Billets qui ont 'islam' comme mot-clé.

Ça me réjouit

Pourrait-on écrire: « Ça, me réjouit » en voulant signifier par la virgule le geste de montrer ?

Homard m'a yonnaise


C'est tout de même une curieuse époque qu'une époque qui permet de se prévaloir de Charlie (septième anniversaire du massacre hier) pour défendre EZ.

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Agenda
Réveillée à cinq heures du matin.

Barrée le huit sous une pluie fine. Ce qui m'étonne, c'est le peu d'insistance sur l'entraînement physique par ailleurs. C'est bizarre, je n'ai pas été habituée à cela.

H. passe me chercher après son tennis de table (la reprise est dure, ça doit faire dix ans qu'il a arrêté) et nous allons déjeuner à la Méditerranée (globalement libanais).

Acheté trois chemises. J'espère qu'elles ne rétréciront pas.

Conversation twitter : il paraît que je vis hors sol parce que je ne me fais pas insulter dans le métro. C'est bien, les cons me bloquent avant que je ne les bloque. Ça me plaît, ça veut dire que je résiste bien.

Souci de bobo

Quitté le bureau tôt (mais plus tard que prévu) avec deux objectifs: acheté du thé et prendre un café viennois chez Ladurée.

Le premier objectif a été atteint sans problème.
Je suis arrivée devant Ladurée (de la Madeleine) à six heures et quart. Une jeune serveuse m'a empêchée d'entrer : «Avec le couvre-feu, nous fermons à six heures.»
— Le couvre-feu? Mais il est à neuf heures. Vous comptez large!
— Désolée.

J'espère que l'établissement ne bénéficie pas du chômage partiel, parce que franchement, ils n'ont juste pas envie de travailler.

J'ai continué sous les arcades de Rivoli. Angelina, pour la première fois. Ouvert jusqu'à sept heures et quart. Le café viennois est moins bon (plus fort), mais au moins, j'ai pu en avoir un.


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J'en reviens à davantage de gravité (j'aimerais l'éviter, j'aimerais par pudeur laisser cela dans les cales du blog, mais il me semble qu'il y a une obligation morale à publier ses convictions en ce moment).

Belle interview ce matin de Fatiha Agag-Boudjahlat ce matin: « Beaucoup on écrit pour dire à quel point Samuel Paty était un prof formidable. Ben j'vais vous dire, même si c'était le pire des profs, il ne méritait pas ce sort.»

Ouf, merci. Je ne supporte plus ça, je ne supporte plus que les victimes soient sur la défensive et doivent se justifier (Mila, Paty), je ne supporte plus les discours sur la liberté d'expression. On s'en fout. L'interdiction de meurtre est absolue, de violence physique aussi.

Affaire Mila

Un matin tu te réveilles (14 février 1989, presque un anniversaire) au son du radio-réveil, tu apprends qu'un auteur dont tu n'as jamais entendu parler est condamné à mort par une fatwa, mot dont tu ignores le sens et l'existence, lancé par un imam iranien.
Fuite, protection policière, vie en éclats.

Un midi chez le coiffeur tu apprends que Cabu et Wolinski se sont fait assassiner parce qu'ils avaient dessiné le Dieu des musulmans.

Un soir en lisant Twitter tu comprends vaguement qu'une ado se fait insulter et menacer parce qu'elle a dit qu'elle détestait la religion, en particulier l'islam. Tu ne fais pas trop attention parce que ce n'est pas la première fois que Twitter s'enflamme, Zineb el Rhazoui en a déjà fait les frais, tu te dis que ça va passer, qu'est-ce qu'ils ont inventé encore?
Et puis ça devient n'importe quoi, tellement n'importe quoi que j'ai envie de hurler. La France entière est tombée sur la tête, c'était bien la peine d'avoir Voltaire, c'est le chevalier de la Barre all over again.

