Billets qui ont 'dent' comme mot-clé.

Zut

Je me suis cassé une dent, une prémolaire.

Ça faisait longtemps que quelque chose me gênait à gauche, une douleur sourde quand je mâchais ou serrais les mâchoires, comme une infection à l'intérieur de la gencive — mais rien, ni fièvre ni abcès. J'étais allée chez le dentiste en novembre qui n'avait rien vu.
La dent a cédé aujourd'hui, la moitié ou un bon tiers. Ça ne fait plus mal, le nerf doit être encore encapsulé dans un reste d'ivoire je suppose.
Ça ne fait plus mal mais ça fait peur : crainte d'infection. Impossible d'avoir un dentiste en ce moment.
Bains de bouche au synthol.

Opération bis

O. s'est fait enlever les dents de sagesse aujourd'hui.

Comme il y a un an et demi, petit déjeuner aux Editeurs (c'est très snob, mais c'est aussi un café d'habitués), choisi pour son "grand" petit déjeuner (dixit la carte). Depuis la dernière fois, du jus de citron (à côté de l'orange et du pamplemousse) est proposé.
Le carrefour devant le café est condamné, le bitume arraché, mettant à nu les pavés. Un inconscient a attaché son scooter à une rambarde à l'intérieur des palissades vertes. Délicatement les ouvriers tronçonnent la rambarde pour dégager l'antivol sans abîmer celui-ci.
Nous partons à pied jusqu'à la rue du Bac (je donne l'adresse à qui veut (la demander en commentaire), nous sommes très satisfaits de ce chirurgien-dentiste); O. est tout surpris d'être aussi flageolant suite à la prise d'un Atarax.

Je suis surprise par la beauté de ce portrait 58 rue de Seine:





J'abandonne O. (quarante minutes, me dit l'assistante) et vais chercher la voiture près du théâtre de l'Odéon. En chemin je m'arrête à l'église du centre Sèvres.

Je récupère O. enflé sans excès, lèvres épatées, sans bleu (la non-utilisation d'écarteurs beaucoup plus douce). Il dort tout l'après-midi et moi aussi. A vrai dire, je ne ferai rien de ce que j'avais prévu de faire.

Le soir, The Grand Hôtel Budapest. Oserais-je dire que ce qui m'a sans doute frappée la première fois, c'est l'enfilade de certaines rues pavées, si semblables à certaines vues du Dernier des injustes? Et comment ne pas penser aussi à Ada, à la prégnance du rêve sur la réalité et à la fin d'un monde?

Zut

Je crois que je me suis fêlé le coin de l'incisive droite en tombant du tabouret de bar (pour l'instant ça ne se voit pas vraiment mais ça risque de mal vieillir, va falloir faire quelque chose).

Opération

L'orthodentiste avait recommandé depuis longtemps que les dents de A. soient arrachées. Cette volonté de perfection et de norme m'agaçait un peu; d'un autre côté, je me souvenais bien des douleurs des dents de sagesse («il faut le faire pendant que tu n'as pas mal, je t'assure. Je te garantis qu'on a toujours mal un week-end ou un jour férié, bref, un jour où les dentistes sont fermés»).
Nous avions décidé d'attendre le bac, puis de retards en rendez-vous, la date avait été fixée aujourd'hui.

En cas d'anesthésie locale, un solide petit déjeuner est recommandé, j'ai prévu d'arriver tôt à Paris pour éviter les bouchons, nous allons aux Editeurs dont j'ai repéré la carte. A. prend ses médicaments (le dentiste a forcé la dose car elle a avoué son anxiété: elle plane un peu) et nous nous rendons au cabinet.

