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Il fait aussi chaud dehors que dedans (dedans de moi : je suis chambrée).

Fièvre, toux, nouvelle infection ou c'est le foyer du 28 mai non guéri. Depuis O. j'ai peur des infections sournoises (Fredi, c'était avant le covid: il y avait déjà des maladies à l'époque, qui le croirait?). J'essaie de trouver un médecin qui 1/ consulte le samedi 2/ ait de la place.
Peine perdue. Je comprends mal le principe qui consiste à prendre rendez-vous à l'avance chez le médecin: comment sait-on à l'avance qu'on va être malade?
Toujours le même conseil sur les répondeurs: «appelez le 15».
Mais je ne vais pas déranger les urgences pour de la fièvre, j'ai ma fierté.

Je joue à CandyCrush littéralement toute la journée, j'ai acheté un crédit de 24 heures. Dehors il fait 38, au rez-de-chaussée 27, au premier (où je suis) 33, au second 40 (pas de volet, pas de rideaux. Les stores que nous devons installer ne seront pas disponibles avant septembre. Nous devons faire percer une fenêtre à la place de la baie inamovible mais les matériaux manquent. Pas avant l'automne non plus).

La fièvre oscille en restant à un niveau raisonnable.

Demain je devais aller au festival de Champeaux pour écouter des passages de la Messe de Bernstein. Zut de zut, je suis très déçue. Je repense à Sophie qui lors de l'Oulipo mardi dernier me disait, en référence aux confinements successifs chaque fois que je programmais une soirée anniversaire pour nos trente ans de mariage, à la guerre en Ukraine quand j'ai programmé un voyage à St Pétersbourg: «Ne fais plus de projet! Tout à l'improviste, au dernier moment!»

J'y pense : nous avons bel et bien mis en route un projet aujourd'hui (malgré tout il faut continuer: souvent je pense à Kipling, que ce soit devant une petite déception quotidienne ou le tableau immense de la guerre).
A force de bavarder avec le fleuriste (à côté du boulanger), H. a appris qu'un de ses fils habitait en face de chez nous (une Tesla et une Ford Mustang dans la cour minuscule, c'est un dingue de bagnoles, donc avec notre petite voiture rouge, nous avons droit à un a priori favorable) et que l'autre était jardinier (ingénieur jardinier, je ne savais pas que ça existait) et travaillait pour le château de Fontainebleau.
Ce fils intervient également chez les particuliers. Il était passé voir ce que nous souhaitions, il revenait aujourd'hui nous présenter un projet.
Nous avons été médusés: il a sorti un carnet de croquis, bâtiments et fleurs et arbres placés en volume: «avant j'utilisais Sketchup, mais je n'ai pas pris le temps.»
Ah ben mince alors. C'est un jardinier très tech, qui nous propose un arrosage branché sur internet et qui arrose en fonction de la météo… («J'ai mis ça chez moi, c'est super pratique»).
Pour couronner le tout, il ressemble au roi de coeur des jeux de tarot, avec des yeux vert gris (le t-shirt assorti, ce qui prouve qu'il en est parfaitement conscient).
On lui a laissé la clé du jardin. Il viendra travailler le soir, commencer par «un coup de propre», comme il dit (débarrasser les pierres, l'auvent en bois, enlever l'une des glycines, passer le motoculteur pour évaluer la qualité de la terre).

La Princesse de Clèves

Ligne 1 vers neuf heures.

jeune fille lisant la Princesse de Clèves dans le métro


AG de la mutuelle.

Dans mes projets, j'aurais dû partir demain pour Saint-Pétersbourg, au moment du solstice.
Comme m'a dit Sophie, faisant allusion au fait qu'à chaque fois que nous avons voulu fêter nos trente ans de mariage nous avons été reconfinés, «ne fais plus de projet, tout au dernier moment».

Projet

Je suis totalement désorientée. Je ne sais absolument plus quel mois on est. J'ai l'impression d'être en plein juillet.
Je ne réalise pas totalement que j'ai fini. J'ai fini, plus de devoirs à rendre, d'horaires à respecter, de courses avec le RER, de pari sur le fait qu'il y en aura un pour rentrer, de semaines où quatre jours sur cinq je rentre à onze et demie ou minuit.
J'ai fini.
Et maintenant, que vais-je faire, de tout ce temps, que sera ma vie?