Je tente une chronologie:
Le 19 janvier, Mila poste une vidéo où elle dit :«[…] Je déteste la religion […], le Coran, il n'y a que de la haine là-dedans, l'islam, c'est de la merde […]». Elle reçoit des menaces de mort, quelqu'un poste son adresse en ligne, son domicile est protégé par la police, elle ne va plus au lycée.
Le 23 janvier, une enquête est ouverte pour retrouver les auteurs des menaces, mais une autre contre Mila, pour vérifier s'il y a eu «incitation à la haine raciale».
Depuis quand une religion est-elle une race? A ce compte-là, pourquoi ne pas avoir poursuivi Rushdie et Wolinski?
(Heureusement, le parquet a conclu qu'il n'y avait pas lieu de poursuivre…)
Le 29 janvier, la ministre de la justice Nicole Belloubet prononce une phrase bizarre: «l'insulte à la religion est évidemment une atteinte à la liberté de conscience» (si les Manif pour tous se souviennent de cela à leur prochain rassemblement!!)
Le 31 janvier quelques personnes appellent à la raison: voici une tribune juridique rappelant la loi sur le blasphème et la réaction de Mme Badinter dénonçant la lâcheté ambiante. (Je pense à Houellebecq et son Soumission : il était en dessous de la vérité).
Le 3 février Ségolène Royal prend Mila à partie plutôt que de la défendre (mais depuis quand prend-on parti pour les menaçeurs et non pour les menacés? Qu'est-ce qui tourne pas rond? La gauche devrait se trouver un autre nom, Jaurès ne la reconnaîtrait pas.)
Pendant ce temps, la jeune fille confirme ce qu'elle pense de la religion en général, tout en présentant des excuses si elle a blessé des croyants en particulier. (Chapeau bas : je l'imaginais effondrée, avec ses parents catastrophés à l'idée de devoir déménager, etc. Elle a du cran et paraît moins tête de linote que je ne l'aurais imaginé.)
Cerise sur le gâteau, c'est Le Pen qui finit par dire quelque chose de sensé: «Dans notre pays de libertés, ce n’est pas à #Mila de s’excuser: c’est à ceux qui la menacent de mort, la harcèlent, l’insultent, de rendre des comptes devant la justice. » (Me voilà bien: en train de citer Le Pen!)
Résumé le 4 février de Jean Quatremer: «Piégés par le discours sur "l’islamophobie" des islamistes, une partie de LREM et surtout de la gauche a permis à l’extrême-droite de récupérer le combat pour la laïcité, la liberté d’expression, le droit à l’athéisme, le féminisme, etc. A ce niveau de bêtise, chapeau bas 👏».


La règle est pourtant simple, claire: une victime n'est pas coupable. Elle est victime. Elle peut être désagréable, vulgaire, idiote, naïve, méchante, on peut ne pas souhaiter prendre le thé avec elle et garder ses distances. Mais elle n'est pas coupable. Le coupable, c'est celui qui émet des menaces, et bien sûr, celui qui les met à exécution.


Et pour ajouter à la confusion — ou pour la conforter, pour mieux démontrer que plus aucune norme de base n'est respectée ou même connue — des policiers de confession musulmane sont mis à pied sans réelle raison. Depuis quand être musulman est-il un délit? On voudrait ghettoïser et susciter le ressentiment qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Nous avons besoin de policiers musulmans, nous avons besoin que le recrutement dans la police représente le profil de la société française.
Noam Anouar est la victime en creux de la même hystérie que Mila.

Etre musulman n'est pas un délit.
Détester les religions, trouver la religion musulmane complètement con n'est pas un délit.
Menacer de mort est un délit.

Tweets retrouvés (6 octobre)

J'avais copié le 2 novembre ces tweets datant des environs du 6 octobre. Aujourd'hui 25 novembre je prends le temps de les commenter et de les mettre en ligne.


Le cheval blanc vu par Jean-Marc Geslot : un génial et très pratique résumé par l'exemple des courants historiographiques depuis le XIXe siècle

Des incipits réécrits par des mathématiciens signalés par Eris Lepoil

Une explication de la nécessité des compteurs électriques intelligents signalés sur Twiter par CPCHardware : en résumé, si vous ne voulez des voitures électriques sans nucléaire, vous avez intérêt à accepter ce compteur. Dans le cas contraire, la fourniture d'électricité sera erratique.

Philippe signale les cours au collège de France de Bénédicte Savoy sur le patrimoine artistique européen.

