoo, beau gosse (moi qui croyais qu'il vivait en autarcie entre son frigo et ses ordinateurs) et l'un des membres des Coquecigrues.


Meilleure répartie de la soirée, une fille en couple (de filles) à une vendeuse de roses: non, on est venu sans nos maris.

Anniversaires

Quatre-vingt-un ans de Marylin Monroe.

Quinze ans de C.

Cinq ans que j'ai entendu parler de Renaud Camus pour la première fois.

Et Matoo fête ses 31 ans.

Les 90 ans de ma grand-mère

J'ai désormais deux bagues anciennes :
- l'une est la bague que mon grand-père paternel offrit à ma grand-mère pour leurs 50 ans de mariage. Ma grand-mère avait laissé cette bague à ma mère en lui demandant de me la remettre après sa mort.
- l'autre est la bague de fiançailles de ma grand-mère maternelle ; elle me l'a donnée hier.

Lorsque je tends les mains, je vois deux destins; l'émotion m'étrangle.
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