J'ai un projet : lire ma bibliothèque. Ça devrait tenir d'ici ma mort, le problème, ce sont les livres que l'on relit. J'aime relire.
Sinon bien sûr je me suis réinscrite en grec.
Et puis il y a l'aviron: passer mon permis bateau? Le permis remorque?
Il faudrait lire St Augustin. C'est la conclusion à laquelle je suis parvenue en écrivant mon mémoire. En contextualisant ses textes, en comprenant qui étaient ses interlocuteurs et avec qui il ferraillait. Parce que De bono conjugalis, c'est tout de même beaucoup plus soft que ce qu'il a écrit en combattant les Pélagiens. Et c'est peut-être le texte à retenir, car que valent les autres qui étaient des répliques de circonstance à des adversaires qui n'existent plus?

Projets de jardin

Six heures du matin. Il fait frais. Je n'ai pas écrit ici depuis deux mois, depuis la fin de mon arrêt maladie (et pas beaucoup la dernière semaine de celui-ci, si je me souviens bien). Je vais tenter de combler les vides.
Il fait frais, il fait gris comme toute aube. Je devrais sortir pour arroser. Il y a beaucoup de travail au jardin: les roses à couper, les arbustes morts à évacuer. Même les framboisiers et le romarin ont des branches sèches.

Notre if malade sera coupé à l'automne. Je ne pense pas le remplacer (à moins d’un sorbier des oiseaux?) mais plutôt tenter une pergola sur la terrasse, ce qui ne sera possible qu'après avoir repeint la façade. Glycine ou bignone? Pas de jasmin ou de chèvrefeuille hélas, trop de risque d’allergie au parfum.
Comme il faut le temps que les plantes poussent, il faudra absolument s’occuper de la façade au printemps, pour ne pas perdre un an.

Je voudrais aussi planter des plantes pour insectes et oiseaux. Je mets le lien ici, pour mémoire.
Dix plantes recommandées: tournesol (helianthus sp.), digitale (digitalis sp.), thym (thymus sp.), lavande (lavendula sp.), chèvrefeuille (lonicera sp.), sorbier des oiseleurs (sorbus aucuparia), sédum remarquable (sedum spectabile), buisson ardent (pyracantha sp.), vinette (berberis sp.), salicaire commune (lythrum salicaria).

Il faudrait aussi que j’écrive les dernières cartes «de Bretagne» (après tout, cela ne fait guère qu’une semaine que nous sommes rentrés...) Il faut, il faut, il faut. Je n’aime pas ce verbe.

Retour de Pologne

Visite chez ou à mes parents. J’avais comme résolution d’y aller tous les mois ou tous les deux mois; j’ai mis du temps à comprendre qu’avec les entraînements d’aviron ce n’était pas possible et qu’il fallait que je pose des jours pour ce faire (d’où la tentative avortée ici).
Bref, je n’y suis pas allée depuis leur voyage en Pologne au printemps.

Maman me raconte les visites à la famille, je me perds un peu mais je comprends que la cousine venue en France est fâchée avec une partie des tantes et cousines et que mes parents se sont trouvés dans la situation délicate et non préméditée de l’entraîner chez des gens auxquels elle n’avait pas parlé depuis des années; brouilles à base de «il est venu chez moi et pas chez toi; il t’a salué et pas moi», tous ces milliers de signes qui interprétés défavorablement (et parfois à juste titre — mais pas toujours) font les brouilles les plus cimentées.

Elle me montre des objets et me raconte l’origine de leur acquisition et je pense au début de Cent ans de solitude: «tu devrais écrire ces histoires et les mettre en étiquette aux objets pour que tout cela ne soit pas oublié» — mais je ne suis pas sûre qu’elle m’ait prise au sérieux alors que je l’étais.

Elle me montre une impressionnante photo d’eux deux devant un chêne: le tronc est si large qu’il déborde de chaque côté (un mètre vingt de diamètre?), on dirait un séquoia. Elle me donne une autre version de «les Polonais coupent la forêt primaire» que j’ai rencontrée sur internet: les conifères (certains conifères) sont malades, araignées rouges, les Polonais souhaitent les couper pour stopper l'infestation mais on le leur interdit, ce qui fait que la maladie gagne. Où est la vérité? Sans doute un peu des deux, je suppose.

Papa est remonté à bloc et prépare déjà un prochain voyage: Gdansk, les lacs de Maurice, la Lituanie, Saint-Pétesbourg («mais c’est loin». Oui certes, pour ma part je n’envisage pas ça en partant de la maison, mais de Varsovie en louant une voiture), il déborde d’idées. Dommage que nous n’ayons pas la même façon d’envisager la vie et qu’il nous soit donc impossible de voyager ensemble, car ce programme m’enchante.

