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La messe du pape

KTO diffuse en direct la messe que le pape célèbre à sept heures.
Les lectures et l'homélie sont traduites en direct, par dessus l'italien du pape. Le reste de la célébration n'est pas traduite, comme du temps où les gens assistaient à la messe en latin.
C'est calme, serein, tranquille. En suivant les rayons du soleil on imagine Rome au dehors.

Quelques repères si par hasard certains d'entre vous tentaient l'expérience, par curiosité (les dix minutes du début, lectures + homélie, peuvent intéresser n'importe qui).

La Bible se compose de l'Ancien Testament (avant JC) et du Nouveau Testament (à partir de l'Annonciation (conception de Jésus) ou de la conception de Jean-Baptiste).
Le Nouveau Testament se compose de quatre Evangiles qui racontent la vie et la mort de Jésus (quatre fois chacun à leur manière), des actes des apôtres (décisions et organisation après la mort du Christ, voyages de Paul), d'épîtres (des lettres aux communautés de nouveaux convertis) et de l'Apocalypse (un rêve).

Le principe d'une messe est de nourir le corps et l'esprit: des lectures commentées et un repas, la communion.
Le dimanche il y a deux lectures, une prise dans l'Ancien Testament et une dans le Nouveau hors des Evangiles, soit les Actes des Apôtres, les épîtres ou l'Apocalypse.
En semaine, il n'y a qu'une seule lecture. C'est plus court.
Ces lectures sont lues par une personne de l'assemblée.

Ensuite le prêtre lit un passage des Evangiles.
Puis vient l'homélie : un commentaire que le prêtre conduit comme il le souhaite. Il peut commenter les trois textes, les relations entre les trois, un seul, ou prendre des chemins de traverse.

Ce matin, c'était la lapidation d'Etienne, premier martyr. Le pape François a construit son homélie autour de la médisance et des fausses accusations.

Dimanche

Chaque fois que je vais à la messe à Yerres le dimanche matin (pas souvent puisque je vais à l'aviron (mais j'ai décidé d'y aller le samedi afin de passer le dimanche en famille)) il y a un baptême. Lecture d'un message de l'évêque d'Evry au début, puis plus aucune allusion aux événements de la semaine1. Parfait.

Je pars demain, rien n'est prêt, sauf le triangle dans la voiture. J'ai acheté des chewing-gums.

Irréprochable. Un peu trop de gros plans, la folie et le doute (le doute sur la folie: responsable ou irresponsable, consciente ou inconsciente?), une construction sans faille.



Note
1 : assassinat du père Hamel le 26 juillet.

Journée catholique

A midi je retourne pour la première fois depuis longtemps à la messe à la Défense (erreur de débutant: comme l’année d’ecclésiologie m’a fait prendre conscience de l’importance de la notion de «paroisse» ou «communauté» («faire Eglise»), je m’étais dit que j’irais à la messe dans ma ville, le samedi soir ou le dimanche soir. Après quelques mois, l’expérience prouve que je ne fais pas, par flemme ou pour ne pas déranger le rythme familial. Erreur de débutant: arrêter quelque chose « qui marche » pour mettre en place quelque chose, certes mieux en théorie, mais qui « ne marche pas ».)
Nous sommes en période de carême et j’ai la surprise de voir des adultes faire leur première étape de baptême (***) afin d’être baptisés le jour de Pâques.
C’est vraiment quelque chose qui m’étonnera toujours: des adultes qui se convertissent, qui viennent à la fois. Cela me paraît inconcevable dans notre monde actuel, tellement méprisant pour la foi (à moins d’être tombé dedans quand on était petit…)


Le soir, étrange écho, Hervé me propose d’aller au cinéma et je propose Spotlight: cela fait six semaines qu’il passe, j’avais peur d’un film bêtement (brutalement, systématiquement) anti-catholique comme le sont certains de mes amis FB, mais je n’ai rien lu nulle part sur ce fim (ni blog, ni twitter, etc), et quand un film tient six semaines, c’est qu’il est bon, ou tout au moins qu’il a quelque chose à dire.

