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Quelques livres

J'ai appris que Marcheschi présentait son dernier livre aux Cahiers de Colette.
J'y suis passée. Il était en train de lire devant quelques personnes assises en cercle. Je n'en ai reconnu aucune derrière leurs masques, ou peut-être Finkelkraut — pas sûr.
J'ai tourné dans la librairie, j'ai acheté Les Perséides et je suis partie.


J'avais pris pour venir la ligne 1. Deux jeunes hommes écoutaient de la musique sur un téléphone, musique pas désagréable mais volume fort, beaucoup trop fort. J'ai attendu d'être à une ou deux stations de ma destination pour aller demander à celui qui tenait le téléphone, moi debout, lui assis: « Vous êtes sourd?»
Pas de réaction.
Je hurle dans son oreille «Vous êtes sourd?» et je m'aperçois qu'il est en train de me filmer en contre-plongée, moi au-dessus de lui.
Je sors mon téléphone et je le prends en photo.
C'est alors que je remarque qu'il est sans masque: tel est pris qui croyait prendre, moi anonyme, lui exposé.
Il me dit qu'il est cinéaste, qu'il va sortir un film.
— Ah? Je vais vous mettre sur Twitter, c'est quoi votre nom?
— Sur Twitter, carrément? (Il paraît incrédule comme s'il n'était pas possible que je connaisse). Je m'appelle Eliott.
Un dialogue s'engage, la rame s'arrête, une place se libère, il se pousse: «Asseyez-vous si vous voulez discuter».
Mais en fait non, je ne veux pas, je m'assois, je sors mon livre (là pas de bol pour eux ou pour moi, un Balzac en Pléiade c'est vraiment intello, je me sens un peu con — mais pas sûr qu'ils se soient rendus compte que mon livre était un peu risible).
— Ah, alors on prend nos livres?
Et ils sortent chacun un livre. Eliott propose de prendre un selfie de livres, je n'arrive pas à voir le titre du sien, un poche écrit par une femme, sur la quatrième de couverture un personnage comme Mauser ou Macuder; son pote lit… L'Assommoir.

Eliott
Eliott

Parce qu'il devait neiger

Parce qu'il devait neiger, j'ai abandonné l'idée d'aller ramer.

Je n'ai pas été difficile à convaince car j'avais une montagne de linge à repasser (rien repassé depuis le déménagement) et que l'objectif du week-end serait de terminer de déballer les cartons.
Combien en reste-t-il? Une trentaine sans doute. Ils me font peur. J'ai peur de ne pas avoir de place, je sais intimement que beaucoup de bricoles, en toute objectivité et en toute logique, devraient être jetées. Qu'est-ce que c'est que l'affectif, lié à la mémoire, quand chaque objet a une histoire qu'on est seul à connaître — objet donc condamné à ma disparition, lorsqu'il n'y aura plus personne qui connaîtra cette histoire.

Repassé en regardant Vivement dimanche. Je fais partie des admirateurs de Fanny Ardant, j'aime beaucoup sa voix. Influence d'Hitchcock, histoire à la Léo Malet, film un peu lent (est-ce le fait de ne pas être concentrée puisque je repasse, ou que soixante ans plus tard j'ai pris l'habitude de rythme beaucoup plus enlevé?) Quelques secondes amusantes sur les blondes: démarquage d'Hitchcock, justement?

Vidé les cartons de livres de théologie. Je suis soulagée, tout tient dans une seule étagère (les étagères en pin qui nous suivent depuis Talence, il y a trente ans. Il nous en reste deux, les autres sont réparties entre les enfants). Ce n'était pas évident, ce n'est pas le même meuble qui les contenait à Yerres (celui-ci est près d'H., rempli de policiers et de SF) et je disposais en plus d'une petite étagère, peu large (maintenant remplie de pâtes et de miel dans l'arrière-cuisine), qui contenait les poches et la Bible de Jérusalem en fascicule — et toutes mes versions de la Bible, écrits apocryphes de la Pléiade, traduction liturgique, volume en hébreu donné par Jean (apprendrai-je des rudiments d'hébreu un jour? C'est désormais très peu probable).
J'ai trié et donné l'équivalent d'une étagère (une planche d'étagère), j'ai déporté dans la table de nuit qui vient de ma grand-mère les livres sur la prière (il n'y en a pas beaucoup, mais vingt centmètres de rayonnage gagnés sont précieux) et ça tient.
Je suis très contente et soulagée.

J'ai retrouvé le livre dédicacé par Barthes et donné par Bladsurb. Je comprends mieux pourquoi je passe mon temps à en oublier le titre, c'est tellement inattendu: il s'agit de Prières de Charles Péguy.
Etait-ce ce qu'il convenait d'offrir à une jeune fille?

Et donc il a neigé.
Ça m'agace, cette façon de signaler très gravement qu'il va neiger ou qu'il fait moins treize à Metz: mais réjouissez-vous, nom d'un p'tit bonhomme, que croyez-vous qu'entraîne le réchauffement climatique? Si vous ne voulez pas 14°C de moyenne sur l'année, il faut qu'il fasse froid.
Et c'est indispensable dans la lutte des plantes contre les parasites.

Le sens des priorités

Note : c'était durant le premier confinement, quand tout le monde ne parlait QUE covid.

D., tu as embelli ma journée :

Mail : «Le pire c’est la sortie du Tome III en Pléiade de Nabokov qui est reportée du 16 avril au 9 juillet, c’est vraiment jouer avec les nerfs des lecteurs après 11 ans d'attente.»

Concours ! Votez !

Un ami participe au concours du roman ariégois. Il s'appelle Michel Francesconi et il faut voter là avant le 10 janvier.

Si vous êtes puriste et que vous voulez lire le livre avant de voter, vous pouvez le commander ici.
(L'éditeur est une association, il faut envoyer un mail pour passer commande.)

Si vous voulez lire tous les livres en compétion, en voici la liste:
Hervé Bellut, Quaerite
Thierry Benoît, Lerouge et Lenoir
Denise Déjean, Bleu Pyrène
Maria Djalla Longa : La Vallée oubliée
Philippe Ferkatadaji : Je t'aime, ne t'en fais pas
Michel Francesconi : Morceaux choisis du singe
Marie-Chantal Garreta : Au temps de la belette
Georges-Patrick Gleize : Le Crépuscule des justes
Marie Guillon : La Messagère d'Appamée
Béatrice Ortéga : Le domaine des Hautes Combes
Béatrice Ortéga : Le Prince du désert
Cathou Quivy : Trois destins
Claude Souquet : Tlemcen
Claude Tournier : Les Américaines
Martine Trouillet : Les filles du moulin

N'hésitez pas à partager, faire tourner, envoyer à la famille en même temps que les voeux !

Des listes

Repris sur FB et Twitter les listes de livres établies par les uns et les autres en début d'année (j'avais déjà fait cela une fois mais perdu les données je ne sais comment).

J'essaie de reconstituer Alice en examinant mes photos et mes échanges de sms.

La virginité perpétuelle de Marie

Cette année, nous étudierons la controverse entre Helvidius et Saint Jérôme. Helvidius maintenait qu'après la naissance de Jésus, Marie a mené une vie maritale ordinaire auprès de Joseph, ce qui paraît la pire des hérésies aux yeux de Jérôme qui soutient la virginité perpétuelle de Marie (les précision devenue dogme du genre «l'enfantement l'a laissée intacte» me laisse perplexe: il s'agirait donc de savoir si l'hymen de Marie est intact, bien plus que de savoir si elle a eu des relations sexuelles. Mais pourquoi ces questions, pourquoi cette obsession sexuelle? Quelle étrange question à se poser, qui ne me serait jamais venue à l'esprit (car quel rapport cela peut-il avoir en la foi en un Jésus Christ sauveur?))

Jérôme, nous dit la prof, «est à l'origine de ce lieu commun, qui est faux, que «frères» égale «cousins» dans l'Orient antique. A vrai dire, reprend celle-ci, j'en viens à penser que les arguments de Jérôme sont si faibles que cela explique que l'on n'ait pas traduit ce texte en français.»

Problème: Jérôme écrit en latin. Solution: ce n'est pas Jérôme que nous traduirons, mais les citations des Écritures sur lesquelles il s'appuie.
Voilà qui fait tout à fait mon affaire: nous allons donc voir comment des mêmes passages ont été lus différemment quatre siècles après JC. C'est exactement la question que je me pose concernant les catholiques, protestants et orthodoxes.


Sans rapport direct, deux livres recommandés par la prof, de Christian-Bernard Amphoux:
- le premier, austère : Manuel de critique textuelle du Nouveau Testatment
- le deuxième, «le livre que j'aurais aimé écrire» : Philologie et Nouveau Testament : Principes de traduction et d'interprétation critique



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Transport : le soir, quand j'arrive gare de Lyon à 21h40 (ce qui est tôt : le cours de grec termine à neuf heures), il n'y a plus aucun train d'affiché pour Melun (Yerres est sur la branche Melun).


Aucun renseignement affiché. J'interroge un agent qui me répond sans hésiter : le prochain train pour Melun est à 23h07. WTF? Comment peut-il savoir cela sans annonce, sans brief? C'était prévu, c'est prévu? Aucun train pendant une heure et demie?
Je vais dîner dans une brasserie en face (sardines à l'huile baba au rhum).

Dire que plutôt je m'étais réjouie de découvrir les portes sur le quai de la ligne 4 à Saint Sulpice (dans la série «immortalisons les changements pour se souvenir du moment où cela a changé»).

Journée avachie

Je commence à avoir passé trop de jours chez moi, il est temps que cela se termine. Limoncello et chips à la truffe.

Lu WWII - Histoires de guerre d'Hugo Pratt, la réimpression de douze comics édités en Angleterre après la deuxième guerre. J'avais acheté ce livre à la Pinacothèque en 2011 lors de l'exposition Hugo Pratt. Cette lecture fait donc partie du projet "lire sa bibliothèque avant de mourir".

Reçu des ballerines très souples : le pied droit entre difficilement mais j'ai ainsi une allure humaine. Je pourrai reprendre le travail sans moon boot (soulagement, fierté sauvée).

Dans la soirée, vidé quatre ou cinq cartons de poches et réorganisé les étagères. Quelle chance réelle y a-t-il que je les lise tous? Beaucoup ne m'intéressent pas, je n'ai pas vraiment envie de les lire, je les garde par amitié, nous avons développé des liens réciproques depuis le temps que je les regarde (oui, je passe du temps à regarder mes livres comme d'autres regardent leurs fleurs, ça me détend). Et puis ils peuvent intéresser d'autres lecteurs.

Je découvre que j'en ai en double, le tome I de L'Homme qui rit en Garnier Flammarion, Rimbaud en Folio. D'où viennent-ils?
Quelqu'un veut-il un Malices de Plick et Plock? (en double aussi)

Non, je me suis trompée : je donne un Idée fixe du savant Cosinus.

Les anges

Je viens de comprendre que si Lucifer se passe à Los Angeles, c’est que Los Angeles signifie « les anges ». Cela m’aura pris quatre jours.
La série est juste magique. Lucifer et Caïn. C’est grand. Suis-je le gardien de mon frère? (conférence de Hans Jonas. Il est sûr que je projette beaucoup de choses dans cette série).
Plus la série avance plus je pense au Maître et Marguerite. Le principe de la culpabilité again and again, comme le mouchoir toutes les nuits, et la compassion. Une série entièrement sur la compassion — ou la définition de l’humain: qu’est-ce qui nous définit comme humain?
Je suis vraiment impressionnée (à cela près que Caïn est une erreur de casting: vraiment trop beefy.).

Asile de fous. Un homme se prend pour Dieu. (Rappel: Lucifer est une série policière.)
L’inspecteur : — On vient de trouver l’assassin de dieu.
Lucifer, surpris : — Nietzsche ?

Reçu les trois derniers Langelot avec les bonnes couvertures : la collection est complète !

A la maison

Travail à distance très efficace (bon matériel, bon environnement, tranquillité), si ce n'est les deux heures de pause pour lire Langelot suspect.

Nous avons la semaine pour débarrasser le salon. J'ai prévu de vider une étagère par soir.
Première étagère, sept cartons, il y a sept étagères… «Beaucoup trop de livres», disait ma grand-mère.


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La question est où entasser les cartons puisque nous ne pouvons les laisser au rez-de-chaussée. Une certaine flemme à l'idée de les monter d'un étage. Mais même à l'étage : ça fait beaucoup, quarante neuf cartons.
En vidant un rayonnage, redécouvert Pouchkine de Troyat que j'ai ramené l'année dernière, au moment du désherbage de la bibliothèque de l'entreprise.
Ai-je dit que la bibliothécaire n'a jamais emménagé à Nanterre? Elle est arrêtée pour dépression. Les livres de la bibliothèque n'ont jamais été déballés. Que vont-ils devenir?

Prévisions à moyen terme

Je suis mes comptes dans un tableau Excel avec un onglet par mois et des onglets pour des graphiques, pour les prêts et pour les impôts. Chaque année je le duplique pour l'année suivante puis le vide des dépenses non structurelles ce qui me permet d’établir une sorte de budget prévisionnel.
C'est donc un tableau sérieux.

Aujourd’hui je lui ai ajouté deux onglets: un onglet World of Warcraft et un onglet Pratchett. Ainsi vais-je pouvoir suivre sur plusieurs années les commandes de cadeaux de Noël qui m’ont été faites. Je vais devenir spécialiste de livres que je ne lirai jamais (j’adore. En fait, ça me plais beaucoup. C’est comme un rêve dans lequel vous décidez de ne pas entrer mais qui reste disponible, à portée de main.)

J’ai établi mes listes, rêvé sur les noms, choisi une stratégie (dans quel ordre acheter? Et combien à la fois?), passé mes commandes et pensé qu’Amazon, c’était tout de même pratique.