Reprise

9h acupunctrice. Il est un peu plus difficile de dormir alors qu'on vient de se lever…

10h30 La Défense. J'ouvre le courrier, je récupère les fichiers nécessaires au dossier pour l'ACPR (pour le 30 avril), je prends quelques documents, je fais attention à n'ouvrir aucun mail qui pourrait montrer que je suis là, je ne réponds à aucun coup de fil.

14h. Déjeuner à la brasserie en face avec H. qui me sert gentiment de chauffeur.
— J'ai eu OA au téléphone. Il me dit que si la boîte est à Paris, nous obtiendrons directement cinquante mille euros de la mairie de Paris. Avec ces cinquante mille, on prend des gens pour trouver des subventions à Bruxelles. On devrait obtenir un million et un prêt de la BPI.
(Je note ici pour avoir une trace de mon ahurissement. Ce projet n'aboutira peut-être jamais, mais s'il aboutit, j'aurai des dates, des lieux, sur sa progression concrèté.)

16h30 retour chez la doctoresse. Nouvel arrêt d'une semaine (pas plus : retour au travail vendredi prochain!). IRM, kiné (pour muscler le dos (je suis un peu surprise, je ne me considérais pas dans les peu musclées, mais après tout, va savoir, Charles. C'est toujours relatif)), prise de sang, anti-inflammatoire (ibuprofène 400 trois fois par jours): mais pourquoi avoir tant focalisé sur la douleur et ne pas s'être occupé plus tôt de soigner le fond? Je m'en fiche d'avoir mal, c'est juste fatigant et difficilement "exposable" en public.

Le soir, vers minuit, miracle : plus rien. Ni dos, ni jambes. L'ennui de devoir faire tous ces examens? L'ibuprofène? L'acupuncture?

Le futur

Vincent (petit Padawan)1 passe le week-end à la maison à réfléchir avec Hervé aux contraintes et à la modélisation d'un futur programme. Comment ne pas penser à François ou Eric? J'apprends incidemment (ça m'agace, cet "incidemment": je ne sais jamais si c'est délibération ou négligence, et les deux sont agaçantes, vexantes pour ne pas dire humiliantes) que H. envisage de monter sa propre boîte montée avec les cadres de sa boîte actuelle et un investisseur encore à trouver ou choisir.
— J'aurais aimé être au courant.
— Mais je ne te l'ai pas dit? De toute façon rien n'est encore décidé.

Et de nouveaux les mêmes chemins depuis l'adolescence, comme si nous étions condamnés à réemprunter les mêmes routes jusqu'à trouver une issue.
Heureusement que je ne me suis pas laissée tenter par le CDD à mi-temps de secrétaire de rédaction dans la revue Istina en novembre (de la rédaction et de la traduction anglais et allemand en milieu œcuménique: fascinant). Je m'étais dit que cela rendrait fou H.
Je ne suis pas sûre de ne pas le regretter. Après tout lui ne se gêne pas pour mettre le ménage en péril. Vivement la prochaine offre d'emploi de ce type.


Note
1 : Vincent a la moitié de notre âge. En entendant les discussions techniques, je prends conscience à quel point l'informatique s'est transformée en vingt-cinq ans. Oui, bien sûr que je le savais, mais le point de vue d'un utilisateur n'est pas celui des développeurs. Ils ne parlent plus des mêmes choses, de la même façon. Ce qui m'étonne chez Vincent, ce sont moins ses compétences techniques (sans elles il ne serait pas dans ma cuisine en train de prendre son petit déjeuner) que sa connaissance poussée des dernières tendances du marché, les temps de réponses chez OVH, les déplacements de backbones, les derniers providers, les bascules entre intervenants, X qui devient mauvais, Y qui monte (c'est important pour un produit, cela conditionne les temps de réponse. Pour ou contre le scrollage infini sur une page, quel temps d'affichage, etc): on dirait qu'il fait une veille sur tous ces points, c'est impressionnant

Projets

Ce moment terrible où tu t'aperçois que tout ce que tu as à raconter concerne des détails de boulot… Trop fastidieux (encore un conseil d'administration étrange, genre En attendant Godot. Le problème, c'est qu'il y a des dates limites à respecter (le temps des paramétrages informatiques, mise en prod, envoi de courriers d'information) si l'on veut faire des modifications pour 2017. Sinon il faudra attendre 2018…)

Quelles nouvelles ?
- je continue Lord Jim;
- demain j'irai voir Médée mis en scène par Alexandre, le mari de Matoo;
- vendredi j'irai écouter Elisabeth au dernier colloque des Invalides;
- le 5 décembre il y aura une lecture de Sauvé d’Alfhild Agrell à la bibliothèque la Nordique (chic, une bibliothèque inconnue) 6 rue Valette.

Chaud

J'aime bien, malgré les suées dans les transports tandis que des andouilles sur les voies bloquent la circulation des trains.