En fait c’est un très bon film par sa retenue même. Il s’attache avant tout au travail des journalistes, c’est lent, sans éclat, comme le sont certains films sur le travail policier.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est la prédiction d’un psychologue: «Il devrait y avoir 6% de pédophiles parmi les prêtres, c’est la moyenne statistique», et son explication: «le vœu de chasteté n’est pas respecté dans la moitié des cas; cela crée dans l’Eglise une habitude du silence et du mensonge qui mène à couvrir des conduites plus graves.»
Il n’y a aucune raison que ces 6% ne soient pas universels, ils doivent être valables en Europe, en France. Si c’est le vœu de chasteté qui mène à cela, il faut accepter le mariage des prêtres (ce qui posera le problème du divorce, il faut l’admettre, l’Eglise le sait. Ce n’est pas pour rien que l’Eglise orthodoxe est plus souple avec le divorce.
En un mot, de nombreuses remises en cause. Mais c’est inévitable.

Samedi

Après-midi sur un extrait de Lumen Gentium en latin — c'est un peu de ma faute, ayant argumenté auprès de la prof que nous avions davantage besoin de comprendre les milliers de pages (les actes? S'agit-il des actes?) de Vatican II non traduites à ce jour que la Vulgate.
(Lumen Gentium est traduit, mais il faut bien commencer par quelque chose.)

Le soir messe (depuis les remarques de sejan et Guillaume, j'hésite de nouveau à écrire cela ici, craignant de ressembler par analogie aux femmes qui ne savent plus parler que de couches et allaitement après la naissance de leur enfant, mais tant pis, forçons-nous) un peu étrange, qui correspond bien à ce que je suis en train de lire en ce moment: j'arrive en retard (enfin, juste à l'heure) pour entendre une paroissienne déclarer: «nous avons un problème, il n'y a ni prêtre, ni animateur. Que faisons-nous?» Les personnes présentes (qui avaient l'air de bien se connaître) ont décidé de commencer. Les lectures, le credo, l'évangile, la distribution de la communion (le pain était consacré), tout a été fait "entre nous".
J'ai calculé que les personnes présentes devaient avoir trente ans au moment de Vatican II. Elles ont fait face, et finalement nous avons eu une célébration à la manière des premiers Chrétiens dans une petite ville déserte d'Assyrie. Chaleureux.
Tout le monde s'est quitté en espérant qu'il n'était rien arrivé au prêtre (mais il est un peu tête en l'air, si j'ai bien compris.)

En rentrant, j'entends sur France Inter les derniers paragraphes mélancoliques des Trois Mousquetaires.

Peu de choses

Depuis que le RER a changé ses horaires (interversion des trains traversant Paris avec ceux s'arrêtant à gare de Lyon), j'arrive plus tard à la Défense et je ne peux plus aller à la messe du lundi ou du vendredi. Je tente donc celle du jeudi midi.
Je n'avais jamais vu cette église (petite, presque une chapelle, la place a été surtout accordée aux lieux de rencontre plus qu'à l'église proprement dite) aussi remplie. Est-ce le midi, le Carême, la conférence qui doit avoir lieu ensuite, qui la remplit ainsi?
A La Défense, l'assistance est composée majoritairement d'hommes entre trente et soixante ans. Ça change.

Merveilleuse médiathèque de CE. J'y trouve Le Bal d'Ettore Scola. J'aime beaucoup Ettore Scola. Je voudrais revoir La Famille, aperçu un jour dans un gîte près de Narbonne (juin 2000, j'ai un repère), qui est dans ma mémoire peut-être déformante ce qui approche le plus l'étonnement de vivre dans un monde qui change tandis que nous ne changeons pas et nous nous souvenons de ce monde (de ces états successifs du monde) que nous pensions immuable. Les gens autour de nous considèrent que nous vieillissons, mais la réalité pour nous c'est que c'est eux et les lieux et les techniques qui changent.

Allemand. Compte non tenu de la langue, le sens du texte m'échappe de plus en plus. Mais qu'est-ce que Thiessen a bien pu vouloir dire? A mêler forme poétique à fond philosophique, on jette le trouble sur toute interprétation: cette formule-ci, faut-il la considérer sur le fond ou supposer que l'auteur a voulu conserver une analogie de forme pour l'euphonie? (Thiessen utilise beaucoup les refrains.)