Différentes versions de Ford

Les vêtements traditionels des femmes en Islam (de toute beauté)

Un goéland sur une vitre

Un texte de 1986 rappelle comment l'Italie a triomphé des Brigades rouges : la sociologie et la psychologie plutôt que la répression (à bon entendeur, salut)

et pour Guillaume Ecclésiaste 3, 5

Mon génocide préféré

« Tu as multiplié cent fois les posts sur les chrétiens d'Orient, en comparaison. Mais bon, tu as le droit de préférer certains génocides. »

Il y a des phrases qui laissent rêveur et qui vous prennent au piège car il n'y a aucune façon honorable d'y répondre tant elles sont abjectes.

La presse étrangère à propos du "burkini"

Courrier international a choisi comme dossier de la semaine le French bashing, avec un constat mi-figue, mi-raisin: les pays étrangers adorent dire du mal de la France, et malheureusement il semblerait que ce ne soit pas toujours à tort.
Ces images nous obligent à nous poser la question: à partir de quand va-t-on considérer comme admise la comparaison avec les années 1930 et la persécution de ceux qui pensent autrement?

De Morgen, Bruxelles, 24 août 2016, cité par Courrier international, 1351, 22 septembre 2016

Je n'aurais pas utilisé "penser", mais "croire", "prier", "vivre".

Personnellement, j'ai de plus en plus souvent l'impression que le terme de "laïcité" est devenu le mot poli pour cacher l'intolérance: du droit de ne pas croire ou de croire ce qu'on veut garantit par la IIIe République, j'ai l'impression de glisser vers l'interdiction de croire ou l'obligation d'être athée, ce qui n'est tout de même pas la même chose.
"Croyez mais cachez-vous, qu'on ne vous voit pas" : c'est cela, "la laïcité à la française"? Ou pire: "seules les religions chrétiennes ont le droit d'être visisbles" au nom de "l'héritage culturel": c'est cela, la neutralité républicaine?

Sainte-Anne

En faisant quelques recherches ce soir je tombe sur cela et j'ai honte: m'être réjouie que Charlie soit courageux pour qu'il se fasse assassiner deux ans plus tard… Avons-nous le droit de conseiller à qui que ce soit d'être courageux, si ce n'est à nous-mêmes?

Ce soir, je recherchais un billet que je n'ai pas mis en ligne. Il y a eu en septembre 2012 (pour la x-ième fois, la première fois remontant à 2005 au Danemark) des remous à cause de caricatures de Mahomet; sans doute y a-t-il eu des discussions autour du voile et de la laïcité ensuite, toujours est-il qu'en faisant des recherches sur internet j'étais tombée, je m'en souviens bien, sur des discussions très intéressantes sur un forum suisse (avec troll, mais un seul, ce qui est exceptionnel sur un tel sujet. Vive les Suisses.)

A l'époque, j'avais eu l'intention d'en faire un billet. J'en avais écrit le titre mais je ne l'ai jamais mis en ligne. Je l'ai retrouvé, c'était un billet daté du 6 novembre 20121.
Je ne l'ai pas mis en ligne car de fil en aiguille, j'avais eu la curiosité de chercher une photo de "mon" église, celle où j'ai fait ma communion et suivi mes premiers cours de catéchisme: Sainte-Anne à Agadir.

Et j'avais trouvé cela, qui m'avait fait froid dans le dos.
Et dans une attitude très "ne désespérons pas Billancourt" (septembre 2012, nous tâchions de comprendre ce qui allait sortir du printemps arabe qui s'enlisait après l'enthousiasme initial du printemps 20112), je n'avais pas posté cette photo et pas écrit de billet (aujourd'hui je le regrette car je n'ai plus de traces sur le vif de ce qui se passait et de ce que je pensais alors, juste des souvenirs flous).




Que se passait-il sur cette photo? Pourquoi? Elle datait de 2004, comment cela était-il possible? Les catholiques étaient-ils menacés en 2004 au Maroc? Les militaires assuraient-ils leur sécurité? Incroyable.
J'ai refusé d'y croire.

J'ai suivi le cours sur l'islam à l'ICP en janvier 2013 et en mars 2013, j'ai découvert en feuilletant L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète que Tareq Oubrou était allé en maternelle chez les sœurs à Sainte-Anne. J'ai acheté le livre.