Un déménagement se confirme: Nanterre Préfecture en avril ou mai prochain. Cela devient n'importe quoi.
Je devrais changer de boulot, chercher vers Melun. Mais j'aime bien celui-ci, j'aime bien m'occuper des gens même s'ils me font râler. Et je m'entends bien avec ma collègue, ce qui n'a pas de prix. Trop d'inconnues pour changer maintenant: le système d'assurance de la branche flageolant qui met en péril la survie de la mutuelle, un supérieur hiérarchique compétent qui aura soixante-cinq ans en 2017, O. qui commence ses études (et donc va les terminer), H. qui ouvre la possibilité de déménager à Tours ou à l'étranger… Je n'ai pas envie de changer maintenant pour tout quitter dans deux ou trois ans.
Ce qui m'ennuie le plus, c'est de m'éloigner de la Seine.

Skiff par 38° à l'ombre (pas d'ombre sur la Seine). Cinq kilomètres, pas plus. Vraiment trop chaud. Il faudrait y aller le soir, mais cela me fait rentrer à neuf heures.

J'ai perdu une des boucles d'oreilles achetées à Mycènes et cela me fait de la peine. En rentrant, l'émission sur le linéaire B avait évoqué Schliemann, l'un de mes héros depuis que j'ai découvert un peu par hasard sa biographie dans un livre France-Loisirs durant mes années de lycée (Des Dieux, des tombeaux, des savants. Le roman vrai de l'archéologie de CW Ceram. La libraire de Mollat qui l'avait lu (parce que vendeuse je le conseillais et vendais beaucoup et cela l'intriguait) avait fait la moue: vulgarisation de bas étage, rien d'extraordinaire, avait-elle jugé. Mais moi ça m'avait fait et me fait encore rêver).

Projets

J'ai réservé des places pour Aïda demain soir, parce que l'affiche dans le métro m'avait plu. Et emportée par l'élan, je me suis abonnée pour la saison 2016-2017: l'année prochaine, sans le grec (enfin, juste la "lecture suivie", une fois par mois), mon emploi du temps devrait être plus léger. J'ai abandonné l'espoir d'emmener H., l'expérience prouve qu'il est impossible de caler nos emplois du temps. Je n'ai pris qu'une seule place, sachant déjà qu'il m'en voudra parfois, les soirs où il sera là (à la maison) et qu'il aurait aimé venir, les soirs où il sera là et qu'il désapprouvera mon choix («Vraiment, ça te plaît?»)

D'autre part j'ai vérifié les horaires d'allemand à l'IPT: le mardi après-midi. Et j'ai alors découvert ce programme (p.19): des weeks-ends de visite de Paris, Rome, Londres, Berlin, Athènes sous un angle biblique (??) avec en accompagnatrice ma prof de grec 3. Engagez-vous rengagez-vous, qu'ils disaient. Ça me tente, j'ai retenu les dates, mêmes si là, c'est quasiment la guerre que je déclare à la maison. (On verra bien. Je préfère qu'il m'en veuille que lui en vouloir. Je préfère la culpabilité à la rancune.)

Et j'ai commandé mes billets de train pour Marseille: randonnée la Bonne Mère, aviron de mer.

Fermier au pair

A. m'a envoyé un sms pour me dire qu'elle faisait corriger son CV anglais par un professeur et qu'elle avait pris un rendez-vous pour renouveler son passeport: bref, elle a l'air très motivée par ma proposition de demander à Red Shuttleworth s'il n'aurait pas un ami possédant un ranch prêt à accueillir une Frenchie dans sa ferme pour l'été.
Cela m'enchante (comment ne pas penser à Mon amie Flicka) et m'inquiète un peu: pourvu qu'elle ne soit pas déçue, pourvu que Red ait quelque chose à nous proposer…

Alors, dans l'éventualité où ce canal ne donne pas de résultat, j'ai fait une recherche Google et j'ai trouvé ça: Helpx, des petites annonces pour aller donner des coups de main dans le monde entier contre le gîte et le couvert. Magique, je pourrais passer des heures à éplucher toutes les descriptions ("d'autres vies que la mienne"….)
Ah, comme je regrette que cela n'ait pas existé quand j'avais vingt ans. Sans doute aurais-je passé ma vie entière de lieu en lieu.