Le dentiste a du retard, nous attendons. En feuilletant un très beau livre sur l'art grec, A. a tout naturellement l'une des réflexions les plus païennes que j'ai entendues: «et dire qu'un jour, toutes nos cathédrales et tous nos tableaux auront aussi peu de sens que ces temples grecs…»
J'en n'ai le souffle coupé parce que je peux parfaitement adopter son point de vue. Après tout, pourquoi pas; après tout, c'est déjà le cas pour tant de gens; après tout, je suis capable de prendre la distance nécessaire à ressentir comme vrai ce qu'elle vient de dire.
Alors pourquoi m'accroché-je à l'idée que «cela ne sera pas»? Par peur, besoin de réconfort? Par conviction, entêtement?
Non, à cause de cette présence du Christ que je peux ressentir au quotidien à tout instant. N'est-ce qu'un fantasme? (mais à cette question il n'y a d'autre réponse que notre décision de répondre oui ou non, je le sais. Mais d'où vient cette décision, qu'est-ce qui la fait pencher dans un sens ou un autre?)

Je vais à la bibliothèque pendant l'opération. A mon retour, A. est un peu gonflée. Le dentiste souligne son courage: «cela a été très difficile, deux dents étaient coincées, il a fallu aller les chercher.»

Sur le chemin du retour, je m'arrête au Forum des Halles pour aller chercher un livre sur les Pokémon qu'elle a commandé. Je la laisse dans la voiture (les anti-douleurs la rendent flageolante et je ne tiens pas à ce qu'elle attrape un microbe dans la foule) et j'y vais: elle y tient tant; je suis persuadée qu'elle guérira mieux avec son livre qu'à se morfondre au fond de son lit en redoutant qu'il soit vendu parce qu'elle n'est pas allée le chercher assez vite.

Orthodontie

— Tu as des élastiques oursons ? Bon, je vais te donner des béliers.

Ni oui ni non

Contexte:
Une orthodontiste a posé un appareil à ma fille en octobre 2008. Neuf cent quatre vingts euros par semestre (comme la mutuelle rembourse (après une avance des fonds de six mois tout de même), je n'ai pas refusé l'appareil transparent que préférait ma fille), une visite tous les trois mois (de dix minutes), quatre cent quatre vingt dix euros à chaque fois "par facilité de paiement".

Nous nous sommes rencontrées ce soir pour mettre les points sur quelques i car les dates ont dérapé, nous sommes loin des semestres initiaux, et elle essaie de recoller aux dates prévues, y compris en rapprochant les dates des visites de façon absurde (deux visites à un mois d'intervalle, parce que les précédentes avaient cinq mois d'écart, est-ce que cela a un sens?) L'atmosphère est tendue.

L'orthondiste m'assure que les semestres sont des forfaits à 980 euros. Elle insiste sur les mots "forfait semestriel", imposé par la Sécurité sociale. Je reformule : «Vous voulez dire que même si ma fille ne vient pas, je vous dois 980 euros?»

Elle ne répond pas franchement, ni oui, ni non, mais par une phrase: «Ce sont des forfaits accordés par la Sécurité sociale. Vous êtes couverts jusqu'aux dix-huit ans de l'enfant, je vais continuer à contrôler sa dentition pour m'assurer de la stabilisation des soins.»
Je reformule:
— Vous voulez dire qu'une fois que j'aurai payé le dernier semestre indiqué sur l'échéancier, en février 2011, vous continuerez à la soigner gratuitement jusqu'à ses dix-huit ans? Mais ça change tout, je n'avais pas du tout compris ça.
— Evidemment, vous n'écoutez rien.

Je m'empare de l'échéancier: «Eh bien, je vais le préciser clairement, vous allez signer, et je vous laisse votre chèque de 980 euros». Je commence à écrire.
Elle m'arrache la feuille: «N'écrivez pas sur mes originaux. Nous ne pouvons pas travailler dans la défiance; je vais vous faire signer une décharge et je vous rends votre dossier.»

Tant mieux, c'est ce que je souhaitais. Mais tout de même, je m'interroge: est-ce qu'elle était en train de me raconter n'importe quoi, est-ce que j'ai mal compris ou est-ce que c'était vrai? Est-ce que les 980 euros sont dûs même en absence de visite, est-ce que les cinq semestres qu'il était prévu que je paie auraient couvert l'ensemble des suites du traitement jusqu'aux dix-huit ans de ma fille? (Je ne le crois pas, je pense qu'elle racontait n'importe quoi pour m'enfumer, mais j'aimerais bien savoir ce qu'il en est.)
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.