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Agenda
C'est officiellement l'automne : première sortie en collant et manches longues.
Quatre sans Ena 2. Moi à la nage, Tudal, Olivier, Marc. Deux tours de l'île.



Notes
1 : Si vous regardez l'adresse du billet, vous verrez qu'il porte le numéro 2386. Cela permet de savoir quand il a été créé: je détruis rarement les billets que je ne mets pas en ligne; soit ils restent dans les limbes; soit je les réutilise à une autre date.
2 : En avril 2012 RC avait appelé à voté Le Pen, en septembre j'écrivais de ce que je pensais de sa hiérarchie des priorités dans un billet sur la SLRC, billet qu'en janvier 2013 Rémi allait faire censurer dans le silence — et l'approbation? je n'y étais pas, je ne sais pas — des membres de la SLRC3. Période douloureuse et inquiète que toute cette étendue de temps, sentiments ou sensations que je ne sais pas, je ne veux pas, exprimer sur le moment — et qui se perdent, et que je perds, plus tard.
C'est étrange de se dire qu'on écrit tous les jours, et que pourtant l'essentiel n'y est pas — ce qui compte vraiment n'y est pas, la colère, la tristesse, l'angoisse, n'y sont pas. (Les émotions positives y sont davantages (smiley).)
J'ai entrepris de reprendre mes billets pour les passer en format html (au lieu de wiki), j'en profite pour les annoter le cas échéant, pour ajouter les commentaires amers ou les explications gardées en brouillon à l'époque.
Mais parfois je ne me souviens de rien. Ce n'était pas si grave finalement.
3 : Cette censure m'a causé un chagrin et une crise de misanthropie si violents que j'ai fermé FB en mettant cela sur le compte du besoin de travailler (mes cours), ne voulant pas me donner le ridicule de croire que cela pouvait affecter qui que ce soit. Je me rends compte aujourd'hui que durant cette absence de FB se sont développées des haines entre des gens que je pensais amis, haines que j'ai du mal à prendre en compte pour ne pas en avoir vécu la naissance et l'évolution.

Mise au point

Je soutiens les musulmans, les musulmans «convaincus et pacifiques», comme dirait Monseigneur Dubost.

Je ne les soutiens pas dans une sorte de naïveté irénique du type «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil». Je les soutiens par intérêt bien compris.

De même qu'en soutenant le droit des homosexuels à se marier, je soutenais le droit des femmes de ne pas être restreintes à la procréation (culture contre nature), de même en soutenant les musulmans dans leur droit à vivre leur religion dans le cadre des lois françaises je soutiens mon propre droit à vivre ma religion.

Car de «tous les musulmans sont de dangereux fanatiques», on passe assez vite à «tous les croyants sont de dangereux fanatiques».

Non.

Chez le coiffeur

Il est deux heures moins dix, il ne reste que moi dans le salon, "ma" coiffeuse me coupe paresseusement quelques mèches. Elle s'adresse à l'autre (la troisième est partie faire les courses):
— Tu ne veux pas mettre la radio? Il paraît qu'il y a eu un attentat, j'ai entendu un bruit qui disait ça…
— La radio ne marche plus, c'est pour ça qu'il y a de la musique…

Elle sort son téléphone, cherche, lit en ânnonant imperceptiblement: «Une fusillade à Charlie hebdo… douze morts…»
Je suis abasourdie: — Douze morts ?!!
Je n'y crois pas.
Elle continue : — ce doit être un théâtre… il parle de théâtre…
Tout cela est tellement irréel qu'elle parvient à me faire douter: — Non, c'est un journal.
— Ah oui, ce sont les blessés qu'ils ont emmené dans un théâtre…
— Vous ne connaissez pas Charlie hebdo?
— Euh… non…

Alors j'explique, le dessinateur danois, la reprise des dessins, les menaces, déjà une bombe. Je fais simple, mais je me dis qu'il faut qu'elles comprennent avant d'écouter la presse, Dieu sait comment tout cela va être présenté:
— C'était des dessins, bon, pas toujours très fins, parfois lourdingues, mais bon, que des dessins…

Je rentre au bureau, prends mon téléphone, regarde twitter.
Charb, Wolinski, Cabu, Tignous.
Ça n'a aucun sens. Cabu et Wolinski martyrs. Absurde. Ça les aurait bien fait rigoler.