Sombre histoire de chaussures de sport (la paire de Neuilly à la poubelle, la paire de Melun disparue, la paire "vie quotidienne" (la seule mettable, les autres étant destroy) restée au bureau (pour remplacer provisoirement la paire de Neuilly, si vous suivez)) qui fait qu'au final j'arrive en salle de sport sans chaussure dans mon sac et rentre à la maison (tant mieux).

Modernité

Bénédiction du pain. L'élévation (ce mot mystérieux prononcé par la tante Léonie: «Mme xx a dû arriver très en retard à la messe. Est-ce qu'elle est arrivée après l'élévation?»). J'ai les yeux fermés, je tente de me concentrer, je veux dire de ne pas laisser vagabonder mon esprit comme il le fait dès que j'arrête de le surveiller.
Un téléphone sonne. Le prêtre interrompt le rite. Les sonneries continuent. Je suppose que le prêtre attend que le fauteur de trouble éteigne son appareil pour reprendre la bénédiction du vin. Ça dure. J'ouvre les yeux.
C'était le téléphone du prêtre.




A la fin, après l'envoi, il présentera ses excuses.

Des nouvelles de Notre-Dame

Les cloches ont disparu de la nef ce matin. Dommage, j'aimais leur présence chaleureuse, leur lumière douce.

Nous sommes désormais une soixantaine à suivre la messe de huit heures. Est-ce le départ de Benoît XVI, le Carême? Il y a trois fois plus de monde qu'en octobre, les habitués et les autres (j'ai une question du type "lumière dans le frigo": les habitués sont-ils là les autres jours aussi ou seulement le vendredi?)

Une grande bannière représentant Benoît XVI et proclamant "Deo Gracias" a remplacé celle qui annonçait l'entrée en carême au niveau de la Vierge du pilier.

J'ai ébouillanté mon livre avec l'eau du thé. J'ai honte, il était neuf quand je l'avais emprunté à la bibliothèque.

Ce soir, c'est les vacances. Pas pour moi, pour les enfants, mais je les vois arriver avec soulagement (les vacances, pas les enfants), la contrainte des horaires imposés disparaît.

Enthousiasme

Messe de 8 heures à Notre-Dame (j'ai beaucoup de temps le vendredi en attendant mon cours d'allemand. J'aime Notre-Dame et son éclairage intime, sa chaleur. Etre ici tôt le matin pour une célébration donne l'impression d'être au cœur du monde, non seulement dans l'espace, mais dans le temps).

Nous sommes plus nombreux aujourd'hui, plutôt quarante que vingt, dans le chœur fermé derrière l'autel (nous occupons les stalles sculptées).

Au moment de la lecture, flottement imperceptible, personne ne semble prévu, alors l'homme qui le visage fermé nous donne accès au chœur en s'assurant d'un regard que nos intentions sont pieuses monte la marche devant le pupitre et se met à lire.
Cantique des Cantiques. Il lit avec enthousiasme, il proclame.
Fin du passage. Il enchaîne avec le Livre de Sophonie. Je suis un peu surprise, non seulement nous n'avons souvent droit qu'à une lecture, mais s'il y en a deux, la deuxième devrait être une lecture du Nouveau Testament. Sa voix monte sous la voûte, emplit l'atmosphère.
Je regarde les prêtres. Le plus âgé ne bronche pas, le "nouveau" (je ne l'ai jamais vu) non plus. Le troisième se penche très discrètement sur le côté et demande à un fidèle son missel. Je le vois vérifier les lectures du jour. J'ai envie de rire. Il rend le missel.

L'autre a fini le livre de Sophonie. Il enchaîne avec la lecture du psaume, nous invite à dire le refrain. Je retiens mon souffle, et s'il continuait, s'il lisait la suite du gros livre devant lui, avec la même joie, le même enthousiasme? Il y a comme un vent de folie sous la nef, quelque chose est hors de contrôle.

Le prêtre âgé se lève, s'avance vers le pupitre à pas lents et dignes, il va lire l'Evangile. A regret, l'autre lui cède la place.

Tant pis.