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Agenda : sortie en huit (bof), grec Jn 11.

Anti-moustiques

Comme d'habitude je suis la première levée. H. a innové : au lieu de dormir au rez-de-chaussée, il s'est enfermé dans la chambre d'O. pour échapper aux moustiques (mais pas à la chaleur puisqu'il faut alors fermer toutes les fenêtres toute la nuit).
Je commence à ranger l'étagère que nous avons descendue dans la chambre (l'ancienne chambre) d'A. L'idée est d'y mettre tout ce qui concerne la théologie, le grec et mes classeurs de cours. Au fur à mesure que j'avance, que je ramène également les livres relégués au grenier (dans la dernière pièce, "the room of requirement", je me rends compte que cette étagère ne suffira sans doute pas, à moins que je ne range les livres sur deux épaisseurs. Je suis submergée par l'idée de tous ces livres, il va vraiment falloir que je les lise un jour.

J'entame ensuite le deuxième chantier des vacances: se débarrasser des cassettes vidéo. Je n'ai pas trouvé de lieu qui les recycle. Idéalement il faudrait les démonter, enlever la piste magnétique pour la jeter d'un côté, jeter le plastique d'un autre et les vis en métal à part. Je vais me contenter de jeter les boîtes à part en enlevant la couverture de titre en papier glacé (des limites de l'engagement écologique).
Je descends l'ensemble des cassettes (combien? à vue de nez dix tas de douze à quinze cassettes). J'isole quelques-unes que je veux conserver à tout prix (Bernie, Divine mais dangereuse, C'est arrivé entre midi et trois heures, Bound, Train de vie), H. en fait autant de son côté, puis vérifie pour la vingtaine de cassettes ainsi sélectionnées si les films sont disponibles en ligne ou en DVD. Il en reste finalement huit ou neuf, dont un coffret des Mystères de l'Ouest, Le vieux Fusil et La Bataille du rail qui ne sont pas disponibles pour des questions de droits. (Oui nous avons encore de quoi les regarder : simplement la résolution des cassettes n'est plus du tout adaptée à la résolution des écrans. Par ailleurs nous avons perdu l'habitude des VF imposées par les cassettes.)

Les étagères vides sont noires de poussière. Derrière se trouve une porte et des cartons que je voudrais inventorier, dans l'espoir d'en jeter quelques-uns et les remplacer par d'autres. Je ne sais pas quand j'aurai le temps de faire cela. Après avoir jeté tant d'archives au bureau cette année, j'ai envie d'en faire autant à la maison pour passer à autre chose.
Il me reste une dissertation et un mémoire à écrire avant de passer vraiment à autre chose.

Après-midi sur FB à rechercher les souvenirs d'un noir qui les a racontés en avril au moment de l'anniversaire des émeutes de Kansas City.

Nous avons installé une moustiquaire : crochet au plafond, voile de mousseline, … Nous allons pouvoir laisser les fenêtres ouvertes malgré la chaleur.
Inconvénient : la peur de s'emmêler dans la mousseline en bougeant la nuit et les chats à maintenir à distance: s'ils sautent sur le lit ils vont tout déchirer.

Affaires classées

J'ai enregistré dans LibraryThing la vingtaine de livres de poche ou de petit format de l'étagère à côté de mon bureau. Tous avaient un lien avec RC, tous m'ont servi à l'étude de RC : Toulet, Barthes, Duane Michal, Saint-John Perse, les deux tomes du colloque sur Robbe-Grillet à Cerisy (quand je pense que je songeais à en organiser un autour de RC en m'appuyant sur Sjef Houppermans, un habitué des lieux), Cavafis, Levet, Ricardou, Projet d'une révolution à New York, L'invention de Morel, La route des Flandres, Bonnefoy. J'ai acheté la plupart entre 2004 et 2005 (avec des exceptions comme Toulet, acheté en 1991).
Je les enregistés et je les ai descendus dans la bibliothèque commune. Je n'ai gardé près de mon bureau que ceux auxquels je suis personnellement attachée : Cavafis (translittération du Gallimard poésie), Levet, Saint-John Perse et Duane Michel.

Reprise

Retour au bureau donc infos du matin sur France Inter. Anniversaire : la crise a dix ans (il y a dix ans BNP Paribas décidait de fermer trois de ses fonds monétaires) ; il y a cinquante ans sortait l'album Sgt Peppers des Beattle (le premier juin : j'ai dû louper l'info au moment adéquat).

Encore une phrase énigmatique de mon kiné : « Le nombril est la première cicatrice ». Certes, mais que faut-il en conclure ? (Il faut dire qu'il avait beaucoup insisté pour savoir si j'avais des cicatrices, et pouvoir de suggestion ou pas, pendant les vacances une vieille cicatrice sur la tête, totalement oubliée, était devenue sensible au toucher).
Toujours est-il qu'il ne considère plus utile de me revoir (après cinq séances sur les dix prévues) : me voilà officiellement guérie.

Reprise calme, courrier d'une semaine, trois-cent-quarante-quatre messages dont la plupart ont dû être traités pendant mon absence. Rien d'affolant.

Epluché les armoires des livres désherbés qui ont été reremplies en mon absence (elles ont même dû l'être plusieurs fois). Récupéré entre autres toute une collection de minces guides de voyage publiés aux éditions Seuil ("petite Planète", années 60 à 80 : ce sont plutôt des livres d'histoire), deux Norman Mailer sur Marylin, la biographie de Breton par Béhar, les Berl sur l'histoire européenne. Eu le plaisir contrasté de récupérer Vie et destin en grand format : mais comment peut-on se débarrasser d'un tel livre ?
Et un livre d'Haroun Tazieff sur le volcan Érébus. Le lien relayé par Gilda me trotte dans la tête.
Cela fait une quantité impressionnante de livres à ramener peu à peu chaque soir. A quoi bon ? J'ai été tenté d'aller les reposer, je ne les lirai sans doute jamais. Pas le temps, pas le temps (en réalité, c'est surtout que je le perds sur mon téléphone).
Impossible cependant de les abandonner au pilon.
Et sitôt vus, ils deviennent indispensables.

Aller-retour

Aller-retour à Blois.
En étudiant les quelques livres restés dans ma bibliothèque d'adolescente, j'ai la surprise d'y trouver Le Marxisme d'Henri Lefèbvre. Je sais d'où il vient : de la bibliothèque du curé de mon enfance qui l'avait dispersée (exposé ses livres pour que se servent ceux qui en voulaient) au moment de partir à la retraite. Il me semble avoir également récupéré Que faire ? (titre à vérifier. Quelque chose de ce genre, quoi qu'il en soit). J'ai également de lui Les Médicis dans la collection "Les grandes dynasties d'Europe" aux éditions Rencontre de Lausanne. Je me dis avec émotion que c'est ce qui m'a manqué (enfin, plutôt les Orange-Nassau et les Hohenzollern) durant notre voyage (émotion de constater qu'un livre choisi à vingt ans devient utile trente ans plus tard) et qu'il est désormais facile de trouver l'ensemble de la collection (mais il faudra la lire).

Rentré en écoutant nos éternels podcasts : Jules Verne que A. n'avait pas encore entendu, Tim Burton et le début d'Elvis Presley (que les enfants connaissent vaguement, de nom…)

Rien (encore)

Un conseil d'administration rondement mené. C'était celui de l'arrêté des comptes, j'avais prévenu la commissaire aux comptes que nous avions un pinailleur susceptible de prendre longuement la parole — et puis rien, il avait un train ou un rendez-vous, tout a été plié en deux heures (ce qui respecte la loi expérimentale suivante: tout est à peu près prévisible mais rien ne se passe comme prévu).

J'apprends que l'assemblée générale du 28 juin sera précédée d'une assemblée le 21 juin (tant nous sommes sûrs de ne pas avoir le quorum requis): ç'aurait été gentil de me prévenir, malgré tout, détail, c'est moi qui suis en charge des relations avec la poste (fabrication des enveloppes T), le service courrier (mise sous pli) et l'huissier (réception des votes par correspondance). Et puis il faut trouver une salle (l'enfer est dans les détails). Bon bon bon. Moi qui pensais pour la première fois depuis quatre ans avoir maîtrisé les délais, j'ai désormais une semaine de retard.


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Agenda:
Dans les bonheurs du jour, j'ai commandé des livres (est-ce que ça compte?) (et des draps (au bout de quinze ou vingt ans les nôtres se déchirent spontanément et finissent en chiffon pour les rails d'aviron) et des cartouches, mais ça, ça ne compte pas).
Bon évidemment, j'en achète toujours un peu, mais maintenant (à partir d'il y a quelques jours) je sais que je vais pouvoir les ranger: H. fait réaménager l'ensemble des locaux de bureau que sa boîte vient d'acheter et il va récupérer… des étagères, une bibliothèque, qui part à la casse: Noël!! (Vous me direz que nous aurions pu acheter de nous-mêmes des étagères: oui mais non, car cela aurait été entériné officiellement l'idée que j'achète des livres, alors que je jure mes grands dieux que non, j'ai arrêté. Alors que là, ça tombe du ciel, ce n'est pas du tout pareil. (De ma difficulté à ne pas rire quand on me parle de l'homme rationnel et de la rationalité des choix)).

Programme

A lire
(Sans date : date du billet;
dates soulignées: jour où j'ai noté le titre ou l'auteur qui m'est passé par la tête;
autre date: jour de fin de lecture. Les livres abandonnés en cours ne sont pas répertoriés.
)

Remarque : si l'on compte cinquante livres par an, on arrive à mille en vingt ans. Il est inutile d'envisager plus.

Walter Kasper (le Christ, Dieu, l'Eglise)
Le journal de Congar

Balzac
* 23 février 2015 : Les Chouans
* 12 mars 2015 : La maison du Chat-qui-pelote
* 13 mars 2015 : Le Bal de Sceaux
* 15 mars 2015 : La Vendetta
* 14 janvier 2016 : Physiologie du mariage
* 19 janvier 2016 : Une double famille
* 20 janvier 2016 : La paix du ménage
* 21 janvier 2016 : Gobsek, Un épisode sous la Terreur, Une passion dans le désert
* 22 janvier 2016 : Sarrasine
* 22 février 2016 : La peau de chagrin
* 29 avril 2016 : Jésus-Christ en Flandres
* 3 mai 2016 : Le Chef d'œuvre inconnu
* 28 octobre 2017, L'enfant maudit
* 30 octobre 2017, Le réquisitionnaire
* 31 octobre 2017, El Verdugo

* 2 novembre 2017, L'élixir de longue vie

Conrad
* 22 mai 2016 : Almayer's Folly
* 23 juin 2016 : An Outcast of the Islands
* 27 septembre 2016 : The Nigger of The Narcissus
* 18 août 2017, Lord Jim

Dickens
Tristram Shandy
- Berlin Alexander Platz (en allemand)
- Derrida par Peeters
- The Golden Bough
- Darwin, De l'origine des espèces
tout Swift
tout Carroll
toute la poésie de TS Eliot,
Ulysses,
Don Quichotte dans la traduction récente,
les Mémoires de St Simon en deux tomes,
tout Henry James,
tout Wilde,
tout Poe,
tout Baudelaire,
tout Rimbaud,
tout Chateaubriand,
tout le Proust littéraire (pas la correspondance),
tout Flaubert
Hugo

Verne
* 7 septembre 2016 : Vingt mille lieues sous les mers

Moby Dick
tout Kafka
Apologia pro Vita Sua
Homère

Tabucchi
* octobre 2017 : Le fil de l'horizon des Russes
La jeunesse de Pouchkine

17 avril 2016
Hugo Soly (dir.), Charles Quint, 1500-1558. L'empereur et son temps, Paris, Actes Sud, 2000 (recueil d'articles thématiques par les meilleurs spécialistes)

22 avril 2016
R.M.W. Dixon: "Where Have all the Adjectives Gone?" dans Where Have all the Adjectives Gone? and Otehr Essays in Semantics and Syntax, éd. De Gruyter-Mouton
Le premier Saussure
Benveniste
Vocabulaire de l'exégèse d'Aletti & co
Présence et Pensée Balthasar sur Nysse
Canevet G de Nysse et l'herméneutique biblique
Théobald: le chistianisme comme style
Leo Strauss: Le petit jaune, sur Platon
Leo Strauss
David Bellos, Le poisson et le bananier : fini le 21 juillet 2016
Heidegger sur Parménide
Clémence Ramnoux sur Héraclite

24 avril 2016
E. Busch: une biographie de Barth
Harnack, L'Essence du christianisme
Troeltsch: «L'absoluité du Christianisme»
Bultmann, Histoire de la tradition synoptique
Barth L'Epître aux Romains
Alain de Libera sur le nominalisme
Greisch, Le Buisson ardent
Panorama de la théologie au XXe
Braudel, La Méditerranée
Aron, Mémoires
Döblin, 1914-1918

26 avril 2016
Barth, La théologie protestante au XIXe (contrepoids au Gibellini)
Boenoffer
Thérèse d'Avila
Soeur Sophie de Jésus, Défier le chaos

27 avril 2016
Monk Ludwig Wittgenstein: The Duty of Genius (peut-être)
Balthasar sur Barth (livre commandé non reçu)


28 avril 2016
Karl Jaspers Kant


29 avril 2016
Nuruddin Farah
Sembéné, bouts de bois (approximatif. A retrouver. livre hôtel Madrid)


30 avril 2016
Albert Schweitzer, la quête du Jésus historique (non traduit en français. En anglais)
Balthasar, Apokalypse der deutschen Seele, 3 tomes non traduits, apparemment