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Grande émotion dans le pays ce soir, grande solidarité. Rassurant. Consolant. Mais quel choc. Tuer les clowns. Ils tuent les clowns. Mais quels cons.

Dernier samedi avant la reprise

14 km sur la Seine à Melun d'abord sous un ciel plombé puis sous quelques rayons.

Tous les cinq à Disneyland le soir pour voir Lucy sur écran Imax (une lubie de H.). Même pour un Besson, c'est mauvais. (Je veux dire qu'à priori, on attend d'un Besson un peu d'humour et beaucoup d'actions, ici nous n'avons ni l'un ni l'autre).
Cela m'a rappelé que quelques biographies plus tard, je crois connaître le secret de la sainteté: ne jamais perdre son temps, ce qui ne veut pas dire ne pas prendre son temps, mais ne jamais perdre son temps par fainéantise ou démission de la volonté 1.
Et puis je me dis (ce film occupe un pour cent de capacité cérébrale, je peux penser à autre chose) que beaucoup de films, décidément, ont des tendances apocalyptiques. Cela me rappelle H.G. Wells et ses romans de la fin du XIXe siècle imaginant l'extermination de races entières: cinquante ans pour devenir réalité. (Je vois l'avenir en noir en ce moment, le monde me paraît très mal parti. L'annonce du "califat islamique", qui pourrait paraître une bouffonnerie et qui en est une, d'un certain point de vue, me terrifie. Que va-t-il se passer à l'horizon de cinq ou dix ans, vingt ou cinquante?)

Petit tour dans les magasins Disney (dernière visite en 2002). La marque a décidé d'illustrer les blagues qui ont circulé lors du rachat de Star Wars par les studio Disney et a créé des peluches Dingo habillées en Darth Vador. Je suis ahurie par le monde. A 21 heures, les gens arrivent par vagues. Beaucoup de femmes voilées avec de jeunes enfants: le voile n'est pas un refus du consumérisme. Des groupes de jeunes, équivalent contemporains des loubards.

— Mais ils font quoi ici, ces jeunes de banlieue ?
— Ils draguent !
— Il y a des filles seules ici ?
— Mais oui, regarde ! me dit-il en m'indiquant deux pouffes maquillées:
— Oh mon dieu ! (Draguer à Disneyland, faire tous ces kilomètres pour atteindre Mickey dans la campagne, tout ça pour draguer? La jeunesse est perverse, cela ne me serait jamais venu à l'idée).


1 - Chic, le pape est de mon avis.

Les premières victimes des musulmans

Cours assez triste ce soir. Que de malentendus et de rendez-vous ratés depuis deux cents ans.

La professeur est agitée d'une colère (avant j'aurais utilisé "indignation") contenue : «Les premières victimes des musulmans, ce sont les musulmans.» (non pas tous contre tous, mais une poignée contre tous. Cela me fait tellement penser aux bolcheviks ("les minoritaires", ça m'a toujorus impressionnée) ou aux SA.)

Que de déceptions chez les musulmans, des espoirs des Lumières à la réalité de la première guerre mondiale.

Mawdudi théorise un islam englobant, qui doit couvrir tous les domaines de la vie. Il est à l'origine du mythe d'une loi musulmane parfaite et cohérente (c'est lui qui est à l'origine de la Sharia'h telle qu'on la comprend en Occident). Il s'agit d'une pensée très moderne, qu'on pourrait appeler un "totalitarisme musulman" (nous sommes dans les années 30).

Saïd Qutb, frère musulman qui a passé dix ans les prisons de Nasser reprend l'idée de Mawdudi1 mais pose que l'Etat islamiste doit être instauré par une Révolution permanente. Nous sommes dans un esprit de guérilla, dans les années 70-80. djihadisme.
apothéose: 1979, révolution iranienne ; années 80 en Afghanistan.
s'essouffle à la fin des années 80. Iran pas la panacée, populations s'essoufflent. Il y alors polarisation des mouvements => 1997 Ben Laden, Al Qaida (il faut faire peur: violence de plus en plus aveugle, de plus en plus nihiliste).