Un vaccin

Un DT-Polio attend dans le frigo depuis septembre (ce qui me vaut quelques moqueries du type "c'est comme le yaourt, ça ne se périme pas"), je prends le temps de me faire vacciner avant le stage d'aviron (je suis prudente face au risque de tétanos). La remplaçante (qui succède à une remplaçante) qui travaille le samedi est encore plus blonde et plus menue avec des yeux d'un bleu plus pâle (genre Sylphide dans Albator) et je me demande comment elle a résisté en internat qu'on dit si dur (ce qui est bien sûr une question complètement stupide: les grands costauds ne sont pas les plus solides, leur métabolisme de base est trop élevé; mais cela me fait prendre conscience de mes préjugés).

Déjeuner au restaurant avec seulement H. et A. J'évoque la possibilité de demander à Red (un contact FB dont j'admire les poèmes) s'il pourrait trouver un ami pour l'accueillir en ranch et elle a les yeux qui pétillent.

Je vais récupérer O. gare de Lyon. Excellente semaine de ski, ce qui me fait plaisir pour sa dernière colo.

Entretien professionnel

Encore une journée "à m'occuper des gens" (répondre au téléphone et aux mails), par opposition à clôturer les comptes (je m'y mets vraiment la semaine prochaine, j'espère aller vite. Le vrai sujet de cette année, c'est l'assemblée générale extraordinaire pour approuver les statuts: comment obtenir le quorum?).

Entretien professionnel en fin de journée (un entretien à quatre heures le vendredi? Sérieusement?), le genre de truc qui m'a toujours fait sourire comme un hochet détestiné à amuser le bon peuple (même si dans le principe ce n'est pas idiot: préparer par la formation l'évolution des métiers des salariés). Enfin bon, ça me permet de papoter agréablement avec quelqu'un dans le groupe depuis aussi longtemps que moi. Elle est référent handicap (je mets ces liens à l'attention des lecteurs qui n'imaginent pas la vie en grande entreprise) et j'en profite pour lui parler d'un vague projet: prendre un chien en formation dans un ou deux ans (comme il faut le rendre au bout de dix-huit mois, j'attends que les enfants aient quitté la maison pour le faire — ou pas : je ne suis pas sûre d'être capable d'un tel engagement sur la durée).

Stage

J'avais répondu trop tard pour une inscription pour un stage d'aviron dans le Jura: il vient d'y avoir un désistement et on m'a proposé la place. Yess!!! (Maintenant, il faut que je retrouve les dates. Trois jours à ramer dans le froid, il faut être fou. Je suis contente.)

Et sinon, nous allons avoir un jardinier cette année. Si nous voulons revendre cette maison à moyen terme, il faut commencer à la remettre d'aplomb. C'est dommage de faire des travaux pour partir…

Les étymologies incertaines

H — Ça sent bien la citronnelle, hein ?
Moi — Oui, comment t'as fait, t'as trouvé de la fraîche?
H — Non, j'ai utilisé de la mousseline.
Moi — Ah, t'as fait une infusion.
O — ?? Pour moi, de la mousseline, c'était de la purée…
H — Mais non, c'est un tissu très léger, comme de la gaze, comme les sachets de thé, si tu veux.
Moi — Oui, c'est l'inverse, la purée s'appelle mousseline parce qu'elle est légère comme de la mousseline. Si tu trouves "une robe en mousseline" dans un roman, qu'est-ce que tu comprends?
O — …
Moi — Mais je pensais que mousseline, c'était synonyme de gaze.
H — Non, gaze vient de Gaza : il y a toujours eu la guerre là-bas, alors le tissu utilisé sur place pour soigner les blessés a pris le nom de la ville.
Moi — Incroyable, ça c'est de la poisse! Mais tu tires ça d'où, parce que les étymologies fantaisistes, ça court les rues.
H — Alain Rey le matin à la radio. D'habitude je ne retiens pas, mais pour celle-là, j'ai fait exception.

(Bon, au moment d'écrire ici je vérifie sur CNTRL qui n'a pas l'air d'accord, mais je laisse, ne serait-ce que pour la robe en purée mousseline.)


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Agenda
Et c'est reparti, H. veut de nouveau monter une boîte. Nom déposé, logo créé, excitation…
Je ne participe pas, je ne participe plus. Si ça marche, les enfants seront riches, si ça ne marche pas, j'hébergerai la famille dans la moitié de maison qui m'appartient… (Oui, nous sommes mariés en séparation de biens, il avait déjà l'idée de monter sa boîte à l'époque.)

Projets

Hier je discute avec Daniel en avalant mes lentilles et mon verre de brouilly (blanc) entre le latin et l'exégèse. Je déclare:
— En tout cas, dans quatre ans, je prends une année sabbatique avant de faire la maîtrise… si je suis acceptée en maîtrise.
— Moi je ne m'arrête pas, sinon je ne reprendrai jamais.