1er mai 2016
Saint Thomas, progressivement
Jon Elster, Le tirage au sort, plus juste que le choix rationnel.
Jon Elster en général (bibliothèque ICP)
Pranchère et Lacroix sur les droits de l'homme
La lecture de la Bible par Cayce
O'Malley, L'événement Vatican II et Le Concile de Trente : Ce qui s'est vraiment passé
Gilson, Introduction à la philosophie de saint Thomas d'Aquin
Balthasar, L'Amour seul est digne de foi porte d'entrée selon Fisichella ds Lacoste
L'anthropologie sociale du Père Gaston Fessard
Tilliette, Schelling
Friedrich D. E. Schleiermacher, Herméneutique


2 mai 2016
Wole Soyinka
Golding, l'histoire de la traversée en trois tomes

5 mai 2016
Bousquet, Les grandes révolutions de la théologie moderne
Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste
Durand, Holzer, Les sources du renouveau trinitaire

7 mai 2016
Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine
Sebastien Doubinsky (à la bilbiothèque)

8 mai 2016
Arendt, La condition de l'homme moderne (peut-être)
Arendt

12 mai 2016
Claverie, Humanité plurielle
L’hospitalité divine

25 mai 2016
Oscar Cullmann, Christ et le temps
Eberhard Jüngel, Dieu mystère du monde
Melville, Clarel
Grégoire de Nysse

13 juin 2016
Jean-Claude Milner, Le périple structural
Antoine Meillet, Aperçu d'une histoire de la langue grecque
Adam Parry (éditeur), The Making of Homeric Verse: The Collected Papers of Milman Parry

La Bible (plusieurs fois)
* 12 août 2015 : La Genèse

Escamilla, Chaunu, Charles Quint

27 juin 2016
Etienne Gilson : voir dans le Dictionnaire des théologiens des idées de titres

11 juillet 2016
Gadamer, Vérité et méthode

26 juillet 2016
Merleau-Ponty
Jared Diamond, De l'inégalité parmi les sociétés
Kapuscinski

5 août 2016
Barth, Synthèse dogmatique

7 septembre 2016
Melville

6 novembre 2017 - pour le travail de huitième année
Bultmann sur la démythologisation
Lacoste, Narnia, monde théologique ?, lu en octobre 2017
H. Weinrich, «Narrative theologie» et J.B. Metz, «Kleine Apologie des Erzählung» dans Concilium n°5, 1973, p.329-334 et 334-341 : naissance du programme d'une «théologie narrative»

29 janvier 2018
Ratzinger, Les principes de la théologie catholique. Esquisse et matériaux
Jean-Baptiste Metz, Pour une théologie du monde
Karl Rahner, Traité fondamental de la foi

27 février 2021
Roubaud. Ses livres de poèmes.
Svetlana Alexievitch



A apprendre
Les Fables de La Fontaine

Le cinéma Méliès à Montreuil

C'est la première fois que je vois un cinéma qui n'appartient pas à une chaîne déménager pour de plus grands et plus beaux locaux.
J'ai un faible pour ce cinéma et sa programmation.

Ce soir, c'était La French Connection, avec une belle poursuite dans New York.

Dans le hall du cinéma, une grande bibliothèque (le meuble) propose des livres à emprunter "librement" et à déposer chez n'importe quel commerçant ou dans les transports en commun de la ville après lecture. Il y a vraiment de tout, y compris les Buddenbrook en allemand.


Livres lus en 2015

- 2 janvier - Balzac, L'Auberge rouge, Pléiade tome XI. Le début : humour; la fin : question de morale.
- 6 janvier - Mgr Michel Dubost, Catholiques - Musulmans, une fraternité critique, Médiapaul 2014. Destiné aux catholiques hostiles au dialogue.
- 8 janvier - Marie Ndiaye, Trois femmes puissantes, Gallimard 2009. Très bon. Vraiment très bon, un style chaud, plein. Question: y a-t-il ainsi toujours des oiseaux dans ses livres, ou est-ce un hasard que les deux que j'ai lus parlent d'oiseau?
- 9 janvier - Stendhal , La chartreuse de Parme
- 13 janvier - Frédéric Pajak, Manifeste incertain 3, 2014, éditions Noir sur Blanc
- 26 janvier - Thomas Bernhard, Mes prix littéraires, 2010, Gallimard
- 29 janvier - Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1948, Folio

- 2 février - Michel Richard, Le Mariage des enfants, 2014, Fayard. Amusant, intéressant.
- 10 février - Ludmila Oulitskaïa, Sincèrement vôtre, Chourik, 2006, Folio. Bizarre. Pas désagréable mais ne va nulle part.
- 23 février - Honoré de Balzac, Les Chouans, 1829. Pléiade tome VIII

- 9 mars - Jean-Philippe Blondel, Un hiver à Paris, 2015, Buchet-Chastel. Offert par Caroline. Suffisamment de points communs biographiques pour que ce soit douloureux. Cela a assombri mon humeur pour le week-end. Dieu que j'aurai aimé l'hypokhâgne et combien mes camarades m'auront déçue.
- 12 mars - Balzac. La maison du Chat-qui-pelote, 1829. Pléiade tome I. Augustine. Pour la première fois je prends conscience de l'ironie de Balzac dans certaines descriptions. Quelque chose du futur Flaubert dans les remarques des parents, vers la fin.
- 13 mars - Balzac. Le Bal de Sceaux, 1829. Pléiade tome I. Emilie et Maximilien. Nous sommes toujours mis à l'épreuve de nos principes, cela s'illustre souvent. Il suffit d'énoncer une phrase du type «Jamais je ne…» pour qu'aussitôt se présente une occasion de tester le principe émis. Constitue avec le livre précédent, un diptyque moral à lire à l'école. Oncle/nièce, n'est-ce pas un inceste?
- 15 mars - Balzac. La Vendetta, 1829. Pléiade tome I. L'introduction est impressionnante par ses recoupements biographiques.
- 18 mars - Les épîtres de Saint Paul à Timothée et à Tite. Bible de Jérusalem en fascicule, 1951, Cerf. L'introduction soutient l'authenticité de ses lettres, les arguments sont intéressants. Ce sont des lettres pleines d'adjectifs.
- 21 mars - Marcel Proust, La Prisonnière, Pléiade t3, Clarac. Le narrateur est un con.

- 8 avril - Imre Kertész, L'Ultime Auberge, Actes Sud 2015.
- 11 avril - Epître de Saint Paul aux Colossiens. Bible de Jérusalem en fascicule, 1951, Cerf.
- 19 avril - Donald Westlake, Les sentiers du désastre, 2008, coll Rivages/ Noir. Terminé entre quatre et six heures du matin, insomnies.
- 23 avril - Mark Z. Danielewski, La maison des feuilles, Denoël, 2002
- 24 avril - Yu Zhang, Ripoux à Zhengzhou, 2004, Picquier

- 18 mai - Pramoedya-Ananta Toer, Le Fugitif, 1990, Plon
- 28 mai - Adriaan Van Dis, Tête à crack, 2014, Actes Sud. A lire

- 7 juin - J. Hadley Chase, Pas d'orchidées pour Miss Blandish, 1946, Série noire
- 10 juin - Lu Wenfu, Vie et passion d'un gastronome chinois, 1996, éd Philippe Picquier
- 11 juin - Pierre Benoit, Pour Don Carlos, 1920, le livre de Poche

- 1 juillet - Anne Finne, Dans un jardin anglais. Récupéré chez Matoo. Déçue, très schématique, ne se donne pas la peine d'être crédible ni compréhensible.
- 9 juillet - Valentin Retz, Noir profond. Conte fantastique. Je n'en ai pas compris la visée. Manque de transitions.

- 8 août - Vladimir Nabokov, Ada ou l'Ardeur. Je me suis ennuyée par moments.
- 12 août - La Genèse. BJ en fascicule, Cerf. Je ne me souvenais ni de l'astuce de Jacob pour avoir des chèvres tachetées (manipulation génétique!) ni de ses bénédictions de la fin. Le silence d'Isaac incapable de bénir Esaü est terrible.
- 26 août - Scott Peck, Le chemin le moins fréquenté. Relecture pour vérification avant de l'offrir.
- 28 août - Tadeusz Konwincki, Le Complexe polonais, 1988.

- 9 septembre - David Lodge, Un tout petit monde, 1984.
- 12 septembre - Robert Seethaler, Le Tabac Tresniek, 2012 (2014 chez Sabine Wespieren).

- octobre - Christine Pedotti, La Bataille du Vatican, Plon, 2012
- 23 octobre - José Rodrigues Dos Santos, L'ultime secret du Christ, Hc Editions, 2013
- 30 octobre - Marcel Proust, La Fugitive

- 4 novembre - Olga Tokarczuk, Sur les ossements des morts, Noir et blanc, 2012. Sans grand intérêt policier, une intéressante variation sur la folie. Un policier écologique.
- 10 novembre - Robert Musil, Les désarrois de l'élève Törless, Point Seuil
- 22 novembre - Steven Nadler, Le philosophe, le prêtre et le peintre, Alma Editeur, 20152. Biographie dans les grandes lignes et présentation des idées de Descartes. Plaisant.
- 23 novembre - Patrick Chauvet, Joie du pécheur pardonné, Parole et Silence, 2015

- 12 décembre - Janet Soskice, Les aventurières du Sinaï, Jean-Claude Lattès, 2010. Un livre d'histoire, pour donner des bases en philiologie, linguistique, exégèse, civilisation anglaise (écossaise).
- 15 décembre - Thomas Bernhard, Goethe mheurt. Folio. L'énergie furieuse de Bernhart me remplit d'admiration, comment fait-on pour écrire ainsi, avancer sur place en flambant? Ce livre-ci me laisse mal à l'aise, je ne sais à quel niveau le lire.
- 18 décembre - Michel Houellebecq, Soumission. Accablant par son aboulie, bien que non sans ironie.
- 20 décembre - Jane Sautière, Dressing. Bel exercice de style, mais pas vraiment mon genre.
- 30 décembre - Franz Wizner - Honeymoon with my brother

Résumé

- le 24 : finalement messe à 23 heures (seule).
- le 25 : chez mes parents. Très beau soleil. Scrabble (je suis nulle) et triomino (un peu mieux).
(Ah si, très important : j'apprends que ma fille souhaite hériter de TOUS mes livres et que le petit dernier lui disputera les Pléiade.)
- le 26 : chez ma tante. Elle se pose à peu près les mêmes questions que moi sur ses cheveux blancs (mais elle est née en 1941).
- le 27 : retour. Le soir Les mondes de Ralph, très bon.
- le 28 : je ne sais plus. Pas ramé, sommeil, trop froid. Rangement et ménage, un peu. Hervé passe mon Mac sur Yosemite. Dur, dur. Je finis Le détroit de Behring et continue la mise en note de L'Eglise de Congar. Fastidieux.
- le 29 : Hubert le matin. Sous tension.

Le Quinconce

Je termine le dernier tome du Quinconce et dessine "mon" arbre généalogique.

Journée morne. Je ne suis pas allée ramer. J'ai retrouvée la salle de réunion disparue (elle a changé d'étage et de situation dans le nouvel étage). J'espère que le téléphone sera rétabli d'ici vendredi pour le conseil d'administration. Je suis lasse de tout cela. (Il faut que je pense à commander du café).

Problème de RER D hier soir, ce matin, ce soir. Je crois que je vais me remettre aux photos des explications des retards sur les panneaux de la SNCF ou la RATP.

Exemple le 21 octobre (il y a une semaine, début des vacances scolaires. Rien ne fonctionne correctement durant ces vacances.)



Il est 19:05. La phrase d'explication indique:
« Circulation très pertubée dans les deux sens sur l'ensemble de la ligne. Plusieurs incidents sont survenus. Prévoyez un allongement du temps de parcours. Retour à la normale à 21h. »

Livres audio

Au cours de la journée, je dis à un adhérent qui n'a pas sa carte de tiers payant que je ne trouve pas aberrant de payer ses médicaments d'abord, pour être remboursé ensuite (et encore, il ne s'agit que de payer la part non réglée directement par la sécurité sociale).
Il s'étrangle au télephone:
— Mais c'est un jugement de valeur que vous émettez là !
— Oui, tout à fait.
Et je me demande in petto pourquoi il supposait que j'allais reculer devant le fait d'émettre un jugement de valeur. Evidemment que c'est un jugement de valeur, un jugement qui correspond à une certaine idée du bien commun et public, pourquoi cela ne pourrait-il pas être dit? (Il l'a réellement prononcé comme il aurait dit: «Mais vous êtes raciste!» Bizarre.)
(Ajoutons pour ceux qui s'apitoieraient sur cet homme qu'après deux ou trois questions, il s'est avéré qu'il était "à 100%" et donc ne payait rien, carte de tiers payant reçue ou pas.)

Hier matin en me connectant sur l'intranet, j'avais appris que le directeur de l'autre entreprise du groupe hébergée dans cet immeuble partait, après deux ans passés "à redresser les filiales en France". J'avais été surprise, il était étonnant qu'il partît si vite, la boîte allait plutôt bien et il était réputé travailler beaucoup en intervenant à tous les niveaux.
Renseignements pris en prenant le café, il aurait insulté un chauffeur de voiture privée qui aurait porté plainte (ce n'était pas sa première insulte ni la première humiliation publique, mais les affaires en interne avaient été étouffées). Autre rumeur: la drogue (et je pense "coke" car il était connu pour son hyperactivité).

Le soir je passe à la bibliothèque Rilke (Port Royal) chercher la suite de Twin Peaks puisque Charlotte Delbo (place de la Victoire) est fermée. Je vais rendre des livres à Buffon (Jardin des Plantes) et en explorant le rayon des livres audio je suis prise d'une véritable frénésie d'emprunt (totalement impossible d'écouter cela en trois semaines, mais je me suis dit que je prolongerai les prêts (par internet, c'est facile)):
La fille aux yeux d'or, Le Lys dans la vallée, Une Ténébreuse affaire, L'auberge rouge, Le Curé de Tours, La Chartreuse de Parme.
Mais qu'est-ce qui m'a pris?