Pour mémoire, le mot djihad veut dire effort. Il y a le grand djihad (lutte intérieure contre ses passions) et le petit djihad (lutte armée).



Note
1 : A l'origine, les frères musulmans n'étaient pas violents.

Une journée bien remplie

C'est l'anniversaire de H. Nous avions prévu de nous retrouver le midi après mon TG et de passer l'après-midi à Paris.

Sauf qu'en arrivant à l'école à neuf heures, je m'aperçois que je me suis trompée d'horaire: le TG est à deux heures de l'après-midi. Je téléphone en catastrophe à la maison (H. dort encore). Puis j'ai une matinée à tuer. (Je ne me décide pas assez vite, un aller-retour de loose aux Halles, les films ont déjà commencé, trop tard. Je reviens à Odéon.)
Café "les éditeurs". Il fait beau, des gens petit-déjeunent en terrasse. Je lis le Coran et le dossier que la prof nous avait distribué lors du premier cours.

Puis je vais voir 11.6. Très bon film, taciturne. La volonté froide et incompréhensible d'un homme, son humour et sa rage, aussi. Quel dommage qu'il n'ait pas davantage de bouche-à-oreilles. Peut-être fait-il un petit peur, un vrai Robin de Bois, qui remet le système en cause et se venge des patrons. il ne faudrait pas que cela donne trop d'idées.
François Cluzet choisit très bien ses scénarios. Mon père est une femme de ménage était également très intéressant dans ce qu'il disait de la société française.

Après-midi de TG. Absolument passionnant. Intervention d'un jeune professeur qui nous explique l'islam de l'intérieur, dans sa version pieuse et recueillie, à la recherche de la paix intérieure. Un soufi sunnite.
Je ne résume rien (déjà que lui a condensé six ans d'études en trois heures) mais donne cette simple indication: islam "i" minuscule désigne la religion, Islam "I" majuscule désigne l'ensemble de la culture et de la civilisation développées autour de la religion.

Vocabulaire

Sharia'h, c'est à l'origine le chemin qui permet de mener le bétail à la source, la voie qui abreuve.

Le dialogue et la rencontre

J'ai commencé le Pierre Claverie ce matin (malheureusement j'ai dû le rendre à la bibliothèque avant de l'avoir fini alors que je pensais le faire prolonger. Mais il était réservé).

Il est très bien, si ce n'est son style oral un peu déroutant. Il commence par «Ne prenez pas de bonnes résolutions, ça ne marche pas. Ne pensez à rien, promenez-vous, décrispez-vous» (il s'agit du prêche d'une retraite). J'ai pensé à Emerson, Thoreau, les livres de self-help américains et leur naïveté, la sagesse antique et les traditions orientales. Tout cela se croise, en surface c'est-à-peu près la même chose, c'est l'épaisseur d'expériences et de calme, les références utilisées, la façon dont tout cela a été ruminé, au sens quasi propre — mâché, régurgité, ravalé — qui fait la profondeur de certaines réflexions tandis que les autres restent doucement hippies (mais pas si différentes dans leur message).

L'une des dernières phrases lues avant de rendre le livre (à peu près à la moitié) est celle-ci: Pierre Claverie rapporte une réflexion entendue un jour: «Croire que parce que vous êtes quelqu'un de bien il ne vous arrivera rien de mal, c'est comme croire que le taureau ne vous attaquera pas parce que vous êtes végétarien.»

Pierre Claverie raconte la façon dont le fait de vivre en culture musulmane l'oblige à prendre conscience de ses propres présupposés culturels invisibles. Son récit ne dit que rien que nous ne sachions, ce sont les illustrations qu'il donne qui sont savoureuses et frappantes.

A travers lui j'ai retrouvé l'impression que m'avait laissé le Coran quand je l'avais lu en terminale: un Dieu extrêmement lointain, coupé des hommes. Les musulmans ont un Dieu intouchable, éloigné, les juifs ont un Dieu avec lequel ils se collettent (ça me plaît beaucoup, j'aime la lutte de Jacob, Moïse qui refuse la mission, Jonas qui râle parce que Dieu est trop miséricordieux), les chrétiens ont trouvé un moyen terme, le leur (s')est incarné, c'est plus facile pour la rencontre (mais bien plus compliqué pour la théologie).