Et aussitôt il me fait hésiter.
J'imaginais déjà cette année pour souffler, aller au cinéma plusieurs soirs par semaine, participer à toutes les randonnées d'aviron (aujourd'hui je ne m'en autorise qu'une par an) (et peut-être aller à des expos avec des amis s'ils ne se sont pas lassés de me le proposer d'ici là), et je me dis que si plusieurs pensent comme Daniel… s'ils continuent tous, je continuerai avec eux, je n'ai pas envie de les quitter. (Mais combien serons-nous dans quatre ans? En première année, nous avions assisté au dernier jour de cursus des huitièmes années, ils étaient douze à seize).

A midi le vent souffle, sortie interdite. Je me mets sur l'ergomètre (ce qui est bien plus épuisant qu'une sortie classique, car sans les problèmes d'équilibre, il s'agit de forces pures). Jean-Pierre vient faire de la retape :
— Tu ne voudrais pas faire la rando "Entre deux rivières"?
— Ça dépend, c'est quand?
— Du 10 au 14 juillet, le 14, c'est un lundi.
— Donc il faut poser le vendredi… OK, je viens.
— Tu ne veux pas réfléchir? Il faudra dormir sous la tente.
— Non c'est bon, je viens.

Ce qui m'inquiète, ce n'est pas l'aviron, c'est le vélo. Ici des photos de l'année dernière et un plan du parcours.

Suite

Je suis en train de maigrir au rythme où j'ai grossi, deux cents à trois cents grammes par semaine. C'est bien. Ce que je ne sais pas, c'est à quel poids de stabilisation cela va me mener. On verra bien, nous n'en sommes pas encore là.
L'intérêt principal de cette façon de manger, c'est que la quantité n'est plus un problème. Il n'y a pas de restriction sur la quantité, même si le réflexe de contrôle reste bien ancré. Il faut juste surveillé quoi, pas combien. Quoi: pas le blanc, le beige: farine, céréales, riz, pommes de terre. Mais le saucisson, oui, et même la peau du poulet dont je me suis privée toutes ses années "parce que c'est mauvais pour la santé". Et la salade de poulpe. Je remplace le pain par de la salade quand je suis à la maison (pour le fromage).
Et je n'ai pas faim. Ce que je pensais être de la faim "psychologique", que je comblais en buvant des litres de thé, était de la vrai faim. Et quand j'ai envie de manger des noix de cajous ou des pistaches, j'en mange (heureusement qu'il n'y en a pas au bureau). Et des petites sardines à l'huile. Bref, le bonheur. Et donc je mange plus tranquillement, plus lentement, avec plaisir. Combien de temps cela va-t-il durer, vais-je vraiment maigrir ainsi? C'est dur à croire. Mais il faut aussi se muscler.

J'ai abandonné les exercices Nerd fitness, trop contraignants. Je vais me contenter des pompes, que j'aime bien.

Concernant le kung-fu, la fièvre est retombée.
D'une part je me dis que cela va me prendre du temps. En réalité c'est un faux problème, parce que je ne fais rien aux heures où se déroulent les cours de kung-fu (rappelons que l'idée est un cours en cachette en 2013-2014, puis si cela me convient, deux cours l'année suivante): je ne lis pas, je ne travaille pas. Je ne lis pratiquement que dans le RER (mais j'ai gagné en vitesse de lecture cette année. L'important en fait, c'est de couper FB. Ce truc ronge la vie.)
D'autre part je me dis que cela me fera rentrer tard un soir de plus et je culpabilise vis-à-vis d'Olivier. Le plus simple serait peut-être de le mettre dans la confidence. Est-ce déloyal de rendre complice son enfant de quinze ans? Il me semble que oui.

Fin

Voici ce que j'avais écrit le 6 juin 2006[1]:

Ceci est mon dernier billet.
Cette date est choisie depuis le 6 juin 2006.
Je n'espérais pas avoir assez de souffle pour tenir jusqu'ici, mais je suis têtue (finalement).

Au revoir et merci.

Mais finalement non. Depuis septembre 2011 (la théologie), je sais que je vais essayer de tenir huit ans de plus (juin 2019).

Notes

[1] Il suffit de regarder le numéro du billet pour voir qu'il date, je crois que les actuels dépassent 2000 (mais ça ne veut rien dire, parfois je réutilise de vieux billets jamais publiés)

Que faire ?