Neuf kilomètres de Velib

J'ai pris le Vélib à Neuilly pour rejoindre le relieur dans le 18e. J'ai suivi les boulevards depuis la porte Maillot jusqu'à la rue de la Jonquière, observant le changement rapide de la population — du peuplement — des bords des boulevards (pensée pour un Langelot en passant devant les entrepôts des décors de l'Opéra: il me semble bien que dans un cas un camion s'y cache.)

J'ai récupéré les Fables de La Fontaine que j'ai fait relier en maroquin noir pour en faire le frère des Lettres de mon moulin achetées il y a un an à Mulhouse.
Si je vais à l'hôpital, pensez à me laisser ces deux livres.

Par ailleurs, je suis dépitée d'avoir oublié Le Maître et Marguerite au bureau. Je voulais le faire relier. Il faudra que je revienne spécialement, et ce n'est pas si facile car c'est hors de mes parcours habituels.

Livres lus en 2014

Même règle que l'année dernière : ne comptent que les livres lus du début à la fin. La date retenue est celle du jour de lecture de la dernière page. Je ne pourrai pas tenir un par semaine, j'aimerais atteindre deux par mois. J'ai déjà pris du retard.

- 27 janvier 2014 : fin du tome 1 d'Histoire de la philosophie occidentale de Bertrand Russel, 2012, Belles Lettres. A. Chevrier m'a dit que c'était un livre très connu en Chine.

- 19 février : Claude Mauriac, La terrasse de Malagar

- 19 février : Georges Chaulet, Fantômette et le trésor du pharaon.

- 1 mars : JK Rowling, Harry Potter und die Kammer des Schreckens

- 2 mars : JK Rowling, Harry Potter and the prisoner of Azhkaban. Le problème avec Harry Potter, c'est que ça fonctionne comme le chocolat: on se dit qu'on va manger un seul carreau, et on dévore la plaquette.

- 8 mars : Anne Wiazemski, Canines, parce que dans mes lectures à contraintes, il me fallait un Goncourt lycéen. Pas mon genre, envie de secouer l'héroïne en lui hurlant «mais réagis». L'auteur s'est-elle inspirée de moments de folie vécus, ou a-t-elle décrit des fantasmes?

-10 mars : Kleist, Penthésilée, traduit par Gracq. Langue magnifique dans sa simplicité. La tragédie du malentendu.

- 13 mars : Carole Martinez, Du domaine des Murmures. Je n'aurais jamais ouvert ça sans le club Sciences-Po. Ça se laisse lire, l'imitation d'un pseudo langage du Moyen-Âge est plaisante, surtout tenue si longtemps. Le livre se lit très vite, il est dispensable mais pas désagréable. (J'avoue que si je l'ai lu si vite, c'est que je n'avais pas envie de me replonger dans Descartes).

- 25 mars : J.K. Rowling, Une place à prendre. Très dispensable. Je suis déçue, j'espérais au moins le trait vif d'Agatha Christie. C'est nettement moins bon.

- 24 avril : Alfred Döblin, Voyage en Pologne.

- 28 avril : Mark Haddon, Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit. Bien. Sur l'autisme.

- 29 avril : Thomas Berhardt, Béton.

- mai : Erich Maria Remarque, L'étincelle de vie. Sortir des camps et n'avoir nulle part ou aller, ne connaître plus personne. Ruine et désert (non ce n'est pas le sujet de livre. Mais j'ai pris conscience de cela en le lisant).

- juillet : Hervé Guibert, A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie.

- 16 juillet : Eugène Satitzakaya, Fou trop poli, Minuit, 2005.

- 30 juillet : Bernard Pouy, Samedi 14, poche Pocket 2014.

- 9 août : Dostoïevski, L'Idiot, poche publié en 1968.

- 18 août : Contes polonais traduits et adaptés par Agnieszka Macias, L'école des loisirs, 2007.

- 20 août : Pape François, Evangelii Gaudium, Exhortation apostolique en conclusion de l'année de la foi, 24 novembre 2013

- 21 août : San-Antonio, On t'enverra du monde, Fleuve noir, 1959. A. me l'a passé pour m'occuper sur le quai du RER (plutôt que Le Droit canonique : pas facile de prendre des notes debout). Premier San-A depuis une éternité. Pourrait servir d'illustration à un manuel sur les figures de style. J'avais complètement oublié l'intrigue (Berthe a disparu. No spoil.)

- 25 août : Claude Mauriac, Aimer de Gaulle Grasset, 1978.

- 31 août : Dominique Le Tourneau, Le Droit canonique, Que sais-je, 2002.

- 3 septembre : Lieutenant X, Langelot et les crocodiles, bibliothèque verte. Sur un coup de tête au petit déjeuner.

- 3 septembre : Joseph Brodsky, Vingt sonnets à Marie Stuart, Les Doigts dans la prose, 2012. Un livre important pour comprendre ce qu'est un parti pris en traduction.

- 4 septembre : Marie-Hélène Lafon, Album, Buchet-Chastel, 2012.

- 9 septembre : Jon Kabat-Zinn, Là où tu vas, tu es, JC Lattès, 2012. Seconde lecture. Pas arrêtée par les mêmes passages que la première fois.

- 13 septembre : Mikhaïl Boulgakov, Récits d'un jeune médecin, Seuil. Bizarrement, certaines phrases, certains passages, m'évoquent la musique de Lettres de mon moulin. Le détachement de soi et l'intimité, je suppose, le récit anecdotique à la portée universelle. Et le ton, mais c'est peut-être dû à la traduction. Quelques incohérences dans l'utilisation des temps qui n'ont pas été "lissés" (application des règles de concordance), peut-être pour rendre le texte original.

- 19 septembre, Karl Löwith, Max Weber et Karl Marx, Payot 2009 (1932)

- 23 septembre, collectif, Un été avec Proust, éditions des Equateurs 2014. Emprunté lors du dernier "dîner littéraire". De bonnes analyses pour poser des jalons, amour déçu, attente, désir, possession, qui me fait comprendre pourquoi je n'aime pas Proust et pourquoi, au-delà des thèmes traités, il est incontournable et irrésistible (et ce que j'aime chez Proust, c'est vraiment sa phrase, ses mots, sa syntaxe, sa musique).

- 25 septembre, Tabish Khair, How to fight Islamic Terror from the Missionary Position, Interlin Books, 2014. Drôle puis mélancolique. Un peu surprise que Guillaume m'envoie ça. De la difficulté de s'intégrer, du danger de s'intégrer.

- 8 octobre, Ryszard Kapuscinski, Le Shah, 1982, Champs Flammarion 2010

- 9 octobre, Friedrich Schiller, Marie Stuart, L'Arche, 1998. Je l'avais commencé début septembre, prêté avant de l'avoir fini. Je l'ai récupéré hier.

- 25 octobre, Charles Palliser, L'héritage de John Huffman, Phébus, 1990

- 26 octobre, Charles Palliser, Les faubourgs de l'enfer et Le destin de Mary, Phébus, 1990

- 28 octobre, Charles Palliser, La clé introuvable et Le secret des cinq roses, Phébus, 1990

- 1 novembre, Miljenko Jergović, Sarajevo Marlboro, eds archipelago books 2004

- 6 novembre, Claude Mauriac, La marquise sortit à cinq heures, Albin Michel 1961

- 6 novembre, Jack Kerouac, Satori à Paris, Folio (original 1966, Gallimard 1971)

- 7 novembre, Antoni Casas Ros, Lento, 2014, Christophe Lucquin éditeur

- 21 novembre, Patrick Modiano, Dora Bruder, 1997, Gallimard

- 24 novembre, Patrick Modiano, Livret de famille, 1977, Folio

- 25 novembre, Florence Aubenas, En France, 2014, édition de l'Olivier

- 3 décembre, Daniel Ferrer, Logiques du brouillon, 2011, Seuil. Deuxième lecture.

- 5 décembre, Patrick de Laubier, Mendiants de Dieu, 2013, Seuil. Parole et Silence

A - 9 décembre, Honoré de Balzac, Une ténébreuse affaire, 1841

A - 10 décembre, Honoré de Balzac, Le curé de Tours, 1832

- 19 décembre, Epître aux Colossiens

- 22 décembre, Eric Metaxas, Bonhoeffer, pasteur, martyr, prophète, espion, 2014, éd Première Partie (2010 aux Etats-Unis)

- 27 décembre, Emmanuel Carrère, Le détroit de Behring, 1986, P.O.L

- 29 décembre, Patrick Modiano, Quartier perdu, 1984, Gallimard, collection blanche

A - 31 décembre, Honoré de Balzac, La fille aux yeux d'or, 1835. Il m'a fallu un long moment pour comprendre ce qui avait vexé Henri de Morsay. Le début est bon pour dégoûter de Balzac n'importe quel adolescent.

Livres lus en 2013

Comme je commence cette liste le 19 juin, elle n'est ni dans l'ordre ni exhaustive.
Je ne compte que les livres terminés, lus jusqu'à la dernière page, et non ceux abandonnés par manque de temps ou ennui vague, ou parce qu'ils s'agissait de recueils d'articles dont je n'ai lu que quelques-uns (Jacques Ellul sur Qohélet, la correspondance d'Hammett, la biographie de La Fontaine par Orieux, Introduction à l'Ancien Testament, etc.)

Plus ou moins dans le cadre de l'ICP
- Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée
- Thomas Römer, Dieu obscur
- Robert Michaud, Qohélet et l'hellénisme
- Christian Delorme, L'islam que j'aime, l'islam qui m'inquiète (la préface commence par une évocation de l'église Sainte-Anne d'Agadir. Comment voulez-vous que je résiste à cela?)
- Gerschom Scholem, Jonas, la lamentation et le judaïsme (j'espérais qu'il y aurait Jonas dans les sujets de dissert d'exégèse: non. Mais l'argumentation de ce livre m'a permis de trouver un angle pour Tamar et Juda).
- Initiation à la lecture d'un texte biblique
1 juillet - Pierre Claverie, Petit traité de la rencontre et du dialogue
8 juillet - Paul Beauchamp, Parler d'écritures saintes
8 août - Auguste Valensin, texte établi et présenté par Marie Rougier et Henri de Lubac
22 août - Jacob Taubes, La théologie politique de Paul
24 septembre - Fedor Dostoïevski, Les Frères Karamazov (dans la Pléiade, oui)
30 octobre - Paul Beauchamp, L'un et l'autre Testament T1 (je n'en pouvais plus de le lire, il a fallu m'accrocher)
14 novembre - Jacqueline Rastoin, La Torah sculpte le Christ

Parce que je deviens dingue à ne lire que des livres imposés
- Janwillem van de Wetering, L'ange au regard vide (après Amsterdam)
- Agatha Christie, La romancière et l'archéologue (en contre-poison de La Bible dévoilée)
- Christopher Isherwood, Mr Norris change de train (je cherchais un autre Isherwood)
- Martin Hirsch, La lettre perdue (j'avais aimé son approche pragmatique lors d'une conférence)
- Lewis Mumford, Hermann Melville (il y a longtemps que je devais le lire. Motivée par Arrowhead cet été. L'un des traducteurs est Patrick)
- David Safier, Maudit karma (offert par ma sœur)
- Séverine Hiboi-Arneld, Un hurluberlu dégingandé et une demi-portion (sur le handicap. Ecriture énergique, remarques pleines de bon sens)
- Mary McCarthy, En observant Venise (pas lourd à emmener dans ses bagages)
- Mariusz Szczygieł, Gottland (nom irrésistible (livre incontournable))
- Kurt Vonnegut, Abattoir 5 (depuis le temps que je devais le lire)
- Dashiel Hammett, Le Faucon de Malte (maintenant je comprendrai peut-être quelque chose au film (quel romantique, ce Spade))
24 juin - Mariusz Szczygieł, Chacun son paradis (où est évoquée très en passant la fille de Milena Jesenska)
25 juin - Ben Hecht, Je hais les acteurs (je cherchais les souvenirs d'un auteur africain que j'avais feuilletés, est-ce que son nom commençait par H? Impossible de me souvenir).
27 juin - Józef Hen, Le joueur de ping-pong (à la librairie polonaise en achetant des Szczygieł à offrir)
8 juillet - Jacques Theillaud, …le pivert nu et les tomates vertes…
9 juillet - Dr Borée, Loin des villes, proche des gens
10 juillet - Marie Ndiaye, La Sorcière
11 juillet - Paul Fournel, Anquetil tout seul
24 juillet - Jean-Claude Carrière, Le Mahbharata
2 août - Jaddo, Juste après dresseuse d'ours
4 novembre - Corneille, Médée (livre emprunté pour O.)
7 novembre - Jakob Arjouni, Mehr Bier
14 novembre - Andrea Camilleri, Le coup de filet (inutilement compliqué et sentimental. Sans grand intérêt)
15 novembre - Karl Löwith, Ma vie en Allemagne avant et après 1933 (l'intérêt de ce livre est d'avoir été écrit en 1940. Aperçus sur Heidegger.)
24 novembre - Primo Levi, La Trêve, pour le présenter au prochain dîner Sciences-Po avec le Voyage de Primo Levi
12 décembre - Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (la bibliothècaire du Gan m'a offert le "Garnier jaune" relié. Lecture imposée pour Olivier)
12 décembre - Jean Giraudoux, Supplément au voyage de Cook (quelle gaité, quel plaisir)

Les "Ecoles des loisirs" lus à Bois-le-Roi
- Marie-Aude Murail, Le tueur à la cravate
- Marie-Aude Murail, Simple
- Anne Fine, Journal d'un chat assassin
- Anne Fine, Mauvais rêves
- Anne Fine, Un ange à la récré
- Robert Cormier, A la brocante du cœur

Quelques liens

Ça ne s'arrange pas : plusieurs jours sans même pouvoir arriver devant cet écran. Voici quelques liens thésaurisés avant de compléter les jours précédents (de dimanche à ce soir):

l'odeur des livres en bouteille

quelques pas de danse au ralenti

des raisons d'être optimiste

des portraits d'artistes, de savants, de chanteurs…

450 films libres d'accès (Wells, Lang, Tarkovsky, le premier court-métrage de Lynch, etc)

un projet obsessionnel en blanc (dédié à Guillaume) qui aime les obsessions (je le comprends)

le dessin technique d'une brique de lego

des ordres de grandeur démographiques: équivalence entre la population de mégalopoles et celle de quelques Etats d'Amérique

un peu de bisounours israëlo-iranien (irénisme, dirais-je à ma collègue en manque de gros mots)

l'histoire de la page de Google (conte pas du tout moral, l'incompétence récompensée)

le hashtag #jenaipasportéplainte : contre le silence qui suit un viol

un jeune blog qui raconte des histoires d'enfance, et qui m'intrigue, parce que les histoires sont assez longue: va-t-il tenir le rythme?

trajet de la Comté au Mordor (ne faites pas comme mon fils, regardez les lieux traversés)

écouter des auteurs (anglais) morts (pastiche en anglais).