Cours

Histoire de l'Islam. Ecriture du Coran en partie interractive, sous forme de dialogues: les personnes autour de Muhammad (Mahomet) posait leurs questions à Dieu par l'intermédiaire du prophète (pratique!), ce qui fait que l'un des premiers travaux d'exégèse consiste à reconstituer le contexte (la question posée) dans lequel a été délivré chaque verset ou chaque sourate1.

L'idée m'amuse, je pense à ce texte d'Origène Contre Celse qui permet de reconstituer un livre que nous n'avons plus.





Note
1 : En passant, il est tout à fait faux de dire qu'il n'y a pas d'exégèse coranique. Il est probable que cette idée fausse provient du débat (ou absence de débat) entre les tenants du Coran parole créée ou Coran parole incréée. Aujourd'hui, les derniers (parole incréée) imposent le silence aux premiers, qui souhaiteraient utiliser les outils modernes de l'exégèse occidentale, ce qui conduirait sans doute à la possibilité d'une interprétation adaptée au monde contemporain (l'esprit contre la lettre). (Je résume cinq minutes d'un cours de "découverte", donc tout ce que j'écris peut être le point de départ d'une recherche, non la possibilité d'affirmations péremptoires (prudence, prudence)).

Qohélet 7, 23

Travail en bibliothèque avant le cours sur l'islam (cours qui nous exhortera à sortir de notre vision arabo-centré de l'islam: les Arabes ne représentent aujourd'hui qu'un quart environ des musulmans).

Travail sur Qohélet 8 dans la concordance de la Bible de Jérusalem (BJ) (concordance: relevé dans la BJ des occurrences de chaque adjectif, substantif, verbe, classés par ordre alphabétique. Citation des versets).

C'est ainsi que je trouve ce verset qui me plaît beaucoup: «j'ai dit: "je serai sage", mais c'est hors de ma portée!»

Guère encourageant

Evidemment, nous encourager à lire Pierre Claverie («Lisez-le, il a des pages formidables sur le dialogue») pour découvrir en quatrième de couverture «La rencontre et le dialogue ont profondément marqué la personnalité et l'existence de Pierre Claverie, évêque d'Oran, assassiné en 1996»1
m'a donné envie de rire, parce que j'ai très mauvais esprit2.

Cela va dans le sens de cette sensation intérieure de vivre une période du genre des années trente: malgré les hommes de bonne volonté, le pire pourrait bien se produire; mais après le pire, il faudra reconstruire, comme toujours. Et c'est alors que le travail des hommes de bonne volonté prendra son sens.

Mais peut-être ai-je l'esprit trop porté au noir.





Notes
1 : Petit traité de la rencontre et du dialogue
2 : "Rire jaune?" me propose un ami. Non, rire sardonique, diabolique, parce qu'il me semble voir là, très précisément, l'œuvre du diable (dia-bolus, celui qui divise), parce que je sais que de ce genre d'événement, cet assassinat, certains concluront que le dialogue est inutile, que c'est la guerre (éventuellement civile) qu'il nous faut, et vaincre, et écraser; tandis que j'en tire la conclusion inverse, l'urgence de dialoguer avec ceux qui le souhaitent, dans la conviction que ceux qui souhaitent simplement vivre en paix avec leurs voisins, élever leurs enfants, rire et croire en leur Dieu, sont plus nombreux que les fauteurs de guerre — mais hélas discrets, silencieux, polis, bien élevés, et donc invisibles. Notre tâche, ensemble, est de devenir visibles, de ne pas céder la place à un petit nombre qui parle à notre place, bien plus fort que nous, les paisibles. Nous ne devons pas laisser une minorité mener sa logique de violence — mais l'histoire montre que généralement cette conclusion n'est atteinte que dans un deuxième temps; dans un premier temps la violence l'emporte. Peut-on, pourrait-on, apprendre à faire l'économie de cette première étape? Est-il possible de sauter par-dessus une marche de l'escalier? Je n'en sais rien, à vrai dire je n'y crois pas beaucoup. Mais il me semble de notre devoir d'essayer, de ne pas baisser les bras. Il est trop facile de baisser les bras, de ne pas combattre (combattre la violence: l'image même montre combien l'idée est difficile à concevoir et à mettre en œuvre).