R. plus d'une heure au téléphone. Après Lille, Cabourg, Fontainebleau, Nemours, voilà qu'il songe à s'établir à Bordeaux. Il a le même problème que moi, il ne sait pas ce qu'il veut, il cherche ce qu'il veut, ce qu'il doit, faire du reste de sa vie.
Chez moi l'incertitude conduit à une certaine immobilité, au moins mentale, une attente et un qui-vive; chez lui à une perpétuelle agitation, à une suractivité qui donne le vertige.
Cette question en cache une autre: il ne sait pas ce qu'il veut car il n'est pas sûr de ce qu'il vaut.

Femme de paille

Premier contrat décroché pour la boîte de geeks dont je suis actionnaire à 49 %.






Explication sommaire en avril 2015:
Boîte montée avec Bruno ?? (de Lyon) et qui n'aura jamais aucune concrétisation. Marque matérielle de la déprime de H. Début de la glissade aboutissant à l'huissier en avril 2010.

Regrets et projet

A midi, Paul me racontait qu'enfant, il avait gagné un baptême de l'air. Le lot était convertible en argent liquide: un baptême de l'air ou cinquante francs. Comme il n'avait pas un sou vaillant, il avait choisi l'argent et le regrettait amèrement aujourd'hui.
J'ai un souvenir du même genre. Au début des années 70, mes parents faisaient chaque année en juillet le trajet Agadir-Vierzon en voiture avec deux petites filles: pour eux trois jours et trois nuits de conduite en se relayant, pratiquant sans dormir, pour nous un ennui mortel que seules les disputes venaient égayer. C'est ainsi qu'ils décidèrent une année de me renvoyer en France seule, en voyage accompagné. J'avais six ans, l'hôtesse de l'air me proposa d'aller visiter la cabine de pilotage de la Caravelle. J'étais intimidée, j'eus peur de déranger, je refusai. Je le regrette beaucoup.

Après la guerre, Paul passa son brevet de pilote. C'était plus amusant qu'aujourd'hui dans la mesure où il n'y avait pas de contact radio avec le sol: la première fois qu'on s'élançait, on était réellement seul, d'où quelques émotions fortes au moment de l'atterrissage.
Il y a deux ou trois ans, il m'avait proposé de faire un tour en planeur avec lui. J'avais refusé par peur de faire de la peine à H., qui lui aussi aimerait faire du planeur. Aujourd'hui, j'ai changé d'avis. Le temps se fait court, si je dois faire du planeur avec Paul, c'est au plus vite, dès cette année. Lâchement, je l'ai chargé de l'intendance et des détails pratiques.
A suivre.

Précision technique

Après étude d'Agatha Christie et de Columbo, Tlön et moi-même sommes parvenus à la même conclusion : lorsque nous réaliserons nos meurtres parfaits, nous ne nous justifierons pas, nous tirerons d'abord.



Note de bas de page dix ans plus tard (septembre 2016):
C'était le début de nos rendez-vous hebdomadaires au Collège de France pour écouter Antoine Compagnon.

Un projet ou un engagement

Assumant le ridicule des références circulaires, j'avoue que je suis très touchée par les clins d'œil de Zvezdo et Gvgvsse. J'ai l'impression de tenir ma correspondance privée en public, et cela ne me déplaît pas. Je suis surprise que cela ne me déplaise pas.

Après un premier post sur Paul Rivière, je n'en ai pas réécrit. Ce n'est pas que je n'avais pas de matière, c'est que je voulais mener à bien deux ou trois projets, et j'attendais que ce fût fait pour en parler. Mais ça traîne, ça traîne tant que malgré mon côté superstitieux, je vais parler de l'un d'entre eux : il s'agit de rencontrer Roland de La Poype.

Un jour à déjeuner, il y a environ un an, je parlai de moto et le visage de Paul s'éclaira. Il me raconta ses premières escapades en motocyclette dans les années trente sur le porte-bagage d'un ami, quand ils sortaient de leur collège jésuite du Mans.
Son sourcil se fronça, d'un air mélancolique et triste il ajouta : «Il s'appelait Roland de La Poype. L'un des pères l'avait pris en grippe, c'était vraiment terrible. Roland était son bouc émissaire. Il a fini d'ailleurs par être renvoyé de l'école. Il n'était pas méchant, mais il n'était pas très appliqué, toujours tête en l'air, toujours en train d'inventer quelque chose. Il était farceur.»
Paul me regarda et continua: «Il a fait partie de l'escadrille Normandie-Niemen, tu sais. C'était quelqu'un. Staline l'a autorisé à ramener son yak en France pour service rendu à la patrie.»