Jeudi Oulipo, Samedi Chateaubriand.

En écoutant les conférences de l'après-midi sur Chateaubriand (de l'importance du voyage de Chateaubriand en Amérique, mais qu'allait donc faire George Sand toute jeune chez Sosthène de La Rochefoucauld, le pire coureur de l'époque, cet hypocrite prude à qui l'on doit les feuilles de vigne sur les statues de Louvre?), je repensais à cette question posée jeudi: «Quels sont les grands livres (grands auteurs) que vous n'avez pas lus?»

Dante, Cervantès. La Comédie humaine (en entier). Guerre et Paix. Et il me "manque" des Dosteïevski.
Et j'aimerais lire tout Shakespeare.

Et les Mémoires d'outre-tombe.


Chateaubriand : les vrais Républicains ne sont ni à droite ni à gauche. Ils pensent honneur et liberté (résumé personnel de la conférence entendue cet après-midi).

Chateaubriand et Sand: ils se sont rencontrés, ils l'ont chacun raconté dans leur journal, ils l'ont chacun censuré (leur récit est resté dans les brouillons). C'est étrange et mystérieux.
C. à qui je le raconte déduit, logique: «Il nous manque une lettre».

——————————————
J'apporte quelques précisions cinq ans plus tard. Il s'agissait d'une intervention en colloque de Jean-Yves. C'était l'époque où JY bouillonnait à cause d'un billet de Jourde. Je crois que ce jour-là j'ai abandonné, il revenait sans cesse à la charge, j'ai donné mon accord pour tout ce qu'il voulait, une nouvelle plainte, cette fois en diffamation. Nous y avons entraîné Emm.

C'est aussi ce jour-là que j'ai eu R au téléphone. Il voulait savoir si le mail qu'il envoyait à RC (pour lui proposer de garder son château était convenable).
En regardant en arrière cinq ans plus tard, je ne peux me défendre d'un sentiment d'amertume.

Sourire jaune

C'est fou le nombre de choses que j'aurai lues juste pour ne plus être impressionnée (ou moins…) par les gens qui les avaient lues (le cas de personnes qui en parleraient sans les avoir lues n'existe plus dans mon entourage, et j'en éprouve un grand plaisir et comme de la reconnaissance (envers le Ciel, le temps, internet, mon ange gardien, etc.))

Mardi, journée étoilée

  • matin
« Nous sommes les Minidoux de l'assurance. »1

  • après-midi
PZ — Mais... c'est un livre que vous avez dans votre botte! (Le jeune homme est en santiags ou assimilés).
X — Euh, oui…
PZ — Vous transportez toujours vos livres ainsi? Qu'est-ce que c'est?
X — Bel-Ami.
PZ — Ah mais ça tombe bien! Se tournant vers moi: On va pouvoir regarder le lieu de naissance de Maupassant.
Moi — Ah oui. S'adressant à X: Est-ce qu'il était normand, Maupassant?
X — Mais oui, normand, bien sûr.
PZ et moi — Oui, mais on veut dire: est-ce qu'il était né en Normandie?
Je m'empare du livre, l'ouvre vers la fin.
PZ — Les quelques précisions biographiques, c'est plutôt au début.
Moi — Non, c'est un Folio classique… (sourire de connivence)

Nous lisons : Maupassant, né à Dieppe, ou peut-être à Fécamp. Nous remercions le jeune homme éberlué tandis qu'un homme plus âgé qui a rejoint X tente de deviner mes origines à partir de la tessiture de sa voix.

  • soir
Je découvre un jeu absolument génial du CCFD destiné à expliquer l'injustice sociale aux enfants (ou aux grands, mais les adultes, généralement, sont déjà au courant...). Le pays choisi est l'Afrique du Sud.

L'idée est de mettre un bol rempli de bonbons au milieu de la table. Chaque enfant tire une carte et agit en fonction des indications de la cartes.
Exemple:
- 1. Coiffeuse de profession, vous avez été expropriée de votre quartier pour le réaménagement du stade en vue de la Coupe du Monde 2010. Vous avez perdu toute votre clientèle. Ne prenez pas de friandise.
- 16. Anglais d'origine, vous avez diversifié vos investissements entre la Grande-Bretagne et l'Afrique du Sud. Vos affaires prospèrent. Vous pouvez prendre 8 friandises et en manger autant et aussi vite que possible.

Je ris encore d'imaginer la tête des enfants privés de bonbons en train de regarder l'un d'entre eux s'empiffrer.

La conclusion coule de source. Ce n'est la faute de personne (pas des enfants autour de la table), mais: «Les cartes ont été conçues pour que 80 % des joueurs reçoivent 20 % des friandises tandis que les 20 % restant reçoivent le reste, ce qui correspond approximativement à la répartition de la richesse dans le monde aujourd?hui.
L'Afrique du Sud, pays emblématique concernant les inégalités nous interroge sur une meilleure répartition possible de la richesse. Tant que le système ne change pas, un accroissement des ressources n'améliorera pas la situation des « joueurs malchanceux ».





1 : le responsable de l'audit groupe. je pense qu'il voulait dire Minmir (Minimir, mini-prix, mais il fait le maximum).

Pour Elisabeth

Pour Elisabeth : nous étions six, Nicolas, GEF, Alain, Dominique, Sophie, moi. Sauras-tu attribuer à chacun ses propos ?

(Vrac et désordre, la conversation par bribes dans mes souvenirs. Je garantis que ce sont mes souvenirs, je ne garantis pas leur exactitude. Ce qui est sût, c'est que les sujets n'ont pas été abordés dans cet ordre).





— Même si je ne lis pas l'anglais, j'ai la version américaine de Laura, il sort en mars. Les cartes sont reproduites en fac-similés et peuvent être découpées à l'attention des lecteurs inventifs qui veulent écrire leur propre roman. — Et qu'est-ce que vous pensez d'Eric Rohmer ?
— Vous saviez que c'était le frère de René Schérer ?
— Ah oui, un autre grand malade… Mais c'était les années 68, et puis il était fouriériste… Lui c'était les petits garçons, il allait se fournir dans les secteurs para-psychiatriques, tandis que Rohmer ?
— Quoi, Rohmer ?
— Il aimait les très jeunes filles, ses actrices passaient toutes à la casserole. Mais elles étaient volontaires, c'est comme Woody Allen : il fait tourner ses actifs au tarif syndical, et ils le savent, mais ils sont tous volontaires…
Perceval m'a beaucoup marqué.
— Mais ce fut un flop. A l'époque, si tu ne faisais pas quatre semaines sur les Champs-Elysées… Maintenant il y a les produits dérivés. Alors il a refait des films caméra sur l'épaule avec du papier Canson pour la lumière ?
— ??
— Tu ne savais pas ? Un jour un journaliste lui a demandé comment il faisait sa lumière, Rohmer a ouvert un tiroir de son bureau, a sorti une feuille de papier et a dit « Voilà, je mets la feuille derrière l'acteur, j'attrape le soleil, et je tourne. »
— Et le dernier ? Daphnis et Chloé ?
— David Hamilton revisité.
X. rit.

— Mais quand on est sur scène on dit souvent n'importe quoi. J'adore Vila-Matas, j'ai tout lu de lui. Dans ses livres il parle d'Achille Campanile ( ?? à confirmer), il dit que c'est un grand méconnu et qu'il l'adore, alors j'ai trouvé et acheté les livre de cet Achille Campanile, il n'y en a pas beaucoup, et quand j'ai rencontré Vila-Matas, je lui ai montré les livres d'Achille Campanile, et il m'a dit qu'il ne savait pas qui c'était ?

— Il y a des coupes dans les traductions. Le premier paragraphe du Crime du golf, d'Agatha Christie, est plein de termes techniques de golf, il n'a pas été traduit.
— Les Proust en ligne au Québec sont ceux de la collection blanche. On peut passer des heures à chercher une tournure qui n'y est pas (puisque tout le monde se sert des Pléiade comme référence).
— Certains se targuent d'être de vrais proustiens parce qu'ils possèdent l'édition Clarac de la Pléiade. Cela veut juste dire qu'ils ont eu vingt ans avant la parution de l'édition Tadié…
— Est-ce que l'édition du Borgès sera identique à la précédente, ou les notes vont-elles être revues ?
— Identique, je crois.
— La veuve s'était plainte parce qu'on avait utilisé des interviews de Borgès alors que celui-ci ne savait pas qu'il était enregistré. Elle criait à la manipulation.
— Mais tout le monde le manipulait, même elle…

— Mais alors, puisqu'on en parle, c'est quoi un mariage gris, ou noir ? Je n'ai pas suivi…
— C'est quand l'un des deux était sincère mais pas l'autre, pour l'un des deux ce n'était pas un mariage d'amour.
— Mais depuis quand faut-il s'aimer pour se marier ?
— Je me souviens d'un témoignage indien qui disait : « Chez vous on s'aime pour se marier, chez nous on se marie pour s'aimer ».
— Ça ne marche pas si mal d'ailleurs…
— Je ne suis pas sûre que l'Inde soit le meilleur endroit pour juger de cela.
— J'avais un ami tibétain qui devait venir se marier en France; sa famille l'a retenu au Tibet pour le marier de force. Il n'était pas heureux (et la jeune fille non plus d'ailleurs).
[reprise]
— Un mariage gris, c'est quand l'un des deux dit: «Je me suis fait baiser».

— Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif ?
— Moi j'ai écrit : « je t'ai reconnue! »
— Mais ce n'était pas moi !
— Comment, ce n'était pas toi?! [se tournant vers nous]. Il faut que je vous explique. J'ai eu une discussion avec X. sur "en vélo" et " à vélo". Elle me disait que seul "à vélo" était correct.
— Je lui ai donné comme exemple "Julie et Cécile vont à bateau".
— Et cette phrase, exactement celle-là, est sortie dans la liste Oulipo. Alors j'ai écrit: « je t'ai reconnue ! »
— Mais ce n'était pas moi! C'est vraiment incroyable. Il y a des choses comme ça, dans l'air… Vous n'y croyez pas, vous, à l'inconscient collectif?

— Chandler vendait des voitures sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il avait tout, il vivait très confortablement; il était fou amoureux de sa femme qui avait trente ans de plus que lui, la femme parfaite, épouse et mère… Et puis elle est morte, il a été inconsolable et s'est mis à boire… il écrivait bourrée. Il y a sa correspondance, c'est surtout ses échanges avec ses éditeurs qu'il engueule, c'est extraordinaire…
— Ah oui, je l'ai vu il y a moins d'une semaine, ça donne des phrases du genre : « Veuillez considérer que j'écris en patois suisse, mais si je décide d'agrémenter mon style velouté d'un néologisme argotique, vos ânes bâtés de correcteurs n'ont pas à y toucher » !!
[Et moi je crois à des conjonctions dans le temps et l'espace, malgré tout : avoir rencontré Chandler par hasard une semaine avant chez des amis.]

Tu sais que je conserve tous les exemplaires du Monde…?
— Mais alors… tu vas pouvoir me servir, je cherche un article de Camus au moment de la mort de Malraux.
— Mais (chœur à la voix indécise) ce n'est pas possible…
Moi, réalisant ? Mais non, pas ton Camus, mon Camus! En 1976.
— 1976… Hum, ce sont les cartons du fond, il va falloir tout déplacer…
— Tu sais que tout est en ligne ?
— Oui mais c'est payant, je me sers du moteur de recherche pour savoir quel journal consulter. Enfin, ce sont les suppléments littéraires que je conserve…1

— Quand j'étais petit je lisais une bande dessinée qui s'appelait Pierrot. Et puis l'air du temps est devenu anti-BD, et du jour au lendemain on a arrêté de me l'acheter. J'ai été très malheureux parce dans le dernier magazine le héros, Pierrot, courait dans des galeries à l'intérieur d'une falaise, et l'épisode se terminait il était arrivé au bout de la galerie et elle débouchait à flanc de falaise, directement sur la mer, et la légende disait « Il regarda l'abîme sans fond ». Et moi j'étais petit, j'avais huit ans, et bien, j'imaginais vraiment un abîme sans fond, c'était vertigineux. Et il il y a deux ou trois ans, en passant devant un bouquiniste, j'ai trouvé la suite de l'histoire…
— Et alors ?
— Eh bien en fait, Pierrot regarde vers le haut, et il s'aperçoit que le sommet de la falais est tout proche, et il grimpe et il s'échappe comme ça.
— Et vous avez acheté la revue ?
— Non, même pas…

— Vous savez mon outil a transformé les sites, le baraguoin2, eh bien, durant les vacances, il a commencé à prendre le contrôle d'internet…
— Hein? Qu'est-ce que tu dis ?
— Eh oui. Je ne sais pas comment ça se fait, Google a commencé à indexer des pages, et de plus en plus, naturellement; j'ai commencé à recevoir des mails d'universités, de municipalités, pour me dire d'arrêter… Je pense que c'est parce que Jean Véronis m'a fait de la pub cet été… Nicolas m'a aidé à arrêter le monstre, j'étais en train de prendre le contrôle de la Toile…
— Terminator 3, quoi!!