La fille aînée de l'Eglise

Il y a deux ou trois ans j'avais été un peu choquée d'apprendre que si le mercredi restait libre, c'était que ce jour était réservé au catéchisme, et qu'un préfet qui souhaitait utiliser le mercredi à l'école primaire devait en avertir l'évêque: comment, c'était cela la séparation de l'Eglise et de l'Etat? D'un autre côté, cette influence occulte de l'Eglise m'avait fait sourire: ah, j'avais été stupide de ne pas m'en douter.

Ce matin en écoutant la radio j'apprends simultanément qu'il y aura école le mercredi matin et que nous manquons d'aumôniers musulmans dans les prisons. Pas de doute, les temps changent.


(Qu'on ne se méprenne pas: je préfère des croyants d'une autre religion que des non-croyants, parce qu'il me semble avoir ainsi davantage de chances d'échapper à un monde entièrement tourné vers la consommation et l'étourdissement par les sens. (Et qu'on ne se méprenne pas bis: je sais aussi parfaitement que les amis les plus humanistes, les plus généreux, les plus réfléchis, que je côtoie sont aussi très souvent les plus délibérément athées1 et que ce que je viens d'écrire ne supporte pas l'examen de la réalité (ma réalité: celle qui m'entoure). Peut-être que cela veut simplement dire que nous, croyants, croyons mal, insuffisamment.)


Note
1 : Mais comme le dirait une professeur, un athée a des convictions, ce n'est pas un indifférent, un tiède, un sans-opinion, un gloubiboulga (sic) de convictions new-age. Même les vrais athées tendent à disparaître.

Caricatures islamistes

En tant que croyante, je n'aime pas le blasphème et les caricatures.

En tant que catholique, je trouverais fort de café qu'on ne se moquât pas de l'Islam sous prétexte que les intégristes posent des bombes et massacrent, alors qu'il y a longtemps qu'on ne se gêne plus pour se moquer d'à peu près tout dans ma religion, depuis qu'elle est devenue à peu près inoffensive, en fait (à quoi on me rétorquera que dans le cours de l'histoire, les cathos… [etc]: certes, mais ce n'est pas de ma faute, et c'est tout de même de ma foi qu'on se moque, c'est-à-dire quelque chose qui n'est jamais si loin d'un affect ou d'une affection).
Donc je remercie solennement Charlie hebdo de ne pas céder à la peur. (J'aime beaucoup cet ancien dessin dans lequel Dieu Mahomet constate: «C'est dur d'être aimé par des cons». C'est un très bon résumé.)

Que penser de la décision de la France de fermer ses établissements publics dans certains pays? Lâcheté ou responsabilité? Je penche pour la deuxième interprétation, malgré tout: une obligation de protéger ses ressortissants, et une façon d'aider les gouvernements des pays en question en ne laissant pas de prise aux attaques.

Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

Le spectacle m'a beaucoup plu, et le théâtre en lui-même aussi: j'ignorais que la Comédie française était en travaux, le chalet en bois de pin qui la remplace est plein de charme, je ne me lassais pas de caresser les poutres poncées.

Je suis sortie de la pièce emplie d'admiration pour Beaumarchais. Je comprends de moins en moins ce qui s'est passé au XIXe siècle. Quelle chute. Quel courage au XVIIIe siècle pour donner des droits à ceux qui n'en avaient pas. Je trouve cela bouleversant. Qu'attend-on pour faire une chaîne classique, une chaîne des Lumières, en arabe, à l'intention du Maghreb ou de l'Arabie, une anti-Aljezirah, quelque chose qui souffle la voix de la liberté de penser par soi-même et d'être heureux?

Ce n'est pas ce que vous croyez

1/ "D'apparence musulmane", assise à côté de moi ce matin.


Fier d'être arabe et chrétien


2/ Je m'assois sur le lit d'un inconnu après y avoir déposé quelques billets.


(Je viens de trouver chez un libraire "à domicile" un texte de RC que je ne qualifierai pas de rare mais d'inconnu.)
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