Pâques

Le réveil sonne à 6h45. J'ai prévu large, afin d'assister à la messe de Pâques à Saint-Marc à huit heures. J'avais repéré la veille l'entrée sur la place dei Leoni; je pensais que cela donnait accès à une salle secondaire.
Non, c'est à la nef que l'on accède. Je suis en avance de quelques minutes, je regarde un prêtre déplacer son escabeau pour allumer une à une les vraies bougies sous la coupole. Au fond, la pala d'oro brille tant qu'elle est indistingable.
Ne pas trop regarder, rester discrète.
Je ne me souvenais pas de tant de splendeur.
Sur chaque siège, un livret en cinq ou six langues donne la liturgie du jour, les lectures bien sûr, mais l'ensemble du rite. J'hésite à en emporter un, mais qu'en ferais-je?


Agenda:
Arsenal, île San Pietro, le pont de bois est en réfection (sera-t-il remplacé?) l'église est fermée; ici il règne un parfum de bout du monde, de prairie et d'air salé.
Musée de l'arsenal fermé.
Froid à saint François des Vignes, déçue par l'église, j'en gardait un souvenir bien plus lumineux.
Il fait un temps magnifique. Coups de soleil. Les lions de l'arsenal, le linge sur les cordes, etc.

Buona Pasqua a tutti

Samedi soir, j'ai assisté à la veillée pascale à l'église des Carmes. Un cardinal officiait. Je suis arrivée un peu tard, trop tard pour le feu et la distribution des cierges, fins, très fins, beaucoup plus fins qu'en France.

J'aime assister à la messe en langue étrangère. Le rite prend toute sa puissance, les rythmes permettent de reconnaître le sens, l'extérieur apporte la forme, le fond est intérieur.
Je ne connais pas bien les rites de la veillée pascale, ce n'était pas une tradition familiale, on allait plutôt à la messe le dimanche matin. Je n'ai assisté qu'à deux veillées dans ma vie, et il m'a semblé que celle-ci, la troisième, se passait de façon légèrement différente, le nombre de lectures m'a surprise.
L'assemblée se lève, le texte est lu, je me concentre le temps de reconnaître le texte grâce à quelques mots, puis je m'endors, épuisée. L'assemblée s'assoit, un prêtre commente le texte, je ne comprends pas, je dors profondément, l'assemblée se lève et chante, bien sûr je ne comprends pas le numéro des chants, je repère de loin la forme imprimée des strophes chez mes voisins et trouve la page adéquate, le chant est presque fini, c'est joli, plus joli qu'en France, plus doux et plus mélodieux (je déteste en France ces chants dont il faut bien reconnaître que La Vie est un long fleuve tranquille donne une image assez exacte), je chante, le texte suivant commence, je me rendors.
Combien de fois? Dix fois, quinze fois? Je ne sais pas, je ne pensais pas que ce serait aussi long, je ne savais pas que j'étais si fatiguée, une fois mon genou fléchit tandis que je suis debout, mon sommeil était devenu trop profond.

Qu'est-ce que je fais là? Ce matin j'étais à Paris, à midi dans l'avion, à six heures sur les Zattere à manger une glace… Qu'est-ce que je fais là? Je pense à Matoo, à Guillaume, à Veuve Tarquine, à leur fureur anti-Dieu, à la tristesse que cela provoque en moi parce qu'il n'y a rien à dire, d'une certaine façon ils ont raison mais moi aussi, mais il y a déjà un moment que j'ai décidé de ne plus réfléchir, de ne plus rationaliser tout cela.
S'il n'y a rien nous ne le saurons pas (et c'est une bonne farce, réellement l'idée me fait rire); mais s'il y a quelque chose (ou "quelqu'un") cela ne fera pas grande différence d'avoir été croyant ou pas. L'important sera la vie menée. Et les critères de jugement ne seront pas humains, ce qui est profondément rassurant (et me fait regarder avec condescendance ces croyants si sûrs de savoir où est le Bien et le Mal: relisez les Evangiles, vous verrez, c'est surprenant, personne n'est jamais jugé comme il l'attend).

Enfin bon. Je pense à Jules, à sa veillée de Noël à Saint-Marc (mais que faisait-il là?), finalement ce ne serait pas si difficile à organiser.

Le cardinal nous libèrera d'un joyeux "Buona Pasqua a tutti", les gens se rassemblent, s'embrassent, sont heureux, c'est un village, une fête de famille.
Je m'éclipse.
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