Note
1 : Vérification faite, il semble que l'article de Camus n'est pas paru dans un Monde des livres. Tant pis.
2 : free marche si mal que désormais le baragweb es

Défaut rédhibitoire

En 1992 ma sœur a vécu trois mois chez nous pendant qu'elle cherchait un appartement. Ce fut le moment où nous fûmes le plus proches, où elle parla le plus — de façon incompréhensible pour moi cela n'eut pas de lendemain.
Un jour elle estomaqua mon beau-père en lui faisant le portrait de l'homme idéal — principalement en listant ses "défauts rédhibitoires". Je n'ai pas assisté à la conversation donc à mon grand regret je ne connais pas cette liste. A l'époque elle sortait d'une longue relation amoureuse (cinq ans, six ans ? On avait même parlé mariage) suivie d'une plus courte (dix-huit mois?).
Peut-être aurait-elle dû se préoccupper davantage de l'impression d'ensemble plutôt que d'additionner les défauts et les qualités (essentiellement physiques) de ses partenaires: il faut croire qu'une personne est un tout non décomposable, car elle a décidément peu de chance dans sa vie amoureuse.

Hier, j'ai profité qu'une vieille amie dont la nouvelle demeure m'avait désemparée il y a quelques semaines m'affirme alors que je n'avais rien demandé: « Je lis beaucoup » pour poser la question qui me brûlait les lèvres: «Mais tu as des livres? Où sont-ils, je n'en ai vu aucun…? »
Réponse: « Oh, je les emprunte; les miens je les ai tous donnés quand nous avons déménagé. C.1 ne voulait pas de bibliothèque. »

Après toutes ces années, j'ai enfin trouvé mon défaut rédhibitoire : un homme qui ne voudrait pas de bibliothèque. (Le plus drôle, c'est que C. est très fier de son Audi, achetée il y a deux ou trois ans 2. Lol. Finalement finalement…)


Note
1 : note de la rédaction: C. travaille en aménagement d'intérieur et ameublement.
2 : allusion destinée uniquement aux lecteurs du dernier journal camusien.

Soirée

— Je suis confus…
— Je vous confirme: vous êtes confus.

— Je fais comme Kafka, je vais chercher le pain.

Whisky, champagne, thé.
Et tequila et foie de veau.
Et feu de bois.
Dans la cuisine, des pots d'épices ("safran yéménite") et un petit sachet de sucre ou de sel avec une citation: «I am a very good housekeeper. Every time I get a divorce, I keep the house. Zsa Zsa Gabor»

600 g en un an, c'est beaucoup pour un chat (adulte). M. a mis au point un programme d'amaigrissement: la chasse à la croquette. Elle les cache un peu partout dans l'appartement, de temps en temps B. en retrouve qui moisissent paisiblement derrière les livres.
— Avec moi, ça ne marche pas.
— Evidemment, vous lui donnez des croquettes de régime! Moi je cache des croquettes "Roi des félins" ou "Festin gourmand".


Avant ces agapes, traîné en librairie. Lu longuement La route des ossements, d'Anne Fine, dans "L'école des loisirs". Elle est décidément excellente. Elle et Robert Cormier, mes grandes découvertes des années 90, quand je ne lisais que des polars et de la littérature pour enfants.

Dans la bibliothèque de B., je découvre Strindberg et van Gogh, Swedenborg, Hölderlin de Karl Jaspers.

Tumbr et Flickr, dernièrement

Je ne comprends pas bien comment fonctionne tumblr. Ça m'agace, surtout quand je laisserais volontiers un commentaire, quelques mots ("Killroy was here"). Mais apparemment cette forme de blog est destinée à relayer ce qu'on aime sans commentaire, entreglose tentaculaire de photographies (principalement).

- Des photos et des citations. J'aime beaucoup car on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
- Marilyn Monroe (ce qui m'émeut ici, c'est la folie que représente ce site, cette collectionnite aigüe qui pousse le blogueur à trouver chaque jour quatre à vingt nouvelles photos… alors que j'aurais pensé que les photos de Marilyn existaient en nombre fini et recensé).
- Starwars
- Des livres et des citations

Et sur flickr :
- une collection de pin-ups
- des écureuils jouant dans Starwars

Petit manuel de sexologie

— Tenir cent pages sur la sodomie… C'est beaucoup.

Bibliophore

Nous riions un jour entre blogueurs de notre propension à ne jamais partir en vacances deux jours sans emmener trois livres (le livre en cours, un plus léger et maniable si les circonstances faisaient que le livre en cours ne pouvait être lu, un troisième au cas où les deux autres soient lus trop vite, (et autres variations)), trois livres qui devenaient une petite bibliothèque si l'absence devait atteindre la semaine ou les quinze jours (peur de manquer, désir de profiter, espoir, faim, soif, sensation de la présence, besoin d'être rassuré, peur de la solitude, que sais-je).

Peu à peu je m'aperçois que je suis en train de reproduire le phénomène au quotidien. Je promène des livres toute la journée, tous les jours. Le gros et difficile que je lis comme la mer monte, avançant de dix pages, reprenant six pages plus haut, avançant de dix pages, au rythme des interruptions dues aux transports1, le petit commencé dimanche, trouvé par hasard dans une bibliothèque et que «je devrais vite terminer puisqu'il est écrit gros», le Susan Sontag parce qu'il faut que je fasse des photocopies, La Chambre claire pour retrouver les citations de Compagnon…

Je n'en sens pas le poids.



Note
1 : Et je songe le cœur serré à l'injonction de Rosenzweig, «il faut lire vite», puisque les livres se comprennent à partir de la fin.

Si vous habitez Blois, si vous traversez Blois

A Blois Vienne (quartier de Blois au sud de la Loire) se trouve désormais une librairie d'occasion qui fait café (avec des cakes faits maison) ou un café qui fait librairie.
On peut s'y installer et lire toute l'après-midi.
On y trouve un bon nombre de numéros de la revue Europe (un mètre cinquante de rayonnage, à vue de nez) et la défunte collection Orphée des éditions La Différence (ainsi que La Folie Almeyer de 1928, trois Tony Duvert, etc).
Les tables sont en formica et le sol carrelé de petits carreaux sous un éclairage cru.
Le tenancier a de la barbe.

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Liber.thés, 21 avenue du Président Wilson.

Je dois vieillir

Depuis la rentrée j'ai passé tous mes week-ends à faire la cuisine. Celui-là, pour changer, je l'ai passé à faire le ménage.

Violente allergie cutanée ce soir, peut-être due aux produits ménagers. Mes poumons sifflent comme ceux de la tante Denise, qui garde des séquelles d'une tuberculose mal soignée. J'aime bien, le bruit me tient compagnie. De temps en temps j'aspire à fond pour écouter les variations dans les sifflements de mes bronches puis j'expire en étant attentive à mon souffle épuisé. Mes yeux brûlent. Ce n'était pas une bonne idée d'oublier justement ce soir mes lunettes en allant attendre C. à la gare de Lyon. J'ai commencé la biographie d'Henry James par Edel. J'apprends que James père a terminé sa vie "converti" à Swedenborg (si je puis dire).
Swedenborg me poursuit depuis si longtemps que je finirai bien par le lire.

Ne pas parler de livre sur ce blog est une contrainte impossible à respecter. Les livres me paraissent décidément les seuls événements dignes d'intérêt.

Hier: deux approches de la lecture

Midi

Le livre est sur la table.
— Qu'est-ce que c'est?... Ah, c'est en anglais...
— Oh, c'est un policier. C'est le seul auteur de policiers que je lis encore, j'achète toujours ses nouveautés.
— Ah, tant mieux si c'est un policier.
— Pourquoi?
— Eh bien, parce que c'est gros: un policier, on s'ennuie moins.
— Vous savez, il y a longtemps que je ne lis plus de livres ennuyeux. C'est fini ce temps-là, je n'ai plus le temps. Quand un livre m'ennuie, j'en prends un autre.


Soir

— Tu veux un livre?
Je me penche pour voir les titres que j'ai à portée de main... Un petit et un plus gros Melville, Cocorico et Le grand escroc, Stevenson...
— Tu veux un petit livre? (Je pense à Bartleby, mais il est au rez-de-chaussée). Et puis non, toi tu préfère les gros livres, les trucs bien massifs, je crois.
— Oui, les petits livres, c'est souvent plus difficile, il faut plus réfléchir.

Week-end

H. commence la lecture de Pale Fire. Je tourne autour du canapé, impatiente et nerveuse à la façon dont les vieux films nous montrent les pères en devenir dans les couloirs des maternités.

Le genre de week-end dont je me suis fait une spécialité: prévoir tant de choses à organiser que pour échapper à la pression je glandouille — quatre ou cinq ou six épisodes de Six Feet under. Cette folle de Lisa me fait penser à une blogueuse — dont je taierai le nom.

Vendredi soir, réunion de parents d'élèves de première. J'apprends que les élèves doivent présenter au bac une liste de lectures personnelles en plus des œuvres étudiées en cours. Je concocte depuis deux jours la liste de mes rêves, que faire avaler à mon fils, Wilde, Corbière, Laforgue, Stendhal malgré tout, Vassili Grossman, je tenterai bien les pastiches ou les articles de Proust, et les cours de Nabokov sur la littérature... Et du théâtre grec, les tragédies, qui me paraissent suffisantes à expliquer l'ensemble des situations humaines.

Nous avons de nouveau des radiateurs, les tuyaux de raccordement sont d'un rose noirci que je trouve plutôt joli, les radiateurs sont trop blancs contre les murs sales. Nous n'aurons plus à amasser des couvertures la nuit et à nous réfugier devant la cheminée le jour.

Je continue dans la veine rien.

- Lundi : retour au bureau. Les vacances commencent samedi, il y a quelque chose que je dois faire avant de partir que je n'ai pas envie de faire, tout en n'ayant qu'une idée vague du temps réel que cela va me prendre (un jour? deux?) Je devrais faire attention.

- A midi, repérage de librairie. Ivan m'avait dit que la librairie la plus proche était la (le?) Livre sterling, 49 bis avenue Franklin Roosevelt. Beaucoup de poches, beaucoup de policiers, beaucoup de livres d'art. Au mur, des photos d'écrivains en noir et blanc, encadrées. Celle de Perec est un puzzle carré.Un gros investissement en "communication" (des étiquettes sur les livres avec l'avis du libraire). Un gros coup de cœur pour le livre d'un certain Sandro Veronesi, Chaos calme.
Pas tout à fait mon genre, mais peut-être du potentiel. On dirait une librairie qui s'est adaptée au quartier pour survivre, mais sans abandonner tout à fait son idéal. On verra. De toute façon, j'ai épuisé mon crédit pour quelques temps. (Problème: comment ramener soixante livres (mais souvent des petits, des plaquettes, des format poches) à la maison et les ranger de façon "discrète"? J'ai commencé à vider une étagère entière en jetant des cassettes vidéo possédées depuis trois ou quatre ans, jamais regardées. Heureusement que les hommes ne voient rien, ne remarquent rien. Cette faculté n'en finit pas de m'étonner, que voient leurs yeux?)
Le libraire, un ancien libraire, deux hommes, discutent:
— ...plus grande librairie de Paris... Gibert...
— Tout ça, c'est qu'une question de bol...
— Plus je vieillis, plus je me rends compte d'une chose: quand on a une opportunité, il ne faut pas hésiter trop longtemps, il faut la saisir... C'est comme les femmes: quand une te dit oui, il ne faut pas réfléchir, faut y aller...
Petit silence, ils se regardent.
— J'allais dire quelque chose, mais il y a madame...
— Mais non, tu vois bien qu'elle n'écoute pas, ça ne l'intéresse pas...
...
— Et après on se dit, mais pourquoi j'ai fait cette connerie?
— Oui, mais qu'est-ce que c'était bon...
Rires. Ils sont heureux. Et je suis d'accord avec eux: il ne faut pas hésiter.

- Encore des problèmes de RER pour rentrer. Il n'y a pas eu un soir sans problème de RER depuis le 18 juillet.

- Salle de sport. J'aime transpirer, mais ce soir, on dirait que c'est ma cervelle qui s'est liquéfiée. Je n'arrive plus à penser.

Une librairie ferme

Information pour les parisiens:

La librairie de la Madeleine, 20 rue d'Anjou, ferme définitivement le 31 juillet. C'est une librairie minuscule, en devanture des éditions Diane de Selliers (je ne connais pas les liens financiers entre les deux).
Elle ne brade pas les livres à un prix particulier, les livres non vendus étant neufs seront retournés aux éditeurs. Cependant, il vous intéressera peut-être d'y passer, car elle propose un choix de plaquettes de poésie, un bon nombre des volumes des éditions Sillages, Corti ou Fata Morgana, des livres d'art et de photographies.

Je vais faire des économies l'année prochaine, mais sans doute quelques dépenses avant le 31 juillet.

Dimanche

Plus personne n'écrit, solitude. Je ne sais même plus ce que j'ai fait hier. Je me souviens avoir fumé en lisant une très mince plaquette de Bonnefoy sur Celan.
Ce matin, déchiré une toile d'araignée en allant chercher la bêche, dérangé une autre araignée, bien différente, pendue à la bêche, une boule blanche d'œufs sous le ventre, utilisé la bêche pour déplacer une charogne d'oiseau grouillante avant l'arrivée d'amis. (Se souvenir de jeter les carcasses d'oiseau sans attendre).
Joué au whist, selon des règles qui me paraissent très fantaisistes. Beaucoup ri.
Mal à la tête.
Un peu déprimée par moi-même: voilà plus de dix jours que je me promets de terminer un travail. Je ne l'ai toujours pas commencé. Je ne sais pas comment commencer. Je sais que je ne le saurai qu'en commençant.
Procrastination.
Je vais finir par me mettre dans une situation impossible.
Feuilleté Whitman ce matin. (Je suis seule dans la cuisine, je prends un livre, le feuillette, le repose. De livre en livre au fur à mesure du désœuvrement. Des dizaines de livres feuilletés de jour en jour, de désirs éclos inassouvis. Je repose les livres sur les étagères, ils se fondent dans la masse. Il me reste des lambeaux de phrases.)