A noël dernier, Paul s'est vu offrir Une éducation manquée : Souvenirs 1931-1949, dans lequel Ghislain de Diesbach évoque cette anecdote :
Beaucoup de futurs grands hommes, à commencer par Voltaire, ont été élevés chez les Jésuites et y ont fait, suivant la formule consacrée, « de solides études ». En chaque célébrité, l'ordre de saint Ignace aime à reconnaître un de ses chefs-d'œuvre, oubliant parfois l'époque où le brillant élève était indésirable. Un jour, au printemps 1945, nous en eûmes un piquant exemple.
Quelques années avant la guerre, Mme de La Poype était venue supplier le préfet de ne pas renvoyer son fils Roland qui, paraît-il, donnait alors du fil à retordre à ses maîtres. Le Préfet avait refusé en ajoutant :
— Croyez-moi, Madame, vous n'en ferez jamais rien de bon !
Après la Libération, Roland de La Poype, lieutenant dans l'escadrille Normandie-Niémen, héros fameux de la guerre aérienne et abondamment décoré par plusieurs pays, était venu revoir son ancien collège où il avait reçu un accueil triomphal. Le Père Préfet avait promené fièrement son « cher enfant » à travers les cours de récréation, au milieu d'élèves admiratifs, et il avait complètement oublié le petit différend, survenu dix ans plus tôt…
En attendant cette consécration, la gloire du collège était Antoine de Saint-Exupéry qui n'avait plus que quelques mois à vivre et allait bientôt lui donner son nom, ainsi qu'à la rue des Vignes, encore champêtre et sablée.
Rentrée au bureau, je fis évidemment une recherche internet et tombai sur la biographie militaire et civile de Roland de La Poype. Je découvris alors qu'il était encore vivant et décidai d'organiser une rencontre entre les deux hommes. Cependant, comme il n'est pas si simple d'écrire out of the blue à quelqu'un, je prévoyai d'attendre janvier et le parfait prétexte des vœux du Nouvel An.

Avant que j'ai pu mettre mon projet à exécution, le hasard s'en mêla : Paul revint tout excité d'une réunion de famille en Sologne (il redoute les réunions familiales, il n'entend pas très bien dès qu'il y a du brouhaha et s'ennuie beaucoup); il venait d'apprendre que le père d'une de ses nièces par alliance avait lui aussi fait partie de l'escadrille Normandie-Niémen. Ils avaient beaucoup discuté, la fille entretenant pour son père (mort après la guerre) une véritable adoration, et Paul avait décidé de contacter Roland par son intermédiaire. Zut, mon plan et ma surprise étaient à l'eau, mais ce n'était pas grave, puisque Paul allait s'en occuper lui-même (d'un point de vue de pure politesse, c'était même sans doute mieux).

(Quelques temps plus tard, la nièce prêta à Paul quelques pages du journal de son père, où celui-ci décrit une alerte aérienne durant la nuit, la nécessité de s'habiller vite avec peu de lumière, "comme d'habitude, La Poype avait perdu quelque chose, une chaussette, son pantalon ou sa chemise".)

Les semaines ont passé, Paul a obtenu le numéro de téléphone de La Poype, il l'a appelé, La Poype était absent. Paul n'a jamais rappelé.

Nous en avons reparlé. J'ai appris quelques détails sur les années 1937 et 38 : La Poype, après s'être fait renvoyé du collège, s'était inscrit aux cours (gratuits? je crois que oui) que donnait l'aviation civile pour passer son brevet de pilote. «Tu comprends, me dit Paul, on sentait venir la guerre.» (Je n'avais jamais entendu parler de cela : ainsi, pendant les accords de Munich, on préparait la guerre?) Il s'était engagé dès que la guerre avait été déclarée. «Moi, dit Paul avec regret, j'ai fait ce qu'on me disait de faire, j'ai poursuivi mes études. Finalement, conclut-il avec un sourire mélancolique, être renvoyé a été la chance de sa vie.»

Peu à peu, j'ai compris que Paul Rivière faisait un énorme complexe d'infériorité parce qu'il n'avait pas été résistant (son frère aîné a été dans la Résistance, si j'ai bien compris). C'est un remords, un regret, une culpabilité. «Tu comprends, on ne contacte pas un héros comme ça». J'essaie de lui répondre que Roland de La Poype sera ravi, qu'il ne doit pas évoquer souvent ses souvenirs d'enfance avec quelqu'un qui connaît les lieux et les personnes. Mais Paul n'est pas vraiment convaincu.
— Pourtant, La Poype est resté très simple : je l'ai revu par hasard dans les année cinquante, il vendait des emballages en plastique de sa fabrication — mais quel type! quelle imagination! — on avait déjeuné ensemble. Il était toujours aussi simple et aussi droit.
— Mais alors… vous voyez bien!
Mais il n'y a rien à faire.
Il faut que j'écrive à Roland de La Poype moi-même et que j'organise cette rencontre.
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