Je souffre de ne plus lire "en tranches épaisses". Je sais que c'est la seule façon d'entrer dans le rythme des phrases. Toutes les lectures en tranches minces ne s'attachent qu'au sens, et encore, au sens lié à des raisonnements courts. Il faut que je réussisse à lire en tranche épaisse, sans m'endormir.

Allons dormir, justement.

Malaise

Je crois que j'ai perdu un livre. Je ne le retrouve plus, le plus probable est que je l'ai laissé au kiosque à journaux en achetant le journal ce soir. Ou alors, plus grave, je l'aurais laissé sur un mur où je l'aurais posé pendant que je lisais le journal en terminant une cigarette. Ou je l'ai laissé sur le siège dans le train. Je n'arrive pas à me souvenir: en face de moi un jeune homme qui regardait un film, à côté de moi un homme qui ressemblait à un pasteur… ai-je dormi? Je ne sais plus, je n'arrive pas à me souvenir.

On verra demain.

Mais je me sens mal. C'est un livre de bibliothèque. Je n'ai perdu qu'un livre dans ma vie, c'était Récits de la Kolyma, tome 1, je crois, en livre de poche. C'était déjà un livre de bibliothèque, et à l'époque (1995, je pense), irremplaçable, car il était épuisé.

J'espère que je vais retrouver ce livre. Lui aussi est épuisé. Ou alors j'espère que celui qui le retrouvera le rendra à la bibliothèque (cela m'est arrivé une fois, avec Le comte de Monte-Cristo: je m'apprêtais à expliquer que je l'avais perdu et à offrir de le rembourser, on me répondit qu'il était de retour en rayon. Soulagement.)

Je pose mes livres n'importe où, j'erre dans la maison en psalmodiant «J'ai perdu mon livre», on me répond «Prends-en un autre» — ce que je fais, le plus souvent, tranquille, car je sais qu'il est quelque part dans la maison.

Mais pas ce soir. Pour une fois la maison est rangée, le livre n'y est pas.
Je ne supporte pas de ne pas savoir où j'ai mis ce livre.

Page après page

J'avais trouvé la page 69, j'ai maintenant la page 48.

complément : et 99.

semaine 10

samedi 1 mars
Je passe un quart d'heure au rayon des savons à chercher un produit pour la douche qui fasse aussi shampooing, en vain, jusqu'à ce que je me souvienne que ces produits ont pour nom "marine" ou "fraîcheur eucalyptus". Je me dirige vers le rayon des déodorants masculins: bingo. Une femme est visiblement censée se déplacer avec deux produits. Je suis agacée.

dimanche 2 mars
M. le Maudit à 11 heures à L'Arlequin. Je reste stupéfaite de l'exacte coïncidence avec la (non-?)réflexion actuelle sur la responsabilité juridique des assassins obéissant à une pulsion meurtrière.
Après le film est prévu une séance de questions. Le premier intervenant me fait rire, qui veut absolument interpréter la foule des hors-la-loi comme la population allemande des années trente aux sympathies nazies. Il me semble plutôt que c'est nous, la foule informe de toutes les époques, que représente cette assemblée de repris de justice. Une phrase du film sur la loi et l'Etat destinés à protéger l'individu de l'arbitraire me fait frissonner: dans l'Allemagne des années trente, ce ne sera plus vrai longtemps.
Après-midi, piscine.

lundi 3 mars
No country for old men.
Il faudrait tout de même que les cinéastes français apprennent à faire une bande-annonce. Elles sont beaucoup trop longues. Je n'irai pas voir L'heure d'été, les acteurs sonnent faux dès la bande-annonce, ni Modern love, ni MR73, car j'ai bien peur d'avoir vu le meilleur, images et sons, dans les quelques minutes de la BA. Ninja panda ou Panda ninja a l'air déjanté.

mardi 4 mars
C. me réveille à 4 heures du matin. Il a une otite.
Un entretien d'embauche près de la grande bibliothèque à 11 heures. Il fait froid, il y a du vent. Le quartier est agréable. Je remonte ensuite jusque dans le XVIIIe arrondissement pour rendre le Pléiade Contre Sainte-Beuve que j'avais emprunté. (Comme une idiote, je n'ai réalisé que trop tard qu'il contenait aussi les pastiches). C'est une mauvaise idée d'emprunter des livres aussi loin de mes traces habituelles, cela fait perdre trop de temps. Guinness et beignets de brie. Compagnon s'est coupé les cheveux; son cours tient mieux la route. L'intervenante est une petite femme en pull gris portant un énorme cartable rouge qu'on s'étonne qu'elle réussisse à porter.
H. rentre ce soir.

mercredi 5 mars
Un entretien à 11 heures, cette fois-ci à Vincennes. Il fait magnifiquement beau. Paul, près de la Madeleine, puis Cyril (ami de Guillaume, pour lui remettre Journal de Travers de sa part), trois minutes, à Vincennes.

jeudi 6 mars
4 minutes. A la vue de la bande-annonce, j'avais peur d'un film larmoyant, en fait, c'est très bien. Quelques maladresses ou invraisemblances sont compensées par les actrices, et la bande-son est, bien entendu, irrésistible.

vendredi 7 mars
C. m'installe ''Eyes in the sky'' comme sonnerie de portable.
Hervé cherche des idées d'applications à développer pour l'iphone. Je m'écroule en larmes. Je réalise que j'ai détesté l'époque Newton. Je ne veux pas que ça recommence. Je suis impressionnée par la violence de ma détestation, de mon refus de revivre cette période.

samedi 8 mars
Je trie des papiers en regardant successivement Get shorty, La Mort dans la peau et La Mémoire dans la peau. (Ça fait beaucoup de papiers, et de livres (liste des livres en cours retrouvés et mis en pile (le suivant étant généralement commencé parce que je ne sais plus où j'ai posé le précédent): Conférences de Borges (par besoin d'une citation), Les Essais de Montaigne (à cause de Compagnon), Don Juan et son double (commencé cet été, je ne sais plus pour quel livre urgent je l'ai abandonné), Théâtre ce soir, Viles Bodies (enfin retrouvé, je l'avais perdu depuis une semaine), Notes achriennes (presque fini, et comme il ne me restait que vingt pages, j'en ai emporté un autre pour les trajets en RER et je ne l'ai jamais terminé), Mrs Dalloways (emporté à la place de Viles bodies parce que je ne voulais pas paraître snob en lisant en anglais dans je ne sais plus quelle circonstance) et The Looming tower (interrompu pour reprendre des forces: il me déprime car je connais la fin) et de cartes postales. Lorsque j'aurai fini (cette nuit?), j'aurai terminé une tâche en cours depuis 1994 (date de l'avant-dernier déménagement)).
Demain, je suis coincée de 8 heures à 23 heures dans un bureau de vote. Quand vais-je transcrire Proust?

A propos du roman policier

Sur le roman policier, René Girard, et quelques autres pistes.

Ici, sous l'onglet "enquête" (je n'ai pas réussi à obtenir le lien direct), les Lyonnais sont invités à une enquête policière grandeur nature le 29 mars (m'énerve ce site qui ne permet même pas le copier/coller. Faut vraiment être stupide, comment veulent-ils qu'on leur fasse de la pub!)

mise à jour de 17h04 : si les livres de 800 pages vous font peur, il est possible de les obtenir en petits morceaux. (Je me moque, mais c'est à peu près comme ça que j'ai lu La Bible à 18 ans.)
(J'aime ce genre de billet, j'ai l'impression de revenir aux fondamentaux du web-log. Et puis, ce n'est pas fatigant.) (Ah, et puis j'ai trouvé quel film regarder à moitié en faisant du classement/rangement: Get shorty.)

Désolation

Un blog me fait découvrir un dépotoir de livres.

Je songe à la fin de Bartleby:
Dead letters! does it not sound like dead men? Conceive a man by nature and misfortune prone to a pallid hopelessness, can any business seem more fitted to heighten it than that of continually handling these dead letters and assorting them for the flames? For by the cart-load they are annually burned. Sometimes from out the folded paper the pale clerk takes a ring: — the finger it was meant for, perhaps, moulders in the grave; a bank-note sent in swiftest charity: — he whom it would relieve, nor eats nor hungers any more; pardon for those who died despairing; hope for those who died unhoping; good tidings for those who died stifled by unrelieved calamities. On errands of life, these letters speed to death.

Livres rares et précieux

Un récent article du Point m'apprend que les éditions Puf vont publier des fac-similés des livres et manuscrits détenus par la fondation Bodmer à Genève.

(Encore des idées de cadeaux de Noël).

Résumé

Week-end un peu difficile, à base de plombier, réunion de classe, goûter d'anniversaire, pique-nique à la kermesse, montage de cinq armoires et deux lits.
La bonne vieille règle s'applique une fois de plus: chaque fois qu'on essaie de ranger et d'ordonner un peu cette maison, elle finit dans un désordre indescriptible.

A la kermesse, trouvé Les Misfits (le livre (sous-titré Les désemparés, traduction qui me plaît)), et surtout, pour trois euros, Les Fables de La Fontaine éditées par René Radouant (1929) dans l'édition cartonnée gris pâle des classiques Hachette. Je soupçonne mon oncle d'avoir récupéré l'exemplaire que j'ai tant lu chez mes grands-parents (ce qui est sans doute normal, puisque c'était sans doute le sien).

Les gens vous trouvent bizarre, il est possible que vous soyez simplement malade

Samedi soir, désir de billet court après une journée fatigante et peu enrichissante (je crois que j'ai mangé trop de chamalows).

Guillaume me fournit donc une idée simple et facile, le test en ligne. J'ai fait celui qu'il proposait, puis le site proposant "quel livre êtes-vous", je n'ai pas pu résisté.
Au total, il me semble qu'il se dessine une certaine cohérence entre les deux tests, une cohérence un peu inquiétante.

Tout cela m'éloigne de la discrétion prônée par Tlön, mais je ne pense pas que mon blog attire beaucoup de marketteurs: que pourraient-ils me vendre? Ce que je cherche n'est pas à vendre.


Quel pays êtes-vous?

You're South Africa!
After almost endless suffering, you've finally freed yourself from the oppression that somehow held you back. Now your diamond in the rough is shining through, and the world can accept you for who you really are. You were trying to show who you were to the world, but they weren't interested in helping you become that until it was almost too late. Suddenly you're a very hopeful person, even if you still have some troubles.

Si je comprends bien, j'ai eu des problèmes, mais je vais mieux.
Je confirme, j'ai eu des problèmes, mais je vais mieux.


Quel livre êtes-vous?

You're Pale Fire!
You're really into poetry and the interpretation thereof. Along the road of life, you have had several identity crises which make it very unclear who you are, let alone how to interpret poetry. You probably came from a foreign country, but then again you seem foreign to everyone in ways unrelated to immigration. Most people think you're quite funny, but maybe you're just sick. Talking to you ends up being much like playing a round of the popular board game Clue.

Evidemment, en voyant apparaître ce titre, j'étais enchantée, mais après lecture du commentaire, je suis un peu embarrassée : ce n'est pas forcément faux, mais n'est-ce pas un peu théâtral et mélodramatique?
Je suis retournée dans le test, j'ai coché des choix différents, pour tester le test. De tous les livres proposés que j'ai réussi à faire sortir de la machine, Pale Fire est de loin mon favori (ce qui est normal, puisque Pale Fire fait partie de mes cinq ou six livres favoris).

Zvezdo en concert

Samedi soir, j'ai testé le Rainbow Symphony Orchestra.
L'auditoire était bien plus varié, en âge et en sexe, que ne me l'avait laissé entendre Zvezdo (Ah zut, j'ai oublié de lui demandé s'il y avait un rapport entre Zvezdoliki et Zvezda (qui veut dire étoile, ai-je appris grâce à Grossman)). L'orchestre est une surprise, il est en tenue multicolore, c'est très joli. Je cherche une logique, il me semble que les cuivres sont bleus, mais c'est peut-être un hasard. (C'est un hasard, me confirmera à l'entracte Zvezdo en chemise orange (modem oblige), fatigué de l'éternel tee-shirt vert pomme de son voisin tandis que nous déplorerons conjointement que la chemise ne soit pas obligatoire).

Pour le reste, je suis trop intimidée pour parler de musique. J'ai été enchantée d'avoir l'occasion d'entendre le Psalmus Hungaricus de Kodaly avec un excellent ténor (Laurent Doyen). Le programme m'a beaucoup plu, il n'y a guère que l'Adagio de Spartacus d'Aram Khatchaturian que j'ai trouvé sans intérêt (on attend que la musique se réveille, et elle ne se réveille pas. Moi qui m'attendais à quelque chose d'un peu guerrier…)

J'ai été présentée à Gast et son ami (les non-blogueurs vivent dans l'ombre de leurs blogueurs), et Zvezdo m'ayant demandé où l'on pouvait boire une Guinness, je lui ai étourdiment répondu, pensant que c'était un test, un clin d'œil. Nous nous sommes donc retrouvés au pied de Saint-Eustache dans un pub bruyant.
J'ai appris beaucoup de choses, en particulier que certains protestants français s'étaient réfugiés en Lettonie pour fuir les persécutions catholiques, que les offices protestants étaient interdits dans l'enceinte de Paris par l'Edit de Nantes (j'espère ne pas me tromper, j'étais si impressionnée de tant d'érudition sur un sujet si inattendu que je n'ai pas tout enregistré). Les trois hommes ont parlé politique (je n'ai pas suivi (Gast est "Vert")), puis nous avons changé de sujets (j'ai tout oublié à l'heure qu'il est (ah si, au moins cette question: quelle taille, quelle forme, quel fournisseur pour une bibliothèque (le meuble) idéale) (et encore une histoire de fenêtres (et une autre de plombier polonais (Zvezdo est très content du sien, avis aux gens dans le besoin))).
Nous avons également évoqué la façon dont la Russie avait choisi, parmi trois religions (la juive, la catholique, l'orthodoxe) la religion orthodoxe parce qu'elle était la plus flamboyante, et je ne sais lequel des trois a murmuré «Imaginez s'ils avaient choisi la religion juive»… J'ai eu l'impression d'un abîme, cela changeait tout, mais tandis que j'essayais de mesurer les conséquences d'une Russie juive, Gast est parti sur le sujet de l'uchronie.
Nous avons fini sur les livres de SF, enfin surtout Gast et moi, les deux autres un peu effrayés par la quantité de lectures culturellement incorrectes que nous avons ingurgitées au cours de notre vie.

Gast a fini en beauté en nous résumant les aventures de Philémon (via un passage par Valérian (je préfère Laureline mais je ne l'ai pas dit)).

Vingt-six titres pour une année

J'aime les jeux, les listes, les livres. Difficile dès lors de résister à une telle proposition (via Gilles Jobin, même si je sais qu'elle est suicidaire, car je vais bourrer (j'ai bourré) ma liste de tout ce que je ne prends jamais le temps de lire parce que c'est long ou compliqué (tout ne peut pas se lire par tranche de vingt minutes (je me rappelle à dix-sept ans avoir commencé La Critique de la Raison pure dans le RER, en me disant qu'il n'y avait pas de raison… C'était un Folio, je n'ai jamais dépassé la moitié de la deuxième page)) et que je ne tiendrai pas la distance.
D'un autre côté, je n'aime pas perdre un pari.

Le plus difficile à trouver ont été les lettres U et I (je n'en aurai plus pour 2008, à moins de retenir Uderzo malicieusement suggéré par C.), en revanche j'ai des A, B, K, M, en pagaille.
Tout provient de ma bibliothèque, sauf Don Quichotte et La Naissance de la tragédie. Ceux qui attendent depuis le plus longtemps sont sans doute les Updike et Inoué (1987?).
Le but de tout cela est de diminuer la "PAL", acronyme pour "pile à lire": cela m'amuse, donner un nom au phénomène des livres en retard, c'est l'institutionaliser.
  • Ian Rankin, Hide and Seek 13/01/2007
  • Sergueï Eisenstein, MLB, plongée dans le sein maternel 29/01/2007
  • Emmanuel Lévinas, Quatre lectures talmuldiques 06/07/2007
  • Witold Grombrowicz, Cours de philosophie en six heures et quart 08/08/2007
  • Virginia Woolf, Promenade au phare 20/08/2007
  • Qiu Xialong, Mort d'une héroïne rouge 22/08/2007
  • Yasushi Inoué, Le fusil de chasse 19/10/2007
  • * Eric Auerbach, Mimésis
  • * Yves Bonnefoy, Rome 1630
  • * Cervantès, Don Quichotte
  • * Dante, La Divine Comédie
  • * Finkielkraut-Sloterdjik, Les battements du monde
  • * Pierre Hadot, Wittgenstein et les limites du langage
  • * Henry James, Portrait of a Lady
  • * Reinhart Kosellek, Le Futur passé
  • * Stéphane Mallarmé
  • * Friedrich Nietzsche, Naissance de la tragédie
  • * Claude Orrieux, Histoire grecque
  • * Guy Petitdemange, Philosophes et philosophies du XXe siècle
  • * Pascal Quignard, La nuit et le silence
  • * Alain Steinsaltz, La Rose aux treize pétales
  • * Albert Thibaudet, La Poésie de Stéphane Mallarmé
  • * John Updike, The Centaur
  • * Vicomte de Vaulabelle, Histoire des deux Restaurations
  • * Frances A. Yates, L'Art de la mémoire
  • * Stéphane Zaganski, L'Impureté de Dieu
Mon entourage me fait remarquer fort désagréablement que c'est une façon stupide de choisir ses livres.
Dans l'absolu, c'est vrai, il serait ridicule de ne choisir un auteur qu'à cause de son initiale.
Mais si l'on considère que ces livres sont dans ma bilbliothèque depuis quelques jours ou quelques années, et donc destinés à être lus, la contrainte imposée par le "challenge 2007" n'est qu'une façon de s'obliger à faire un choix, et c'est ce qu'il me faut : il m'arrive si souvent de ne pas savoir quoi lire en regardant ma bibliothèque.
Oserai-je avouer que je me sens soulagée à l'idée de choisir parmi vingt-six (puisque l'ordre de lecture n'est pas imposé) plutôt que parmi tout ce qui traîne chez moi?


Note pour mémoire
C'est l'anniversaire de la chute du mur de Berlin. J'y pense toujours avec beaucoup d'émotion.
9/11, 11/9, deux dates qui ont changé le monde, comme le fait remarquer Thomas Friedman.

Observatrice

Lundi, la patronne du bistrot où je bois un grand café au lait :
— Tiens, vous avez changé de livre.

Copieuse

Ce matin, en commençant le numéro de L'Arc1 consacré à Herman Melville, je sélectionnais déjà mentalement les passages à recopier ici.
Puis je me dis que c'était tout de même un peu exagéré, de tant recopier, c'était un peu trop facile, de remplir un blog avec des extraits.
Puis je me rappelai que c'était pour moi l'intérêt principal d'internet : y mettre en ligne tout ce qui m'intéressait, pour l'avoir partout sous la main, et indexé, en plus (évidemment, cela n'aurait nul besoin d'être public, mais ne compliquons pas).
Puis je me dis que j'avais toujours copié, et que je ne voyais pas pourquoi, sous prétexte qu'il s'agissait d'un blog, je devrais arrêter.
Et je m'aperçus que c'était vrai : je recopie des livres depuis très longtemps.

Lorsque j'avais sept ans ou huit ans, nous passions les deux mois de grandes vacances chez nos grands-parents, paternel et maternel, alternativement. Il fallait nous occuper, et j'avais déniché la machine à écrire qui avait servi aux études de BEP sténo-dactylo de ma tante dans les années 60. C'était une Underwood monumentale, sans doute des années 30 ou 402 sur laquelle je me mis à taper. Ma tante, perfectionniste, me dégotta une méthode et je me mis à apprendre à taper à la machine (dfg jkl, et variations, des pages entières, je m'en souviens encore). J'adorais le bruit de cette machine, et son odeur. J'écrivais de petits contes et mon grand-père réussit à me vexer et à me flatter d'un même mouvement en m'accusant de les copier.
Non, pas encore.

Quand j'eus neuf ans, mon grand-père nous offrit à Noël une petite machine portable Olivetti. Je ne réussis jamais à inventer le moindre texte sur cette machine : c'était l'Underwood ou rien. Mais quelques années plus tard (onze, douze ans (je date exactement mes souvenirs car je sais où ils se sont déroulés)), j'empruntais un livre à une amie, La cachette au fond des bois, d'Olivier Séchan (je m'en souviens bien, car je me demande encore s'il s'agit du frère de Renaud). Ce livre me plaisait, il était introuvable, je n'avais qu'une solution : le recopier.
Je commençai donc à recopier ce livre de bibliothèque rose à la machine à écrire (je ne comprends pas bien pourquoi je lisais des bibliothèques roses à onze ans, mais bon. Je lis bien encore des bibliothèques vertes…). J'ai dû en taper la moité, je pense. Il m'a fallu dix ans pour éclaircir ce mystère : pourquoi les fins de lignes dans le livre étaient-elles alignées tandis que celles que je tapais à la machine, même si je ramenais le chariot au moment adéquat, ne l'étaient jamais?

Il faut croire que l'expérience ne m'avait pas convaincue car l'autre livre que j'ai recopié, je l'ai recopié à la main : La Bague d'argent, lui aussi épuisé. Celui-là avait été emprunté à une voisine de ma grand-mère paternelle. (Il y avait très peu de livres chez mes grands-parents, on empruntait pour moi aux voisines les livres de leurs garçons de vingt-cinq ans : j'ai lu un peu plus de livres de scouts des années 50 qu'il n'est habituel pour une petite fille). Je me souviens de peu de choses, une amitié, le maghreb colonial, le désert, une fin dont le coup de théâtre était prévisible dès la page 50 quand on était une habituée du Bossu et du Capitaine Fracasse… Il y avait dans les premières pages de ce livre le dilemme de la torture : résister à la torture, certes, mais avait-on le droit de ne pas parler lorsque c'était un ami qui était torturé ?
J'ai vérifié ce soir, ce livre est disponible chez quelques libraires.
Je l'ai recopié dans un carnet à petits carreaux, sans sauter de ligne (je suis en train de me dire que je devais quand même beaucoup m'ennuyer).

J'ai peu à peu abandonné ces solutions extrêmes pour me mettre à la copie extensive des extraits que j'aimais dans les livres que je lisais. J'ai des pages entières de Kundera, Hemingway, Thomas Mann ou Karen Blixen, copiées minusculement dans un carnet à tranche violette... Je m'en sers encore, je l'ouvre, j'ai l'impression de retrouver de vieux amis.

Maintenant j'ai à disposition un scanner de compétition. Ce n'est certes pas le même charme, mais ce n'est pas aussi automatisé qu'on pourrait l'imaginer. La reconnaissance de caractères nécessite une relecture et des corrections minutieuses : l'important dans la copie, c'est le temps et l'attention incorporés.
Ce qui est magique, c'est de pouvoir retrouver un mot parmi des centaines de pages. Cela n'en finit pas de me ravir.


Notes
1 : J'ai appris ce soir en passant chez mon libraire que les éditions Inculte rééditaient certains numéros de L'Arc.

2 : Je l'ai demandée à ma grand-mère pour mes trente ans. Elle est sous mon bureau. J'attends de trouver une solution pour la faire réparer.

Les routiers sont sympas

Un commentaire chez Guillaume m'apprend la mort de Max Meynier.

Lorsque j'étais en terminale, je faisais mes devoirs à la dernière minute. J'avais pris l'habitude de travailler la nuit, 22 heures-2 heures, ou même de me coucher tôt pour me relever, 1heure-5 heures, pour redormir deux heures à l'aube. J'écoutais la radio, très bas. C'était un vieux poste qui ne recevait pas la FM et que la calculatrice HP parasitait.

Je n'ai jamais écouté Macha. J'ai beaucoup écouté Max Meynier. La nuit, les routes, les messages (les naissances, les anniversaires, les galères, les pannes).

Quelques années plus tôt, m'ennuyant beaucoup, j'avais entrepris de lire tous les livres de la bibliothèque du collège, en commençant en haut à gauche (non, je ne connaissais pas Sartre!) Le classement voulait que la première étagère fut consacrée à la collection Fantasia, de grands livres beiges dont les couvertures s'ornaient de lignes dorées formant des losanges, avec une étoile aux intersections des lignes.
J'ai dû lire une centaine des livres de cette collection, dont le souvenir est à la fois vif et brouillé (c'est-à-dire que je confonds tous les titres et toutes les histoires.) L'un d'entre eux racontait l'histoire d'un garçon qui faisait une fugue et voulait devenir routier. Voyage initiatique: à la fin du livre, les divers routiers l'avaient convaincu de devenir aviateur... Je crois que cela s'appelait Et pourtant l'aube se leva. Mais cela conviendrait tellement mieux à un livre sur la deuxième guerre mondiale que je me dis que je dois me tromper. Je pense souvent à cette phrase, à ce titre: Et pourtant l'aube se leva (Et il y eut une nuit, et il y eut un matin).

Plus tard, j'ai fait beaucoup de stop. Je traversais régulièrement la France, Paris-Bordeaux (pas dans l'autre sens, dans l'autre sens j'étais pressée, en retard bien sûr, donc je prenais le train). Ce sont les professionnels de la route qui s'arrêtent pour prendre les auto-stoppeurs, les VRP et les routiers; plus rarement des étudiants.
Je confirme : les routiers sont sympas. Les VRP, c'est plus divers, ils sont plus obsédés, plus matois, plus alambiqués. Les routiers sont sympas, simples, directs, vous proposent la botte au bout de cinq minutes et n'insistent pas. Je me souviens d'un Agenais jeune, aux boucles d'angelot, qui répétait justement «On n'est pas des anges».

J'aimais beaucoup le stop. Les gens qui prennent un stoppeur ont envie de parler. J'ai appris ainsi le circuit de la fabrication des chaises entre la France et l'Italie, la technique du séchage des prunes pour en faire des pruneaux, les caractéristiques du secteur des groupes électrogènes, les amours et les peines de certains, leurs problèmes concernant les enfants, des histoires de vengeance... Je me souviens d'un routier hollandais qui faisait la navette deux fois par semaine entre Amsterdam et Barcelone. Son camion était le plus beau, le plus neuf, le mieux équipé de ceux dans lesquels je suis montée. Il parlait un étrange sabir et m'a détaillé à peu près toute la législation du transport routier en France et toutes les façons de la contourner. Il m'a raconté qu'à une époque il faisait la navette entre la Hollande et l'Arabie Saoudite: dix-sept jours de camion. Il était très gentil, très tendre, je regrette encore de ne pas avoir fait une exception à ma stricte ligne de conduite et ne pas lui avoir dit oui.

Les parkings d'autoroute le week-end, avec les grands camions au repos comme des bêtes punies, me remplissent de nostalgie.

Bonsoir, Max.
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